On croyait Oakland sur la pente ascendante en 2020, avec son titre de division, mais après une saison 2021 moyenne les problèmes structurels de la franchises sont réapparu. L’équipe ne peut tout simplement pas se permettre des gros contrats. C’est pourquoi on a assisté à une véritable liquidation de l’effectif, notamment en sortie de lockout. Pour rester positif, Billy Beane et David Forst sont déjà passés par là et ce sont des spécialistes des reconstructions express. Néanmoins en attendant des jours meilleurs, la saison 2022 s’annonce catastrophique. De quoi mieux rebondir par la suite ?

La saison 2021
Que dire de la saison 2021 des Athletics. Dans une division plutôt ouverte avec seulement les Astros comme clairs favoris, on se disait qu’avec ses stars, Oakland pouvait tirer son épingle du jeu et pourquoi pas arracher une wildcard. Il faut dire que sur la papier cette équipe avait plutôt de la gueule. D’abord les deux Matt, Chapman et Olson, en leaders d’attaque. Le premier a sacrifié sa moyenne au bâton (.210) pour se concentrer sur la puissance (27 HRs) tout en gardant un niveau défensif élite. Son compère de première base est lui aussi l’un des meilleurs défenseurs à son poste. Mais il a tout de même sorti une des ses meilleures saisons en carrière. Avec .271 à la batte, 39 HRs, 111 RBIs il ne signe que des records en carrière en ajoutant tout de même 88 BB. Des stats de leader offensif et de star de franchise.
Malheureusement, il semblaient bien seul. Un joueur à ce niveau ça peut vous faire gagner des matchs par ci par là. Mais sur une saison ca ne suffit pas. Pourtant Tony Kemp, le couteau suisse de l’équipe, a bien tenté de hisser le niveau de jeu de son équipe grâce à sa fougue, sa hargne et sa présence sur base (.275/8 HRs/37 RBIs/.382 OBP). Mais cela reste tout de même bien trop limité.
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A la trade deadline, Oakland a bien tenté de jouer le All-In pour tenter de décrocher cette wildcard encore accessible à l’époque. C’est ainsi que Starling Marte débarqua dans la Baie en provenance de Miami et avec lui son niveau All-Star (.316/5 HRs/30 RBIs/25 SBs). Autre ajout de qualité, l’arrivée de Josh Harrison lui aussi à la trade deadline. Il a également tenté d’apporter son énergie et sa polyvalence à cette attaque.
Problème, c’est que le reste de l’attaque a été un poids bien trop important à porter pour les locomotives. Avec une attaque dans le ventre mou des statistiques d’équipes mais surtout la 21e moyenne au batôn de la MLB (.238), difficile de sortir du lot et espérer la postseason.
Même la présence sur base, pourtant sacro-saint de la politique sportive à Oakland (coucou MoneyBall) ne se classe que 16e. Le pari Elvis Andrus a été perdu (.243/3 HRs/37 RBIs), Mitch Moreland a semblé dépassé tout comme Stephen Piscotty. Ramon Laureano, pourtant prometteur en 2019, n’a quant à lui pas semblé s’en sortir en 2021 et a fini l’année avec une suspension pour dopage. Avec toutes ces désillusions, le club aura au moins pu donner un maximum de temps de jeu à ses joueurs du cru. Ainsi Sean Murphy, on y reviendra et Seth Brown ont pu se frotter au niveau MLB avec plus ou moins de réussite.
Si l’attaque a été décevante par rapport au talent disponible. Le pîtching lui a été plutôt bon. Notamment les starters. Avec 3 lanceurs à moins de 4 d’ERA, Oakland s’en sort bien dans ce domaine. Chris Bassitt a confirmé sa montée en puissance et assume son statut d’ace. Avec 3.15 d’ERA, 159K en 153 manches, il a connu la joie de sa première sélection au Match des Etoiles. Même constat pour Frankie Montas qui a lui aussi confirmé son statut de lanceur élite. Il n’a pas manqué un seul départ et termine la saison avec un ERA de 3.37. Mais surtout 207 K en 187 manches. Enfin Sean Manaea, longtemps grand espoir du club, a lui prouvé qu’il pouvait enfin rester en bonne santé toute une saison. Pour la première fois de sa carrière, il n’aura manqué aucun départ. Il a montré qu’il était prêt à passer à l’étape supérieure.

