Du 8 au 21 mars prochains, se tiendra une compétition très attendue par les fans de baseball du monde entier, la World Baseball Classic. Regroupant les vingt nations les plus fortes du moment, la WBC 2023 promet un crû exceptionnel à la lecture des premiers rosters publiés. Jusqu’à l’ouverture du tournoi, The Strike Out vous propose de découvrir chaque jour l’un des pays participants sous l’angle de l’actualité ou de l’histoire. Interviews, récits historiques, biographies ou présentation de championnats, vibrez baseball international avec TSO. Aujourd’hui, partez du côté de la Corée du Sud, un mastodonte du baseball international qui part en quête d’un rebond.
Après avoir été une des équipes phares des premières éditions, à la fin des années 2000, la Corée du Sud a déçu récemment. De l’aveu même de son manager, elle va tenter de faire tourner les choses de son côté alors que se profile déjà un match lourd de sens au niveau historique avec cette nouvelle confrontation, dès les poules, face au Japon.
Retour sur ce fameux contexte historique, l’évolution du baseball dans le pays avant de se focaliser sur les forces en présence pour emmener de nouveau cette Nation vers les cimes du baseball mondial.
Un triangle historique
23 octobre 1894. 25 avril 1896. Ces deux dates font figure d’origine, lorsque l’on évoque les premiers pas du baseball en Corée. L’empire Daehan n’a pas encore remplacé le royaume Joseon, et les américains, par le biais de leurs marines, organisent des matchs de baseball contre le Seoul Athletic Club. L’influence américaine dans les mers de Chine et l’Asie de l’Est en général est déjà palpable avec notamment l’introduction, durant la restauration Meiji, du passe temps américain au Japon 20 ans auparavant.
La Corée, cette péninsule coincée géographiquement entre deux pays aux dents longues, va donc voir le baseball arriver et s’implanter au gré des interventions religieuses (les missionnaires sont régulièrement indiqués lorsque l’on parle de l’introduction du baseball en Corée) voir diplomatiques américaines, par le biais d’une modernisation du pays sur le modèle des Nations de “l’Ouest”. Les années passent, et, si 1905 reste noté dans nombre d’articles comme l’année où le baseball est arrivé en Corée, cette année marque surtout la montée de l’influence du Japon sur la péninsule. Et, bien que peu souvent rapporté, les Etats-Unis ont eu un rôle prépondérant avec l’accord Taft-Katsura, complétant le triangle des relations entre Corée, Japon et USA.
Un accord qui amène un traité, toujours en cette fameuse année 1905, officialisant la mainmise du Japon sur la Corée sous forme d’un protectorat. Ce traité, controversé car ayant vu une division au sein des hautes sphères politiques coréennes, permet au Japon de placer ses pions en vue d’une plus grande prise de pouvoir sur un jeune mais déclinant empire. Et le baseball dans tout ça? Le sport est plutôt accueilli avec une certaine curiosité et un relatif enthousiasme jusqu’à présent, mais la popularité va grandir très vite…
Un témoin de l’oppression
5 ans après un premier traité, le Japon et la Corée se retrouvent en 1910 afin d’entériner complètement l’annexion de cette dernière par l’Empire du soleil levant. Ce traité permet surtout d’officialiser l’augmentation de la sphère d’influence nippone sur son voisin via un travail de sape commencé moins d’une décennie après la restauration Meiji. C’est dans ce contexte difficile, cette atmosphère houleuse, que le baseball va prendre son essor. De par la popularité du baseball déjà franche au Japon et sous la fameuse Japan rule, l’intégration des équipes de baseball coréennes au sein de compétitions japonaises va contribuer à la popularisation de ce sport de manière bien plus prononcée dans la péninsule.
