Postseason 2022 – Toronto Blue Jays : L’outsider parfait?

OCTOBRE! Rien que d’écrire ce mot je frissonne, comme tous les fans de baseball j’en suis persuadée! Les quelques jours de retard après le lockout n’ont pas empêché la tenue d’une saison régulière enfin normale. Mais c’est maintenant que les choses sérieuses commencent. Douze équipes qualifiées pour cette postseason, six dans chaque Ligue évidemment. Parmi celles qui vont tester ce format inédit de Wild Card Series : les Toronto Blue Jays

Les attentes de début de saison

Après avoir échoués aux portes de la postseason en 2021, les Blue Jays abordaient 2022 avec le statut de favoris de cette relevée AL East. Hype énorme autour des Vladdy Jr., Springer, Berrios, Manoah… et des nouveaux venus Chapman, Gausman et Kikuchi.

L’ancien 3e base des A’s arrivait en effet avec sa défense de fer et son attaque de feu… Le pitcher voulait, lui, surfer sur son excellente saison aux Giants alors que le pitcher gaucher espérait relancer sa carrière MLB après un passage sans fanfare à Seattle.

Sur le papier : une rotation solide malgré la perte du Cy Young (Robbie Ray) avec Berrios, Gausman, Ryu, Kikuchi et Manoah + Stripling et Pearson pour la profondeur + un bullpen peu rassurant en 2021 mais qui devait limiter la casse avec la recrue Yimi Garcia + une attaque portée par Vladdy Jr. vénère d’avoir vu échapper le trophée de MVP avec Springer, Chapman, Bichette, Hernandez, Gurriel Jr. en parfaits lieutenants = l’espoir d’un premier titre de Division depuis 2015…

La déroulé de la saison

… Espoir déçu puisque les Blue Jays se contentent d’une place en Wild-Card. Espoir déçu en raison d’une première partie de saison très moyenne : un bilan de 50 victoires et 43 défaites au All-Star Break avec 9 défaites en 10 matchs début juillet ! Charlie Montoyo, prolongé en début de saison, a pris la porte, remplacé par John Schneider. Choc psychologique ou non mais revirement spectaculaire certainement avec 14 victoires et 4 défaites dans la foulée qui ont enfin semblé lancer la saison.

Circonstance atténuante à ces premiers mois difficiles : la perte de Hyun-Jin Ryu. Limité à 6 matchs en raison de douleurs au coude, le lanceur coréen a finalement subi une opération Tommy John en juin. On ignore si on le reverra sous le maillot canadien car il est en fin de contrat à l’issue de la saison 2023.

Seulement 6 matchs cette saison pour Ryu, ses derniers peut-être sous le maillot canadien – Photo : Getty Images

C’est Alek Manoah qui a endossé le costume d’Ace de la franchise de TO dans la foulée de débuts très prometteurs en 2021 : 16W – 7L avec une ERA de 2.24 en 31 starts*, mais attention beaucoup de manches lancées. A voir donc comment il va enchaîner avec sa première postseason. Gausman a bien digéré son transfert dans le Nord avec une saison solide (12-10 ; ERA 3.35 ; 31 starts). Intégré dans la rotation à la place de Ryu, Ross Stripling a surpris par sa régularité (10-4 ; ERA 3.01 en 24 starts et 32 matchs), contrairement à celui qui faisait pourtant figure de hurler numéro 1 : José Berrios (voir plus loin). Déception aussi avec Yusei Kikuchi, écarté de la rotation à la fin de l’été car clairement le maillon faible (5-7 ; ERA 5.27 en 20 starts et 31 matchs). Il a été relégué au rang de releveur quand le sort des matchs semblait déjà joué. On imagine mal le voir dans le roster de la postseason.

Impec en défense, Chapman a en revanche peiné au bâton : une moyenne moche de .229 et 170K (le plus dans l’équipe), mais heureusement 27HR pour sauver la mise. Bichette a redressé la barre de façon très spectaculaire en août et septembre car sinon c’était décevant (AVG .397 ; OBP .437 ; SLG .635 sur les 30 derniers matchs). Springer a confirmé son statut de star quand il est en pleine santé, et ça semble être le cas dans cette dernière ligne droite. Son physique atypique n’a pas empêché Alejandro Kirk d’être le batteur le plus régulier des Jays cette saison. On bloque sur ce si faible nombre de strikeouts : 57 en 138 matchs ! Meilleure moyenne de présence sur bases de l’équipe pour le catcheur. Enfin, Vladdy Jr. s’est un peu calmé sur les longues balles (32HR contre 48 en 2021) et les points marqués (89 contre 123), mais il a su se montrer clutch en fin de régulière. On retient sa rage de vaincre devant le public du Rogers Centre avec ce walk-off hit face aux Yankees il y a quelques jours.

