Postseason 2021 : St-Louis Cardinals – A la conquête de l’Impossible

“October Baseball”… Deux mots qui font saliver les fans de MLB dès l’entame de la saison. Maintenant on y est, et la rédac’ de The Strike Out se plie en dix pour vous présenter les dix prétendants au Commissioner Trophy. Après la qualification sans trembler des Red Sox face aux Yankees lors du match de Wild-Card en American league, place à la deuxième affiche de cette postseason. Les Cardinals de Saint-Louis défient le tenant du titre, les Los Angeles Dodgers, dans la nuit de mercredi à jeudi pour la NL Wild-Card. Une opposition sur le papier totalement déséquilibrée entre les grands favoris et les miraculés du mois de septembre. Les Cardinals se déplacent à Chavez Ravine sans peur ni complexes.

 

La Saison 2021 : Survivants

C’est sans aucun doute LA sensation de ce mois de septembre ! Alors qu’on pensait qu’ils avaient laisser passer leur chance, distancés par les Brewers et doublés par les Reds, les St-Louis Cardinals se sont mis en route au meilleur moment et ont terminé la saison en mode rouleau compresseur.

Sur ce sprint final, les coéquipiers de Yadier Molina ont tout simplement aligné la plus grande série de victoires de l’histoire de la franchise, avec 17 consécutives, dont les sweeps des Mets et des Padres, adversaires direct pour la Wild Card, ainsi que des Brewers, champions de la division NL Central.

Les Cards terminent septembre avec un bilan respectable de 22-7 et la chance unique d’affronter les Dodgers, épouvantail de la Ligue Nationale, sur un match sec au Dodgers Stadium.

Chance unique, car si on n’imagine pas vraiment (voire même vraiment pas) les Cardinals tenir la distance face aux surpuissants Dodgers sur une série entière, la vérité d’un match peut-être tout autre, derrière un Adam Wainwright qui revit à 40 ans après presque une décennie de doutes et de blessures et qui, avec son compère de toujours Yadier Molina, aura à cœur de tout donner pour tenter de faire trébucher le géant de Los Angeles.

Co-favoris de la NL Central en début de saison, les Cardinals auront toutefois mis le temps pour sortir du bois et s’affirmer comme une équipe un peu plus que moyenne, qui ne brille véritablement ni a la batte (malgré un potentiel au-dessus de la moyenne) ni au niveau de la rotation ou Wainwright est l’arbre qui cache la forêt cette saison, ni dans un bullpen capable de passer sans avertissement du sublime au risible.

Les Cardinals éparpillent Septembre

Meilleure attaque de National League en septembre (158 Runs, comme les Giants), Saint-Louis n’en est que la 10e sur la saison entière (706 runs, soit un de plus que les Cubs et 124 de moins que les Dodgers), tandis que la défense et le pitching sont restés relativement stables, avec un ERA légèrement en baisse sur le dernier mois de la saison et une place en embuscade derrière les quatre autres qualifiés en postseason, pour 672 runs concédés (6e) et un ERA de 3.98 (7e) sur la saison entière.

Nous y voilà donc, si les Cardinals veulent exister en postseason, il faudra compter sur un pitching qui reste « bien mais pas top » mais surtout sur des battes capables de rester chaudes au moment où tout sera prêt a basculer. On parle ici de celle de Paul Goldschmidt, intenable en septembre avec 9 HR, 19 RBI, une slash-line de .340/.440/.701 et un OPS de 1.141, au même niveau que Bryce Harper sur ce dernier mois de saison régulière. On parle de Tyler O’Neill, the « next big thing » qui frappe lui aussi à plus de 30% en septembre, avec 11 Home Runs et un OPS supérieur à 1.

On parle, encore, de Nolan Arenado, qui sans flamber en Septembre (8 HR et 21 RBI tout de même) est resté le Nolan qui fait des choses que fait NolanTM, favori pour un neuvième gold glove en neuf saisons de MLB, et auteur de plus de 30 HR et 100 RBI pour la sixième saison consécutive si l’on exclut la 2020 tronquée. Il devra maintenant prouver qu’il est taille pour la postseason, lui qui n’a connu que les Rockies au cours de sa carrière.

On observera enfin la jeunesse des Bader, Carlson, Nootbaar, Sosa, encadrés par le grand frère, le taulier, l’homme qui a tout vu, tout vécu, et se verrait bien y aller une dernière fois avec son compère Waino, le futur Hall of Famer Yadier Molina au catch !

Waino Superstar !

Waino, Adam Wainwright, on l’a tellement vu décliner au fil des années que l’on aurait presque ignoré sa belle saison 2020. Feu de paille, chant du cygne, saison raccourcie… Pensait-on voir le vétéran confirmer sur une saison entière? Au point de se retrouver dans le Top 10 de MLB en termes d’ERA et de WHIP, sur le podium en termes de manches lancées (206.1).