Afin d’entériner la montée en puissance du baseball en Corée, notons par exemple l’intégration d’équipes coréennes lors des tournois “Koshien”, ces fameux tournois lycéens dont les phases finales (été comme printemps) se déroulent au Stadium de Koshien, à Nishinomiya dans la préfecture de Hyôgo (d’où l’appellation) et ce de 1921 à 1940. Dans la même veine, les tournois intercité ont intégré les équipes coréennes de 1927 à 1942, avec deux victoires de Séoul sur la fin de cette itération des participations coréennes (1940 et 1942).
Si les équipes coréennes se frayent un chemin vers la lumière face à l’oppresseur nippon, des joueurs vont confirmer la popularité de ce sport, en se faisant une place parmi ce qui se fait de mieux en Asie de l’Est. Un effet ricochet se met en place de par l’accumulation de l’expérience engrangée par les joueurs coréens lors de leurs rencontres face aux équipes japonaises. Mais, comme vous pouvez le lire, la popularité du baseball passe par l’influence du régime ayant annexé le pays, le Japon. Le baseball est un témoin de l’oppression.
Et malheureusement, si le sport peut faire office de bouée de sauvetage, la situation géopolitique du pays, déjà privé de liberté dans sa propre gouvernance, manipulé dans la redirection de sa propre histoire par l’incorporation d’une propagande mythologique, prend un tournant dramatique avec la seconde guerre mondiale et sa partie pacifique. Contraints de participer à l’effort de guerre, des millions de coréens se retrouvent forcés d’émigrer chez le voisin “tutélaire” pour y subir les affres du travail forcé. Les femmes subissent le vice de l’homme en devenant des “Comfort women” pour les “besoins” de l’armée… Dans ces temps de souffrance, le baseball est très loin des préoccupations, que ce soit du côté de l’oppresseur ou de l’oppressé.
La fin de la guerre apporte la délivrance si l’on peut dire, avec la capitulation d’un Japon meurtri par les bombes atomiques. Mais les conséquences pour les coréens semblent irréversibles. Des populations bloquées sur des territoires dont ils ne sont pas issus, comme les Coréens de Sakhaline, aux Coréens assimilés au Japon, plus rien ne sera comme avant. Et rien n’est terminé alors que les blocs idéologiques se partagent une Nation convalescente. Les soviétiques occupent un Nord qu’ils ont délivré tandis que les américains se placent au Sud de la péninsule. La partition de la Corée est inévitable et la guerre de Corée va très vite éclater, sur les cendres de la seconde guerre mondiale.
Et si le baseball semble encore une fois loin des considérations des sombres événements que sont les guerres, le sport va avoir un rôle prépondérant, à un moment précis de la guerre de Corée, sans pour autant venir du baseball de la péninsule même. En 1950, alors que la guerre en est à ses débuts, se tiennent les premières séries inter hémisphères de l’histoire. Cette compétition est en fait le point d’orgue des tournois Intercités nippons précédemment évoqués, avec une confrontation entre le vainqueur japonais et une équipe semi pro américaine, elle-même vainqueur de sa compétition, le tournoi annuel du National Baseball Congress’s (NBC). Si cette première édition est légendaire, c’est pour deux facteurs principaux:
- Cet événement est décrit comme étant le plus grand des événements baseball tenus au Japon, selon les journaux de l’époque. Il s’agit surtout de la confirmation d’un retour à un semblant de normalité pour un Japon sous tutelle, et les matchs vont offrir au public le spectacle tant désiré dans une époque de convalescence nationale
- Le match clé de cette série va avoir lieu en même temps qu’une opération audacieuse, décisive mais avant tout victorieuse menée par le général McCarthur et ses troupes sur le port d’Incheon, en Corée. Deux victoires américaines, une sur le terrain de jeu, l’autre sur le terrain de la guerre, en ce 15 septembre 1950.
Le baseball a toujours été un marqueur, un témoin de l’évolution de la société américaine, mais voilà qu’il en fait de même en Asie de l’Est, étant intimement lié au Japon, à la Corée et à l’évolution de leur société respective.
