Postseason 2021 – Red Sox : Boston a retrouvé sa voie

A quelques heures du Wild Card Game d’American League, un Bonus Game de la Rivalry entre les Red Sox et les Yankees, on commence notre tour d’horizon des forces en présence pour cette postseason 2021. D’ici vendredi, nous vous présenterons les 10 équipes encore en lice pour remporter le Trophée du Commissionner, leurs forces, leurs faiblesses et le bilan de leur saison régulière. On commence donc, tout naturellement, par les Boston Red Sox qui seront hôtes de ce match décisif face aux New York Yankees, dans la nuit de mardi à mercredi, dans le cadre mythique de Fenway Park.

La Saison 2021 : Sox is not Dead!

On avait quitté les Red Sox moribonds, presque exsangues au terme de la saison 2020. Après le hangover des World Series 2018, sous la forme d’une saison 2019 sans saveur, le début d’année 2020 avait des airs d’Apocalypse pour la franchise de Boston, qui perdait tour à tour son manager Alex Cora, pris dans la tourmente du scandale des Astros, puis Mookie Betts, envoyé chez les Dodgers dans un trade incluant également David Price en échange d’un package contenant Connor Wong, Jeter Downs et Alex Verdugo.

Dans la foulée, et alors que le Spring Training était en suspens pour cause de Covid-19, les Red Sox perdaient également l’As de leur rotation, Chris Sale, qui subissait une opération Tommy John. Un tableau bien sombre qui augurait d’une saison aussi courte que désastreuse (24-36 quatrième pire bilan de MLB), sous le management d’un Ron Roenicke totalement impuissant dans son rôle de marque-place pour préparer le retour d’Alex Cora, effectif à l’orée de la saison 2021. Cora de retour, Chaim Bloom installé au poste de Chief Baseball Officer, la reconstruction pouvait commencer… ou du moins c’est que l’on pensait durant le Spring Training.

Car dès le début de cette saison on a pu constater que ce roster, même s’il avait peu changé durant l’intersaison au niveau du lineup, avait retrouvé un peu de la superbe et de l’état d’esprit qui lui avait permis d’aller chercher les World Series il y a trois ans. Un J.D. Martinez retrouvé (.286/.349/.518, 28 HR, 99 RBI) faisait un début de saison de folie avant de rentrer dans le rang sans pour autant véritablement slumper.

Xander Bogaerts et Rafael Devers : La tête et les muscles des Boston Red Sox

Xander Bogaerts s’affirmait plus que jamais comme le patron de cette équipe aux cotés de Rafael Devers (38 HR, 113 RBI) qui, à 24 ans, semble avoir passé un palier cette saison. Quant à Kike Hernandez, le couteau suisse numéro 1 de la MLB qui avait rejoint les Red Sox pendant l’hiver, il a fait du Kike Hernandez. Régulier au bâton sans être spectaculaire, élite en défense sans en faire des caisses, l’Utility Player a parfaitement rempli un rôle qu’il connait par cœur après 6 années chez les Dodgers. Une présence qui n’est pas forcement étrangère à la belle saison de Boston.

Quatrième équipe de MLB en termes d’OPS+, troisième à la moyenne au bâton ou aux Total Bases, les Red Sox terminent à la cinquième place des Majors au nombre de runs inscrits (829). Mieux que l’an dernier (11e), mais, on y arrive, ce ne sont pas juste les progrès d’une attaque déjà relativement solide l’an dernier qui ont permis aux hommes du Massachusetts de se mêler à une course folle au-delà des 90 victoires pour la Wild Card d’American League.

Le pitching, premier chantier de l’ère Chaim Bloom

Oh que non… puisque sur la butte, les Red Sox 2020 étaient tout simplement l’un des pires pitching staffs de MLB, avec un ERA collectif de 5.58, un ERA+ de 87 (100 étant le niveau médian de la ligue). Le FIP ? 5.19, pas une excuse ; Le WHIP ? 1.601, le pire de toute la MLB, comme la moyenne au bâton adverse (.281 tout de même). Starters et releveurs, tous dans le même sac, et au final Boston en terminait avec 351 runs concédés, seuls les Rockies avaient fait pire en 2020 : rédhibitoire.

Alors bien sûr, on ne fait pas d’un âne une voiture de course, mais avec l’un des meilleurs potentiels offensifs de la Ligue, être plutôt pas mauvais défensivement peut faire toute la différence. L’hiver a donc été l’occasion d’ajouter quelques bras fiables pour renforcer le pitching : les expérimentés releveurs Adam Ottavino et Hirokazu Sawamura arrivaient donc, ainsi que le jeune Garett Whitlock, acquis des Yankees lors de la Rule 5 Draft, tandis que Garrett Richards rejoignait la rotation et qu’Eduardo Rodriguez, remis de ses problèmes de santé suite au COVID-19, rempilait pour un an.

