Du 8 au 21 mars prochains, se tiendra une compétition très attendue par les fans de baseball du monde entier, la World Baseball Classic. Regroupant les vingt nations les plus fortes du moment, la WBC 2023 promet un crû exceptionnel à la lecture des rosters publiés. Jusqu’à l’ouverture du tournoi, The Strike Out vous propose de découvrir les pays participants sous l’angle de l’actualité ou de l’histoire (interviews, récits historiques, biographies ou présentation de championnats). Après avoir exploré chaque nation sous un angle historique ou sportif, on se penche sur le format de la compétition avec chaque poule passée au scanner.
S’il est une poule ouverte dans cette WBC, c’est probablement la poule A. Si les chances de qualification ne sont pas les mêmes sur le papier, les écarts ne semblent pas si grands entre une grande partie des équipes présentes dans la poule. Si Cuba fait office de favori, avec l’ajout de quelques major leaguers, Luis Robert en tête, c’est aussi une nation en déclin qui va essayer de se relancer, affrontant notamment sa bête noire, les Pays-bas, Taïwan, l’une des top nations du baseball asiatique et l’Italie, avec ses renforts italo-américains. Et le Panama, la nation qui a vu naître Mariano Rivera et Rod Carew, ne sera pas à sous-estimer.
PROGRAMME DES MATCHS
Cuba
Évoquer Cuba, c’est évoquer l’une des grandes nations historiques du baseball, la tête de pont du baseball latino-américain pendant plus d’un siècle. Mais parler aujourd’hui du baseball cubain, c’est parler de son déclin et d’un passé glorieux, de plus en plus lointain, où l’équipe nationale de Cuba dévorait tout sur son passage dans les compétitions internationales, avec trois médailles d’or olympiques et 25 titres de champions du monde. Mais ça, c’était avant. Désormais, Cuba est sorti du podium mondial, se battant pour rester dans le top 10. Avec l’accord permettant le retour des joueurs cubains de la MLB dans l’équipe nationale, Cuba pourrait se relancer et la WBC 2023 sera un véritable test pour la sélection cubaine next gen.
Les derniers résultats internationaux
On vient de le dire, Cuba regarde avec nostalgie sa domination sur le baseball international. Depuis le milieu des années 2000, où la sélection cubaine a remporté l’or olympique à Athènes 2004 puis l’argent à Pékin 2008, son dernier titre de champion du monde en 2005 et l’argent lors de la première World Basebal Classic en 2006, sa position a été plus que bousculée. Battue en finale lors des deux derniers championnats du monde amateur, par les Etats-Unis en 2009 et les surprenants Pays-Bas en 2011, elle a également été reléguée au second rang des WBC suivantes, se plaçant respectivement aux 5ème, 6ème et 7ème places. En 2017, son bilan sera même négatif avec 2 victoires pour 4 défaites.
Mais la pire des éliminations arrive en 2020, quand l’équipe échoue à se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Un drame pour une nation qui avait participé aux cinq finales des Jeux depuis que le baseball était devenu sport officiel, aux JO de 1992 à Barcelone.

Même au niveau des compétitions continentales et latino-américaines, Cuba n’arrive plus à s’imposer et ses deux résultats au Premier12, la compétition de la WBSC mettant aux prises les 12 premières nations de son ranking, ont montré que la grande équipe cubaine était du passé, pour le moment, avec une défaite en quart lors de l’édition 2015 et une piteuse 10ème place en 2019.
Le roster
Malgré le déclin du baseball cubain, symbolisé par sa ligue élite qui a du mal à se mettre au niveau du baseball du 21ème siècle, Cuba compte encore de nombreux talents, dont certains se sont aiguisés dans les plus grands championnats pros. C’est d’autant plus vrai qu’un accord a été trouvé pour permettre aux joueurs cubains de la MLB de revenir en sélection nationale. Une première depuis la révolution castriste. Si le retour est encore modeste au niveau numérique, il amène quelques grands talents comme Luis Robert et Yoan Moncada, coéquipiers aux White Sox de Chicago. Luis Robert a sorti une solide saison en 2022 malgré qu’elle ait été minée par les blessures (284/12HR/2.1 WAR en 98 matchs). Celle de Moncada a été plus quelconque mais il reste un solide second couteau de la MLB (.253/82HR en 7 saisons MLB). Les autres joueurs MLB seront les releveurs Roland Bolanos (KC Royals) et Roenis Elias (Chicago Cubs, 9 saisons MLB) ainsi que l’infielder des Detroits Tigers Andy Ibanez. On pourra regretter l’absence des frères Gurriel ou des lanceurs Cionel Perez et Raisel Iglesias qui auraient donné une toute autre allure au roster cubain.
