Preview 2021 – Milwaukee Brewers : 2021, l’année du rebond ?

Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60°C, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. Cap au Nord chez les Milwaukee Brewers.

Retour sur 2020 : une année pour rien ?

Pour le cinquantième anniversaire de la franchise (les Brewers virent le jour en 1970 sur les cendres encore fumantes de l’éphémère franchise des Seattle Pilots, créée une année plus tôt), les fans déjà privés d’accès au Miller Park, en raison de la pandémie de Covid-19, s’attendaient à une saison un peu moins morose que celle réalisée par les joueurs du Wisconsin. Surtout que depuis 2017, les Brewers ont enchainé les saisons au bilan positif, se qualifiant deux fois pour les play-offs et finissant même, en 2018, premiers de leur division, éliminés en dans le match 7 des National League Championship Series par les Dodgers. Les attentes étaient sans doute trop hautes pour une équipe qui n’est jamais véritablement entrée dans sa saison.

Incapable d’aligner une série de victoires leur permettant de se lancer, la franchise n’a pas dépassé les 30 victoires puisqu’elle a terminé la saison avec un bilan de 29 victoires pour 31 défaites, et une quatrième place juste devant les pathétiques Pirates de Pittsburgh. Il faut dire que les leaders n’ont pas du tout répondu présent : Christian Yelich a tout simplement effectué sa pire saison en carrière puisque sa moyenne au bâton a péniblement atteint .205, et sa contribution à l’équipe n’a été que de 22 RBI. Loin de ses standards habituels, tout comme son nombre de HR se limitant à seulement 12 unités ! Mais jeter la pierre au seul Christian Yelich serait injuste tant l’ensemble de l’équipe a été moyenne : l’average moyen n’a été que de .223 (5ème pire équipe de la MLB), 238 RBI (7ème plus mauvaise équipe) et 247R (5ème plus mauvaise équipe). Quant à Keston Hiura, nous reviendrons sur son cas un peu plus tard.

Les motifs de satisfaction ne sont donc pas à chercher de ce côté-là du terrain. Peut-être du côté du pitching ? Ici aussi, les fans ont dû parfois manger leurs chapeaux tant les lanceurs ont été d’une inconstance crasse. Pourtant, certains ont largement tenu la baraque à l’image de Corbin Burnes qui, après une saison 2019 plus que délicate, a sorti le grand jeu pour atteindre un ERA de 2.11 et un superbe SO/9 (nombre de strikeouts ramenés à 9 manches lancées) de 13.3 ! Brandon Woodruff, le lanceur partant numéro 1 des Brewers a également été solide (ERA de 3.05, le plus faible de sa carrière).

Mais c’est bien du côté du bullpen qu’il fallait avoir les yeux tournés cette année. Si Josh Hader, l’un des meilleurs closers de MLB n’a pas dominé comme il a pu le faire par le passé, c’est bien le divin Devin qui a explosé ! Devin Williams, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a littéralement éclaboussé de sa classe et de sa change-up venue d’une autre planète les manches de relève des Brewers. On avait pu entrevoir son potentiel en 2019 lors des 13 petites manches lancées. L’intelligence de Craig Counsell aura été de l’avoir fait patienter dans l’antichambre de la MLB en 2019 pour s’apercevoir qu’il était près pour The Show. Bien l’en a pris puisqu’avec un ERA de 0.33 en 27 IP, un SO/9 de 17.7 (soit près de 2 SO par manche lancée, hallucinant puisque nous sommes sur les standards de la meilleure saison en carrière d’Aroldis Chapman, qui n’est pas un perdreau de l’année !), il a tout simplement été énorme, lui valant au passage le titre de Rookie de l’année en National League.