Au final, une équipe que l’on peut qualifier d’un peu décevante même si le bilan reste très bon et finalement très proche à celui de 2021 (91-69 contre 91-71), preuve que l’an dernier le niveau de la AL East était stratosphérique. Le titre de Division lui a échappé mais elle semble arriver en postseason sur une bonne dynamique avec en poche la Wild Card n°1 en American League.

La révélation

Romano, un lanceur canadien qui brille à la maison – Photo : Toronto Life

On se posait beaucoup de questions sur le bullpen des Jays avant le début de saison, espérant que l’arrivée de Yimi Garcia allait stabiliser l’ensemble. Le Dominicain a été correct (ERA 3.15 en 60IP), mais a été éclipsé par Jordan Romano. Le lanceur canadien s’est vu attribué le rôle de closer et a été impeccable : 36 saves avec une ERA de 2.14. On parle de « révélation » mais en fait Romano enchaîne les bonnes saisons dans l’anonymat, car le focus sur Toronto est souvent mis sur l’attaque de feu. Une ERA de 1.23 en 15 matchs en 2020 ; une ERA de 2.14, 7 victoires et 23 saves en 62 matchs en 2021 et donc cette belle ligne de stats cette année. Comme pour Manoah, on a hâte de voir ce qu’il va produire pour ses premiers playoffs.

La déception

Arrivé à l’été 2021 dans un gros trade avec les Twins, José Berrios a été prolongé à Toronto pour 7 ans. Le front office le voit clairement comme l’Ace de la franchise pour les années à venir. A 28 ans, le Portoricain arrive dans son prime et doit confirmer tous les espoirs soulevés depuis son début de carrière. On pensait que le déclic pouvait arriver cette année, mais on l’a dit c’est Manoah qui s’est installé comme le lanceur numéro 1.

On attendait mieux de Berrios pour sa première saison complète à Toronto – Photo : DR

Berrios c’est certes 11 victoires mais une bien moche ERA de 5.23. Il a concédé 29HR, plus gros total de sa carrière et encaissé 103 points mérités, le plus gros total en American League pour les lanceurs qualifiés. Pas les meilleures conditions mentales pour se présenter en postseason. A lui de montrer sa valeur sportive et monétaire et de porter les Blue Jays en Division Series voire plus.

Qu’attendre en playoffs ?

On ne sait pas trop comment qualifier ces Blue Jays après la régulière : décevants car en-dessous des attentes ou à leur place avec cette AL Wild Card numéro 1? Il y a eu des bonnes et des mauvaises surprises dans cet effectif tout au long de la saison on l’a vu, mais la bonne nouvelle c’est que l’équipe semble sur une bonne lancée avec les retours de blessures de Gurriel Jr. et Espinal.

Pour atteindre les Division Series, il faudra écarter au meilleur des 3 matchs les Seattle Mariners [qui possèdent 1.5 matchs d’avance sur les Rays au moment de la rédaction de cet article] qui font leur retour en postseason après 21 ans d’absence. 3 matchs au Rogers Centre qui offriront un avantage aux BJ même si les résultats en régulière penchent clairement pour les M’s (5-2) avec notamment un sweep sur 4 matchs en juillet qui a coûté sa place à Charlie Montoyo. La rotation de Seattle est plus rassurante (Ray l’ex Jay + Gilbert + Castillo), l’attaque de TO est plus impressionnante. Un duel super intrigant entre deux équipes aux armes différentes mais aux armes aiguisées.

En cas de victoire en Wild Card, les Blue Jays retrouveraient en Division Series les Astros, numéro 1 en AL cette saison. Un affrontement plus déséquilibré sur le papier mais si les Blue Jays ne font plus partie des favoris pour la victoire finale, ils seront vraiment à surveiller.

Fenêtre de tir

Le front office n’a pas hésité à casser la tirelire ces dernières années (Ryu, Springer, Berrios) et à se séparer de prospects (justement contre Berrios). Il se posera la question fin 2023 d’une extension de contrat pour Matt Chapman et devra sortir le gros chéquier très rapidement pour garder à la maison Vladdy Jr. La fenêtre de tir est ouverte pour les Blue Jays et il ne faudrait pas la laisser se refermer sans avoir montré de belles choses en playoffs. Ce serait trop dommage avec un tel roster offensif, mais il reste une faiblesse dans la rotation sans Ryu. Pour moi il faudra faire un gros coup cet hiver pour ajouter un 3e homme fort au duo Manoah-Berrios. Les Blue Jays peut-être trop justes en 2022 mais il faudra vraiment être au rendez-vous en 2023.

2022 ou 2023 ce serait 30 ans après les titres de 1992 et 1993, une bonne façon de fêter ces anniversaires!

Le Rogers Centre, ancien Skydome, rêve de fêter une nouvelle victoire en World Series après 1992 et 1993 – Photo : Sportsnet.

(*) Stats arrêtées au 3 octobre 2022.


Laisser un commentaire