Mais, d’autres talents risquent d’émerveiller la compétition du côté de Cuba: les releveurs évoluant en Nippon Pro Baseball, Raidel Martinez (voir joueur à suivre), Livan Moinelo (RP Softbank Hawks, 1.03 ERA et 24 saves en 2022) et Yariel Rodriguez (SP Chunichi Dragons, 6-2, 1.15 ERA en 2022) auquel on peut ajouter Frank Alvarez qui a évolué la saison dernière dans le farm-system des Chunichi Dragons.
D’une manière générale, Cuba pourra compter, en plus des joueurs évoluant dans la ligue élite locale, sur ceux qui jouent ou ont joué dans les championnats professionnels latino-américains ou asiatiques, au Mexique et au Japon notamment, à l’instar de Yurisbel Gracial (membre clé de la dynastie des Softbank Hawks dans les années 2010) et Ariel Martinez (un autre cubain des Chunichi Dragons). On peut également recenser ceux qui ont l’expérience des ligues mineures comme Lorenzo Quintana (ancien prospect des Miami Marlins jusqu’en 2022), Onelki Garcia (qui a aussi cinq matchs en MLB en 2013 et 2017 avant d’écumer les ligues au Japon, Taïwan, Mexique, Puerto Rico et RD) ainsi que Miguel Romero, lanceur des A’s d’Oakland en AAA depuis 3 ans. Ces renforts seront appréciables étant donné la baisse de niveau du championnat cubain.
Toute cette troupe sera menée par le capitaine et vétéran Alfredo Despaigne, joueur des Softbank Hawks en NPB. Si la légende Despaigne a perdu de sa superbe, il reste le détenteur du record de homeruns en WBC au cours des trois campagnes précédentes. Il sera épaulé par un joueur d’expérience, l’ancien de la MLB, Yoenis Cespedes. Celui qui évolue aujourd’hui en ligue dominicaine, a écumé les terrains des Ligues Majeures de 2012 à 2020, récoltant deux sélections All-Star.
Le joueur à suivre
Raidel Martinez fait partie de cette connexion entre le club cubain des Vegueros de Pinar Del Rio et les japonais des Chunichi Dragons qui ont vu plusieurs talents de l’île cubaine rejoindre l’archipel japonais. Et parmi eux, le reveleur Raidel Martinez se fait un nom en NPB. Après des débuts laborieux en 2018, il est monté en puissance dès 2019 où il termine la saison avec un ERA de 2.66 et 48 strikeouts en 43 apparitions. Il fait mieux en 2020 en descendant son ERA à 1.13, puis 2.06 en 2021. L’année 2022 est celle de la consécration avec une sélection au All-Star Game (et un ERA à 0.97 en 56 matchs joués). Une carrière NPB déjà marquée de son empreinte avec le record de strikeouts consécutifs (35).
Bonus : WBC 2023 – Cuba : le lent déclin de la pelota
Taïwan
Deuxième nation au ranking WBSC, Taïwan a toujours excellé dans les catégories jeunes ou dans les championnats d’Asie. Mais elle a souvent été un peu courte pour s’imposer pleinement dans les grandes compétition internationales, avec seulement quatre podiums en championnat du monde et une seule médaille d’argent (1984) pour aucun titre. Son meilleur résultat reste sa belle médaille d’argent aux JO 1992. Après une WBC 2017 très décevante, le troisième grand pays du baseball asiatique aura à cœur de montrer qu’il faut compter avec Taïwan dans le baseball mondial.
Les derniers résultats internationaux
Présente aux JO de 1992, 2004 et 2008, Taïwan n’a pas fait partie de l’aventure de Tokyo en 2021. Sa prestation la plus aboutie en date reste sa 5ème place au Premier12 2019 (après une 9ème place en 2015) et sa médaille d’or au championnat d’Asie 2019. Son histoire avec la WBC n’a rien d’exceptionnelle. A part une 8ème place en 2013 (avec un bilan négatif 2-3), Taïwan a enchaîné les places en milieu-fin de tableau : 12ème en 2006, 15ème en 2009 et 14ème en 2017, avec trois défaites. Même si l’équipe n’a pas démérité, avec deux défaites serrées face aux Pays-Bas et la Corée du sud, cette WBC a été un revers cinglant pour un pays où le sport national a longtemps été source de fierté et de reconnaissance au niveau international.
