Englués entre choix de management étranges, contre-performances, saisons maussades et avalanches de blessures, les Minnesota Twins restent sur deux saison compliquées loin, très loin des promesses de 2019-2020 et de ses deux titres de division consécutifs. Il semble, cependant, que le mini-rebuild opéré depuis deux ans soit sur le point de porter ses fruits. Avec une rotation intéressante, un lineup consistant, un banc renforcé et deux véritables superstars, les Twins semblent enfin armés pour repartir de l’avant… sur le papier au moins.
Retour sur la saison 2022
Déception, mais pas trop… les Twins de 2022 sont restés les Twins que l’on connait trop bien. On ne savait pas quoi en penser avant la saison on ne sait toujours pas quoi en penser après la saison, mais difficile de ne pas avoir le sentiment que la franchise du Minnesota a, une fois de plus, perdu un an dans ce qui semble ne pouvoir se terminer que par une reconstruction en profondeur. Et vous savez quoi, c’est à peu près exactement ce que l’on vous disait il y a un an, à l’orée de la saison 2022.
Du coup, après une mauvaise saison 2021 (73-89), les Twins ont enchainé avec une saison 2022 au mieux médiocre : 78 victoires pour 84 défaites, une troisième place à 20 victoires, tout de même, des Cleveland Guardians, et une saison excitante comme une soirée passée à regarder de la peinture (probablement beige) sécher sur un mur. Et pourtant, pourtant, il y avait la place pour faire quelque chose, et un bilan plus que raisonnable à la fin aout (67-62), au moment de la perte définitive de Byron Buxton, blessé à la hanche et au genou.

Et comme il est de tradition à Minneapolis, la saison se termine quand Byron termine sa saison. Les Twins ont enchainé avec un mois de septembre mémorable, un bilan de 11-22 sur les 33 derniers matchs de la saison et que les vacances commencent !
On passera rapidement sur les stats collectives : c’est moyen partout avec la 17e attaque (696 R), la 13e moyenne au bâton (.248) mais aussi la 13e place pour les Home Runs (178), le 19e ERA (3.98). Les Twins se démarquent bien pour être l’équipe qui vole le moins de bases (38), et pour avoir le 2nd bullpen en termes de Strike Outs… mais même la il y a un mais, avec 50.9% de conversion des opportunités de sauvetage, la relève des Twins est la pire des Majors dans l’exercice.
Individuellement il y a quand même quelques satisfactions : Carlos Correa est monté en puissance au fil de la saison pour réaliser un exercice de grande qualité (5.5 WAR, .291, 22 HR, 64 RBI). Il a ensuite tout fait pour partir, mais est finalement revenu par amour pour la franchise après avoir été recalé à la visite médicale à San Francisco puis chez les Mets. Byron Buxton a comme toujours été excellent entre les blessures, et avant de se blesser définitivement. Luis Arraez a été la révélation de la saison, avec le batting title d’American League, une invitation au All star Game et un classement au MVP… du coup les Twins l’ont tradé aux Marlins contre Pablo Lopez et deux prospects.
Le reste du lineup, c’est bien mais pas top, avec un Max Kepler dont la carrière semble avoir atteint un point de stagnation depuis quelques saisons, et puis l’accident industriel Gary Sanchez, sa moyenne à .205 pour 16 Home Runs, seulement, lui dont tout le jeu est axe autour de la longue balle. L’ancien deux-fois All Star a tellement convaincu qu’il cherche toujours un nouveau club à quelques jours de l’ouverture de la saison 2023.
Tiens, puisque l’on parle de joueurs dont la carrière bat de l’aile, ça nous fait une transition toute trouvée pour le pitching staff : Chris Archer (102.2 IP, 4.56 ERA, 1.32 WHIP) et Dylan Bundy (140.0 IP, 4.89 ERA, 1.28 WHIP) n’ont plus n’ont pas trouvé d’équipe pour la saison à venir, c’est que l’enchainement des saisons maussades commence à vraiment se faire sentir pour deux lanceurs que l’on attendait a un tout autre niveau. Le bon moment pour aller se ressourcer en NPB ?
Quelques satisfactions tout de même, avec Sonny Gray qui confirme une fois de plus qu’il est un excellent lanceur quand il est loin de New York (3.08 en 119.2 IP, avec 117 SO pour 36 BB) et le Rookie Joe Ryan qui a réalisé une saison de très belle facture (147.0 IP, 151 SO / 47 BB, 3.55 ERA), tandis qu’un groupe de jeunes lanceurs (Smeltzer, Winder, Ober) s’est partagé le reste des starts pour couvrir l’absence de Chris Paddack, recruté dans un trade avec les Padres en avril et qui a subi une opération Tommy John un mois plus tard et a raté toute la saison (et probablement la saison 2023).