L’émancipation
Si, après la guerre, nous nous retrouvons avec deux Corées, l’une d’elle va faire grandir le baseball en son sein, avant de s’émanciper et d’en faire l’un de ses sports les plus populaires. Sous l’impulsion de la première république de Corée, fondée en 1948, l’aspect culturel est mis en avant.
Après une longue période de colonisation nipponne, l’effort de remettre la culture sur le devant de la scène afin d’officialiser l’émancipation du pays est une priorité, et avec le Saemaul-Undong, le sport est mis en avant, notamment le Taekwondo, sport national. La modernisation du pays est l’autre aspect important qui est promu par les hautes sphères politiques coréennes, après la fin d’une guerre ayant fini d’achever l’économie d’un pays à peine délivré du joug japonais. L’important est de retrouver une identité nationale, ou plutôt de s’en forger une, et parmi les sports associés à la culture coréenne, le baseball va continuer de prendre son essor.

Dès le début des années 60 et la mise en place des premières politiques visant à établir l’identité coréenne, le baseball va tenir une place importante, notamment dans l’éducation, et sur le modèle américain (voir nippon sous certains aspects), au travers notamment du baseball lycéen qui va prendre une envergure nationale. Le tournoi national de cette catégorie prend en ampleur et en popularité dans les décennies 60 et 70, et l’enthousiasme général autour de cette compétition amène les politiques, les entrepreneurs et responsables d’entreprise de réfléchir à la création d’une ligue professionnelle dans le pays.
La formation des joueurs par le système éducatif permet également au pays de former des stars pour les prochaines échéances internationales, comme la “défunte” coupe du monde. Compétition dont la première itération eut lieu en 1938, c’est dans les années 70 qu’elle voit l’émergence de deux pays asiatiques en son sein: Le Japon et la Corée. 3e de l’édition 78 et finaliste malheureuse de l’édition 80, la Corée intensifie son envie de professionnaliser le baseball national alors qu’elle se prépare à accueillir la coupe du monde 82. Egalement affublée du nom d’Amateur World Series, la compétition mondiale est l’objectif coréen afin de confirmer la bonne santé de son baseball.

Mais si la santé du passe temps national coréen est au beau fixe, la professionnalisation du sport va surtout venir d’une dernière impulsion venant du domaine purement socio-politique, avec le coup d’Etat de Chun Doo-Hwan. D’un point de vue purement politique, les années 70 avaient été dures pour la population coréenne, avec la mise en place de la loi martiale en 1972 et le régime totalitaire mis en place dans cette décennie. Dans ce contexte, en 1975, la création du comité de promotion du baseball professionnel en Corée prépare le terrain d’une idée politique vieille comme le monde: distraire la population par la culture et le loisir afin de la détourner des questions de société.
Le coup d’état de Chun Doo-Hwan, consécutif à l’assassinat du dictateur de l’époque, Park Chung-Hee, eut l’effet d’un nouveau coup en plein coeur du peuple face aux mouvements civils de démocratisation. En réponse au ras-le-bol de la population, une manœuvre purement militaire se conclua par une oppression violente, symbolisée par le tristement célèbre massacre de Gwangju, puis une autre donc, dictée par l’envie de déplacer le focus de la population, se traduisit par la création de la Korean Baseball Organization, le 11 décembre 1981, 3 mois après l’obtention des Jeux Olympiques de 1988.

L’émancipation a un prix, et le peuple coréen l’a subi plein pot, malgré la tentative de mise en place des “3s” (Screen Sex Sport) sur son territoire par le pouvoir totalitaire. Une triste ironie pour une Nation engluée, quasiment sans répit, depuis des générations dans des soucis d’oppression. L’émancipation du baseball coréen, lui, s’était déjà traduit à travers les compétitions internationales, et sa consécration pointait le bout du nez…
La consécration
Le 27 mars 1982, la consécration est en marche, de manière interne au pays, avec le départ officiel de la KBO. Et quels débuts! Dans une ligue initiale de 6 franchises, nommées après des compagnies plutôt que des lieux, le match d’ouverture voit s’affronter le MBC Chungyong, équipe de Séoul (depuis renommé LG Twins) et les Samsung Lions, équipe de Daegu.