Le roster
A première vue, l’équipe de Taïwan est composée en très grande majorité de joueurs issus du championnat local, la Chinese Professional Baseball League, avec quelques joueurs évoluant au Japon ou aux Etats-Unis. Mais attention, parmi les joueurs de la CPBL, on retrouve plusieurs anciens membres de la MLB et de la NPB, voire de la KBO. C’est donc une équipe ayant l’expérience des trois meilleurs niveaux de jeu au monde qui débarque en WBC.
Parmi ceux qui ont connu les Ligues Majeures, Yu Chang est le seul du roster encore en MLB. Il a débuté en MLB en 2019 avec les Guardians. En 2022, il a jonglé entre pas moins de quatre équipes : les Guardians, les Pirates, les Rays et finalement les Red Sox, qui l’ont resigné lors de la Free Agency. Frappeur très moyen (.213, 14 HR en carrière), il possède en revanche une solide défense. Vainqueur des Taïwan Series en 2021 et 2022, le lanceur C.C. Lee était membre des Guardians de 2013 à 2015 avant d’atterir en NPB pour la saison 2016 des Saitama Seibu Lions. Chih-Wei Hu et Wei-Chung Wang sont deux autres lanceurs ayant une expérience de la MLB. L’infielder Tzu-Wei Lin, s’il évolue actuellement en ligues mineures, a également fait quelques piges dans le Show avec les Red Sox et les Twins. Hormis Yu Chang, les autres joueurs ont fait des passages assez court en MLB et ont, pour la plupart, rebondi en NPB, KBO ou CPBL.
A cette liste, on ajoutera deux prospects de ligues mineures, Kai-Wei Teng, lanceur partant en AA pour les Giants (6-12, 5.22 ERA en 2022), et Tsung-Che Cheng, rapide infielder en simple A chez les Pirates (.270, 6HR, 33SB).
Trois autres joueurs firent partie de la NPB la saison dernière. Deux sortent du lot : Sung Chia-hao, lanceur des Rakuten Golden Eagles, qui fut NPB All-Star en 2021 et Wang Po-jung (voir joueur à suivre). Le roster comprend ainsi le top de la CPBL en termes de talents comme l’outfielder des Uni-President 7-Eleven Lions Chieh-Hsien Chen qui frappe pour .349 de moyenne en carrière, Kungkuan Giljegiljaw, un receveur qui a passé six années en ligues mineures chez les Guardians et, bien entendu, les meilleurs joueurs de la saison 2022 de la ligue taïwanaise : Li Lin, seconde base des Lamigo Monkeys, qui a reçu le MVP (et qui partage le titre de HR King avec Giljegiljaw), le releveur des Wei Chuan Dragons Kuan-Wei Chen, rookie de l’année, et Tzu-Peng Huang, partant des Rakuten Monkeys, qui a terminé avec le meilleur ERA (2.33).
Le joueur à suivre
Wang Po-jung est arrivé chez les Hokkaido Nippon-Ham Fighters en 2019, en étant le premier joueur « posté » par une équipe de la CPBL en direction de la NPB. Mais, depuis son arrivée dans le championnat japonais, il n’a pas renversé la table, loin s’en faut, puisqu’il a échoué à s’inscrire durablement en NPB. En 2022, il a joué 32 matchs pour seulement 32 AB avec une moyenne ridicule de 0.063, alors qu’en ni-gun, surnom de la ligue mineure de la NPB, il a frappé pour .328 en 137 rencontres. Alors, l’ex-star de la CPBL pourra-t-elle se relancer lors de cette WBC ? Car, Taïwan attend beaucoup de celui qui a survolé le championnat taïwanais entre 2015 et 2018, s’offrant un rookie de l’année, deux MVP, une quadruple crown et un titre de HR king en 2017, 2 sélections All-Star et quelques autres récompenses individuelles, en plus de trois Taïwan Series avec les Lamigo Monkeys. 2023 pourrait être un tournant dans sa carrière NPB, pour le meilleur ou pour le pire.
