Preview 2021 – Kansas City Royals : dernier appel avant décollage

Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60°C, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. Aujourd’hui, rendez-vous avec une franchise qui approche doucement des dernières étapes de son rebuild : les Kansas City Royals

A seulement 24 ans, Adalberto Mondesi est potentiellement le meilleur base-runner de MLB, et déjà l’un des vétérans et des piliers des Kansas City Royals

La saison 2020

Saison raccourcie ou non, l’année 2020 s’est passée quasiment exactement comme on l’attendait du côté de Kansas City. Pour la troisième annee depuis le début de la reconstruction, et après deux saisons à 36% de victoires (58 en 2018, 59 en 2019), les Royals ont connu une légère amélioration statistique lors de cette saison raccourcie, avec un bilan de 26 victoires et 34 défaites (43%). Certes, cela s’est fait en affrontant exclusivement des adversaires issus des deux divisions Central, sans aucun doute les moins denses et les moins qualitatives d’American League et de National League respectivement (Fun Fact : 7 équipes de la zone Central se sont qualifiées pour la postseason, aucune n’a atteint les Division Series).

Vous l’aurez compris, si les Royals ont montré des progrès sur cette courte saison 2020, c’est surtout en comparaison de ce qu’ils avaient pu produire depuis le début du rebuild. Kansas City a su reconstruire un farm system de qualité, duquel sortiront notamment Bobby Witt Jr, Asa Lacy Daniel Lynch d’ici 2023. Et duquel vient déjà de sortir une nouvelle génération de bras talentueux avec Brad Keller, qui a confirmé ses qualités pour sa troisième saison dans le show (54.2 IP, 2.47 ERA, 1.024 WHIP), rejoint la saison dernière par les rookies Brady Singer (64.1 IP, 4.06 ERA, 61 K) et plus tard Kris Bubic (50 IP, 4.32 ERA, 49 K). Ces trois-là devraient former la base de la rotation des Royals pour les années à venir, reste à savoir si l’un d’eux saura s’imposer comme un As ou si cette pièce maitresse arrivera plus tard.

Avec les expérimentés Duffy et Junis pour les encadrer les jeunes pousses du pitching des Royals ont en tout cas marqué des points, tout comme Kyle Zimmer, l’ancien premier tour de draft, longtemps handicapé par les blessures et qui a semblé à son aise dans son nouveau rôle de releveur (23 IP, 1.57 ERA, 10.2 K/9) aux côtés de l’inusable Greg Holland (28.1 IP, 1.91 ERA, 9.8 K/9) et de deux autres jeunes releveurs, le rookie Tyler Zuber et le sophomore Josh Staumont. Beaucoup de jeunesse, beaucoup de talent, ne manque plus qu’une injection d’expérience, mais on y reviendra rapidement.

Côté lineup aussi, on a pu observer ce mix de jeunesse et d’expérience avec un temps de jeu conséquent offert aux jeunes Lopez, Starling, O’Hearn ou encore McBroom, tous dans leur deuxième ou troisième saison dans les Majors. Aucun d’entre eux n’est plus jeune qu’Adalberto Mondesi, bien sûr, lui qui à 24 ans a participé à sa cinquième saison de MLB et, après une saison encore un peu décevante au bâton (.256/.294/.416) et électrique sur bases (24 SB, leader de Major League) va devoir hausser son niveau pour s’imposer comme l’un des leaders de ce groupe.

Pour le reste, le leader offensif de cette équipe aura une fois de plus été l’immense Salvador Perez (.333 AVG, 11 HR, 323 RBI) malgré des blessures à répétition, bien secondé par le frappeur de tout ou rien Jorge Soler (8 HR, 24 RBI, 70 K) et surtout les indispensables Maikel Franco (8 HR, 38 RBI) et Whit Merrifield (9 HR, 30 RBI, 12 SB).