Côté bullpen, l’une des grosses satisfactions de la saison des Twins est clairement le rookie Jhoan Durán, auteur d’une saison remarquable (67.2 IP pour un ERA de 1.86 et un WHIP de 0.975), et promu comme le Closer de l’équipe en toute fin de saison. La saison fut plutôt bonne également pour Griffin Jax (72.1 IP, 3.36 ERA), hormis quand ça a été son tour de se tester en closer (1/7 SV !) et Caleb Thielbar (3.49, 59 IP). Une toute autre histoire pour Emilio Pagan, attendu comme un élément stabilisateur de ce groupe de relève à son arrivée de San Diego et très décevant (4.43 ERA, 1.37 WHIP, 9/16 SV) tandis que Trevor Megill et Tyler Duffey n’ont pas non plus brillé.
Voilà, ça fait beaucoup de mots quand il suffirait d’un seul pour résumer le tableau : Moyen.
Qu’attendre de la saison 2023?
Avec des manques bien identifiés, notamment au poste de Catcher et au pitching, Tad Levine et le Front Office ont travaillé sérieusement cet hiver, embauchant coup sur coup Christian Vazquez, ex receveur des Red Sox et champion avec les Astros l’an dernier, et Joey Gallo, qui va amener sa grande qualité défensive dans l’outfield et espèrera, il l’a dit lui-même, être l’un des grands bénéficiaires de la fin du shift. Nick Gordon, ex premier tour de draft des Twins, devrait quant à lui glisser de l’Outfield au poste de DH tandis que Byron Buxton et Max Kepler complèteront le champ extérieur.
Dans l’infield, Carlos Correa est de retour au terme de ce qui fut l’un des feuilletons de l’hiver. D’accord pour signer un énorme contrat avec les Giants, il est finalement parti signer un énorme contrat chez les Mets… Mais deux visites médicales manquées et des doutes sur la durabilité de sa jambe droite, blessée en 2014, ont ruiné ses plans. Finalement, ce sont les Twins qui lui ont offert un contrat sur 6 ans (et de $200m, tout de même) en espérant que la jambe reste en place.
Le reste de l’infield devrait se composer de Jose Miranda, très satisfaisant avec 125 matchs joués en 2022 pour sa saison rookie, en troisième base, de Jorge Polanco en seconde et d’Alex Kirillof – que l’on espère enfin voir épargné par les blessures – en première base. On notera aussi les arrivées de Donovan Solano, Kyle Farmer et Michael A. Taylor pour renforcer l’Infield et l’Outfield et offrir un peu de profondeur de banc… et on espère toujours voir arriver Royce Lewis, premier pick de la draft 2017, et qui n’a toujours que 12 matchs de MLB au compteur, à cause de deux ruptures des ligaments croisés du genou en deux ans. Il est attendu à partir du mois de juin.

Du mouvement chez les lanceurs également, puisque les Twins ont renforcé leur rotation avec l’un des nombreux très bons jeunes bras des Miami Marlins, en la personne de Pablo Lopez, en échange du batting champion Luis Arraez. Il complètera une rotation très intéressante sur le papier avec Sonny Gray, Joe Ryan, Tyler Mahle (arrivé des Reds en aout dernier) et Kenta Maeda, qui revient de son opération Tommy John et a lancé pour la première fois en 18 mois lors du Spring Training. Une rotation digne d’un candidat a la postseason, si tout se passe bien, d’autant qu’elle pourrait (ça reste du conditionnel) être rejointe en cours de saison par Chris Paddack, qui a signé une extension de contrat de trois ans en janvier.
Et pour finir le bullpen ne change pas trop avec un même noyau composé de Thielbar, Pagan, Jax , Duran et Jorge Lopez, discrètement arrivé en fin de saison dernière, auxquels viendra s’ajouter l’ex des Dodgers et des Rangers, Dennis Santana.

.Il y a les ingrédients pour être plus qu’une équipe de victimes, de bons éléments dans tous les secteurs et une division AL Central qui reste relativement faible. Mais les Indians restent sur une saison de très haute qualité, les White Sox restent une redoutable équipe et se sont trouvé un nouveau manager pour oublier le triste épisode LaRussa, et les Royals comme les Tigers construisent patiemment en espérant cueillir bientôt les fruits de leur travail. Alors qu’en sera-t-il, et Rocco Baldelli saura-t-il changer tous les points d’interrogation en points positifs ? S’il y parvient, les Twins ne devraient pas être bien loin de la postseason en Octobre prochain.
