Du 8 au 21 mars prochains, se tiendra une compétition très attendue par les fans de baseball du monde entier, la World Baseball Classic. Regroupant les vingt nations les plus fortes du moment, la WBC 2023 promet un crû exceptionnel à la lecture des rosters publiés. Jusqu’à l’ouverture du tournoi, The Strike Out vous propose de découvrir les pays participants sous l’angle de l’actualité ou de l’histoire (interviews, récits historiques, biographies ou présentation de championnats). Après avoir exploré chaque nation sous un angle historique ou sportif, on se penche sur le format de la compétition avec chaque poule passée au scanner.
Rendez-vous aujourd’hui avec la poule D, une poule que l’on pourrait aisément qualifier de Groupe de la Mort avec l’un des grand favoris de ce tournoi mondial, la République Dominicaine, mais aussi deux très sérieux outsiders que sont Puerto Rico et le Venezuela. L’une de ces trois équipes restera forcément sur le carreau, tandis qu’Israël et le Nicaragua devraient, en théorie, se disputer la quatrième place qualificative pour la prochaine World Baseball Classic. Sans plus attendre, on file à Miami pour découvrir les cinq équipes qui y joueront leur qualification pour les quarts de finale de la compétition.
PROGRAMME DES MATCHS
République Dominicaine
Avec les États-Unis et le Japon, c’est l’autre grandissime favori de cette Classique 2023. La République Dominicaine, championne en 2013 et médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Tokyo, s’avance avec un roster blindé de superstars, malgré le forfait de dernière minute de Vladimir Guerrero Jr., et une hype maximale.
Sur le papier, la République Dominicaine n’a semble-t-il pas de faiblesses avec tout d’abord un lineup absolument diabolique. De l’expérience ? Il y en a à revendre avec entre autres Nelson Cruz, Manny Machado, Robinson Cano, Rafael Devers, même si José Ramírez manque cruellement à l’appel. Des jeunes talents ? On vous propose Wander Franco, Julio Rodriguez, Juan Soto ou Jeremy Peña.
Et si cela ne suffit pas, on saupoudre le tout avec quelques joueurs capables de mettre le feu au stade quand ils se sentent en forme : Eloy Jimenez, Teoscar Hernández, Gary Sanchez ou Ketel Marte ont tous les qualités pour s’élever à un niveau de MVP, le temps d’un tournoi, pour leur pays.

Côté lanceurs, ce n’est pas mal non plus : qui de mieux que le Cy Young sortant de National League Sandy Alcantara pour mener la rotation dans SON ballpark, le LoanDepot Park de Miami ? Et, si Framber Valdez a été retenu par les Astros en raison de sa grosse charge de travail la saison dernière, la deuxième gâchette de la rotation n’est pas vilaine non plus puisqu’il s’agit de Cristian Javier, lui aussi des Astros, auteur d’une splendide saison 2022 avec 148 manches lancées pour un ERA de 2.53 et 194 Strike Outs. Le toujours solide Johnny Cueto, qui lancera lui aussi pour les Marlins en 2023, et l’étoile montante des Pirates, Roansy Contreras, complèteront une rotation qui a fière allure.
Et comme cette équipe, on vous l’a dit, n’a pas de point faible visible, elle s’avance également avec un bullpen qui rendrait heureux plus d’un contender de MLB : Gregory Soto, Bryan Abreu, Hector Neris, Diego Castillo, Camilo Doval, Rafael Montero, Genesis Cabrera, Carlos Estevez… Un mix de jeunesse et d’expérience, de contrôle et de puissance à faire frémir, et un bullpen qui ne ferait pas tache pour un contender dans les Major Leagues (Tiens, d’ailleurs, il y a trois vainqueurs des World Series 2022 dans ce groupe de relève).
Vous l’aurez compris, le roster dominicain est absolument truffé de talent, et les coéquipiers de Nelson Cruz ne seront pas là pour faire de la figuration : ne pas terminer sur le podium serait une humiliation, et même ne pas remporter le titre mondial serait probablement vu comme une déception par les supporters dominicains.
Un joueur à suivre : Julio Rodriguez
Il est le dernier prodige du baseball dominicain, le dernier nom d’une prodigieuse lignée de jeunes superstars, et la première saison de J-Rod dans le show a justifié tout le battage autour de ses débuts pour les Seattle Mariners. All Star, Rookie of the Year, septième au classement du MVP et auteur, entre autres, de 28 Home Runs et 25 vols de bases pour sa toute première saison dans le show, Rodriguez a été un grand artisan de la belle saison des Mariners, enfin de retour en postseason, 21 ans après.
