Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60°C, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. Aujourd’hui, on part dans l’univers impitoyable de la NL East pour parler des Philadelphie Phillies.

Retour sur 2020
Après l’expérience peu concluante de Gabe Kapler sur le banc de Philadelphie, le propriétaire des Phillies a décidé de frapper fort en s’offrant une pointure pour diriger son équipe. En allant chercher Joe Girardi, ancien skipper des Yankees pendant 10 ans et victorieux des World Series en 2009, le message était clair. Philly n’est plus là pour tanker. Un peu à l’image de son homologue de NBA, les Sixers, la franchise vient de passer 5 ans à tanker, ou semi-tanker et ainsi accumuler les assets. Il était grand temps de passer aux choses sérieuses. Ainsi en 2019, le club avait déjà vu les choses en grand avec des recrutements massifs et en figure de proue le contrat XXL de Bryce Harper, le plus gros à l’époque, et le transfert du meilleur receveur de la MLB, JT Realmuto. Mais cela n’a pas suffi. Du coup, en 2020, rebelote avec des belles arrivées, moins « flashy » qu’en 2019 mais avec des joueurs de talent comme Didi Gregorius et Zack Wheeler. Deux recrues qui vont avoir un impact immédiat. Le premier a retrouvé des couleurs à Philly en lâchant 10 HR, 40 RBI et une moyenne de 28% au bâton. Prometteur pour un joueur qui revenait de blessure.

Photo : DAVID MAIALETTI/Philadelphie Inquirer
Pour le lanceur, le monde du baseball était un peu sceptique sur le gros contrat offert par le club. Lui, qui n’était que le 3e voir 4e lanceur des Mets et qui était considéré comme un bon lanceur mais sans plus, et il s’est avéré que le front office a eu du nez puisque Wheeler a signé la meilleure saison de sa carrière avec un ERA de 2.92 et 71 manches lancées en 11 starts. Il a été le parfait complément d’un Aaron Nola fidèle à lui-même (3.28 d’ERA, 96 K en 71 manches). Ces deux-là ont été les pièces essentielles de la rotation de Philly. Bien épaulé par l’éclosion, enfin, de Zach Eflin. Ce dernier s’est amélioré dans tout les compartiments du jeu et est passé sous la barre des 4 d’ERA (3.93) pour la première fois de sa carrière. S’il continue son évolution dans ce sens, il sera très utile à la rotation des Phillies qui en a bien besoin. Car derrière ce fut difficile. Jake Arrieta continue sa régression (5.08 d’ERA) et n’est plus que l’ombre de lui-même, même s’il a rendu de braves services. Et Vince Velasquez qui a du potentiel mais qui ne parvient pas à limiter le nombre de point qu’il encaisse. Philadelphie a besoin qu’il fasse mieux que ses 5.56 d’ERA de 2020. Enfin, Spencer Howard, le meilleur prospect de la franchise, a fait ses débuts dans la cour des grands. Mais ses premiers pas ont été compliqués. Après, difficile de se faire une réelle idée à cause des conditions particulières de 2020, on attendra encore un peu avant de le juger.
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Mais avec un ERA de 5.07 pour le pitching staff , soit le 27e pire bilan de la MLB, difficile de se faire une place dans la NL East. D’autant que le talon d’Achille de cette équipe a été le bullpen qui a été tout simplement catastrophique et qui a couté, selon les statistiques, 7 matchs à la franchise (selon les chiffres de Fangraphs). Des matchs qui auraient été remportés avec un bullpen seulement « average ». C’est trop. Surtout quand on sait que l’équipe a terminé à … 7 matchs des Braves pour le titre de division, 3 derrière les Marlins et une petite rencontre derrière les Brewers, 2e Wild Card de la National League. On va faire vite sur ce secteur radioactif de la franchise, mais on terminera par dire qu’avec un ERA collectif de 7.06 , le bullpen a tout simplement été le pire de la MLB et un des pires depuis bien longtemps.
Et c’est bien dommage car offensivement, l’équipe a répondu présent. On l’a vu avec Didi Gregorius qui est bien revenu après sa blessure. Même s’il a été un peu en dessous de ses standards, Bryce Harper est resté une menace en attaque avec .268 à la batte, 13 HR et 33 RBI. Pourtant, depuis son arrivée à Philadelphie, l’ancien Rookie de l’année et MVP n’a plus été All-Star, indigne d’un joueur de ce standing. Ses stats ne sont pas moche mais on en attend tellement plus de lui. JT Realmuto continue à produire tant offensivement que défensivement, et prouve d’année en année qu’il est LE meilleur receveur de la Ligue. Rhys Hoskins reste un excellent frappeur de puissance tandis que Segura peut tout faire. Enfin McCutchen apporte son expérience et son talent à cet effectif. Et enfin en 2020, on a été témoin de l’arrivée d’Alec Bohm qui a tout écrabouillé en seulement 44 matchs. Il terminera 2e à la course du Rookie de l’année et on reparlera de lui plus bas. Vous l’avez compris, l’attaque n’a rien à se reprocher sur cette saison. Et sans un bullpen historiquement faible, l’équipe se serait qualifiée pour les Playoffs.

