Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60°C, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. Aujourd’hui, on part sur la West Coast chez les Houston Astros!
Retour sur la saison 2020 :

La saison 2020 débute dans une atmosphère électrique. West Palm Beach en Floride et ses luxueuses infrastructures abritent lors du SpringTraining les deux derniers finalistes des WorldSeries 2019 : les Astros et les Nationals, champions au bout du suspense. Mais en ce printemps 2020, les médias venus en nombre dans la coquette station floridienne ne s’intéressent que de loin à la préparation de la franchise de la Capitale. L’attention est en effet portée sur les Astros, au centre du scandale des signaux volés. Et entre excuses compassées, arrachées difficilement et blessures en cascade, rien ne va plus côté Houston.
Jim Crane, le bâtisseur de ce nouvel empire du baseball nord-américain, souhaite limiter l’impact financier que peut représenter cette polémique sur son entreprise (la valeur de la franchise a bondi à près de 2 milliards d’euros selon Forbes pour la désormais 4ème masse salariale de MLB). Exit donc les deux hommes jugés coupables des plus grands crimes selon la vindicte des réseaux sociaux, à savoir le GM Jeff Luhnow et le skipper AJ Hinch. Ils sont remplacés au pied levé par le très prometteur James Click formé aux Rays et par le vénérable et légendaire Dusty Baker. La tempérance du premier et l’immense respect que le monde du baseball doit au second sont une première étape vers la rédemption.
Sur le papier, les Astros débutent 2020 avec un effectif affecté par le départ du boudeur Gerrit Cole chez l’ennemi Yankees. Dans un climat tendu, le sort va s’abattre sur les Astros qui vont perdre pour l’année Justin Verlander, Cy Young 2019 et Yordan Alvarez, rookie de l’année 2019, tous les deux placés à l’infirmerie. Ces deux blessures ne seront que les premières d’une longue liste à laquelle vont s’ajouter pléthore de lanceurs (Brad Peacock, Joe Smith qui fera une croix sur toute la saison, Chris Devenski, Ryan Pressly, Roberto Osuna, Austin Pruitt, Jose Urquidy, …).
La rotation des Astros est amoindrie et ne compte que sur un Zack Greinke vieillissant, un Lance McCullers de retour après une opération “Tommy John” et sur un Framber Valdez, aka Mister BB. Quant au bullpen, il est décimé.
Mais c’est sans compter sur Brent Strom, le sorcier et mythique pitching coach des Astros et sur le talent des scouts de la franchise qui vont sortir de l’ombre des ligues mineures 10 rookies tout au long de la saison. Jamais une franchise de MLB n’aura utilisé autant de rookies sur une saison que les Astros, pourtant contenders et loin d’être une franchise en reconstruction. Cette jeunesse sera la deuxième étape vers la rédemption. Le premier de ces rookies sera Cristian Javier (5W-2L, 3.48 ERA, 18 BB/54 K sur 54.1IP), impérial sur le monticule pour celui qui connaît une ascension fulgurante (3ème pour le titre de rookie de l’année en 2020). Brandon Bielak réalisera une première moitié de saison remarquable avant de s’écrouler. Dans le bullpen, Dusty Baker s’appuiera sur un trio qui deviendra l’ossature du bullpen des Astros : Enoli Paredes (3.05 ERA, 20 K/11 BB en 20,1IP), Blake Taylor (2.18 ERA, 17 K/12 BB, 20.2 IP) et Andre Scrubb (1.90 ERA, 24 K/20 BB, 23.2 IP).
Si les jeunes assurent sur le monticule, Zack Greinke s’éclate et rajeunit (4.03 ERA, 67 K en 67 IP, 2.80 FIP). Framber Valdez (3.57 ERA, 76 K/16 BB en 70.2 IP) devient Super Framber. Il apprend à mieux contrôler ses lancers et sa curveball devient inattaquable (2982 spin, 0.124 BA, 60 K sur 114 PA !). Quant à Lance McCullers, il s’agit pour lui de retrouver le rythme et les sensations (3.93 ERA, 56 K, 20 BB en 55 IP) après 18 mois d’absence.
Malheureusement, l’attaque balbutie et les Astros vont subir des défaites amères et désolantes auxquelles les fans de la franchise n’étaient plus habitués. Jose Altuve est à la peine (0.211 BA). L’autre star, Alex Bregman (0.242, 22 RBI) ne confirme pas sa très solide saison MVPesque de 2019. Carlos Correa (5 HR, 25 RBI, 0.264 BA en 58 matchs mais surtout 49 K) est irrégulier et Yuli Gurriel n’est que l’ombre de lui-même (0.232 BA, loin de sa saison 2019 stratosphérique). George Springer se réveillera sur le tard avec une saison réussie (14 HR, 42 RBI malgré un petit 0.265 BA).
Là encore, c’est sur un jeune prospect qui tardait à éclore que les Astros vont se sortir du marasme ambiant. Kyle Tucker (9 HR, 42 RBI, 0.268 BA, 8 SB, 6 triple), l’homme au swing de Ted Williams, va prendre le leadership offensif des Astros et maintenir l’équipe hors de l’eau.

La qualification pour les playoffs ne dépendra donc en 2020 que d’une réforme de son format. Les Astros débarquent en postseason avec un bilan négatif et peu glorieux de 29 victoires pour 31 défaites. Etrangement, l’attaque va se réveiller brutalement. Les Twins, champions de la division Central de l’American League, sont balayés en deux rencontres. Les Athletics, champions faciles de la division West, bête noire en cette saison des Astros, vont subir la foudre de l’attaque texane. Et en ALCS, les Astros s’inclineront en 7 matchs face aux Rays, finalistes malheureux des World Series. Carlos Correa (0.362 BA, 6 HR, 17 RBI en postseason 2020 !) deviendra lors de ce mois d’octobre le leader vocal de cette équipe, Jose Altuve retrouvera de sa superbe et les jeunes joueurs confirmeront leurs promesses entrevues en saison. Si les joueurs accusent le coup de cette défaite aux portes des World Series, les Astros reviennent pourtant de très loin et espèrent voir enfin le bout du tunnel. Car face à l’adversité, ils auront forcé le respect et l’admiration. Troisième et peut-être dernière étape vers la rédemption tant recherchée.
