Il existe deux périodes charnières dans l’année où nos esprits se laissent aller au doux parfum du baseball. La deuxième c’est évidemment lorsqu’arrive l’automne et ses feuilles mortes synonyme de postseason. Quant à la première, il s’agit de la fin de l’hiver accompagnée comme toujours du retour de la MLB et des espérances de chacun. Vous savez ces dernières semaines avant la reprise où l’on se surprend à croire que « cette année est la bonne », où l’on se met à rêver de voir son équipe jouer au baseball fin octobre ou à enfin finir avec un bilan positif. Comme l’an passé, The Strike Out passe en mode 30 franchises en 30 jours et vous propose de faire le tour complet de la Ligue. Pour calmer vos ardeurs de supporters ou au contraire les ranimer, même si en baseball rien n’est jamais fixé dans le marbre. Place aujourd’hui aux Chicago Cubs.
Retour sur 2019
103 victoires en 2016, 92 victoires en 2017 et 2018, 84 victoires en 2019… Le lent déclin des Cubs depuis le titre de 2016 se lit en chiffres! Il n’y a pas eu de matchs en octobre à Wrigley Field la saison dernière… Il n’y en avait eu qu’un la saison précédente : une défaite face aux Rockies lors du Wild-Card Game de National League.
La saison 2019 a mal commencé avec 1 seule victoire et 6 défaites sur les 7 premiers matchs de la saison. Les jours suivants seront plus satisfaisants avec un bilan à l’équilibre le 26 avril puis un bon coup de chaud pour porter le bilan à 29-18 le 22 mai. Ce +11 de différentiel ne sera pas revu avant début août. C’est d’ailleurs à partir de ce moment là que les Cubs vont faire un gros push pour tenter d’arracher une place en play-offs : +14 le 16 septembre à 82-68. Grand responsable de cette bonne période : Nicholas Castellanos. Arrivé de Detroit à la Trade Deadline, il sort des stats folles pour son court passage chez les Cubs, en 51 matchs précisemment : 68H, 36RBIs, 16HR, AVG .321, OBP .356, SLG .646 et OPS 1.002!!!! Dommage pour Chicago: Castellanos a filé pour 2020 chez les Reds, rivaux de division.
Entre le 17 et le 26 septembre, les Maddon Boys vont enchaîner une très vilaine série de 9 défaites consécutives et finalement échouer dans la course à la postseason : 3e en Central Division à 7 matchs des Cardinals et 5 des Brewers.
Sur 2019 en National League, les Cubs ont affiché un AVG juste au-dessus de la moyenne (.252 contre .251) et la 3e meilleure ERA collective 4.10 (4.38 en moyenne). On voit de quel côté, il faudra travailler pour faire mieux en 2020.
La saison 2020
2020 c’est avant toute chose la fin de l’ère Maddon marquée par le titre de 2016… et le début de l’ère David Ross, sacré justement il y a 4 ans [son portrait ici]! On imagine un style plus direct, avec plus d’analytiques, mais avec de la pression sur les épaules. Ross aura le double défi pour son équipe de rester compétitif tout en préparant la suite, car il n’est pas question de rebuild (en tout cas publiquement) du côté de Wrigley Field.
Pour l’effectif, la principale nouvelle c’est le départ cet hiver de Cole Hamels. La rotation est confiée aux vétérans chez qui la maîtrise et l’intelligence de jeu seront des armes plus importantes que la puissance. Vétérans certes mais pas non plus de panique à avoir quand on observe la deuxième moitié de saison 2019 : 36,1% de K en 17 starts à partir du 15 juin pour Jon Lester (2e en NL sur cette stat) ; les 4 derniers mois excellents pour Yu Darvish et sa panoplie de six lancers qui en fait toujours un autre roi du K ; Quintana peut espérer plus de contribution de son équipe. On peut aisément lui attribuer le titre de “lanceur le moins aidé de 2019” avec la plus grosse différence de MLB entre son ERA (4.68) et son FIP (3.80), ce qui prouve bien sa valeur intrinsèque. Hendricks et Chatwood devraient compléter le 5 de départ.
Bien plus que la rotation, c’est le bullpen qui inquiète à Chicago, car très inexpérimentée avec les départs de Strop, Kintzler ou Cishek. Rowan Wick a montré de belles choses en 2019 mais doit faire preuve de plus de constance. La seule valeur sûre c’est Craig Kimbrel. Ses débuts complètement manqués avec les Cubs après une signature tardive (7 juin) ne doivent pas faire oublier son passé de futur Hall-of-Famer.