Bonus : WBC 2023 – Taïwan : Les origines et les représentations liées au baseball à Taïwan
Italie
L’équipe managée par le hall of famer Mike Piazza aimerait certainement faire aussi bien qu’à la WBC 2013 où l’Italie arriva à la 7ème place en s’imposant contre le Canada et le Mexique et perdant de haute lutte dans une rencontre serrée contre Puerto Rico et le futur vainqueur dominicain. Superpuissance du baseball européen depuis les années 1960 en compagnie des Pays-Bas, la Squadra Azzura a su titiller le très haut niveau mondial à quelques reprises mais recherche encore une performance à la hauteur de celles de son rival néerlandais, champion du monde amateur en 2011 et 3ème de la WBC 2013.

Les derniers résultats internationaux
Les dernières années n’ont pas été à la hauteur des attentes pour l’équipe d’Italie. Hormis deux médailles d’argent à l’Euro en 2014 et 2019, et deux de bronze en 2016 et 2021, les résultats internationaux n’ont pas été fameux. Et même l’Euro 2021 fut décevant, l’Italie se faisant doubler par le nouveau venu, Israël. Un an avant, c’était cette même Israël qui se qualifiait aux JO lors d’un tournoi de qualification olympique qui se disputait en Italie. Les Italiens terminent à la 5ème et avant-dernière place du tournoi qualificatif. Contrairement aux éditions de 1992 à 2004, l’Italie n’a donc pas atteint les JO 2020.
Même chose en Premier12. Après une participation en 2015 (12ème), l’Italie n’a pas pu aller à l’édition 2019, n’étant plus membre du top 12 mondial. Elle est actuellement à la 16ème place. Quant à la WBC, son meilleur résultat est une 7ème place en 2013 après deux 10ème place en 2006/2009. En 2017, elle a fini 12ème avec une fiche de 1-3 mais en étant passé proche de la qualification avec deux défaites d’un seul point dont le tie-breaker de la poule contre le Venezuela (3-4).
Le roster
Les médisants ne parleraient pas d’une équipe d’Italie mais de Little Italy. Il est vrai que l’examen du roster donne plus à voir l’héritage italo-américain du baseball que le développement du baseball en Italie, même si quelques joueurs sont issus de la formation italienne et que trois d’entre eux ont évolué en Italian Baseball League la saison dernière. Le résultat de cet afflux d’italo-américains dans le roster est l’expérience de haut niveau qu’il s’en dégage avec de nombreux joueurs ayant l’expérience de la MLB et les ligues mineures.
Le premier nom qui saute aux yeux est David Fletcher, seconde base des Los Angels Angels. Le coéquipier d’Ohtani et Trout n’a joué que 61 matchs en 2022 (.255/2HR) mais il possède une ligne de stats offensives solide pour ses cinq saisons MLB (.278, 14HR, 156RBI 29SB), qu’il complète avec un gant solide. L’infield italien comptera également sur deux autres major leaguers, membres des Royals de Kansas City, le 2B Nicky Lopez (.227/13SB en 2022) et le 1B rookie Vinnie Pasquantino (voir joueur à suivre), ainsi que deux joueurs ayant fait des piges dans la grande ligue US, Robel Garcia (actuellement en KBO) et Miles Mastrobuoni.
Les trois outfielders désignés du roster sont Ben DeLuzio, Dominic Fletcher (frère de) et Sal Frelick. Seul DeLuzio a joué quelques matchs en MLB en 2022 mais cet attelage de minor leaguers est plein de talent. Dominic Fletcher, qui a joué en AAA la saison passée, est le 13ème meilleur prospect des Arizona Dbacks tandis que Sal Frelick est l’une des pépites à venir en MLB. 30ème prospect pour MLB Pipeline, 2ème dans l’organisation des Milwaukee Brewers, le 15ème drafté de la promo 2021 est déjà parvenu en AAA où, en 2022, il a frappé pour une moyenne de .365 et un OPS de .943 en 46 rencontres.
Le pitching affiche aussi un bon potentiel avec des joueurs qui ont connu la MLB ou, à minima, les ligues mineures. Le nom qui s’en dégage est Matt Harvey. L’ancien All-Star des Mets en 2013, qui s’est perdu depuis, a évolué en 2022 aux Orioles avant d’être suspendu dans le cadre de la mort de son ancien coéquipier Tyler Skaggs. S’il n’est plus que l’ombre du grand espoir qu’il fut aux Mets, son expérience pourrait être un atout pour Team Italia, s’il n’y deale pas des substances prohibées. Sam Gaviglio devrait être l’autre partant de l’équipe avec son expérience de 164 starts en MLB entre 2017 et 2020, aux Mariners, Royals et Blue Jays. En 2021, il a rejoint la KBO avant de revenir en ligues mineures chez les Dodgers en AAA pour la saison 2022 avant de se blesser en juillet.