La saison 2021 :
2021 s’inscrit donc dans la continuité de cette fin de saison 2020. James Click a fait le choix de repartir avec une rotation identique à celle de la saison passée : sans Justin Verlander, toujours absent, mais avec Zack Greinke, Lance McCullers, Jose Urquidy et Cristian Javier qui débuteront les rencontres. Une inconnue reste en suspens : l’ace de la franchise Framber Valdez pourrait manquer entre 2 à 6 mois en raison d’une fracture à l’annulaire. Le gaucher dominicain est encore dans l’attente, à l’heure où ces lignes sont écrites, d’une décision médicale. James Click a donc signé Jake Odorizzi, valeur sûre en MLB pour combler l’absence de Valdez.
Le bullpen a été considérablement renforcé. En effet difficile d’imaginer tenir une saison de 162 rencontres avec des sophomores. James Click a donc signé Ryne Stanek qu’il a connu à Tampa Bay et le solide Pedro Baez des Dodgers. Les Astros compteront aussi sur le retour de Joe Smith et la confirmation de Taylor, Paredes, Scrubb ainsi que sur le gaucher Brook Raley (21 K, 4 BB, 16 IP en 2020). Enfin Ryan Pressly devient officiellement le Closer de la franchise.
Pour driver depuis le marbre toute cette équipe de lanceurs, Martin Maldonado sera accompagné de Jason Castro de retour sous les couleurs de Houston. Ils formeront l’un des duos de catchers les plus expérimentés et les plus sérieux défensivement de MLB.
La grosse perte de cette équipe est le départ de George Springer. Le natif du Connecticut, âgé de 31 ans, leader historique de Lead-off HR, s’est engagé cet hiver avec les Blue Jays. Sa plus-value dans les vestiaires est irremplaçable et il va beaucoup manquer à l’équipe. Son départ a été vécu comme un déchirement tant il formait avec Alex Bregman, José Altuve, Carlos Correa et Lance McCullers l’identité de cette équipe. Offensivement, Click et Baker estiment que son apport sera comblé par le duo Kyle Tucker et Yordan Alvarez, lui aussi de retour après un an d’absence.
James Click peut toutefois se targuer d’avoir préservé le métronome Mike Brantley, ami intime de Springer qui avait un pied et demi au Canada avant de finalement parapher un contrat juteux pour les 2 prochaines saisons.
A noter enfin qu’il n’y a plus que 6 joueurs de l’épopée de 2017 dans l’effectif : Correa, Bregman, Gurriel, Altuve, Verlander et McCullers.
Le joueur à suivre : Lance McCullers
Brent Strom a affiché la couleur : Lance McCullers sera de ceux qui se disputeront le titre de Cy Young à la fin de la saison. Agent libre en novembre 2021, Lance aura tout à prouver lors des 6 prochains mois. Dans l’ombre des Verlander, Cole, Keuchel, Morton ou Greinke tout au long de sa carrière, il sera, en l’absence de Valdez, l’ace et le lanceur numéro 1 de cette franchise et donc sous les feux des projecteurs. Sa curveball est un modèle et déconcerte ses adversaires : 9.2 K/9 en carrière, 1.16 WHIP. Il espère également prolonger avec Houston où il veut finir sa carrière et retrouver le All-Star game après sa première et seule sélection à la grande messe estivale du baseball en 2017.
Aura t’il les épaules pour porter la rotation ou laissera t’il ce rôle à Zack Greinke ? 2021 s’avère décisif pour sa carrière et pour la réussite des Astros.
La star : Jose Altuve
En tant que leader et star de cette équipe, Jose Altuve a du affronter quasiment seul les foudres des réseaux sociaux et de la presse nationale ces 14 derniers mois. Symbole des Astros de 2017, MVP de cette même année et alors qu’il était celui qui utilisait le moins le système de vol, il a fait le choix, comme leader, d’être en première ligne lors des excuses officielles. Le vénézuélien aura également du essuyer cette fausse rumeur de buzzer maintes fois démentie, mais surtout la perte de proches dont il n’aura dit mot. Conséquence, en 2020, Jose Altuve frappait à 0.219, loin de son 0.311 en carrière. Alors Dusty Baker est allé le voir, et ils ont discuté. Beaucoup. Enormément. Et lors des playoffs de cette même année, Altuve a retrouvé le sourire et son efficacité à la batte : 5 HR, 11 RBI, 11 BB, 0.375 BA et une sérieuse envie de capitaliser sur cette saison 2020 afin de revenir à son meilleur niveau. Cet hiver, Mike Brantley l’a pris sous son aile. Le Altuve nouveau est il annoncé ?
Prono :
Malgré le départ de Springer, les Astros devraient à nouveau connaître une saison réussie. Les ajustements nécessaires ont été réalisés et la transition entre vétérans et jeunes prospects s’opère avec succès sous les yeux d’un Dusty Baker confiant. Les projections sont unanimes et placent les Astros en tête de la division West à l’issue de cette saison. PECOTA indique même que les Astros pourraient inscrire près de 900 runs en 2021. Chez The Strike Out, on s’inscrit aussi dans ces projections :
Prono TSO : 94-68
Projection PECOTA : 93-69
2 réflexions sur “Preview 2021 – Houston Astros : un nouveau départ ?”