Dès la première manche, la légende est en marche. Un joueur iconique, devenu plus tard le premier coach coréen à coacher en MLB, chez les White Sox, va, comme un symbole, lancer les hostilités en frappant le premier coup sûr de l’histoire de la ligue. Son nom? Lee Man-soo. Surnommé le Babe Ruth coréen, il va permettre à son équipe des Lions de rapidement mener, et va également profiter de ce match d’ouverture pour y inscrire le premier home run de l’histoire de la ligue!
Le peuple coréen avait besoin de se divertir et les joueurs sur le terrain leur en donnaient pour leur argent. Une avance vite prise par les Lions, un comeback incroyable du MBC, une égalité parfaite à l’issue des 9 manches avant un grand slam héroïque de Lee Chong-do dans la 11e manche pour donner la victoire, sur le score de 11 à 7, à l’équipe de Séoul dans l’un des plus beaux opening day de l’histoire de la KBO!
Si cette entame lance parfaitement la ligue, il y a 41 ans maintenant, un autre événement baseball est attendu par toute une nation: la fameuse coupe du monde de baseball, à domicile qui plus est, en septembre de la même année.

La Corée du Sud veut faire les choses bien. Déjà bien lancée dans la formation des jeunes, notamment des lycéens, avant même l’arrivée du baseball professionnel, la nation veut capitaliser sur une génération arrivée à maturité, avec l’intégration dans le groupe des champions de la première coupe du monde junior de baseball, ayant eu lieu un an auparavant. En tête d’affiche de cette nouvelle génération, un lanceur historique, symbole de la KBO pendant les années 80-90 et ayant également fait son trou en NPB, le bien nommé Sun Dong-yol. Co-MVP de la coupe du monde junior 1981 avec le lanceur américain Todd Burns, futur vainqueur des World Series en 1989 avec les A’s, le jeune homme d’alors est redoutable. Il n’a que 19 ans mais est certainement le meilleur lanceur du pays. Avec lui, d’autres jeunes l’accompagnent.
Ces joueurs, tout de même plus âgés que Sun, retardent leur entrée dans le monde professionnel afin de participer à la compétition, qui est réservée aux joueurs amateurs. Parmi ces derniers, quatre joueurs vont marquer le baseball coréen et la KBO, et seront même célébrés en 2022, pour les 40 ans de la ligue: Jang Hyo-jo (OF), Kim Si-jin (P), Han Dae-hwa (3B) et Kim Jae-bak (SS).

L’union sacrée, pour un pays en proie aux problèmes socio-politiques, est de mise à l’aube d’une compétition privée de son habituel vainqueur, Cuba, et qui de ce fait redistribue les cartes pour les nations engagées.
La compétition commence le 4 septembre 1982, avec, sur le pont 10 équipes: l’Australie, le Canada, Taiwan, la République Dominicaine, l’Italie, le Japon, le Panama, les Pays-Bas, les Etats-Unis, et donc notre pays hôte, la Corée du Sud.
Toutes les équipes s’y rencontrent et le classement, et donc le vainqueur, découlent du bilan. Malgré un accroc face à l’Italie, et une difficile victoire face à l’Australie, la Corée du Sud va survoler son tournoi, derrière les performances de Sun Dong-yol, logiquement élu MVP du tournoi. Terminant avec un ERA de 0.31 en quatre matchs joués, dont 3 complétés. Parmi ces 3 matchs, il remportera son duel de lanceurs face à Bill Swift et les Etats-Unis avec 15 retraits sur prise et remportera le match symbole de cette compétition, le dernier match du tournoi pour la Corée, face au Japon.
