Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60°C, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. Direction aujourd’hui le Missouri où Nolan Arenado a posé ses valises chez les Cardinals de St-Louis !
Retour sur 2020
Dans une Central qui a envoyé 50% des équipes de National League en PO (Cubs, Cards, Reds & Brewers), St Louis retrouvait le doux parfum d’octobre pour la seconde année consécutive en échouant, cette fois, face à San Diego (2-1). Une défaite au couteau qui a basculé surtout lors du game 2 de la série, alors que les hommes de Mike Shildt menaient 6-2 avant les 4 dernières manches au bâton des Padres. Puis une fois n’est pas coutume, la foudre s’abattit deux fois au même endroit. En l’occurrence sur la ganache du pauvre Gallegos. Deux coups de bambous consécutifs signés Tatis Jr et Machado ramenaient les Padres dans le game pendant que le ciel tombait sur la gueule de Red Birds déconfits. St-Louis ne s’en relèvera pas, privant les fans d’un nouveau « classique » du XXIe siècle contre les Dodgers (déjà 4 confrontations pour 3 victoires en postseason).
Et s’il est compliqué de croire que ces Dodgers là auraient déjoué face à ces Cards, il est tout aussi compliqué d’affirmer que L.A aurait balayé St Louis comme ils ont sweep San Diego… Le reste est étiqueté « what if » et la vérité concernant cette issue appartient à tout un chacun. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la puissance fit cruellement défaut dans ce roster version 2020. Jugez plutôt. Bonnet d’âne de la MLB avec 51 HR, loin derrière le 29e élève de la classe, les DBacks et leurs 58 bombes, les Cardinals ont coché toutes les cases d’une puissance en berne. Avant dernier de National League en attaque que ce soit aux RBI (231) ou aux runs (240), de nouveau avant dernier mais cette fois des deux ligues confondues en hits (410), « l’élève Missouri» a vu son bulletin de fin d’année récolter les avertissements du conseil de classe. Et ce n’est pas son .371 pointé en SLG qui viendra rattraper le niveau.
Non, la satisfaction viendra plutôt de la rotation qui aura démontré son sérieux en se classant 4e de NL (3.90 ERA). Emmenée notamment par un prodigieux Kwang Hyun Kim (3-0, 1.62 ERA en 7 départs) ou un Waino sur qui les années ne semblent guère avoir d’emprise (3.15 ERA à 39 ans) et une bonne surprise en la personne de Dakota Hudson (2.78 ERA). Un pitching staff complémentaire qui aura donc permis de compenser la fameuse « hangover saison de confirmation » pour Jack Flaherty (4.91 ERA) après un exercice 2019 auréolé d’une 4e place au Cy Young. Il est évident que les projecteurs seront braqués sur celui qui vient de remporter son arbitrage salarial et gagnera plus sur l’ensemble de la saison à venir (3.9M$) que sur ses quatre dernières années (1.3M$). Véritable factor X de la machine Cardinals, le 34e choix de la draft 2014 détient entre ses mains une bonne partie du succès… ou non de son équipe. En espérant que les tensions affichées en interne entre le numéro 22 et son board durant l’off-season ne viennent pas transformer un avenir prometteur en désillusion.
La saison 2021 : « The Last Dance »

Il est de retour ! Et finalement, il ne pouvait en être autrement. Agent libre cet hiver, Yadier Molina a pourtant donné quelques sueurs froides aux fans des Cardinals. Notamment lorsqu’il a testé le marché pendant que la confirmation de son retour se faisait languir et que les Blue Jays semblaient dans le même temps vouloir lui offrir deux années bien payées. Et si le Portoricain a accepté de diminuer par deux son salaire (9M$ sur 2021 vs 20M$ par saison entre 2017 et 2020) c’est aussi pour retrouver son grand ami Adam Wainwright lui aussi re-signé sur une saison. Il y a fort à parier qu’on assiste au dernier slow d’un duo qui restera quoi qu’il arrive dans l’histoire de ce sport de par ses performances et sa longévité.