Avant d’entamer une saison 2023 qui doit être celle de la confirmation, Rodriguez sera l’une des principales armes offensives du line-up dominicain. A lui de montrer au monde entier du baseball que le show J-Rod ne fait que débuter.
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Venezuela
Comme la République Dominicaine, le Venezuela s’avance pour ce premier tour du Classic sans véritable faiblesse, avec un lineup de très grande qualité et un pitching staff au diapason. Médaille de Bronze au Classic 2009, sa seule performance notable dans la compétition, le Venezuela a les arguments pour, en 2023, passer le pas et s’installer véritablement dans le gotha du baseball mondial.
Le lineup est composé intégralement de Major Leaguers, avec dans le rôle des leaders Salvador Perez, le receveur star des Royals, Jose Altuve, la superstar des Astros et Ronald Acuña Jr., qui cherchera en 2023 à remettre sa carrière en marche après une sale blessure en 2021 suivie d’une saison « bien mais pas top » en 2022.
Pour les accompagner, du solide et pas mal d’expérience, à commencer par le DH et futur Hall of Famer Miguel Cabrera, mais aussi Eduardo Escobar, Luis Arraez, Eugenio Suarez, Omar Narvaez, Andres Gimenez ou encore David Peralta. Un lineup sans véritable faiblesse même s’il n’est peut-être pas aussi clinquant sur le papier que celui de la République Dominicaine. Les armes sont là pour gagner le groupe dans un éventuel match au sommet.

Les armes sont là, au bâton comme au lancer, puisque la rotation vénézuélienne sera emmenée par Luis Garcia, 2nd au Rookie of the Year en 2021 et vainqueur des World Series avec les Astros la saison dernière, et prêt a passer un nouveau palier avec son pays comme avec les Astros en 2023. Il sera accompagné de Martin Perez, All Star et auteur de sa meilleure saison en carrière avec les Rangers l’an dernier, mais aussi de Pablo Lopez et Jesus Luzardo, notamment, deux habitués du LoanDepot Park où ils restent tous deux sur une saison 2022 plus que respectable.
Un de ces quatre lanceurs sera probablement affecté au bullpen, où l’on trouvera également, entre autres Ranger Suarez, Jose Alvarado, Elieser Hernandez ou Eduardo Rodriguez et une flopée de releveurs habitués aux Majors comme José Quijada, Darwinson Hernandez ou Andres Machado.
Un groupe homogène, mené par quelques joueurs exceptionnels : on pourrait facilement faire de ce Venezuela notre outsider numéro 1 de cette compétition en dehors du Big 3 compose des USA, du Japon et de la République Dominicaine : premiers éléments de réponse lors du premier match de la Poule D, le 11 mars contre les Dominicains. On rappelle à toutes fins utiles que le deuxième de la poule a de grandes chances de rencontrer Team USA des quarts de finale.
Luis Garcia, K'ing the Side. pic.twitter.com/F4zPh11AqE
— Rob Friedman (@PitchingNinja) July 27, 2022
Un joueur à suivre : Luis Garcia
Facile de passer inaperçu dans une rotation comme celle des Astros. Emmenés par un Justin Verlander stratosphérique, un Framber Valdez qui s’est installé un peu plus confortablement a la table des grands lanceurs des Majors et un Cristian Javier quasi intouchable malgré un nombre d’innings limités sur la saison 2022, les lanceurs partants des Astros ont affiché un niveau de domination extraordinaire.
Dans ce paysage, Luis Garcia pourrait presque apparaitre comme un lanceur «ordinaire », mais le vice-Rookie of the Year 2021 (Il y a avait un certain Randy Arozarena sur sa route) s’est déjà affirmé comme un lanceur hors-pair, avec un potentiel de progression encore assez important.
Propulsé comme l’un des As de la rotation vénézuélienne, c’est lui qui devrait lancer le premier match face à la République Dominicaine de son coéquipier et partenaire de rotation Cristian Javier. Quelle plus belle opportunité pour lancer une année 2023 qui est attendue comme celle de la confirmation.
Bonus: WBC 2023 – Venezuela : Une nation qui respire baseball
Puerto Rico
Finalistes en 2013 (battus par la République Dominicaine, après avoir éliminé le Japon) et en 2017 (battus par les États-Unis), Puerto Rico se présente une fois encore comme un très sérieux outsider, même si le roster est peut-être un peu court en termes de profondeur pour pouvoir viser la victoire finale.