L’Italie risque de regretter l’absence du talentueux releveur des Blue Jays, Jordan Romano, mais elle pourra compter sur d’autres bras qui se sont frottés aux frappeurs de la MLB comme Joe Biagini (membre du combined no-hitter des Astros en 2019), Ryan Castellani, Matthew Festa et surtout Andre Pallante, qui a sorti une belle première saison en MLB avec les Cards de Saint Louis (6-5, 3.17 ERA).
Le joueur à suivre

Vinnie Pasquantino a un surnom qui claque : The Italian Nighmare, le cauchemar italien. Cela vous place le bonhomme. Il faut dire que le rookie des Kansas City Royaks a fait des débuts tonitruants en MLB la saison passée, posant une belle ligne de stats .295/.383/.450 avec un OPS de .832 et 10 homeruns, gagnant rapidement sa place au cœur du lineup. L’année 2023 sera à confirmer au sein d’une franchise qui tarde à répondre aux attentes. Pasquantino aura son rôle à jouer pour donner la réponse et ce n’est pas pour rien qu’il est aussi le joueur à suivre dans notre preview des Royals. Pour l’heure, l’American Player of the Week du 8-14 août 2022 aura la tâche de donner du poids à l’attaque italienne et… des cauchemars aux lanceurs adverses.
Bonus : WBC 2023 – Italie : La légende Giulio Glorioso et les origines du baseball italien :
Pays-Bas
Double demi-finaliste de la WBC en 2013 et 2017, l’actuelle 7ème nation au ranking WBSC arrive avec un statut de nation majeure du baseball mondial. Une sorte d’anormalité quand on connaît la place du baseball en Europe. Mais, las de dominer uniquement la scène européenne, les quadruple champions en titre ont décidé de s’imposer au top niveau mondial depuis le début des années 2010 et le titre de champion du monde amateur en 2011. Et la WBC a été, jusqu’à présent, leur scène favorite pour montrer la force du baseball néerlandais, notamment grâce à l’apport des joueurs de Curaçao qui traçaient leur chemin en MLB et les autres grands championnats professionnels comme Didi Gregorius, Xander Bogaerts, Kenley Jansen ou Wladimir Balentien.

Les derniers résultats internationaux
Comme vu plus haut, les Pays-Bas viennent d’enchaîner deux demi-finales en WBC après avoir gagné le dernier championnat du monde amateur en 2011, battant Cuba en finale. Au niveau européen, ils sont les recordmen de victoires finales et viennent d’enchaîner quatre titres d’affilée. Au niveau international, c’est plus compliqué sans la présence des joueurs pros de la MLB. Ainsi, les Pays-Bas ont fini derniers, avec Puerto Rico, du Premier12 2019, sans aucune victoire, et ils ont été éliminés des qualifications olympiques, en perdant le tournoi Europe-Afrique de peu face à Israël (au run average), puis dans le dernier tournoi qualificatif à trois contre la République Dominicaine et le Venezuela. La grande nation n’aura pas pu se qualifier pour son 5ème tournoi olympique, sa première absence avec l’édition 1992 et les débuts du baseball comme discipline officielle.
Le roster
Si les Pays-Bas comptent quelques talents issus de la métropole et de son championnat semi-professionnel, comme les lanceurs Tom de Block et Lars Huijer, passés par les ligues mineures, ce sont les joueurs venus de Curaçao qui ont permis au champion d’Europe de franchir un cap à l’international quand les joueurs MLB sont disponibles. Et ils sont bien présents dans cette WBC pour faire de l’équipe néerlandais un sérieux challenger.
La plus forte impression vient de l’infield : Xander Bogaerts, Didi Gregorius (Phillies), Andrelton Simmons, Jonathan Schoop, Richie Palacios (qui peut aussi jouer en champ extérieur) et le receveur backup des Braves Chadwick Tromp ont tous évolué en MLB la saison dernière. Bogaerts, en particulier, sort d’une très belle saison (voir joueur à suivre). Les vétérans Gregorius, Schoop et Simmons, le meilleur défenseur de sa génération et qui a gardé de beaux restes à ce niveau, amèneront leur expérience. Les deux premiers, bien qu’en déclin, conservent néanmoins la capacité à frapper la longue balle.