Le joueur à suivre : Royce Lewis
13 mai 2022 : pour son premier Home Run en carrière, une semaine après ses débuts dans le show, Royce Lewis claquait un Grand Slam contre les Cleveland Guardians. Le premier d’une longue série, sans aucun doute, tellement la hype était grande autour du premier choix de la draft 2017. Las, tout juste un mois plus tard, il se réceptionnait mal sur un catch contre le mur du champ centre : sa deuxième rupture des ligaments croises en deux ans, et une nouvelle saison ratée après 2020 (pas de minor leagues en raison de la pandémie) et 2021 donc.
Attendu en juin ou juillet, Lewis tentera a nouveau de montrer pourquoi il a été choisi comme la tête de gondole de la génération 2017, devant Hunter Greene et Mackenzie Gore notamment : shortstop de formation mais capable de jouer dans l’infield comme dans l’outfield, Royce Lewis a tous les attributs d’un Elite Five-Tool player. Rapide sur bases (80 buts volés en quatre ans de Ligues mineures), un bon compromis entre frappeur de moyenne et frappeur de puissance (.270 avec 35 HR en Minors), il excelle également défensivement dans l’infield comme dans l’outfield même si sa défense au poste de shortstop était un point d’interrogation lors de son repêchage – sauf incident, on ne le verra de toutes façons que rarement à ce poste, qui appartient désormais à Carlos Correa sur le long terme.
Encore un peu de patience donc, et espérons que les blessures le laissent enfin tranquille, LES laissent un peu tranquilles, car l’association de Lewis, Correa et Buxton dans le même lineup pourrait être le début d’une page très spéciale dans l’histoire des Twins
La star : Carlos Correa
Il ne se voyait pas rempiler pour six ans chez les Twins, ce n’est pas juste une conviction, c’est une certitude tant son retour à Target Field est un choix par défaut, les plans A et B ayant fait long feu. Il revient donc par la force des choses dans la franchise qu’il avait choisi pour faire sa saison référence et passer à la caisse avec un contrat mirobolant (le contrat de 12 ans et 315 millions initialement offert par les Mets aurait été l’un des plus gros de l’histoire des sports majeurs américains).
Par défaut, mais il revient aussi dans la peau d’une superstar et d’un joueur clé de la franchise, après une saison 2022 de très bonne facture malgré un gros retard à l’allumage (il battait à .200 au 28 avril) et une blessure au mois de mai. Ensuite, la machine s’est mise en route, et il en a terminé avec 5.5 WAR, un OPS+ de 140, 47 Extra-Base Hits dont 24 doubles et 22 Home Runs et une moyenne de .291 sur l’ensemble de la saison.
He's Home. pic.twitter.com/P2sMnJFOY9
— Minnesota Twins (@Twins) January 11, 2023
Solide en défense, dominateur en attaque une fois ses repères trouvés, la question que tout Minneapolis se pose désormais est celle de son état d’esprit, lui qui rêvait d’un contrat record et doit se « contenter » d’un contrat de joueur clé ordinaire… Alors dès lors, quel Carlos Correa arpentera les sentiers de Target Field en 2023 ? Verra-t-on le magicien, le MVP en puissance, le All Star Player tirant ses coéquipiers vers le haut ou le Carlos Correa du début de saison 2022, qui semblait trainer sa carcasse en quête d’un sens à sa vie. Réponse dans quelques semaines.
Le prono
De la jeunesse, de l’expérience, deux MVPs en puissance, une rotation renforcée… Il y a tout un tas de bonnes raisons d’imaginer les Twins filer vers la postseason cette saison, surtout dans une AL Central qui reste relativement ouverte en raison de l’incapacité chroniques de ses potentielles locomotives à prendre un réel avantage competitif.
De bonnes raison d’imaginer la postseason, mais pour cela il faudra tout de même répondre positivement à de nombreuses questions : les Twins pourront-ils enfin résoudre les soucis récurrents de blessure qui plombent la franchise – et notamment son poster boy Byron Buxton, que je n’ai pas voulu choisir comme la « star » pour ne pas exercer le désormais fameux TSO Jinx – depuis de nombreuses années. Les Twins ont aussi une fâcheuse habitude de gâcher des rotations qui s’annonçaient solides et performantes : le très beau pitching de staff de 2023 sera-t-il différent ?
Enfin, il faudra faire les bons choix en cours de saison et notamment, très probablement, trouver les bras qui feront passer le bullpen de moyen à bon pour espérer aller faire la différence en fin de saison régulière et revoir Octobre.
Avec des si, un peu de chance et quelques bons choix, les Minnesota Twins pourraient alors commencer à rêver plus grand… Resterait ensuite à remporter un match de postseason, et mettre fin à cette fâcheuse série de 18 défaites (et 9 séries) de rang, pour que Target Field s’offre – enfin – une chance de basculer dans l’irrationnel.
Prono TSO – 88 victoires, 74 défaites, 2e place en American League (Wild Card)