Face au pays qui aspirait à devenir le premier pays asiatique à remporter la compétition, Dong-yol emmène les siens vers une victoire 5-2, permettant à tout un pays d’exorciser ses vieux démons par le biais du baseball. Cette consécration conclut la montée en puissance, sur la scène internationale, du baseball coréen avec, sur les 3 derniers tournois, 3 positions sur le podium (3e place en 78, 2nde place en 80 et enfin champion en 82).

Si le pays est toujours en proie aux remous sociaux avec le régime totalitaire en place, la santé de son baseball est paradoxalement au beau fixe, avec une réputation de place forte mondiale de la discipline. La Corée du Sud ne remporte pas de nouveau titre dans le reste de la décennie 80, mais réussit des parcours intéressants, avec une demie finale lors des Jeux Olympiques de 1984 perdue face au pays hôte, les Etats-Unis de Bobby Witt (papa de vous savez qui) et Mark McGwire (connu notamment pour la course au record de home runs sur une saison, avec Sammy Sosa, en 1998, durant cette fameuse “Steroid era”), puis une 5e place la même année lors de la coupe du monde, compétition remportée par un Cuba revenant et relançant ses bonnes vieilles habitudes de domination de la compétition.
Deuxième place à la coupe du monde 86, demie finale lors des jeux Olympiques de Séoul deux ans plus tard, la Corée opère un changement sociétal pivot dans la même période avec le ras-le-bol définitif d’une population qui n’a pas oublié ce qu’il s’est passé à Gwangju, et qui va se traduire par un non définitif de la population, en 1987, face à une nouvelle tragédie sociale ayant touché des étudiants lors de leurs protestations. Face aux mouvements anti-gouvernement de juin de la même année, Roh Tae-woo accepte de revoir la constitution, rétablir les principes démocratiques en permettant la mise en place d’élections.
Avec une consécration sportive mais avant tout un soulagement populaire, la Corée entre dans la dernière décennie du 20e siècle avec de l’optimisme.
Montagnes russes
Les années 90 seront certes éprouvantes entre catastrophes et problèmes économiques, rappelant que la jeune démocratie était en période de transition. Par contre elles confirmeront la relativement bonne santé du baseball avec des places d’honneur dans les différentes coupes du monde de l’époque, malgré des couacs au niveau olympique avec une non-qualification en 1992, puis une dernière place en 96. Quant à la KBO, elle continue son bonhomme de chemin avec désormais 8 équipes dans le championnat et une domination régulière, comme dans les années 80, d’une seule et même équipe, les Hattai Tigers (connus comme Kia Tigers désormais).
Cette décennie reste importante pour le baseball coréen, puisqu’en 1994, un jeune homme de deuxième année universitaire va quitter sa Corée natale en devenant le premier joueur sud coréen signé en MLB, Chan Ho Park. Le lanceur droitier ouvrira la voie à plus d’une vingtaine de ses compatriotes jusqu’à aujourd’hui, et s’il ne deviendra jamais un all star dans les majeures, réussira une carrière honorable avant de tenter sa chance en NPB puis de rentrer à la maison en 2012. Chan Ho Park est un pionnier de la reconnaissance, par la meilleure ligue de baseball au monde, du baseball coréen et de son niveau.

Puis vient 2000, et les jeux de Sydney. Désormais pleinement installé en temps que sport officiel des Jeux, avec le gain de médailles (contrairement aux itérations des années 80), ces jeux vont offrir un premier virage dans la balance des puissances de ce sport. Les joueurs professionnels sont autorisés à participer, et la Corée du Sud profite de cette évolution afin de mettre en place sa “dream team”. Emmené par leur lanceur légendaire, déjà présent en 88 lors des jeux de Séoul, Song Jin-woo, les coréens vont donner du fil à retordre à la Team USA du MVP des NLCS 2005, le bien nommé Roy Oswalt avant de remporter la petite finale et le bronze face au Japon de Shinnosuke Abe, l’un des meilleurs receveurs de l’histoire de la NPB et coéquipier d’Hideki Matsui, au début des années 2000.
