Jour de Fête au Colorado…et après?

Ca y est, c’est enfin arrivé, c’est jour de fête à Denver. Par un communiqué que plus personne n’attendait dans le Colorado, la franchise des rocheuses a officialisé le départ du troisième GM de son histoire, et en attendant d’en avoir un quatrième, le propriétaire a pris une première grosse décision: la nomination d’un président (chose qui n’était plus arrivée depuis le décès de Keli McGregor en 2010). Ce sera donc Greg Feasel, dans les murs depuis 1996, et qui occupait le poste d’Executive Vice-President dernièrement. La Rockies nation s’est félicitée de cette nouvelle assez surprenante (comme une victoire en Post-Season) dans la mesure où Dick Monfort ne vire pas son personnel, aussi mauvais soit-il. Que doit-on retenir du bilan du GM le plus apprécié dans le monde du baseball tout en étant le plus détesté dans sa propre franchise? Et pourquoi maintenant, quelques mois seulement après avoir donné le Franchise Player à une autre franchise?

Communiqué officiel des Rockies encadré dans tous les salons de la Rockies nation (twitter)

Alors qu’il y a quelques années, on pensait les Colorado Rockies bien partis pour jouer les troubles fêtes en NL West, la direction a une nouvelle fois surpris tout son monde avec un nouveau virage à 90°, après avoir pris un premier virage à 270° lors des années précédentes. Tout avait été prédit en ce début de saison, expliqué en long, en large et en travers… Et pourtant… C’est vrai les Rockies font un début de saison, comment dire… prévisible. La faute à pas de chance pour les uns, la faute à Coors field pour les autres, et pourquoi pas tout simplement parce que les personnes en place depuis si longtemps n’étaient tout simplement pas les bonnes?

JB a l’époque où il parlait encore au médias (credit: CBS)

Il était une fois, un gentil petit garçon qui termina ses études à Havard à l’âge de 23 ans. Ce petit garçon natif de l’état du Wisconsin et amateur de balles blanches à coutures rouges, décida qu’il travaillerait dans le monde merveilleux du baseball. Coup de chance, il intégra l’équipe du Commissioner de la MLB en 2001 pour y travailler avec les équipes Majors dans la section Minors en charge des contrats et des transactions durant 3 ans. Ce poste lui permit par la suite de rentrer dans la franchise des Montagnes Rocheuses, fin 2004, à l’âge de 31 ans. Le petit garçon était très travailleur et gravit les échelons un à un, sous l’œil bienveillant du Big Boss, pour lui permettre de toucher le Graal: le poste de GM des Colorado Rockies… Suite au départ de Dan O’Dowd le 08 octobre 2014, « JB » prend ses fonctions le même jour.

L’équipe de l’époque comporte déjà de très bons joueurs (Tulowitzki, l’ancien meilleur 3B de la NL, Blackmon, LeMahieu, CarGo, de la Rosa, Bettis, Ottavino, etc… ) et un farm system qui regorge de purs talents : Gray, Dahl, Tapia, Freeland, McMahon, Story, Castellani et plein d’autres. Ce farm est d’ailleurs classé 11ème en 2014 selon les critères de Baseball America. Las, celui-ci n’en finira pas de descendre au classement passant de la 8e place en 2015 pour arriver actuellement à la 29e place, et ce depuis 2 ans maintenant… Le tout managé alors depuis deux ans par Walter Weiss. Ancien joueur de la maison, il ne sortira pas une seule carte positive en 4 ans de présence en tant que manager.

Et durant la der de Weiss, le front office commence à réfléchir à la suite de l’histoire. Après encore une année négative à 75-87, pour une 3ème place derrière les intouchables Dodgers et Giants, quand même à 16GB, la décision est prise: on change et on prépare un plan sur 5 ans pour essayer de faire autre chose que de la figuration. La bonne pioche est toute trouvée, on embauche un manager qui connaît un peu les lanceurs (ce qui est un peu LE problème lorsque l’on joue à Denver) et ça tombe bien, il y en a un de disponible sur le marché : Bud Black. Les lanceurs, il connaît, il a été lanceur dans les Majors, a joué le titre aussi, a gagné les World Series en 1985 avec les Royals mais également en tant que pitching coach en 2002 avec les Anges d’Anaheim, et, petit plus non négligeable, il connaît très bien la NL West pour y avoir coaché les Padres de 2007 à juin 2015. Par conséquent, il connaît bien Coors Field. 