Yadi va donc entamer sa 18e et sans doute ultime saison derrière le marbre des Cardinals, plein de motivation à l‘heure de sa dernière représentation avant le tomber de rideau. Dans un circuit MLB où il est de plus en plus compliqué de voir des joueurs étoiles faire leur carrière entière dans le même club, louons au-delà du joueur, du talent et du respect qu’il impose, la fidélité à toute épreuve du Portoricain envers l’équipe l’ayant accueilli au 4e tour de la draft 2000 et qui est devenu au fil des vingt dernières années la référence ultime à son poste. Bref, « The Legacy continues » et il y a fort à parier que le nonuple Gold Glove ne vise rien d’autre qu’un 5e ticket pour les World-Series.
Pour y parvenir, St-Louis pourra s’appuyer sur un infield 5 étoiles composé d’une charnière Edman – DeJong encadrée par des corners en or avec d’un côté Arenado et de l’autre Goldy. Disons-le tout de suite, on a très hâte de voir ce que cela va donner lorsqu’il s’agira de passer à la caisse en attaque avec un enchaînement des enfers Goldschmidt – Arenado en « cleanup hitter ». Quant à la défense…
Moli, Goldy, Arenado représentent à eux trois 20 Gold Gloves, 6 Defensive Player Of The Year et 8 Platinum Glove. Incontestablement l’un des diamants les plus complets, expérimentés et solides de ce sport. Un vécu qui sera ô combien important pour contrebalancer la jeunesse de l’outfield. Avec le départ de Fowler du côté des Angels, la jeunesse prend le pouvoir. O’Neill, Bader et Carlson, respectivement 25, 26 et 22 ans, auront à cœur d’amener du punch à une attaque en deçà l’an passé. Et si l’un deux est en difficulté durant la saison, un autre oisillon, Thomas, 25 ans, peut les challenger plus particulièrement à gauche. Sinon, il faudra regarder du côté de la trade deadline pour rapporter un peu d’expérience dans un outfield prometteur, mais jeune.
Et la rotation dans tout ça ? Flaherty et évidemment KHK, auteur d’une première saison MLB assez dingue où il ne fut ni plus ni moins que le meilleur lanceur de St-Louis, ont déjà deux spots assurés. Le revenant Mikolas qui n’a plus lancé depuis 2019 devrait prendre une place en 3 ou 4 avec un Waino toujours là pour faire le taff lorsqu’il s’agit de lancer au Busch Stadium. C’est derrière que la bagarre peut devenir intéressante en l’absence de la révélation Dakota Hudson passé par la case Tommy John fin septembre. Entre un Martinez (9.90 ERA) qui sort d’une saison catastrophique rongé par les blessures et un Daniel Ponce de Leon (4.96 ERA) décevant, la solution viendra peut-être du bullpen. On pense ici à un Genesis Cabrera électrique dans le bullpen l’an passé (2.42) ou à un jeune prospect comme Woodford ou Oviedo. Vous l’aurez compris, on cherche encore un Starter pour le samedi ! Là encore, on surveillera les mouvements du board à l’inter-saison à moins que, comme l’an passé, on décide de multiplier les lanceurs (pas moins de dix starters différents en 2020).
Le bullpen devrait une fois encore être au rendez-vous sous le commandement d’un Bryan Eversgerd en réussite depuis deux ans, St Louis ayant l’un des trois meilleurs enclos de National League depuis 2019. Miller, Hicks et Gallegos auront tous un rôle à jouer en setup, voire closer pour Gallegos. Reyes pourrait prendre la place de closer du haut de ses 25 ans à moins que le rôle ne revienne à Cabrera (2.42 ERA). Ici aussi, la jeunesse aura les rênes avec pas moins de neuf joueurs (Reyes, Helsley (26), Whitley (25), Hicks, Cabrera, Elledge, Rondon, Woodford (24), Fernandez (23), Oviedo (22)) qui n’auront pas 27 ans au début de la saison.
Le joueur à suivre : Dylan Carlson (OF)
Malgré des débuts compliqués pour sa saison rookie (11 R, 3 HR, 16 RBI, 1 SB, .200), il reste très attendu par les fans et pour cause. Classé 13e prospect MLB, il porte beaucoup d’espoir sur ses épaules après un exercice 2019 haut de gamme avec pas moins de 20 bases volées pour 26 HR entre la Double et Triple-A. Considéré comme un défenseur moyen, il est plus souvent utilisé sur les côtés qu’au centre. Arrivé mi août l’an passé, il a pu avoir du mal à trouver sa routine à l’attaque avec le calendrier bancal des Cardinals.