L’imaginait-on avec un ERA+ de 127 identique à celui obtenu lors de sa saison 2012, terminée au rang de All Star et de vice Cy Young derrière l’intouchable Clayton Kershaw ? Et pourtant, à 40 ans révolus, c’est bien lui qui a tenu la baraque tandis que Jack Flaherty, blessé, manquait le plus gros de la saison pour revenir, a priori plutôt en forme, dans un poste de releveur en Septembre.

Derrière Waino, cependant, c’est un océan d’incertitudes qui entoure le pitching. Seul Kwang Hyun Kim n’a lancé que 106 manches, Carlos Martinez, capable du meilleur, a surtout montré le pire et Jon Lester, arrivé en août, n’a pour le moment pas vraiment fait parler son expérience en termes de résultats tangibles sur le monticule. Même remarque pour J.A. Happ, même si il ne s’en est plutôt pas mal sorti (54 IP, 4.00 ERA depuis son arrivée des Twins).

Adam Wainwright
Adam Wainwright vous salue bien. Dominant en 2021, le désormais quadragénaire reviendra pour une saison supplémentaire en 2022, pour notre plus grand plaisir.

Côté bullpen, St Louis offre la promesse de Lights Outs et de Squeaky Bum Time, parfois dans la même inning, avec sa flamboyante paire de closers Alex Reyes et Giovanni Gallegos. Excellent jusqu’au All Star Game, pour lequel il fut sélectionné, Reyes a passé un mois d’aout difficile avant de se stabiliser en septembre, mais attention aux sautes de concentration dans les matchs d’Octobre. Gallegos, moins dominant que son compère dans ses temps forts, est plus régulier mais capable lui aussi de remarquables trous d’air.

L’équipe de relève sera complétée notamment de T.J. McFarland, excellent toute la saison dans un poste de middle-reliever ou setup, Genesis Cabrera ou encore Ryan Helsley, bien revenu dans une saison qu’il avait entamé du mauvais pied. De quoi tenir la dragée haute aux Dodgers sur un match entier ? Pourquoi pas : un combo Wainwright-Flaherty-McFarland-Reyes dans un bon jour serait une belle opposition à l’armada offensive de L.A.

Histoire récente en postseason

On ne prétendra pas que les Cardinals peuvent rivaliser avec les Dodgers en termes d’expérience collective en postseason. Ils ont dans leurs rangs, en revanche, le joueur en activité le plus expérimenté dans les joutes d’octobre, en la personne de Yadi Molina : ses 101 matchs de playoffs disputés le mettent en 6e position de tous les temps dans le domaine (oui, le format moderne de playoffs aide un peu).

Il a vécu 4 World Series dont deux victorieuses, est apparu presque 400 fois au bâton, et son expérience et son leadership seront précieux, car le reste du lineup, excepté Wainwright bien sûr et dans une moindre mesure Goldschmidt, semble bien bizut à ce niveau, malgré les participations en 2019 (victoire sur les Braves en NLDS avant un sweep par les Nationals) et 2020 (un petit tour et s’en va face aux Padres).

A l’image de Nolan Arenado, qui n’a que 5 matchs de postseason au compteur, dont deux Wild Card Games, les Cardinals vont devoir apprendre très vite et se libérer de toute pression inutile pour jouer leur baseball, face à des Dodgers habitués a ne pas se laisser piéger par le premier prétendant venu. Car en face, ce sera Max Scherzer, Mookie Betts, Trea Turner, Cody Bellinger : une bague à chaque doigt et l’appétit pour une nouvelle tournée.

La Star : Paul Goldschmidt

Longtemps le visage des Diamondbacks avant son départ pour le Missouri en 2019, Paul Goldschmidt n’a eu besoin que de quelques semaines pour se rendre parfaitement indispensable aux Cardinals . Grand artisan de la qualification pour la postseason 2019, leader technique et leader tout court aux côtés de la légende Molina, Goldy a sorti une saison 2021 de très haute facture, élevant même son niveau en septembre pour sonner la révolte des siens et contribuer à la qualification des Cards pour le Wild Card Game.

Top 10 MLB parmi les joueurs de position, avec un WAR de 6.2, top 10 en termes de Total Bases et de Hits et, au coude a coude avec Joey Votto et Max Muncy en termes de WRC+ et en tête de tous les joueurs de première base au nombre de Runs défensifs sauvés (10 DRS), Goldschmidt réalise une saison qui devrait lui valoir une nouvelle place d’honneur au classement du MVP (il en est à sept Top 20 dont deux podiums) en plus d’un potentiel quatrième Gold Glove.

Paul Goldschmidt au baton
Paul Goldschmidt peut-il guider ses coéquipiers vers un exploit historique au Dodgers Stadium ?

Mais l’essentiel n’est pas là pour les Cardinals, ni pour Goldschmidt qui rêve toujours d’une première victoire en Championship Series (deux éliminations en NLDS, un sweep en NLCS) et ouvrira comme toujours la voie à Tyler O’Neill et Nolan Arenado. L’essentiel est de frapper, toujours, en moyenne et en puissance, comme il le fait depuis ses débuts dans l’Arizona pour un OPS de 142 en carrière, excusez du peu. Frapper sans relâche pour guider ses coéquipiers vers l’Eldorado, et un tableau de National League qui soudain semblerait tellement ouvert si les Dodgers venaient à s’en éclipser.