Mais l’image de 2020 aura surtout été l’adieu aux armes du héros local Alex Gordon, 15 après avoir été sélectionné en deuxième position de la draft 2005 par les Royals. Le gamin du Nebraska aura tout connu à Kansas City : le fond du trou, la reconstruction, la montée en puissance, les World Series perdues de 2014 et finalement le titre suprême en 2015. Trois fois all-star, défenseur d’élite avec huits Gold Glove et deux Platinum Gloves, c’est un coup de batte qui restera fait d’armes le plus mémorable: son Home Run dans le bas de la neuvième manche du Match 1 des World Series, pour arracher les Extra Innings face aux Mets, l’un des plus grands moments de l’histoire des Royals et du Kaufmann Stadium. Clutchissime.

La saison 2021

Alors soyons clairs, soyons concis : non, les Kansas City Royals ne se mêleront pas à la lutte pour le titre de Division. Les Twins, les White Sox et les Indians semblent aujourd’hui un cran au-dessus des hommes de Mike Matheny, mais l’écart pourrait commencer à se réduire, notamment grâce à un recrutement intéressant. Intéressant puisqu’au fil de l’hiver, les Royals ont su ajouter plusieurs pièces dont la qualité est indéniable même si elles ont par le passé souffert de leur manque de régularité : on pense bien entendu tout d’abord à Andrew Benintendi, qui a souffert de la comparaison avec Mookie Betts chez les Red Sox mais reste un excellent jeune outfielder. Même constat pour Michael Taylor, dont les qualités intrinsèques ne sont pas remises en cause mais qui n’a jamais su s’imposer sur la durée à Washington malgré quelques grands moments, notamment lors de la postseason victorieuse des Nationals en 2019.

En plus de ces deux jeunes outfielders de talent, Kansas City a aussi renforcé son roster en terme d’expérience avec l’infatigable Carlos Santana, qui a rejoint le Missouri en tant que Free-Agent après 11 saisons solides à Cleveland, et le retour du toujours constant Mike Minor, un joueur qui pourrait être la définition même du terme « mangeur d’innings » et devrait être une présence précieuse pour guider la jeune garde du pitching des Royals. Et puisque l’on parle d’expérience, on notera également le recrutement de Jarrod Dyson et les invitations au Spring Training de Hanser Alberto, Brad Brach et de l’un des héros des saisons 2014 et 2015 Wade Davis.

A noter qu’à l’exception d’Andrew Benintendi, tous ces joueurs ont été recrutés en tant que Free Agents et sur des contrats courts de une ou deux saisons : de quoi véritablement préparer l’avenir sans pour autant piocher dans un farm system qui sera la force des Royals pour les saisons à venir, sans prendre de risques inconsidérés et avec une injection d’expérience plus que conséquente dans tous les domaines.

Alors pourquoi ces Royals ne se mêleraient-ils pas à la lutte pour le titre de division, ou au moins la Wild Card ? Ce n’est bien entendu pas impossible, mais pour toute l’expérience et le talent des joueurs recrutés, c’est aussi leur incapacité à exister véritablement qui les a amené à revêtir le maillot bleu des Royals. Comme Franco l’an dernier, ou à l’image de l’excellent Whit Merrifield, Benintendi et Taylor sont capables de briller par intermittence mais manquent peut-être de cet état d’esprit de cannibale qui fait la différence avec les top players. Mike Minor, sur une demi-saison, est capable de lancer comme un Cy Young en puissance mais il reste la deuxième partie de saison.

Alors on se raisonne, et on admet que si la somme des talents individuels est séduisante, si l’on peut parfaitement imaginer les Royals être l’équipe surprise de la première partie de saison, il faudra encore attendre un an ou deux et l’arrivée de Bobby Witt Jr. dans le projet avant de les considérer comme des candidats crédibles au titre de division.

Le joueur à suivre : Andrew Benintendi

On l’a vu parfois courir comme Mookie Betts, on l’a vu souvent défendre comme Mookie Betts. A l’occasion, le temps de quelques matchs, de quelques semaines, on l’a connu aussi bon frappeur que Mookie Betts… Voilà le véritable problème d’Andrew Benintendi : avoir débuté en Ligues Majeures en tant que corner-outfielder, chez les Boston Red Sox, à peine deux ans après un futur Hall of Famer, Mookie Betts.