Cette saison fut seulement la 2e de Joe Girardi où son équipe termine avec un bilan sous la barre des 50% de victoires. Et pourtant il a connu des équipes plutôt dégoutantes à New-York . Nul doute qu’il saura remettre cette équipe sur le droit chemin pour sa première saison complète.
La saison 2021
LA priorité de l’intersaison a été de conserver JT Realmuto qui était en fin de contrat. Mais avant de s’attaquer au dossier du receveur, le propriétaire a décidé de frapper fort en recrutant un nouveau GM, Dave Dombrowski, une des stars de ce poste. Et ce dernier a bien joué le coup, en jouant la montre avant de lâcher son offre sur la table. Une offre acceptée par le joueur qui touchera ainsi un peu plus de 23 millions par an pendant 5 saisons. Soit un total de 115.5 millions devenant ainsi le plus gros contrat jamais signé par un receveur (petite pensée pour le trop sous-côté Joe Mauer, le précédent recordman).
Dombrowski a ensuite profité que les poches de son proprio soit ouvertes pour offrir, le lendemain, un contrat de deux saisons à Didi Gregorius avec à la clé 28 millions, avec des paiements échelonnés dans le temps. Deux très bonnes pioches mais qui permettent surtout de garder intact ce groupe offrant ainsi à Girardi un peu de stabilité. Il faut néanmoins noter l’arrivée, un peu passée inaperçue, de Brad Miller qui devrait se révéler être un très bon couteau suisse sur le banc. Pour le reste l’équipe type reste sensiblement la même pour 2021. On s’attendait à du lourd pour le pitching mais Philly a choisi une stratégie différente. On est allé chercher des lanceurs d’expérience pour faire face au terrible retour aux 162 matchs après une saison à 60 matchs. Une différence qui devrait mettre à mal beaucoup de lanceurs. C’est pourquoi on a assisté aux arrivées de Chase Anderson et Matt Moore, de retour après une grosse saison au Japon. Ce ne sont pas des superstars, mais ils vont rendre de fiers services à la rotation des Phillies. Car on n’a pas à s’inquiéter pour le trio Nola/Wheeler/Eflin comme vu tout à l’heure. On espère fort du côté de Philadelphie que Spencer Howard s’adapte à la MLB et déploie tout son potentiel.

