Au cœur de l’intersaison, nous vous proposons de revenir sur les nouvelles règles annoncées par la MLB en septembre dernier et qui seront appliquées en 2023, dès le Spring Training. Elles sont au nombre de trois : pitch timer, restrictions sur les shifts défensifs et bases plus grandes seront donc introduits dans le jeu. Ces nouvelles règles ont bien évidemment leur importance dans cette période de free agency et lors de la constitution des équipes pour la saison à venir.

Trois nouvelles règles ont donc été approuvées par un vote majoritaire du tout nouveau Joint Competition Committee (comité composé pour rappel de quatre joueurs actifs, de six membres nommés par la MLB et d’un arbitre, et créé en 2022 suite aux accords négociés entre la MLB et la MLBPA en mars). Il est important de préciser que ce vote n’a pas remporté l’unanimité côté joueurs puisque ces derniers se sont opposés à 2 des 3 propositions. L’unanimité n’étant pas requise, ces modifications seront effectives dès le début de la saison 2023. On connaît bien maintenant le souhait de la ligue de raccourcir les matchs et de voir plus de balles en jeu et donc d’action sur le terrain, et ces nouveautés vont toutes dans ce sens-là. Testées précédemment en ligues mineures, leur impact a été jugé suffisamment important pour être poussé à l’adoption. Des adaptations ont néanmoins été faites pour tenir compte des retours des représentants de joueurs et des arbitres. Voilà pour le contexte, maintenant voyons en détail ces ajustements dans les règles.

Le pitch timer
Concrètement de quoi on parle : un chronomètre limite le temps dont dispose le pitcher entre deux lancers mais aussi le temps dont dispose un frappeur pour prendre place dans son box.
L’objectif est évidemment ici de donner plus de rythme au jeu et de réduire les temps morts.
Les dispositions exactes de mise en place sont les suivantes :
– Le lanceur doit débuter sa motion avant l’expiration du chronomètre. Il dispose de jusqu’à 15 secondes entre les lancers lorsque les bases sont vides et de jusqu’à 20 secondes si il y a au moins un coureur sur base. En cas de non-respect, il voit son compte crédité d’une balle.
– Le lanceur peut se désengager de la plaque (que ce soit sur pickoff ou sur step-off ; les visites ou les temps morts pour blessure ne comptent pas) deux fois par frappeur sans pénalité, le chronomètre se réinitialise alors. Les désengagements ultérieurs entraînent un balk, sauf si un retrait est effectué sur un coureur.
– Le frappeur doit être dans sa boîte et prêt à frapper dès lors qu’il reste au moins huit secondes sur l’horloge. En cas de non respect, il voit son compte crédité d’un strike.
– Chaque frappeur dispose d’un seul temps mort par apparition au marbre.
– Les arbitres peuvent accorder un temps mort supplémentaire si des circonstances spéciales le justifient (par exemple, si le receveur est le dernier retrait de la manche et a besoin de plus de temps pour s’équiper afin de se mettre en position défensive).
– Le temps de visite au monticule est limité à 30 secondes, tout comme le temps entre deux frappeurs en position.
Quelques statistiques pour prendre la mesure des effets attendus :
– En ligues mineures, le pitch timer a permis de réduire le temps moyen d’un match de 26 minutes.
– Il a également augmenté le nombre de tentatives de vol de base (allant de 2,23 à 2,83 par match) et leur taux de réussite est passé de 68 % à 77.
– Le temps moyen de jeu en MLB l’an dernier était de 3h11, il s’agissait du pire de tous les temps. En 2003 il était tout juste inférieur à 2h50. Les 21 minutes ajoutées sont entièrement dues aux temps morts dans le jeu.
Les + :
– La durée d’un match moyen sera considérablement raccourcie, cela permettra à des spectateurs plus occasionnels d’en regarder davantage.
– Le rythme de jeu sera plus rapide rendant les matchs plus attractifs, mais aussi le sport plus compétitif sur le marché du divertissement.
Les – :
– Certains craignent une augmentation du nombre de blessures pour les lanceurs qui lanceront plus rapidement.
– Aujourd’hui 363 pitchers en MLB prennent plus de 15 secondes pour lancer, cela risque de modifier leur routine, voire d’impacter leurs résultats.
– La beauté du baseball réside aussi dans le fait que les chances de gagner ne sont pas limitées par un temps de jeu défini.