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A cette époque, tout le monde semble content, mais ça, c’était avant le drame… (AP Photo/David Zalubowski)

De plus, Buddy n’a pas tout à refaire, comme cité plus haut, puisqu’il dispose déjà dans son roster de vrais leaders avec un vrai plus en la personne de Trevor Story qui est arrivé dans le show en 2016. Il faut redonner un coup de fouet à cet effectif, on recrute et, en même temps, on commence les bêtises. Et pendant ce temps, Black lance et fait confiance à ses petits jeunes pour la rotation (Freeland 24 ans et début en MLB, Marquez 22 ans, Jon Gray 25 ans et 3eme année, Antonio Senzatela 22 ans et également grands débuts, Jeff Hoffman 24 ans). La masse salariale passe de $127M à $148M (16e payroll de la MLB), mais qui ne tente rien n’a rien. La saison se termine dans le positif (85-75, une première depuis 2010), mais toujours à une certaine distance de ses satanés Dodgers (17GB), un petit tour en postseason (là aussi une première depuis 2009) et puis s’en va après le Wild Card Game. Concernant la Draft 2017, seul pour le moment Tommy Doyle (RHP, 70e choix), Lucas Gilbreath (LHP, 206e choix) et Alan Trejo (SS, 476ème choix) sont rentrés dans le Show. Nous attendons toujours l’arrivée de Ryan Vilade (3B, 48e choix), Lucas Gilbreath (LHP, 206e choix) et Bret Boswell (2B, 236e choix) chez les grands…

En 2018, les Rockies font mieux que prévu et c’est peut-être là le problème : une 2e place dans la division avec un match 163 pour donner le titre aux Dodgers, mais un super bilan (91-72, 3e meilleur bilan de l’histoire de la franchise) au final et la postseason pour la 2e fois d’affilée et jusqu’en NLDS, s’il vous plaît. Il faut dire que le payroll a encore été légèrement augmenté (passant de $148M à $155M, 15e payroll MLB) et pour la Draft, on commence à couver pour cette saison ou la saison 2022 avec Ryan Rolison (LHP, 22e choix) et Grant Lavigne (1B, 4e choix), mais c’est super, plus vite, plus haut, plus fort alors en 2019, on vise le titre de division et les World Series, soyons fous!!!

Et c’est à ce moment que tout bascule. Beaucoup de joueurs importants arrivent en free agency et ils ne sont pas renouvelés (LeMahieu, Ottavino, Gonzalez, Holliday, Parra et autres). Certains ne sont déjà plus dans leurs primes mais ce sont des joueurs de clubhouse, capables de maintenir un certain ordre et une grinta. Alors pour calmer un peu tout le monde, après avoir signé une arbitration de $26M fin janvier avec Arenado et pour être sûr qu’il reste, on scelle son avenir en lui faisant signer, en février, un contrat de 8 ans à $260M. Bingo? Oui et non. Ce contrat va être le vrai début de la fin pour notre « gentil » petit garçon.

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« Comment je vais me barrer vite fait d’ici… et merci pour l’argent. » (Photo by Alex Trautwig/MLB Photos via Getty Images)

C’est sans doute l’une des dernières fois que le GM et la star se parlent… Après une saison que l’on qualifiera de « pas top » (bilan de 71-91, malgré un payroll encore augmenté à $163M, 13e payroll MLB) les premiers grincement de dents se font entendre et les premières rumeurs de trade arrivent, pour ne citer que les plus connus : les Cubs (avec un échange avec Bryant), les Braves et les Cards. Rien de tout ceci se passe et on repart pour une nouvelle année. Pas grave, la fameuse clause de opt-out arrive pour fin 2021 et Arenado sait se montrer patient tout en commençant à faire part publiquement de son mécontentement. De son côté « JB » explique que c’est comme ça et pas autrement, le boss c’est lui. La preuve: l’option de opt-out, c’est lui qui l’a soufflée à l’ancien 3B lors de la négociation du contrat (ambiance…).Durant une saison bizarre en 2020 (covid, blessure, envie prononcée de départ et limite du roster), les Rockies se battent non pas, comme annoncé en début de saison par le front office, pour les playoffs, mais bien pour ne pas finir derniers dans un duel avec les DBacks, gagné à 2 matchs de la fin de la saison.

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Arrive l’intersaison avec le Bridich Circus, car oui, il faut bien le dire : avec la peur de voir le Franchise Player partir pour rien ou presque, autant le « trader » avant la fin de saison, pas en juillet pour éviter d’avoir le couteau sous la gorge, mais durant cette intersaison. Bien sûr, il est tradé (non, je ne reviendrai pas sur cette arnaque digne de Harry Frazee) et, en plus, on rajoute un peu d’argent pour être sur de le voir partir…

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Coup de chaud dans le Colorado. Les fans ne sont pas contents (surtout si on rajoute la conférence de presse avec Monfort et « JB » qui a lieu au même moment que la conférence de presse de présentation de l’ex-enfant prodige à Saint-Louis). Allez, ce n’est pas si grave, c’est juste le Franchise Player qui est « tradé » (humour bien sur), la franchise a besoin d’argent, donc il faut faire des économies. Et économie oblige, le Front Office ne signe pas de Free Agent cette année (ça fait 2 ans quand même). Mais faut-il bien une excuse pour ca? Oui, la franchise a perdu « beaucoup » d’argent à cause de la pandémie, et avec ce trade le payroll se réduit en conséquence: on passe de $157M (12e payroll MLB) à $115M (dont $15M pour Arenado, le redécoupage des $51M et 18e payroll MLB). Et dès le début de la saison, on apprend que Trevor Story ne sera pas prolongé (SIC).