Au niveau du bullpen – et c’était le gros du travail – là non plus pas de gros noms, alors qu’il y avait pourtant des pointures sur le marché. Mais une nouvelle fois c’est du travail intelligent : Archie Bradley, qui a retrouvé un vrai niveau durant sa demi-saison chez les Reds, est une belle recrue pour la fin du bullpen. Le club est aussi allé chercher José Alvarado aux Rays, qui était l’un des meilleurs closers en 2018 mais qui après des blessures et une hausse de salaire a été mis de côté par Tampa. Enfin les signatures de Watson, Kintzler et Rondon, qui ont tous été closers par le passé, amènent de la profondeur à ce bullpen même s’ils ne sont plus aussi redoutable qu’avant. S’ils évoluent juste au niveau moyen de la MLB, ce sera déjà une amélioration par rapport à l’année dernière. Et ils en ont le talent.
Sur le papier cette équipe a fière allure avec du talent de partout, de l’experience, de la jeunesse et de la profondeur. Et les ajustements ont été faits dans le bullpen pour le faire passer du pire au moyen. Et si cela se passe comme prévu, les Phillies devraient avoir un rôle à jouer en NL East. Mais voilà, cette division va être la plus redoutable de la MLB puisqu’aucune des 5 équipes n’est en rebuild et toutes sont compétitives. Les Braves sont très forts, les Mets se sont considérablement renforcé, les Nats sont sur le déclin mais restent très dangereux et les Marlins sont « On the Rise » et sont affamés. Ca va être une lutte infernale mais pour notre plus grand plaisir. La marge d’erreur est donc minime et c’est là qu’on verra le vrai visage de cette équipe.
Le joueur à suivre : Alec Bohm
Je l’ai dit plus haut, l’effectif offensif est déjà de haute voltige avec Harper, Realmuto, Hoskins ou encore Gregorius mais dans cette pléthore de star, un petit jeune s’est fait sa place en 2020. Et on n’était pas loin de faire de lui le meilleur joueur à la batte de cette équipe. Car pour sa première saison en MLB, Alec Bohm a été étincelant avec .338 au baton, 4 HR et surtout 23 RBI. Il a montré pourquoi Philadelphie l’avait sélectionné en 3e position de la draft 2018. Placé en 5e position de l’alignement des Phillies et encadré par Realmuto et Gregorius, il va avoir des opportunités de briller et de ramener des points. Il faudra suivre le « sophomore wall » car l’effet de surprise ne sera plus présent, mais avec des joueurs d’expérience pour l’encadrer et un manager de renom, nul doute qu’il répondra présent pour le plus grand bonheur des fans de Philly.
La star : Bryce Harper

Photo by Rich Schultz/Getty Images
J’ai longtemps hésité entre Aaron Nola qui mérite plus de reconnaissance, JT Realmuto, le meilleur receveur de sa génération et Harper. Mais Bryce est le joyau de la franchise et elle a payé le prix pour se l’offrir. Comme dit précédemment, depuis 2 ans qu’il est à Philadelphie, Harper n’a pas été All-Star, un comble pour celui qui a déjà tout gagné au niveau individuel. On a tendance à l’oublier mais Harper n’a que 28 ans et il entame son prime. Ses deux dernières saisons n’ont pas été mauvaises, on peut même dire qu’elles ont été bonnes, mais on attend tellement plus de ce joueur si talentueux. Il voulait rejoindre les Phillies pour gagner des titres, malheureusement pour lui son ancienne franchise en a gagné un avant lui. Mais je crois en Harper pour 2021. Avec un effectif quasiment inchangé, il y aura des automatismes, Joe Girardi est un coach reconnu qui a toujours su tirer le meilleur de ses joueurs. Surtout, Harper aura à cœur de prouver qu’il est toujours – à minima – un All-Star en puissance et pourquoi pas toujours un candidat au MVP. Je suis prêt à mettre une petite pièce sur lui pour un podium dans la course au trophée. Mais ça reste entre nous.
Notre Prono
Sur le papier l’équipe s’est renforcée en conservant Realmuto et Gregorius, deux éléments essentiels de son attaque. Il y a un bon mélange entre jeunesse et expérience et le bullpen a gagné en profondeur. Joe Girardi aura sa première vraie saison complète avec ce groupe et une vraie préparation. Tous les voyants sont aux vert. Oui mais voilà, malheureusement pour les Phillies, la NL East va être un véritable champ de bataille la saison prochaine. Et la moindre erreur pourrait être fatale. Selon moi, on aura une course à 3 pour le titre de division entre les Braves, les Mets et les Phillies. Les Nats me semblent un peu court et les Marlins un poil tendres. Ca va être la guerre surtout qu’une Wild Card est déjà quasimenent déjà attribuée à la NL West entre les Dodgers et les Padres. Il n’y aura donc que deux qualifiés en NL East, (un titre de division et une wildcard). Et je suis prêt à mettre les Phillies à l’une de ces deux places.
Prono TSO : 87-75, 2e de la NL East
Projections Pecota : 83-79
Une réflexion sur “Preview 2021 – Philadelphie Phillies : Ring The Bell !”