On n’en parle pas dans cet article, mais le diamant brut Tanner Houck sera lui aussi un bras à surveiller lors de cette postseason (Jim Davis/Globe Staff)

Résultat un an plus tard ? Un ERA+ collectif de 111, le neuvième de MLB, un ERA collectif de 4.26, un WHIP toujours haut mais revenu à 1.378. Les Red Sox n’ont toujours pas un pitching staff de feu, mais ils sont revenus dans la moyenne de la Ligue dans tous les tableaux statistiques.

Surtout, avec un Nathan Eovaldi (182.1 IP, 3.75 ERA, 2.79 FIP, 136 ERA+, 1.7 BB9, 4.6 WAR) dans la course aux places d’honneur pour le Cy Young, un Chris Sale enfin de retour sur le monticule et des releveurs qui se sont mis au diapason, notamment Matt Barnes, intenable en début de saison ou encore Garrett Whitlock, révélation de la saison 2021 au poste de releveur et outsider pour le trophée de Rookie of the Year (73.1 IP, 81 SO, 1.96 ERA, 241 ERA+), les Red Sox sont non seulement à la tête d’un pitching staff passable, ce qui en soi est plutôt agréable, mais comptent également sur quelques stars capables d’assumer la pression des matchs de postseason. Reste à voir si ils auront la profondeur nécessaire pour tenir la distance sur une série de 5 ou 7 matchs.

Mais qu’on se le dise, les Red Sox n’ont pas coulé après leur saison 2020 désastreuse, les Red Sox n’ont pas sombré après un mois d’aout délicat (12-16) qui semblait sonner la fin de la rigolade, les Red Sox n’ont perdu que quatre season-series en 2021, face aux Astros, aux Rays, au White Sox et… aux Rangers… Boston n’aborde pas ce Wild Card, à domicile, face au rival de toujours, comme une fin en soi. Boston en veut plus, et les hommes d’Alex Cora ont bien l’intention de croquer Octobre à pleines dents.

Passé récent en postseason : attention au départ

Petite statistique amusante : depuis la fin de la malédiction du Bambino, et le titre de 2004, les Red Sox n’ont gagné qu’une seule série sans remporter le trophée ensuite. Eliminés dès leur entrée en lice en 2005, 2009, 2016 et 2017, ils sont allés au bout en 2007, 2013 et 2018. Voilà le petit clin d’œil pour les plus superstitieux d’entre vous. Si les Red Sox ont raté les fêtes d’Octobre ces deux dernières saisons, ils n’en restent pas mois une équipe redoutablement expérimentée, dont le noyau dur (Martinez, Bogaerts, Devers, Vázquez à la batte ; Rodriguez, Sale, Eovaldi, Barnes sur le monticule) a participé au parcours de 2018 tandis que Kyle Schwarber et Kike Hernandez, arrivés cette année, connaissent tous deux la sensation de soulever le Commissioner’s Trophy.

Pas favori pour un sou, Boston a pourtant toute les armes, le talent et l’expérience pour continuer de créer la surprise dans une postseason qui aura tout d’abord des airs d’American League East (le vainqueur du Wild Card Game affrontera ensuite les Tampa Bay Rays en Division Series), et Alex Cora, triple vainqueur des World Series (en tant que joueur, bench coach et coach) a forcément un plan pour, une fois de plus, injecter un peu de folie dans la magie d’Octobre.

Xander Bogaerts, l’âme des Boston Red Sox, dans son jardin

La Star : Xander Bogaerts

A tout juste 29 ans, Xander Bogaerts a déjà tout connu avec les Red Sox, des victoires en World Series (2013 et 2018) aux saisons galère, au point que s’il n’est pas forcément l’atout offensif numéro 1 de son équipe, le superhéros qu’a pu être David Ortiz ou que pourrait devenir Rafael Devers, il occupe une place à part dans le cœur des fidèles de Fenway Park. Car le shortstop Arubéen, aussi infatigable que régulier dans l’excellence, leader parmi les leaders, est l’âme de ce roster des Red Sox et le premier des hommes de confiance d’Alex Cora au moment de coucher son lineup sur les feuilles de matchs.

Trois fois All Star, 5e au classement du MVP en 2019, Bogaerts n’attire pas la lumière des projecteurs, il la réfléchit pour sublimer ses coéquipiers et les guider sur les sentiers du succès. Mais Xander Bogaerts, un frappeur à .290 en carrière qui approche tranquillement des 150 Home Runs et les 2000 Total Bases, a aussi une revanche à prendre, lui qui avait éclaboussé de son talent la postseason 2013. Fantomatique en 2016 et 2017, il n’avait pas non plus forcément marqué le parcours victorieux des siens en 2018.