Les restrictions sur le shift (déplacement) défensif
Concrètement de quoi on parle : les changements d’alignement de joueurs défensifs pour contrer des frappes en jeu sur le territoire du champ extérieur seront pratiquement interdits. Si les défenseurs se déplacent moins en fonction des frappeurs qui se présentent, plus de balles seront frappées dans des espaces libres.
L’objectif est d’augmenter la moyenne au bâton, de mettre davantage de balles en jeu et d’entraîner plus de jeux défensifs et d’action sur le terrain.
Les dispositions exactes de mise en place sont les suivantes :
– Les quatre joueurs d’infield doivent avoir les deux pieds dans la zone en terre qui matérialise le champ intérieur lorsque le lanceur est sur la plaque.
– Deux joueurs d’infield doivent être positionnés de chaque côté de la deuxième base.
– En cas de non-respect, le frappeur se voit crédité d’une balle sur son compte
– Cette règle n’empêche pas une équipe de placer un outfielder dans le champ intérieur ou au tout début du champ extérieur dans certaines situations. Mais cela interdit les alignements à quatre outfielders.
Quelques statistiques pour prendre la mesure des effets attendus :
– L’utilisation des shifts a explosé lors des dernières années. Ils étaient au nombre de 2 357 en 2011, puis de 28 130 en 2016 pour atteindre 59 063 l’an dernier (chiffres sur des balles frappées en jeu).
– La moyenne en bâton en 2022 est de .243, il s’agit de la plus basse depuis 1967.
– Le nombre de frappes doubles et triples a baissé de 12 % au cours des 13 dernières années.
Les + :
– Des balles durement frappées en champ extérieur auront moins de chance d’être attrapées de volée et se transformeront en doubles voire en triples.
Les – :
– Pour un sport aussi tactique, le placement des joueurs en défense participe à récompenser l’intelligence de jeu et l’anticipation.

Des bases plus grandes
Concrètement de quoi on parle : les bases, qui étaient de 15 x 15 pouces, passent à 18 x 18 pouces. Les dimensions du marbre restent inchangées.
L’objectif est de réduire le risque de blessure en donnant plus d’espace aux joueurs et en évitant ainsi les collisions.
Quelques statistiques pour prendre la mesure des effets attendus :
– La distance entre la première et la deuxième base ainsi qu’entre la deuxième et la troisième base diminue de 4,5 pouces.
– En ligues mineures, les tentatives de vols de base avec des bases plus grandes ont augmenté de 27%.
– Il n’y a eu que 0,68 tentative de vol de base par équipe cette année
The new MLB base size is SIGNIFICANTLY bigger. pic.twitter.com/JanJGCIyFL
— Dan Clark (@DanClarkSports) March 8, 2022
Les + :
– Le taux de réussite de bases volées va mathématiquement augmenter comme cela va réduire (très légèrement on est d’accord) la distance entre les bases
– Les défenseurs en position de recevoir des relais sur base seront plus en sécurité vis à vis des coureurs.
– L’amplitude des slides des coureurs qui traversent parfois complètement les bases pourrait être réduite également.
Les – :
– Une double base en première comme au softball aurait sans doute été davantage efficace en terme de sécurité pour éviter les collisions notamment.

A qui va profiter ces changements ?
– Le frappeur gaucher : il était le premier touché par les shifts défensifs qui surchargeaient le côté droit mais comme on ne verra plus d’infielder reculé dans la première partie du champ droit, un puissant frappeur gaucher pourra plus facilement mettre la balle en jeu et se voir créditer d’un hit.
– L’infielder rapide et athlétique : les joueurs de l’infield en particulier ceux situés de part et d’autre de la 2ème base ( 2B et SS donc) devront couvrir plus de terrain, leur rôle sera plus important au sein de la défense.
– Le pitcher capable d’enchaîner rapidement des lancers, sans diminuer ses effets ni mettre en danger son endurance.