Dirigés par le légendaire receveur et néo-retraité (voir plus bas) Yadier Molina, Puerto Rico s’avance avec un lineup qui, s’il n’est pas aussi effrayant que celui de la République Dominicaine, n’en reste pas moins séduisant. On observera particulièrement l’infield avec Francisco Lindor, Javier Baez et Kike Hernandez, tandis que Martin Maldonado et Christian Vazquez se partageront le travail au poste de receveur. L’outfield est peut-être le point faible de ce roster portoricain, avec Eddie Rosario comme seule valeur sûre et des joueurs sans grande expérience des Majors (Johneshwy Fargas, Henry Ramos et Nelson Velázquez) pour l’accompagner.

Chez les pitchers, en revanche, il y a encore une fois de quoi faire et de quoi tenir la durée d’un tournoi puisque la rotation sera menée par les expérimentés Jose Berrios et Marcus Stroman, épaules par un bullpen d’où pourront sortir, entre autres, Edwin Diaz, l’un des meilleurs closers de MLB l’an dernier et son frère Alexis, révélation des Reds lors de la saison 2022, mais aussi les valeurs sûres Emilio Pagan et Duane Underwood Jr.
Vous l’aurez compris, un roster qui ne manque pas de talent, capable de rivaliser avec les meilleurs mais qui n’a en rien de la densité de celui du rival dominicain ou des USA, potentiels adversaires en quarts de finale. Mais Puerto Rico a une arme secrète…
Un homme à suivre : Yadier Molina
S’il est un joueur dont la destinée semblait toute tracée au moment d’annoncer sa retraite à l’automne dernier, c’est bien Yadier Molina. Champion hors-norme, meneur d’hommes, receveur à la longévité exemplaire, « Yadi » a tout vu, tout connu, tout gagné avec les St Louis Cardinals. Il a aussi le profil naturel d’un futur très grand manager, et pourquoi pas en Ligues Majeures ?
En attendant – et pour se faire la main ? – ce sont les destinées de son équipe nationale que Yadier Molina a pris pour sa première expérience dans le dugout. A la tête d’un roster composé de superstars et prospects oscillant entre le Triple-A et les banc des Majors, à lui de trouver le juste équilibre pour créer l’exploit : une grosse performance dans ce tournoi mondial serait une belle première ligne pour un futur CV de manager que l’on imagine somptueux.
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Israël
C’est la nouvelle terreur du baseball européen. Équipe sans prétentions internationales jusqu’au milieu des années 2010, l’équipe nationale d’Israël s’est soudainement découverte (et créée) un destin en septembre 2016. Grâce a un roster composé principalement de minor leaguers, et les modalités de sélection aidant (la confession juive suffit à être éligible pour rejoindre l’équipe nationale), Israël, 41e nation mondiale, a survolé son groupe de qualifications pour la World Baseball Classic 2017.
Mieux, l’équipe israélienne a continué sur sa lancée en battant la Corée du Sud, Taïwan et les Pays-Bas pour accéder au deuxième tour de la compétition mais finalement s’incliner aux portes des demi-finales. Depuis, Team Israël a fini quatrième (2019) puis deuxième (2021) de l’Euro-Baseball, et – surtout – a remporté le tournoi de qualification de la Zone Afrique-Europe pour les Jeux Olympiques de 2020.
De là à sortir d’une poule aussi relevée que ce Groupe D du World Baseball Classic, il y a un gros pas à faire, mais les protégés de Ian Kinsler feront tout pour faire trembler les poids lourds de la compétition. Emmenés au bâton par quelques vétérans et anciens de Major League tels qu’Alex Dickerson, Joc Pederson, Ty Kelly et Danny Valencia, ou encore les Top Prospects Zack Gelof (A’s) et Matt Mervis (Cubs), les joueurs israéliens auraient parfaitement raison d’oublier qu’ils n’ont aucune chance et de la jouer à fond.

Côté lanceurs, c’est l’excellent Dean Kremer, des Baltimore Orioles (125.1 IP, 3.23 ERA et un Complete Game en 2022) qui sera la tête de gondole de la rotation. Il sera accompagné par Robert Stock, qui vient de rejoindre l’organisation des Brewers après une solide saison en Corée du Sud, tandis que le reste de la rotation est difficile à définir. Au niveau du bullpen, en revanche, on s’attend à voir en action Richard Bleier (Red Sox), et le trio composé de Jake Bird, Bubby Rossman et Zack Weiss, qui ont tous fait leurs débuts dans les Majors lors de la saison 2022.
