Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60°C, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. Direction aujourd’hui les Indians de Cleveland !
Retour sur 2020 :
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En 2020, les Indians entamaient la saison avec une volonté féroce de retrouver leur titre de division. Leur absence en playoffs en 2019 avait été vécue comme un traumatisme pour la franchise de Larry Dolan. Pour autant, aucun grand nom n’aura fait son apparition dans l’Ohio. Les Indians auront même enregistré quelques départs non remplacés. Difficile alors de comprendre la stratégie du front office. Car face à eux, des Twins toujours plus gourmands et des jeunes White Sox en pleine progression viennent densifier le niveau de la division et rendre la quête du titre encore plus compliquée.
Sur le terrain, deux équipes, deux ambiances. Offensivement, excepté Jose Ramirez (17HR, 46 RBI, 10 SB, 0,292 BA), arrivé 2ème pour le titre MVP de l’American League, c’est morne plaine. En effet Cleveland sera la dernière équipe de l’AL en nombre de Home runs, 13ème sur 15 en nombre de runs, 12ème en nombre de coups sûrs, … .
Seuls deux joueurs frapperont au dessus des 0,280 : Mister Lapara donc et le discret Cesar Hernandez (0,283). La moyenne au marbre de l’équipe s’élèvera à 0,228 pour la 13ème équipe en slugging qui n’aura réalisé que 5 petits triples en 60 matchs.
Même la star emblématique de cette équipe, le shortstop Francisco Lindor (8HR, 27 RBI, 0,258 BA), est en deçà de son niveau. Carlos Santana (0,199 BA, 0,281 en 2019) n’est que l’ombre de lui-même. En attaque, l’équipe est à la dérive et dénote face à ses deux concurrents qui eux, carburent aux Home Runs et dans toutes les moyennes de frappe !
Pour autant, tout au long de la saison, the Wahoos vont faire jeu égal avec leurs voisins grâce à une défense exemplaire et à un monticule imparable. La rotation et le bullpen afficheront une ERA de seulement 3,29, première de l’American League dans cette catégorie. Première également en nombre de runs concédés (209) et en Strike out réalisés (621).
Cleveland dispose d’une rotation à faire pâlir toute la MLB, à l’image de Shane Bieber (8-1, 1,63 ERA, 0,866 WHIP), logiquement élu Cy Young en 2020. Carlos Carrasco retrouve son meilleur niveau après s’être défait d’une leucémie (2,91 ERA, 82K en 68 IP), et Zack Plezac est sur une autre planète (2,28 ERA, 0,795 WHIP). Le départ de Clevinger pour San Diego n’aura pas affecté la tribu de pitcher ! Enfin le bullpen est monstrueux : le closer Brad Hand (2,05 ERA), Oliver Perez (2,00 ERA) ou encore James Karinshak (2,67 ERA) sont intraitables.
Après une saison plutôt sérieuse, Cleveland termine avec un bilan assez flatteur de 35 victoires pour 25 défaites, à une victoire du titre de la division, remporté par les voisins du Minnesota. Le joli Comeback en fin de saison (9-2 sur 11 rencontres) aura été trop court pour espérer renverser la vapeur et il faudra donc se défaire des Yankees lors de ce premier tour des WildCard séries au meilleur des 3 matchs.
La confrontation avec les Pinstripes met alors aux prises l’armada offensive new-yorkaise au monstre Shane Bieber. Hélas pour les Indians, ce dernier va déchanter, encaissant alors 7 runs en 4 manches 2/3. L’aventure en 2020 s’arrêtera donc là pour les Indians, défait à nouveau le lendemain 10-9.
Si l’objectif initial de retrouver les playoffs est atteint, la déception est palpable. En un an, les Indians ont perdu Trevor Bauer, Mike Clevinger, figures de cette équipe à la tête de la division Central de l’American League durant plusieurs années. Mais il ne s’agit là que du début de la fuite des talents.
L’année 2021 :
La saison 2021 s’annonce émotionnellement délicate pour Cleveland. Lors d’une transaction avec les New York Mets, les Indians font le choix de se séparer de Francisco Lindor, agent libre en 2021 et qui ne cachait pas son envie d’aller voir ailleurs. Exit donc Mister Smile. L’auto-proclamé meilleur shortstop de la ligue parlait de New York, il rejoint donc les Mets en compagnie de Carlos Carrasco. En retour, les Indians ne sont pas si mal lotis. Il le sera impossible de combler une telle perte mais il leur fallait obtenir une contrepartie maintenant plutôt que de voir partir Lindor en 2021 contre rien. Deux joueurs font donc le sens inverse. Amed Rosario, l’ancien prodige des Mets qui n’a jamais su confirmer à New York, débarque dans l’Ohio avec une sérieuse volonté d’enfin lancer sa carrière. Et le jeune prospect vénézuélien Andrés Gimenes devrait vite s’imposer au poste de shortstop dans le lineup des Indians.
Exceptées ces deux acquisitions, les Indians ont également signé Eddie Rosario pour occuper le champ gauche. Un contrat d’une année à 8 millions de dollars pour Eddie qui espérait sans doute trouver des offres plus lucratives. Rappelons qu’en 2019, il frappait 32 HR pour 109 RBI à 0,300 et que sa saison 2020 était tout aussi réussie : 13HR, 42RBI, 0,257 en 2020. Une signature sous les radars qui devrait être bénéfique pour l’attaque des Indians.
