Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60°C, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. Pour ouvrir le bal, voici les Pirates de Pittsburgh.

Retour sur 2020 : annus horribilis
Pour cette 20ème saison au PNC Park, les Pirates de Pittsburgh n’ont pas fait les choses à moitié. Avec 19 victoires pour 41 défaites (W/L de .317), dans une saison raccourcie à 60 matchs en raison de la pandémie de Covid-19, ils enregistrent là leur pire exercice depuis 1952 lors de laquelle leur ratio de victoires avait culminé à .273. Bien entendu, il est impossible d’aller plus loin dans la comparaison tant cette année 2020 a été particulière. Entre un calendrier raccourci, un spring training au pas de charge, de nouvelles règles adaptées à la situation sanitaire, la saison n’a ressemblé à aucune autre. Pour autant, peut-on décemment mettre les faméliques résultats des Pirates sur le dos de l’exceptionnel quand on sait que les 29 autres équipes ont été logées à la même enseigne ? Bien sur que non.
L’année 2020 est l’aboutissement d’une décadence entamée en 2016, après trois saisons ovni (2013-2014-2015) durant lesquelles les Pirates auront atteint la phase des playoffs (2 éliminations en WC et une défaite en NLDS), décadence qui n’a eu de cesse de se confirmer. Certes, l’année 2018 aura vu l’équipe atteindre un bilan positif 82W-79L, mais globalement les Pirates se morfondent dans les bas-fonds du classement. Et l’année que nous venons de vivre n’échappe pas à la règle.
Avec 219 Runs, 210 RBI et 59 HR, les Pirates sont l’une des équipes les moins prolifiques de la League dans son ensemble. Ces statistiques sont dues à une escouade offensive en panne puisqu’avec un average de .22, l’équipe devance juste les Reds de Cincinnati. Au niveau individuel, mis à part Stallings (.248) et Moran (.247) qui ont sauvé les meubles, le reste du line-up a été catastrophique. Mention spéciale à Bryan Reynolds (.189) et Grégory Polanco (.157) pour leur production.
Du côté du monticule, la saison n’a pas été exécrable mais trop d’inconsistance pour espérer porter l’ensemble de l’équipe. Musgrove, tenu éloigné des terrains pendant quatre semaines pour une inflammation du triceps, a débuté 8 fois sur le monticule pour un ERA de 3.86 et un FIP de 3.42, sa meilleure saison en carrière même s’il est crédité d’une victoire et de cinq défaites. Derrière lui, Trevor Williams est le lanceur partant qui aura accumulé le plus de manches (55.1 IP). Malheureusement pour lui et pour les Pirates, Williams, qui a 28 ans est entré dans son prime, a réalisé sa pire saison accumulant les HomeRuns (15) pour un ERA de 6.18 et une FIP de 6.30. Le seul rayon de soleil qui pourrait percer les nuages sombres de la rotation vient de Mitch Keller. Après une première saison de rookie compliquée, le jeune lanceur a montré de belles choses en 2020. Malgré un FIP encore trop élevé (6.74), il n’a encaissé que 7 Runs en 21 manches lancées. De quoi prétendre à une bonne place dans la rotation en 2021, compte tenu des départs de l’intersaison.
Il est important, pour conclure, de relativiser quelque peu ces critiques. Les Pirates ont eu le calendrier le plus éprouvant de toute la League. Pour preuve, ils ont affronté à 44 reprises des équipes au ratio W/L supérieur à 50% (14 victoires-30 défaites) et seulement 16 fois des équipes au bilan négatif (5 victoires-11 défaites). Maigre consolation.