Est-ce que, sur le papier, Israël peut jouer autre chose que la quatrième place et un retour au Classic pour la prochaine édition, dans une poule aussi relevée? Cela semble peu probable. Mais on a vu bien des miracles dans le jeu de baseball, et le parcours 2017 de Team Israël est bien la preuve qu’il ne faut jamais sous-estimer les petits poucets.
Un joueur à suivre : Joc Pederson
Batteur fiable avec presque dix ans d’expérience dans les Big Leagues, deux fois All Star mais aussi deux fois vainqueur des World Series, avec les Dodgers puis les Braves, Joc Pederson est le point d’ancrage idéal pour une équipe en quête de compétitivité.
Le trentenaire, qui sort de la meilleure saison de sa carrière et vient de signer un juteux contrat d’un an et $19.65m avec les Giants, amènera régularité et puissance au bâton et toute son expérience a un roster composé en majorité de jeunes prospects. De son apport et de celui des autres anciens dépendra en grande partie le destin de cette équipe d’Israël dans la compétition.
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Nicaragua
Grande première pour l’équipe nationale du Nicaragua, qui participera en 2023 à sa première World Baseball Classic. Sans grandes références internationales, si ce n’est deux participations aux Jeux Olympiques en 1984 et 1996, les Nicaraguayens ont lutté jusqu’au bout de leur tour de qualification, éliminant en petite finale le Brésil, qui les avait battus en ouverture du bracket. Une qualification dans la douleur mais une qualification tout de même pour le petit état d’Amérique centrale qui aura pour principal objectif de tenter d’accrocher une qualification direct pour la prochaine Classic.
Dans le roster du Nicaragua, on trouve tout d’abord une star : le lanceur Jonathan Loáisiga, des New York Yankees, qui reste sur une saison 2022 frustrante et voudra lancer son année 2023 sur les meilleures bases possibles. Il est rejoint par le lanceur droitier des Nationals Erasmo Ramírez et deux autres ex-Major Leaguers que sont l’infielder Cheslor Cuthbert et un autre lanceur, JC Ramírez.
Le reste du roster se compose principalement de joueurs de ligues indépendantes et de prospects de minor leagues parmi lesquels on s’intéressera notamment au joueur de troisième base Milkar Perez et au lanceur Carlos Rodriguez, respectivement prospects 18 et 19 pour les Mariners et les Brewers.

Un joueur à suivre : Cheslor Cuthbert
Joueur de banc des Kansas City Royals de 2015 à 2019, Cheslor Cuthbert n’a jamais crevé l’écran dans les Ligues Majeures mais il a pu amasser une certaine expérience du très haut niveau. Non conservé depuis son passage en Free Agency, il est resté dans le circuit professionnel puisqu’il a évolué en Triple A dans les équipes affiliées aux Reds puis aux Mets avant de rejoindre les Leones de Yucatan, dans le championnat mexicain pour la saison 2022.
A 30 ans, le rêve d’un retour dans les Ligues Majeures n’est pas complètement éteint pour Cuthbert, et une grosse prestation lors de ce World Baseball Classic pourrait être l’opportunité idéale pour se refaire une place dans un club majeur. Et quel plus beau contexte que celui de l’équipe nationale pour aller chercher cette dernière chance.
Bonus : WBC 2023 – Nicaragua : “Le baseball est le sport principal au Nicaragua”
PRONO TSO
Si la République Dominicaine semble au-dessus du lot (attention tout de même à la surprise lors d’un premier match de tous les dangers face au Venezuela), il y a clairement trois contenders pour deux places dans cette poule puisque le Venezuela, donc, mais également Puerto Rico sont de très crédibles candidats au Final Four. S’il fallait une motivation supplémentaire dans ce qui ressemble à un tournoi dans le tournoi pour la suprématie sur le baseball latino, il est très probable que le second de cette poule rencontre les États-Unis, ultra-favori du groupe C, lors des quarts de finale. Faux pas interdit donc, et on pariera sur un respect de l’ordre établi avec une qualification de la République Dominicaine et du Venezuela. Pour la quatrième place, qualificative pour la prochaine WBC, cela devrait être une lutte intéressante mais avantage à Israël et ses nombreux Major Leagues face à un Nicaragua peut-être encore un peu trop tendre.