L’équipe, qui ramène le bronze d’Australie, rentre au pays en héros. Un pays qui, sous l’impulsion du prix nobel de la paix en cette même année, Kim Dae-jung, connait un redressement économique spectaculaire et un virage complet au niveau international, devenant petit à petit la vitrine pop culturelle que l’on connait aujourd’hui via la “Korean wave”. Le cinéma s’étend, la musique s’exporte et le baseball nourrit de grandes ambitions.
Malheureusement, ces ambitions ne vont que rarement être comblées, alors que le pays fait partie du top 4 mondial en matière de baseball international. La Corée, comme les Etats-Unis ou la République Dominicaine manquent les jeux de 2004, à Athènes, sous fond de controverses. En effet, les continents dominants du baseball vont se retrouver avec 2 places qualificatives chacuns tandis que l’Europe en aura 3 (en incluant le pays hôte). La désillusion, bien que grande, n’est que de courte durée. Entre 2006 et 2009, la nation sud coréenne va enchainer les places d’honneur, avec tout d’abord une 3e place lors de la première édition de la World Baseball Classic.
Mais surtout, 2008 arrive avec la consécration ultime au niveau international par la victoire aux Jeux Olympiques de Pékin. Pour ces Jeux, le roster concocté est équilibré, entre valeurs sûres de la KBO comme Park Jin-man (déjà présent lors des JO 2000) et jeunes talents générationels comme Hyun-jin Ryu, bien connu en MLB. Arrivés en valeur d’outsiders plutôt que de favoris, les coréens vont engranger de la confiance, malgré des matchs serrés, lors d’un premier tour fini sur 7 victoires en autant de matchs.
Dans une compétition où l’on reconnait nombre de joueurs comme Stephen Strasburg pour la Team USA, Yu Darvish pour le Japon ou encore Yuli Gurriel pour Cuba, la Corée s’en sort toujours, comme en atteste son match d’ouverture face aux américains, gagnés 8-7 dans un final haletant. En tête à la fin du premier tour, les sud coréens renversent les japonais en demie (rapidement menés 2-0 ils s’imposeront 6-2) avant de gagner sur le fil, en finale, face à un Cuba qui aura eu les occasions de remporter la mise en 9e manche et dont le déclin s’annoncera peu après, 3-2.

Sur le toit du monde, les voici désormais favoris de la WBC 2009. Et l’équipe tient son rang, se qualifiant pour le second tour après un premier tour conclu sur 3 victoires pour 1 défaite, continuant jusqu’en finale en réussissant de grosses performances, dont un 10-2 face au Venezuela en demie. Malheureusement la finale sourit cette fois au Japon, et la Corée du Sud doit se contenter de l’argent.
La décennie 2010 arrive, et avec elle viennent les premières désillusions depuis bien longtemps sur… le sport même et sa présence au sein des Jeux Olympiques. Absent des JO 2012 et 2016, la discipline devra attendre les JO 2020 pour retrouver un spot.
Les premières désillusions arrivent également pour la Corée du Sud, avec des éliminations précoces lors des deux éditions de la WBC durant la décennie, désormais seule compétition faisant figure de coupe du monde, et des éliminations dès le premier tour.
Si en 2013, la quatrième nation baseball au Monde sort sur un moins bon différentiel points scorés/points concédés qui verra les Pays-Bas, au même bilan à la fin du premier tour, les éliminer, la version 2017 est bien moins reluisante. Pourtant pays hôte de sa poule et 3e au classement mondial, la Corée du Sud va perdre deux de ses trois matchs, face à Israël et aux Pays-Bas, encore eux, et sortir de la compétition sur un bilan négatif, à peine sauvé par le gain du dernier match face à Taiwan.