Le joueur à surveiller : Tyler O’Neill

Sans faire de bruit, le left fielder canadien des Cardinals s’est imposé, depuis ses débuts en 2018, comme l’une des valeurs sûres de la Major League. Par sa défense d’abord, lui qui était récompensé l’an dernier d’un premier Gold Glove en carrière, mais aussi, et surtout depuis cette saison, par une véritable présence offensive qui fait de lui l’égal de Goldschmidt et Arenado au cœur du lineup de Mike Shildt.

Capable de frapper à la moyenne comme à la puissance (34 HR en 2021), capable de voler les bases (15) comme de planer dans l’outfield pour annihiler les efforts adverses, il a terminé 2021 en boulet de canon (voir plus haut), avec un WAR de 6.3 (8e de MLB) et un OPS+ de 150 (7e) qui en font le leader de son équipe, devant même le maître Goldy.

Lui qui n’avait pas eu l’occasion de se présenter au bâton lors de la dernière postseason, se contentant d’entrées en jeu en tant que pinch-runner ou en position défensive, le joueur de National League du mois de Septembre aura à cœur de prouver face aux Dodgers qu’il appartient à la race des champions, même quand les enjeux deviennent majeurs, et qu’une légende du pitching se prépare a lui faire face.

Le Facteur X : le bullpen

Adam Wainwright s’avance avec l’expérience de 28 matchs de postseason. Il a lancé la dernière manche d’une victoire dans les World Series (en 2006), un Complete Game dans le Match 5 des NLDS (2013), et tout une palanquée de matchs à haute pression, en tant que starter ou depuis le bullpen. Il a connu les joies, les peines, les triomphes et les défaites. Faire face aux Dodgers ce mercredi soir ne lui fait pas peur. Mais que faire si les choses ne se passent pas bien tout de suite, si Max Scherzer se retrouve à la tête d’une avance de 2 ou 3 runs après autant de manches ?

Le laisser lancer, les choses vont rentrer dans l’ordre, aurait été la réponse d’un manager d’antan. Faire appel rapidement au bullpen serait l’option numéro 1 de nos jours. Et quel bullpen, dans un bon jour. S’il faut rapidement chercher un plan B, Mike Schildt peut se tourner vers son ace, tout simplement, Jack Flaherty qui sera disponible en relève pour lancer, une, deux, peut-être trois manches si son corps le lui permet.

Au tour ensuite de TJ McFarland, toujours fiable en middle relief cette saison, pour absorber encore une ou deux manches avant de passer le balle au duo électrique Giovanny Gallegos dans le rôle de setup-man puis Alex Reyes, potentiellement le meilleur releveur de National League lors de la première partie de saison. Il faudra pour cela que tous évoluent aux abords de leur meilleur niveau, un potentiel collectivement stratosphérique, mais c’est aussi cela qui fait un facteur X.

Alors oui, même en cas de (relative) faillite de leur patron lanceur, les releveurs de St-Louis ont les armes pour contenir l’armada offensive, en comptant sur le cœur de leur lineup et leur trio de happy sluggers pour pousser Mad Max, ou à défaut son bullpen que l’on a vu tantôt intraitable, tantôt friable cette saison, dans leurs derniers retranchements.

Alex Reyes & Adam Wainwright
Du Starter, Adam Wainwright, au closer, Alex Reyes, tout le pitching staff devra se sublimer face aux Dodgers.

Le Pronostic

Nous voila donc au stade de cet article ou je dois prêcher ma paroisse, annoncer que les Cardinals vont renverser les Dodgers, faire tomber Scherzer, résister à la batte de Mookie, aux jambes de Turner ou aux bombes de Bellinger.

Difficile tout de même tellement la différence de niveau théorique est criante, entre une machine à gagner qui peut se permettre d’ajouter un lanceur à $34m dans son roster quand son lanceur à $40m se fait prendre par la patrouille (Luxury Tax de quoi ? Tiens prends mon pognon et vas voir plus loin), mais je vais pourtant le faire.

Et le pire, c’est que j’y crois un peu. Le mois de septembre des Cardinals prouve que son lineup peut rivaliser avec n’importe quel lineup. La crème du pitching staff des Cardinals, dans un bon jour et sur un match, peut rivaliser avec n’importe quel pitching staff. Et les St-Louis Cardinals, eux-mêmes, ont une tradition d’excellence quand se pointe la postseason : on ne gagne pas 11 séries par hasard, sans une certaine culture ancrée dans l’ADN du ball club.

Et puis il faut l’avouer, une élimination prématurée des Dodgers serait peut-être injuste (mais ça on s’en fout), mais elle rendrait immédiatement la course au Pennant de National League absolument passionnante, la faisant passer de « Qui peut résister aux Dodgers » à « tout le monde a sa chance ». Et pour toutes ces raisons, en suivant le scenario décrit sous la mention Facteur X, les Cardinals vont l’emporter 5-3 et rejoindre les Giants en NLDS.

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