L’outfield aura aussi l’occasion de voir de l’expérience avec Wladimir Balentien, le recordman de homeruns en NPB, et Roger Bernadina, qui a joué une dizaines d’années en MLB, KBO et CPBL et, dernièrement, dans la ligue pro du Nicaragua. Bien entendu, le leader du champ extérieur sera probablement Jurickson Profar, qui a passé les trois dernières années chez les Padres pour lesquels il a frappé 15 homeruns pour 58 RBI en 2022. Il sera probablement assisté de Josh Palacios. Actuellement en ligues mineures pour les Pirates, il a joué 42 matchs en MLB depuis 2021 sous les couleurs de Toronto puis Washington. D’une manière générale, les joueurs de champ ont tous l’expérience professionnelle, que ce soit en MLB, ligues mineures, championnats asiatiques ou latino-américains.
Il en est de même côté pitching même si l’expérience MLB est moindre. L’équipe pourrait tout de même compter sur le closer star Kenley Jansen mais uniquement si les Pays-Bas avancent dans la compétition. Un temps non libéré par les Red Sox et souhaitant lui-même se préparer avec l’équipe au spring training, il pourrait finalement rejoindre l’équipe néerlandaise après le 1er tour. Parmi ceux dont les lancers ont affronté les battes des Majeures, on retrouve Jair Jurrjens (All Star 2011), Pedro Strop (membre des Cubs champions de 2016) et Shairon Martis, le seul joueur lanceur à avoir lancé un no-hitter en WBC (un no-hitter de 7 manches en raison d’une mercy rule). Ce dernier officie désormais aux Pirates d’Amsterdam, en première division néerlandaise. On citera également des joueurs piliers de la sélection nationale dans ce pitching staff comme Mike Bolsenbroek, Tom de Block, Lars Huijer ou Kevin Kelly.
Si on retrouve des expériences professionnelles un peu partout dans le monde au sein du roster, c’est surtout l’expérience MLB assez forte au sein du noyau dur de l’équipe qui donne une belle allure à cette équipe des Pays-Bas.
Le joueur à suivre

Xander Bogaerts, né à Aruba, sera la grande star de l’équipe néerlandaise, tout comme il a été l’un des grands noms de la free agency cet hiver, quittant Boston pour San Diego et un contrat de 280 millions de dollars sur 11 ans. Une somme qui était attendue pour celui qui avait glané sa 4ème sélection All-Star en 2022 ainsi que son 5ème Silver Slugger. Un contrat à la hauteur de sa saison 2022 : .307/.377/.456, WAR 5.9, 15HR et une 9ème place à la course du MVP de l’Américaine.
On peut le dire sans peine, Bogaerts sera l’arme numéro des Pays-Bas, lui qui a été membre de l’équipe championne du monde 2011 et des belles campagnes WBC 2013 et 2017.
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Panama
Pays de baseball dans l’ombre des grandes nations latino-américaines, le Panama retrouve la WBC après avoir manqué les deux dernières éditions. Hormis de bons résultats dans des compétitions locales, comme les Central American Games ou les Bolivarian Games, ou sa 3ème place en coupe du monde 2005, le Panama a du mal à exister au niveau international, malgré sa 12ème place actuelle au ranking WBSC. La patrie de Mariano Rivera aura donc tout à prouver dans cette WBC 2023.
Les derniers résultats internationaux
Comme dit plus haut, le Panama ne brille quasiment que dans les compétitions internationales concernant l’Amérique Centrale ou l’Amérique du Sud, comme les Central American Games (Or en 2010, argent en 2013 et 2017) ou les Bolivarian Games (Or en 2009 et 2013, argent en 2017). En WBC, elle affiche un bilan cumulé de 0-5, échouant à se qualifier en 2013 et 2017, s’inclinant sur un petit 2-1 contre la Colombie dans le match décisif de son qualifier en 2016 (où elle gagna deux fois contre la France). Pour son dernier qualifier, elle s’est qualifiée en battant l’Argentine puis le Brésil.