Chez les joueurs de position, les deux pierres angulaires de ce qui devait être une dynastie – Rizzo et Bryant – sortent de saison contrastées. Bien commencée pour le 1B puis moins bonne par la suite, même si peu de joueurs vont sur bases aussi régulièrement que lui : OBP de .405, sa meilleure moyenne en carrière! S’il n’est plus l’excellentissime défenseur qu’il était, il est quand même plus physique que ce qu’il laisse transparaitre et il reste indéboulonnable sur son coussin. On ne peut pas en dire autant de son homologue de 3B! Longtemps considéré comme la pépite puis le franchise player, Kris Bryant ne franchit pas le palier pour se retrouver dans la conversation des best of the best aux côtés des Trout, Arenado, Lindor, Betts, and co. Meilleur rookie de l’année en 2015 et MVP en 2016, deux fois All-Star ces années là, et encore une année 2017 très performante (meilleur AVG et OBP en carrière) le meilleur pote de Bryce Harper éblouit : régulier, puissant, excellent défenseur, sourire ultra-bright… mais 2018 marque une rupture avec des stats en forte baisse (seulement 13HR et un AVG de .272) et une blessure à l’épaule qui va lui coûter deux mois et demi de compétition pendant l’été. Il enchaîne en 2019 avec une saison sans relief, certes 31HR mais sans porter son équipe vers les hauteurs. Au point que cet hiver, des rumeurs de trade ont émergé : on a parlé de lui chez les Nats pour palier le départ de Rendon.
Kyle Schwarber devra réitérer ses performances offensives de 2019 : personne n’a frappé plus de opposite HR que lui dans la Ligue. 38 HR et 92 RBIs pour l’outfielder gaucher qui devra quand même se montrer plus régulier (AVG .250).
Pas grand chose à se mettre sous la dent au rayon arrivée : le releveur Jeremy Jeffress, excellent en 2018 (8-1 ; ERA 1.29 en 76.2IP) mais très décevant en 2019 (3-4 ; ERA 5.02 en 52IP) ; l’outfielder Steven Souza Jr., qui arrive des Dbacks et se remet d’une grave blessure au genou ou encore l’infielder Jason Kipnis, qui rejoint sa ville natale et son club de coeur.
Le joueur à suivre : Nico Hoerner
Il a débuté sa carrière la saison dernière (20 matchs, 22 hits, 17 RBIs), on attendra de lui qu’il se révèle vraiment aux yeux du grand public cette saison. Nico Hoerner est la jeune pousse sur qui comptent les Cubs pour prendre la succession d’autres enfants du club : Bryant, Rizzo, Baez. Appelé chez les grands le 9 septembre, il est le premier joueur de la Draft 2018 à jouer en MLB et s’offre même une nuit à 3 hits. Le 14 septembre, il signe son 2e HR en carrière, le 236e de la saison des Cubs, nouveau record de franchise.

Dans une équipe qui a cruellement manqué de constance au bâton en 2019, Hoerner est aussi attendu comme l’antidote, car il s’est montré à la fois un joueur solide et élégant lors de sa formation (.282 en 70 matchs de AA). Il pourrait former un duo 2B-SS très attractif avec Javier Baez… à condition qu’il soit titulaire! Pour certains observateurs, le joueur le plus important de la saison des Cubs est celui qui n’est pas sûr d’être titulaire : Ian Happ.
La star : Javier Baez
Il est désormais LA star des Cubs devant Bryant ou Rizzo. Javier Baez s’est attiré les faveurs du public de Wrigley Field grâce à ses performances au bâton (il est d’ailleurs de plus en plus fiable dans les moments décisifs) mais surtout grâce à son jeu défensif qui lui vaut le surnom de “El Mago” (“Le Mage”). Baez est un excellent joueur mais c’est aussi une gueule, une présence sur le terrain qui en fait l’une des attractions de la Ligue. Le voir en couverture du jeu MLB The Show le prouve bien!
Désormais bien installé au poste de SS après la suspension de Russell, Baez doit maintenant prouver qu’il peut endosser ce costume de leader d’une équipe un peu en fin de cycle, alors que ses joueurs phares sont pourtant encore dans leurs belles années : Baez lui même n’a que 27 ans, 28 pour Bryant, 30 pour Rizzo et Heyward… et même 26 pour Schwarber.
Notre prono
Dans une division qui s’annonce ultra disputée, on a bien peur que les Cubs ne soient encore pas au rendez-vous d’octobre. Il n’y a pas eu d’amélioration notable dans un groupe qui a déjà déçu l’an dernier, mais le talent est présent intrinsèquement donc pourquoi ne pas imaginer – quand même – plus que 84 victoires comme en 2019. On a l’impression que l’équipe est coincée entre deux périodes : la fin de cycle des champions 2016, pas envie de tanker mais pas non plus de jeunes joueurs du farm- system prêts à prendre le relais. David Ross sera-t-il l’homme providentiel pour redonner de l’élan à cette équipe? Mais arrivera-t-il à se faire respecter et à faire respecter son statut auprès de joueurs qui étaient encore ses coéquipiers il y a deux ans. On le voit, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions qui se posent autour de l’avenir des Cubs.
Projections The Strike Out : 3e en NL Central ; 85 victoires – 77 défaites.
Projections Bleacher Report : 3e en NL Central ; 82 victoires – 80 défaites.