Pourtant, ce mardi, c’est bien le nom de Xander Bogaerts qui sera scandé le plus fort par la foule de Fenway au moment de l’annonce des lineups. Et celui qui devrait de toute évidence devenir le prochain « Captain » des Red Sox aura à cœur de tout donner pour guider les siens vers la victoire dans ce match de Rivalry un peu plus spécial que d’ordinaire.

Le Joueur à Suivre : Rafael Devers

Si Alex Cora est le gourou de cette équipe, si Xander Bogaerts en est l’âme, si Chris Sale est l’un des plus beaux lanceurs de sa génération, malgré la litanie de blessures qui a jalonné sa carrière, Rafael Devers en le diamant brut et désormais le leader offensif incontesté.

Ce qui manque encore de discipline à la plaque, il le compense par sa puissance au bâton, leader des Red Sox cette saison en termes de Hits (165), Runs (101), Home Runs (38), RBI (113, 4e de MLB), OPS et OPS+ (.892 ; 132) et même buts sur balles (62, comme Bogaerts). Mais surtout, à seulement 24 ans, Devers a d’ores et déjà prouve sa capacité à être clutch dans les moments importants, comme lors du match 162 décisif pour l’accession au Wild Card Game, ponctué d’un 4 sur 5, deux Home Runs et 4 points produits pour permettre à Boston de reprendre en main une partie bien mal embarquée (les Nationals menaient encore 5-1 au début de la sixième manche).

Lui qui n’était encore qu’un tout jeune joueur lors de la postseason 2018 aborde son deuxième mois d’octobre dans un costume totalement différent, celui de leader offensif et d’artilleur en chef. Le décor est planté, le scenario est idéal, à lui maintenant de montrer à Alex Cora, à Fenway Park et au monde entier que Rafael Devers est prêt à bousculer la postseason et rejoindre le Cercle des très grands.

Le Facteur X : Chris Sale

L’attente fut longue, presque interminable, pour les fans des Red Sox mais le 14 août, presque deux ans après sa dernière apparition dans les Major Leagues et 17 mois après son opération Tommy John, le Condor était de retour sur le monticule de Fenway. 5 manches pour retrouver des sensations, 5 manches pour retrouver le goût du très haut niveau, et une victoire contre Baltimore malgré 5 runs concédés. Sur les dernières semaines de la saison, le fantasque gaucher aura pu se jauger, lancer une quarantaine d’innings et se conditionner pour la postseason à venir.

S’il n’est pas encore revenu a son niveau, celui qui lui a valu six Top 5 au Cy Young consécutifs entre 2013 et 2018, Chris Sale est sur le chemin de la rédemption, et quelle plus belle scène que celle de la postseason pour un retour fracassant au plus haut niveau. On ne sait pas encore si Chris Sale lancera en tant que partant ou depuis le bullpen, pourrait-on le voir en relève de Nathan Eovaldi dès ce mardi, lors du Wild Card Game, ou sera-t-il reposé en vue d’éventuelles Division Series, lui qui a lancé 6.2 manches dimanche face aux Nationals lors du match 162 ?

On ne sait pas, donc, si Chris Sale aura l’occasion de retrouver la postseason, 6 semaines seulement après son retour sur les monticules, mais on en rêve, on guette, on surveille en sachant au fond de nous qu’un Chris Sale de retour dans toute sa splendeur au moment opportun, tel Ikki le Chevalier du Phoenix sortant des flammes de la maison d’Hadès, pourrait être ce qui sépare les Red Sox d’un nouveau parcours de rêve en postseason.

Le Pronostic :

Bien sûr, sur le papier les Yankees sont favoris. Mais sur le papier, les Yankees devaient aussi disputer aux Tampa Bay Rays le titre de division. Irréguliers, capables du meilleur comme du pire, les Bronx Bombers vont devoir faire face aux Red Sox et à un Fenway Park chauffé à blanc dans le contexte très particulier d’un match couperet. Gerrit Cole a souffert en septembre, au terme d’une saison exceptionnelle, et il reste un lanceur exceptionnel. Nathan Eovaldi a les qualités pour tenir ce lineup des Yankees. Les deux bullpens soufflent le très chaud et le tiède cette saison et les lineups rivalisent de puissance et de talent. Difficile de designer un vainqueur dans ce duel, mais puisqu’il faut se jeter a l’eau, je vais vous offrir des extra-innings, et pourquoi pas un Walk-Off Home Run de Bobby Dalbec, qui a le profil idéal du héros inattendu.


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