La saison 2021 : un recrutement intelligent à l’infield

La saison 2020 des Brewers a mis en avant les lacunes de l’effectif. Outre les baisses de rendement vues précédemment, l’effectif manquait clairement de cohérence – et de talent – à certains postes. Counsell a fait avec les moyens du bord durant 60 matchs, essayant tant bien que mal de combler certains trous, notamment à l’infield. Il faut dire que le front office des Brewers a laissé filer plusieurs gros calibres dont Mike Moustakas en 3B, Yasmani Grandal au catch et Eric Thames en 1B. Et c’est justement aux pointes du diamant de l’infield que les difficultés ont été les plus criantes puisque Counsell a bricolé avec les vétérans Brock Holt, Justin Smoak et Jedd Gyorko sans trouver la bonne formule.

Résultat, Holt a été libéré en août 2020, Smoak en septembre et Gyorko en octobre. Le chantier pour cette nouvelle saison s’annonçait donc gigantesque et, pour une franchise qui n’attire pas forcément les meilleurs free agents du marché, il fallait composer avec intelligence. La première aura été de modifier la position du jeune Keston Hiura de la 2B vers la 1B. Le jeune joueur américain a montré quelques signes de faiblesse défensive lors de ses deux premières saisons, accumulant les erreurs et conduisant même Counsell à le titulariser 10 fois comme D.H., preuve d’une certaine fébrilité sur la deuxième base. Hiura aura tout le spring training pour s’acclimater à ses nouvelles fonctions. Le déplacement du joueur vers la 1B a donc ouvert un poste en 2B et les Brewers ont eu l’intelligence d’aller chercher un joueur d’expérience, qui évoluait dans la même division et ce pour une seule franchise (les Saint Louis Cardinals) avec laquelle il vient de remporter coup sur coup deux Golden Gloves : Kolten Wong.

Si Wong n’est pas un très grand contributeur offensif, les Brewers ont acquis un solide défenseur qui rassurera le groupe. Et pour compléter le tout, Travis Shaw, ancien joueur des Brewers qui avait quitté l’équipe en agent libre en décembre 2019 pour rejoindre Toronto revient au bercail. S’il n’a signé qu’un contrat de ligue mineure, l’arrivée de Shaw semble rassurer les fans. Ils pourront donc compter sur un duo Shaw-Urias, ce dernier ayant été 28 fois titulaire à ce poste en 2020. Par ailleurs, mi-février, une vidéo postée sur le compte Twitter officiel des Brewers montrait une phase de jeu lors de laquelle, c’était Orlando Arcia qui occupait cette troisième base. Un signe ? S’il est trop tôt pour le dire, les Brewers ont de multiples solutions et, comme à leur habitude, pourront compter sur la polyvalence de leurs joueurs pour assurer une saison solide.

Enfin, il est également important de noter que la franchise s’est offert les services du très solide Jackie Bradley Jr. en Champs extérieur en provenance des Red Sox de Boston. Drafté en 40ème position en 2011, Bradley aura fait toute sa carrière à Boston avec laquelle il glanera un titre de World Series ainsi qu’un titre de AL MVP en 2018.

Le joueur à suivre : Keston Hiura

Hiura doit franchir un cap cette saison / Crédit DR

Bien entendu, après une saison en demi-teinte, les fans sont en droit d’attendre de Christian Yelich qu’il retrouve des couleurs et qu’il tire toute l’équipe vers le haut. De nombreux regards seront donc tournés vers lui. Pourtant, le joueur le plus intrigant de ce roster est, à mes yeux du moins, Keston Hiura. Hiura, drafté en 9ème position par les Brewers en 2017 aura connu une ascension fulgurante puisqu’il est intégré à la Big League à l’âge de 22 ans en 2019 après un passage éclair dans les équipes mineures. L’année 2020, quoique raccourcie, a été la première année pleine de Hiura, ce dernier ayant participé à 59 matchs sur 60.