Le roster
Le Panama fait figure de Petit Poucet de la poule, mais un Petit Poucet avec des arguments à faire valoir dans une poule assez ouverte. Le plus gros déficit du roster panaméen pourrait être son manque d’expérience en MLB, soit le plus haut niveau de jeu de la planète, par rapport à ses concurrents de poule. Mais le Panama en a tout de même puisque l’équipe sera menée par Christian Bethancourt, receveur/1B des Tampa Bay Rays (voir joueur à suivre) et Jaime Barria, lanceur partant chez les Los Angeles Angels. Concernant les autres joueurs des Big Leagues, des bras qui ne seront pas de trop : Javier Guerra (Rays), Justin Lawrence (Rockies) et Paolo Espino (Nationals). D’autres y ont déjà lancé comme Humberto Mejia (qui a signé un contrat de ligues mineures avec les Mets en début d’année), Randall Delgado, qui fut major leaguer de 2011 à 2018 (aujourd’hui en Ligue Dominicaine) ou encore Severino Gonzalez avec les Phillies entre 2015 et 2016. Dans le reste de la rotation, on trouve évidemment des minor leaguers ou anciens minor leaguers qui évoluent dans les championnats caribéens à l’instar d’Harold Arauz, ancien AAA des Cards, qui a lancé en Caribean Series récemment pour le compte de son club pro panaméen, les Federales de Chiriqui.
Même histoire chez les joueurs de position même si l’expérience MLB est moindre en dehors de Bethancourt, de Ruben Tejada, qui a écumé les terrains des Majeures de 2010 à 2019, de Jonathan Arauz, qui vient de rejoindre les Mets après trois saisons avec les Red Sox et les Orioles, et Allen Cordoba, qui a fait un passage chez les Padres en 2017 et qui est maintenant en Mexican League. Ils pourront compter sur le fougue de la jeunesse avec l’outfielder José Ramos (prospect n° 8 dans le farm-system des Dodgers, .249/.339/.479/25HR en A et A+ 2022) ou Rodrigo Orozco, All-Star Team des minor leaguers des Blue Jays en 2018, qui avait atteint la AAA chez les Padres la saison suivante. Actuellement membre des Titans d’Ottawa en Frontier League (ligue indépendante), il a frappé pour .281 en moyenne durant ses 7 saisons en ligues mineures.
Le joueur à suivre
Après avoir partagé sa saison 2022 entre les Athletics d’Oakland et les Tampa Bay Rays, Christian Bethancourt devrait prendre le poste de receveur titulaire dans la franchise floridienne pour la saison 2023. Ce serait un beau accomplissement pour l’ancien 7ème meilleur prospect MLB au poste de receveur en 2012 qui a connu une carrière hachée. Débutant en MLB en 2013, il a souvent navigué entre les grandes ligues et les mineures avant de disparaître du Show en 2018. En 2019, il rebondit en KBO avec NC Dinos mais l’expérience cesse dès juillet. En 2020, il tente sa chance aux Phillies sans succès. Même chose en 2021 avec les Pirates. Il faut attendre le début de saison 2022 pour le voir revenir en MLB sous les couleurs des A’s. Il joue avec eux 56 matchs avant d’être tradé aux Rays pour lesquels il en joue 44, terminant sa saison avec un AVG de .255, un OPS de .692 et 11 HR. De loin sa meilleure saison en MLB. Solide défensivement et possédant un bon bras, lui permettant parfois de lancer, Bethancourt connaît actuellement une véritable renaissance. Avec le vétéran Ruben Tejada, il sera, sans nul doute, le leader de cette équipe.
Bonus: WBC 2023 – Panama : Les panaméens de la famille Pirates des seventies
Prono TSO
On le dit, on le répète et on l’affirme : cette poule A est très ouverte et certainement la plus indécise. Les dernières campagnes WBC plaident pour les Pays-Bas, l’Histoire du baseball pour Cuba et le ranking WBSC pour Taïwan. Mais quand on regarde le roster italo-américain, l’Italie entre pleinement dans le danse. Le Panama semble un peu en retrait mais avec de nombreux joueurs ayant passé l’hiver à jouer dans les Caraïbes et donc déjà dans le rythme (comme les cubains et quelques néerlandais), les panaméens ne sont pas à prendre à la légère. Si Cuba semblait mieux armée cette année avec les joueurs MLB, les matchs de préparation semblent montrer que le reste de l’équipe est un ton en-dessous. Il faudra donc un super Luis Robert et un solide Moncada pour booster l’équipe. Le lineup des Pays-Bas semble les conduire à la première place de la poule et la deuxième devrait se jouer entre Cuba et l’Italie au final. Ici, on mettra une pièce sur la fierté cubaine pour passer le tour.