Alors non, Andrew Benintendi n’est pas Mookie Betts. Malgré un profil général défini au papier calque, il frappe un peu moins bien, un peu moins fort, il court un peu moins vite, il est juste un petit peu inférieur au prototype dans tous les domaines. Cela ne fait pas de lui un joueur mauvais ou même moyen, loin s’en faut, lui qui a fait partie de ce qui fut potentiellement le meilleur trio d’outfielders des années 2010 avec Betts et Bradley Jr, a été un atout majeur du triomphe lors des World Series 2018, avec notamment l’une des actions défensives les plus importantes de la décennie (voir ci-dessus). Benintendi est une valeur sûre, mais il était temps pour lui de quitter le cocon pour tenter de s’imposer dans une franchise où il n’aura plus pour vocation de briller dans l’ombre du taulier, mais être le taulier lui-même.

Dans un outfield où Michael Taylor aura le rôle d’un Bradley Jr., la défense avant tout et le bâton s’il en reste, Benintendi et Merrifield auront les responsabilités de la production offensive. Si Merrifield est un joueur capable du meilleur, comme Benintendi, il n’a pas véritablement et n’a jamais forcément eu la vocation à être un leader sportif. Et c’est précisément ce rôle que Benintendi va devoir endosser sous l’uniforme des Royals si il veut enfin prouver qu’à défaut d’être Mookie Betts, Andrew Benintendi a les qualités pour devenir un All Star sur la durée. Personne n’en doute, à condition que lui-même finisse par le réaliser.  

La Star : Salvador Perez

Salvador Perez, l’ame et le coeur des Kansas City Royals lors des ALCS 2015 – Photo : Arturo Pardavila III on Flickr

Il est le cœur, l’âme, le sourire de Kauffmann Stadium, ainsi que le dernier Gardien du Temple depuis le départ d’Alex Gordon. Détecté en 2007 par les Royals, il y a séduit toute une organisation pour se faire un chemin sans embuche vers les Ligues Majeures, qu’il a rejoint a 20 ans à peine.

Un amoureux du baseball au cœur du jeu, absorbant chaque pitch, chaque mouvement derrière son masque, un œil et un bras dignes d’un Quarterback des Chiefs, une présence qui apaise, galvanise et éclaire à la fois. Frappeur compétent, défenseur redoutable, Salvador Perez a amassé pas moins de 6 Gold Gloves (plus que Buster Posey), trois Silver Sluggers (plus que Yadier Molina) et 6 participations au All Star Game.

Vainqueur et MVP des World Series en 2015, il est comme Molina, Posey ou encore Joe Mauer, bien plus que l’homme derrière le masque. Il est le visage d’une franchise, il est l’un des meilleurs de sa génération à son poste si particulier.

Surtout, à seulement 30 ans et et si les blessures ne le freinent pas trop, il a vocation à rester longtemps encore le guide et la voix de ces Kansas City Royals. Et pourquoi pas, quand les Royals semblent prêt a monter une fois de plus en puissance, guider le Kauffmann dans un autre octobre de folie. Si il y va, ils le suivront

Le prono : Rendez-vous en 2022

Sauf imprévu ou série incroyable, les Royals ne seront pas prêts à rivaliser pour le titre de division des 2021. Mais le talent est là, les idées aussi, et le GM Dayton Moore, en poste depuis 2006 et architecte de l’épopée 2014-2015, sait exactement comment s’y prendre pour bâtir un contender. Pour l’instant, il est dans les temps avec un farm system parmi les meilleurs des Majors et un roster séduisant et plein d’avenir. Donnez lui un an, deux peut-être, pour finaliser le projet, et si les Royals ne se mêlent pas à la lutte pour la Wild Card ou mieux dès 2022, vous pouvez être sûrs que les coéquipiers de Salvador Perez seront là pour jouer le titre de division la saison suvante.

Le Prono de TSO : 78-84
Projection PECOTA : 71-91


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