Un défaut que l’on a retrouvé chez pratiquement tous ses coéquipiers d’ailleurs. Pické en 33e position en 2016, il est encore tout jeune. Rappelons qu’il n’aura que 23 ans qu’en fin d’année, de quoi lui laisser le temps de s’acclimater dans une saison complète. Prendre ses marques avant l’envol, voilà ce qu’on lui demande.
La star : Nolan Arenado (3B)

Who else ? On ne va pas y aller par quatre chemins, la planète « Birds » s’est arrêtée de tourner, fin janvier, lorsque le « blockbuster steal trade » entre les Rockies (paix à leur âme) et les Cards s’est conclu ! Seule franchise réveillée d’une division en hibernation cet hiver, le GM Mike Girsh et ses hommes ont réalisé un sacré braquage : réussir à ajouter la batte d’impact dont ils avaient désespérément besoin depuis cinq ans sans enlever une seule de leurs trois plus grandes forces. A savoir la défense, le pitching et un pipeline de jeunes talents. Et si le meilleur 3B au monde opt out en fin de saison, ce que je ne pense pas, le corner reste couvert avec Nolan Gorman (38e prospect MLB) en développement. En empochant plus de 50M$ directement du Colorado pour payer les 200 qu’il reste à couvrir, on peut affirmer sans trop se mouiller que ce deal n’a rien à voir avec la contrepartie récente qu’a pu obtenir Boston avec Mookie Betts par exemple.
Il y a un an, celui qui a remporté un Gold Glove à chacune de ses saisons (8) disait ceci :
« Je veux gagner. Si nous ne gagnons pas, je veux jouer pour un winner. Peu importe où. Je préfère remporter les World Series plutôt qu’avoir mon numéro retiré ».
En rejoignant un contender régulier aux World Series, Nado s’offre la possibilité de continuer son prime dans une équipe qui possède la culture de la gagne en ayant la bonne gueule du « winner » décrit par ses soins en février 2020 dans les colonnes de Sport Illustrated. A 29 ans, on pourrait penser que son prime l’attend mais lorsqu’il s’agit du quintuple All-Star, on parle d’un prime qui a débuté il y a maintenant 6 ans. Depuis 2015, Arenado mène TOUS les 3e base en matchs joués (835), hits (952), Runs (542), RBI (642), AVG (.298), HR (207), OPS (.926) et Defensive Run Saved (90). Sa WAR à 33 sur ses six dernières saisons le classe 3e des Majors derrière Trout et Betts. On parle d’un joueur d’élite, de classe mondiale, prétendant annuel au MVP et on l’a dit déjà octuple Gold Glove. Seuls Brooks Robinson (16) et Mike Schmidt (9) ont obtenu plus de Gant Doré sur le corner dans toute l’histoire de ce sport.
Bref, c’est la star à suivre 😀
Le prono : Rendez-vous en octobre ?
L’arrivée de Nolan va faire beaucoup de bien à l’attaque des Birds. Suffisant pour emmener la bande à Mike Shildt de nouveau sur le toit du monde comme il y a dix ans ? Pour la der de Molina, avouons que ça en ferait chialer plus d’un, moi le premier. Les pessimistes montreront du doigt l’absence de leader en champ extérieur et les optimistes rappelleront que l’équipe a échoué sur l’avant-dernière marche il y a deux ans. Pecota semble être de la première catégorie. Pour ma part je vise sur 89 victoires et un ticket pour les PO via une wild-card ou une tête d’une division qui s’annonce ultra indécise. Quant à la suite… Il appartient à Yadi et les siens de l’écrire. Mais n’empêche… Dix ans après, ça aurait de la gueule.
Le Prono de TSO : 89 -73, qualifié en Postseason
Projection PECOTA : 81-81
J-Sé Gray : « In Billy Beane we trust »
Une réflexion sur “Preview 2021 – Cardinals : un infield d’astronautes pour décrocher la lune”