La saison 2021 : Pourquoi changer de stratégie ?
La saison 2021 devrait ressembler à la précédente, en pire. Pourquoi ? Parce que les choix du front office ont été clairs : tanking, tanking, tanking.
Dans les faits, cette stratégie s’est traduite par une intersaison marquée par les départs des joueurs les plus talentueux, ceux permettant de ramener au PNC Park des futurs talents qui ne demanderont qu’à éclore. Josh Bell a été envoyé aux Washington Nationals contre le prospect Eddy Yean et le lanceur Will Crow. Jameson Taillon est échangé aux New York Yankees contre quatre prospects dont Miguel Yajure. Enfin, dans un trade à 3 équipes, les Pirates envoient Joe Musgrove aux San Diego Padres contre des joueurs issus des New York Mets (Endy Rodriguez #22) et des Padres (Omar Cruz #20 entre autres).
L’équipe devrait donc se reposer sur un Gregory Polanco qui s’est brisé le poignet durant la Dominican Winter League, Adam Frazier ou le jeune Ke’Bryan Hayes. Quant à la rotation, plus aucune star suite aux départs de Musgrove et, dans une moindre mesure Taillon (blessé durant toute la saison 2020). Keller, Brubaker et Brault devraient occuper les 3 premières positions.
Pas de quoi envisager autre chose qu’une très bonne place à la draft 2022.
Le joueur à suivre : qui pour devenir le visage de la franchise ?

La question est alors de savoir pourquoi, en tant qu’amateur de baseball, nous allons veiller la nuit pour regarder les matchs d’une équipe à la dérive. Mis à part être un Die Hard Fan de l’équipe de Pittsburgh, peu de raisons.
Dans un très bon article publié récemment sur le site de The Athletic, Rob Biertempfel, beat writer en charge des Pirates, s’est questionné sur le joueur qui allait pouvoir, dans les années à venir, représenter le visage de l’équipe. Dans le sport américain, on retrouve très souvent cette notion de « visage de l’équipe » ou de « franchise player », c’est-à-dire le joueur emblématique qui porte et représente les valeurs de la franchise : il occupe une place à part dans l’équipe, sert de guide pour les plus jeunes et fait office de sage pour la presse et les médias. C’est aussi pour ce genre de joueurs que nous, français, nous levons à 3 heures du mat’. Sauf qu’avec les départs des quelques joueurs emblématiques, la liste des « franchise players » fond comme neige au soleil. Stallings ? Reynolds ? Tucker ? Voire Keller ou Brault ? Ca ne vous fait pas rêver ? Nous non plus. Reste LA star en devenir, le prospect numéro 1 de la franchise : Ke’Bryan Hayes. Mais à 24 ans et avec à peine 24 matchs de Major League à son actif, c’est une sacrée responsabilité que lui ferait porter le manager de l’équipe, Derek Shelton.
Pourtant, c’est bien Ke’Bryan Hayes, dont les stats pour sa première année sont très solides, qui sera le joueur à suivre cette saison et, parions-le, pour les prochaines années.
La star : la quoi ?
A part Ke’Bryan Hayes, je ne vois pas qui d’autre peut prétendre au statut de star dans cet effectif des Pirates. Pas grand monde, alors on vous donne une autre vraie bonne raison de regarder les matchs de Pittsburg Pirates, ou de vous y rendre si vous avez la chance de passer par la Pennsylvanie . Vous l’avez-vu en introduction de cette article, PNC Park offre un panorama absolument unique parmi tous les stades de MLB.
Avec cette vue que l’on imagine créée au pinceau sur la skyline de la ville. Avec le pont Roberto Clemente, ce pont jaune flambant, nommé apres la légende des Pittsburgh , qui compose avec les ponts Andy Warhol et Rachel Carson les Three Sisters, trois ponts dédiés aux enfants les plus illustres de la ville. Et avec l’Allegheny River, cible de choix des plus grands sluggers (38 joueurs, pas un de plus, ont réussi à l’atteindre depuis l’ouverture du stade en 2001). A l’heure ou les stades s’éloignent de plus en plus du coeur des villes, PNC Park est une exception, et une magnifique raison d’apprécier les Pirates.

Le prono : sur les doigts d’une main
Quelle va être longue cette saison pour les supporters des Pirates ! Ils pourront se consoler en se disant que la saison 2020 a été tellement courte que 162 matchs, même de faible niveau, c’est mieux que rien.
Je les vois terminer une fois de plus à la dernière place de la League avec 52 victoires et 110 défaites. Je sais, je suis quelqu’un de généreux.
Le Prono de TSO : 52-110
Projection PECOTA : 61-101
Une réflexion sur “Preview 2021 – Pittsburgh Pirates : Touchés ! Coulés ?”