Pour 2021, les articles de preview n’ont évidement pas épargné cette franchise, et même la fanbase commence à se lasser d’être devenue, en si peu de temps, les bouffons de la MLB. Tandis qu’en ce début de la saison, l’équipe est déjà parmi les dernières et se dirige tout droit vers le statut, non-enviable, de plus mauvaise équipe de la saison et donc le premier choix de draft pour 2022. L’espoir est peut-être d’enfin passer en mode rebuild ? Euh non, le front office (dans le peu d’interventions qu’il fait) a dit et redit que cette équipe a les capacités de jouer la postseason et qu’il n’est pas question de passer en mode « reconstruction ». Le plan sur 5 ans arrive à sa fin avec cette saison 2021.

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The last dance pour Black et Story? « Qu’est ce qu’on fait Trevor? On s’en va? » (The Canadian press)

Et alors, que se passe-t-il ensuite ? On arrive à la fin de la saison et la franchise a établi un bilan avec plus de 100 défaites. Trevor Story est parti avant la deadline et ceux, free agent à la fin de l’année, sont partis (Jon Gray et Mychal Givens). Ian Desmond n’était déjà plus là depuis 2020, et même Charlie Blackmon, à qu’il restait 2 ans de contrat, a préféré prendre sa retraite plutôt que d’aller jouer ailleurs… Le dernier gros contrat étant celui de German Marquez, il est tradé dans la foulée de la fin de saison, et pourtant, le front office n’a toujours pas déclaré le mode rebuild. Bud Black s’en va également après une dernière conférence tout en humour, devant des journalistes une fois de plus conquis par le personnage. Le poste de manager revient à un illustre inconnu du grand public qui aurait, d’après Ken Rosenthal, gagné l’appel d’offre soumis au front office… Evidemment, je m’égare mais franchement est-ce que cela serait vraiment une surprise ?

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« Mais pourquoi je suis né a Denver??? » (Photo: Dustin Bradford/Getty Images)

Et bien non, Dick a surpris tout son monde, ces dernières lignes n’existeront probablement pas, mais avec la nomination d’un GM par interim dans les prochains jours, et un vrai GM (ou pas) à partir de la prochaine saison, on peut rêver à autre chose qu’un plan sans nom avec un pseudo manager du nom de John Doe. Peut-être même une tactique différente que celle: « de ne pas signer de free agent et surtout de ne pas resigner les joueurs en fin de contrat, qu’ils soient bons ou mauvais (jurisprudence Arenado et Story). On ne prendra pas des joueurs à peine MLB ready dans le farm-system au fur et à mesure de leur arrivée à maturité, et pour combler les trous dans le roster, on ne resignera pas Chris Owings chaque année, ainsi que d’anciens joueurs qui accepteront ce genre de contrat. Simple, efficace et surtout économique, tout le monde sera content. » Non ce plan n’existera pas…

Et les fans dans tout ça? Ils vont se calmer un moment et continuer à venir au stade, les Rockies sont actuellement dans les premiers en terme d’affluence de spectateurs. Et ça, Dick l’a très bien compris, la preuve en est de ce départ tant de fois clamé par tweets rageux ou autres mails auxquels le Boss himself s’efforce de répondre personnellement via son I-Pad. Malgré le départ de « JB » et l’arrivée d’un président (ne nous méprenons pas sur cette question, Greg Feasel est, et restera un homme de confiance du patron), Dick Monfort démontre qu’il en a plus dans la tête que certains propriétaires de club de football européens (coucou la super league, j’avoue que celle-ci était facile). Voilà, rien ne changera dans le Colorado tant que notre « ami » Dick sera au pouvoir. Jeff a beau avoir été la parfaite marionnette, hautaine, susceptible et incapable du patron, celui-ci pourra continuer à avoir un rôle trop important dans un sport qu’il ne maîtrise pas complètement. Après tout le boss, c’est lui.

Et pourtant, mon petit coeur de fan me fait espérer que tout va changer maintenant…

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Moi je m’en fous, je vais partir, mais les fans… les pauvres. (Joe Camporeale, USA Today Sports)

Max CarGo


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