En fin de rotation, Cole Irvin aura fait le travail que l’on attend d’un 4e lanceur, c’est à dire manger les manches tout en gardant un niveau acceptable (4.24 d’ERA). Et pour terminer on a assisté aux débuts du prometteur James Kaprielian. Il a été à la hauteur de sa réputation avec 4.07 d’ERA pour une première saison c’est largement honorable. On a hâte de voir ce qu’il va devenir.
Cependant comme pour l’attaque, si les locomotives brillent, les wagons eux semblent bien sales. Ce fut le cas dans le bullpen. Mis à part Lou Trivino qui a fait le job en closer (22 sauvetages, 3.18 d’ERA), le reste a été plus que moyen. Et le staff termine avec un ERA collectif de 4.21 soit le 18e de MLB.
Pour résumer, des fortes individualités qui ont permis à Oakland de rester dans la course. Mais pour accéder à la postseason, ça ne suffit pas. La différence entre les stars et le reste de l’équipe était trop grande.
La saison 2022
Le problème ce que désormais, les individualités ne sont plus là ! D’abord, le très respecté coach et faiseur de miracles, Bob Melvin est parti. Il est parti chercher un titre avec les Padres. Puis, devant l’échec de la saison 2021 et l’arrivée imminente des prolongations de contrat pour ses stars, Oakland a ouvert les vannes, et la fuite des talents continue. Mark Canha, Starling Marte ou Mitch Moreland n’ont pas été prolongés. Mais surtout, on a dit au revoir aux stars et enfants du club. Les deux Matt se sont faits échanger dès la sortie du lockout. Olson a rejoint Atlanta avant de signer un beau contrat. Tandis que Chapman, a lui aussi, rejoint un contender en traversant la frontière vers Toronto.
Au niveau du pitching même constat: tout ce qui est au niveau est échangeable. Ainsi Chris Bassit est envoyé chez les Mets tandis que Petit, Romo et autres Chafin ne sont pas prolongés. Et comme dit la pub : et ce n’est pas fini. Au moment où j’écris ces lignes, Sean Manaea et Frankie Montas sont dans toutes les rumeurs de trade. Et si ils ne sont pas échangés avant la saison, il y a fort à parier qu’ils ne porteront plus l’uniforme des A’s d’ici la trade deadline.
On se retrouve donc avec un farm system flambant neuf mais dont les jeunes sont encore bien loin de la MLB. Mis à part Pache mais on y reviendra. Pour le reste on part avec ceux qui restent tout simplement. Les leaders d’attaque seront Brown et Murphy qui après leur saison d’adaptation vont devoir franchir un cap. Ils seront entourés de joueurs d’expériences (pour ne pas dire en fin de course) comme Jed Lowrie ou Eric Thames qui revient en MLB après une pige au Japon.
Mais ce qui devrait vraiment être cataclysmique, ce sera le pitching. Malgré les nombreux départs, aucun renforts dans le bullpen et Lou Trivino va vraiment sembler bien seul. A moins qu’il ne se fasse trade d’ici là. Comme je l’ai dit pour le moment Manaea et Montas seront encore la pour cacher la forêt mais s’ils partent … D’autant que Kaprielian devrait commencer la saison à l’infirmerie. Dans une AL West qui monte en puissance, ca risque de faire trop juste.
Le joueur à suivre : Christian Pache

Il est la pièce centrale dans le trade qui a envoyé Matt Olson du côté des Braves. Et il va avoir la lourde tâche de faire oublier les Matt. Si offensivement ce sera quasiment impossible, défensivement, Oakland tient sans doute l’un des meilleurs défenseurs. Annoncé comme le meilleur défenseur de l’organisation des Braves, il apporte de la vitesse et une intelligence du placement à l’Outfield des Athletics. Il est également fournisseur de highlights.
Offensivement, il feat parfaitement avec la philosophie d’Oakland. Pas un énorme frappeur de puissance mais une machine à monter sur base (.330 d’OBP moyen en 5 saisons de Minor). Etonnamment, il n’est pas un grand voleur de bases comme sa vitesse le laisserait penser. Mais il a encore le temps de progresser et à Oakland, il pourra le faire à l’abri de la pression. Et cela ne peut être que bénéfique.
La star : Sean Murphy
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Cela aurait pu (dû) être Montas ou Manaea mais devant leurs situations indécises je vais me rabattre sur Sean Murphy. Annoncé comme le futur très grand receveur de la Ligue, il a gouté aux joies de la MLB dès 2019 pour seulement 20 matchs et déjà des promesses. Mais malheureusement 2020 est passé par là et la saison tronquée est venue perturber la progression du garçon. Qui malgré tout aura fait une saison respectable pour son premier exercice en tant que receveur titulaire. Au final il terminera 4e dans la course au rookie de l’année avec .233/7 HRs/14 RBIs en 43 rencontres. Mais c’est surtout défensivement qu’il brille et dans sa gestion de son pitching staff.
En 2021, il a enfin pu disputer une saison complète et si offensivement il est encore à la peine dans certains domaines (Seulement .216 à la batte et surtout 114 K). On sent que du côté de la puissance le garçon en a dans la batte (17 HRs). Avec les départs d’Olson et Chapman, il va devoir encore monter d’un cran offensivement pour tenter d’au moins compenser. Heureusement, si en attaque des Lowrie et autres Andrus sont à la peine, en tant que ‘tuteur” c’est autre chose. Il va pouvoir en apprendre beaucoup grâce à eux.
Défensivement, c’est déjà le patron, il faut qu’il le devienne offensivement pour qu’Oakland ne soit pas qu’un faire-valoir cette saison.
Notre Prono
Cela faisait 4 saisons qu’Oakland finissait avec un bilan positif. Ce qui est un exploit dans l’écosystem des Athletics. Et malheureusement, ce cercle vertueux est terminé. On a dit adieu à ses stars et ses joueur moteurs, qui se rapprochaient de la fin de leur contrat. Et désormais place à la reconstruction. Heureusement, s’il a bien une chose que l’on sait faire à Oakland, c’est travailler intelligemment. Et les rebuilds ils savent faire. Comme d’habitude ce rebuild ne devrait pas être long mais en attendant, cette saison s’annonce déjà comme tragique. Et la franchise devrait toucher le fond. Tant mieux, ils ne pourront que remonter.
Projections Fangraphs : 81-81, 4e d’AL West
Mon Prono : 5e d’AL West 62-100