Pourtant, à 24 ans, et même si sa batte se montre forte (13 HR), Hiura a déçu : avec un average de .212 (le plus faible de sa carrière professionnelle), il est loin du niveau attendu. En défense, il a montré des signes de fébrilité, forçant Counsell à profiter de la présence exceptionnelle d’un Designated Hitter en National League pour le faire souffler sans se priver de sa puissance au bâton. La décision prise en ce début d’année 2021 a de quoi surprendre : Hiura est envoyé en 1B alors qu’il n’a jamais joué à cette position auparavant ! C’est donc bien Hiura qui sera le joueur à suivre cette année du côté de la franchise du Wisconsin. Si son adaptation se passe parfaitement et s’il retrouve la confiance au bâton, la carrière prometteuse de Hiura sera enfin lancée.

La star : Christian Yelich

Les habitants de Milwaukee ont de la chance. Dans le froid nordique, ils ont la possibilité, hiver comme été, de voir évoluer deux athlètes, deux monstres dans leur sport respectif : à savoir Giannis Antetokounmpo pour les Bucks en basket et Christian Yelich pour les Brewers. Car aux Brewers, il n’y a qu’une star. Chouchouté, adulé depuis trois saisons par les supporters de la franchise, Yelich est de la trempe de ces joueurs qui ne s’exhibent pas. Loin des strass et du bling bling de certains joueurs californiens, Yelich est un modeste. Pourtant, l’outfielder au swing félin est d’une puissance rare. MVP pour sa première saison à Milwaukee en 2018, All-Star en 2018 et 2019, l’année 2020 aura été, pour Yelich comme pour beaucoup de joueurs de MLB, une année bizarre, lors de laquelle le joueur en manque de repère (12HR pour une batting average d’à peine .205, indigne d’un joueur de ce calibre) aura alterné le très mauvais, le mauvais et, parfois, le bon.

La frustration de Yelich, auteur d’une mauvaise saison 2020 / Crédit DR

L’année 2021 est une année charnière pour Yelich. Il termine les premières années de contrat lors desquelles son salaire était encore raisonnable (14 millions l’année) pour basculer vers des sommes qui n’ont plus rien à voir, puisqu’à partir de 2022 son salaire annuel passera à 26 millions (et ce jusqu’à 2028). Les fans seront alors sans doute beaucoup plus exigeants avec leur star qu’ils ne l’ont été jusqu’à ce jour. L’année 2021 doit donc faire de Yelich le leader incontesté et incontestable capable d’amener les Brewers vers une nouvelle qualification pour les play-offs, avant peut-être, dès 2022 de viser une qualification pour les World Series.

Le prono : en course pour les play-offs

On ne va pas tourner autour du pot. Dans une des divisions les plus serrées et les plus faibles, il ne faudra pas atteindre les 95 wins pour se qualifier en octobre. Accompagnés des Cardinals, des Cubs, des Reds et des Pirates, les Brewers ont toutes les cartes en main pour prétendre à la première place. Tout se jouera dans un mouchoir de poche (à l’exception des Pirates qui ont opté pour l’option tanking avant même le début de la saison), à quelques victoires près. Baseball Reference a fait tourner son algorithme PETOCA et a placé les Brewers en première place avec 89 victoires pour 73 défaites et 55% de chance de remporter la division devant les Cubs (85 victoires), les Cards (81 victoires) et les Reds (79 victoires). Selon l’algorithme, seules 10 victoires (sur 162 matchs) sépareraient les Brewers de la quatrième place. L’optimisme affiché par l’algorithme repose sur trois paramètres : un renforcement défensif à l’infield dont nous avons parlé plus tôt, un rebond des gros frappeurs (à l’image de Yelich) et un pitching staff de très grande qualité, tant du côté de la rotation que de celui du bullpen.

Nous sommes nous aussi optimistes pour cette saison 2021 et nous voyons les Brewers remporter la division au nez et à la barbe des Cardinals avec 85 victoires et 77 défaites.

Prono TSO : 85-77

Projections PECOTA : 89 – 73


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