Et alors que la l’histoire récente a vu la KBO être diffusée et suivie au pays de l’oncle Sam, en qualité de première league reprenant en pleine crise pandémique mondiale, permettant de montrer une excentricité et une ambiance contagieuse, l’équipe nationale retrouvera les Etats-Unis, mais aussi le Japon, Israël, le Mexique et la République Dominicaine lors des derniers jeux olympiques, en 2021. Dans un tournoi à 6 équipes et au format un peu compliqué, les coréens se battront jusqu’aux demies finales, où ils perdront face à l’éternel voisin, le Japon.
2023, l’année du rebond?
Après avoir retracé le passé, il est temps de se tourner vers l’avenir (proche) avec la WBC 2023. La Corée du Sud veut clairement renouer avec le succès rencontré dans les années 2000, et va pour ce faire emmener avec elle des joueurs incroyables pour une compétition prenant une ampleur jamais vue auparavant. Les stars vont se retrouver dans une compétition étendue à 20 équipes, avec des MVP de MLB comme Ohtani, Altuve ou encore Goldschmidt pour ne citer qu’eux (vraiment pour ne citer qu’eux), des stars de différentes ligues et donc des rosters chargés en talent. Rarement on a vu autant de stars se réunir autour d’une compétition internationale de baseball, donnant une véritable envergure de coupe du monde et la Corée du Sud n’est pas en reste puisqu’elle est pourvu d’un effectif de haut vol mélangeant joueurs MLB et stars de la KBO:
- Le MVP en titre de la KBO, Jung-Hoo Lee, est présent. Le joueur a explosé les compteurs au sein du championnat coréen. Fils d’un ancien MVP, il a terminé la saison avec .349 BA, .421 OBP, 575 SLG, .996 OPS en réussissant 23 home runs, 113 points produits, plus d’une trentaine de doubles et une dizaine de triples. Côté défense, il affiche un pourcentage au fielding de 99,4% et sera donc la star du groupe sud coréen. Il sera là pour se montrer en vue de sa probable “mise à disposition” de la MLB la saison prochaine.
- Le duo seconde base/shortstop dont tout le monde parle: Vu comme étant potentiellement le meilleur duo du milieu de champ intérieur de la compétition la paire MLB Tommy Edman – Ha-Seong Kim est là pour asseoir la défense de l’équipe. A noter que Tommy Edman est le premier joueur non coréen de naissance à représenter le pays au World Baseball Classic. Il est originaire de Corée par sa maman, née en Corée.
- Un corps de lanceur dominant. Avec notamment l’ancien lanceur des Cardinals Kwang-Hyun Kim mais surtout un trio de releveurs redoutables, représenté par le rookie de l’année 2022 Cheol-Won Jeong, le groupe de lanceurs semble versatile et complet. Si l’un des plans du manager se base sur la provocation de ground balls (balles frappées au sol) afin de profiter de la défense du champ intérieur, nul doute que les profils sélectionnés ont les arguments pour dominer les batteurs adverses.
Dans une compétition chargée en talent, nul doute que le roster concocté par Kang-Chul Lee et son staff aura son mot à dire, afin de pourquoi pas rebondir, après des dernières éditions décevantes.
Nation forte du baseball, la Corée du Sud va tenter de renouer avec un passé glorieux, et rappeler que cette petite nation par la taille, détruite culturellement au milieu du 20ème siècle, a su se rebâtir afin de devenir une incontournable de la pop culture mondiale et une incontournable de la balle à coutures avec une ligue parmi les meilleures au Monde. Si la concurrence s’avère rude, la concurrence doit se dire qu’affronter cette Corée s’annonce pour le moins compliqué. Peut-être moins attendue que certaines autres équipes, peut-elle créer la surprise et compléter son palmarés international par l’obtention d’un premier titre WBC? C’est le rebond espéré.