Pour le reste, les Indians repartiront avec une ossature nettement remaniée. Dans l’infield, le très solide Roberto Perez restera le maitre du marbre, bien épaulé par son catcheur remplaçant, Austin Hedges. Cesar Hernandez (2ème base, gold glove), José Ramirez (MVPesque), Andrés Gimenes (futur gold glove) formeront l’infield avec, en ce début de saison, la présence de Jake Bauers en 1ère base. L’ancien Ray, cogneur gaucher, n’a pas joué une seule rencontre en 2020 et semble être le favori pour débuter la saison à ce poste. Mais il sera vite mis en concurrence avec Bobby Bradley, le Amed Rosario de la maison, qui, a 24 ans, traine toujours aux portes de la MLB.
Dans le champ, beaucoup de changement ! Eddie Rosario arrive avec sa batte et sa défense. Tyler Naquin est parti à Cincinnati sur l’autre rive de l’Ohio et Delino Deshields, après une saison transparente, retourne chez les Rangers. Place donc à Oscar Mercado et Josh Naylor, tous deux bien meilleurs défenseurs mais faibles attaquants. Et ce n’est pas Jordan Luplow, le 4ème outfielder, qui compensera cette difficulté à la batte (0,192 en 2020).
Pour compléter ce lineup, on misera beaucoup sur Franmil Reyes au poste de DH, qui peut être un appui solide aux battes de Ramirez et Rosario.
Terry Francona doit également compenser un autre gros départ, celui de Carlos Carrasco sur le monticule. Mais les Indians ont de la réserve et pourront s’appuyer sur un duo Bieber – Plesac pour assurer au moins 350 innings sur la saison. Triston McKenzie devrait lui aussi s’inscrire dans les pas des deux premiers. Enfin Aaron Civale obtiendrait le 4ème spot de cette très solide rotation. A ce jour la 5ème place ne semble pas être allouée. Certains insiders parlent de Cal Quantrill ou de Logan Allen.
Enfin si le bullpen subit de plein fouet le départ de Brad Hand, difficile de ne pas être admiratif du talent dont il regorge. Il s’agit là, avec la rotation, du second point fort de cette équipe. James Karinchack, Emmanuel Chase, Nick Wittgren et Phil Matron forment un quatuor imprenable sur le papier et qui devrait effrayer les adversaires des Indians.
La star :
José Ramirez sort d’une saison 2020 remarquable : 17HR, 46 RBI, 10 bases volées, 0,292 BA. Il s’agit de sa 4ème saison réussie de suite pour celui qui avait terminé 3ème pour le titre de MVP en 2017 puis en 2018. Véritable métronome, il a porté à lui tout seul l’attaque des Indians en 2020 et devra sans doute en faire de même en 2021. Le départ de Francisco Lindor lui confère le rôle de Franchise Player et du vétéran du vestiaire. A seulement 28 ans, José Ramirez a sa carrière devant lui. Son contrat avec les Indians pourrait prendre fin en 2021, puisqu’il dispose d’une team option pour 2022 et 2023. En cas de décision par le front office de reconstruire totalement l’effectif, il pourrait donc quitter Cleveland. On n’en est pas encore là, mais l’idée doit désormais trainer dans un coin de sa tête.
L’homme à suivre :
Triston McKenzie a découvert la MLB en 2020. Ce natif de New York, âgé de 23 ans, 1er choix des Indians en 2015, a débarqué à Cleveland du haut de son mètre 96 l’an passé et avec de quoi lui assurer un avenir certains dans la grande ligue : 8 matchs joués, 6 comme starter, une ERA de 3,24, une WHIP de 0,900, 9BB et 42K en 33,1 manches. Des stats qui font de lui la nouvelle coqueluche des fans des Indians. Sa rapide affole les batteurs (0,194 BA), sa slider est prometteuse et sa curveball est millimétrée. Le départ de Carrasco offre un spot disponible dans la rotation et il y a fort à parier qu’il sera le mieux placé pour l’obtenir. McKenzie a tout pour être le nouveau visage de cette équipe. A lui de jouer !
Notre prono :
Les Indians devaient palier à leur faiblesse offensive cet hiver. Si on peut saluer l’arrivée d’Eddie Rosario, aucun autre slugger ou cogneur n’est venu poser ses bagages à Cleveland. Sur une saison de 162 rencontres, cela risque d’être trop juste. Et les départs de Lindor ou Carrasco ne font qu’affaiblir l’effectif. Il faudra donc espérer un Ramirez au top tous les soirs, un Reyes au niveau escompté et un Rosario régulier pour assurer les runs nécessaires aux victoires. La défense est armée pour réussir une nouvelle saison dans ce domaine et le pitching staff est sans doute le plus complet et terrifiant de la ligue. Mais se baser sur la seule défense sera t’il suffisant pour s’imposer face aux battes en feu des White Sox et des Twins ? Sachant que derrière, les Royals ont l’intention de poser certains problèmes et les baby Tigers vont jouer décomplexés.
Les Indians sont donc désormais sur une ligne de crête. Soit ça passe, soit ça casse et il faudra le cas échéant penser à la reconstruction. Accompagnera t’elle le changement d’identité que la franchise s’apprête à entreprendre à la fin de la saison en abandonnant définitivement leur nom des Indians ? La question est posée.
Prono The Strike Out : 84 W -78 L
Prono PECOTA : 2ème de la division, 85 W – 77 L
Une réflexion sur “Preview 2021 – Cleveland Indians : la der’ des Indians”