Preview D1 France / Poule A : Montpellier et Savigny pour la 2ème place derrière Rouen ?

Depuis deux semaines, le championnat de France baseball D1 a démarré sa nouvelle vie. Ce ne sont pas 8 mais 12 équipes qui ont rejoint la ligne de départ de cette nouvelle saison. Avec cinq promus, ce sont des retours et des nouvelles têtes qui vont animer la saison 2019. Une saison qui part un peu dans l’inconnu. Comment le baseball français va gérer cette expansion sportivement et financièrement avec une formule en deux poules et de nouvelles règles sur les joueurs étrangers ?

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La règle : obtenir l’une des trois premières places pour se qualifier dans la poule des playoffs et éviter celle du maintien, chaque équipe gardant les résultats de la première phase face aux équipes qualifiées. Les deux premiers de la poule haute joueront les French Series. Le dernier de la poule basse devra jouer un barrage avec le champion de la D2.

Autres nouveautés : plus d’obligation d’aligner au moins un lanceur français sur tout un match et possibilité d’une batterie 100 % étrangère.

Aujourd’hui, nous vous présentons… enfin… la poule A, la poule la plus relevée des deux. Elle est composée des équipes suivantes : Huskies Rouen, Barracudas Montpellier, Lions Savigny, Tigers Toulouse, Arvernes Clermont et Vipères Valenciennes.

Huskies Rouen (2018 : Champion, 4ème saison régulière, 15v-9d)

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En 2018 : Rouen a connu une saison 2018 compliquée, c’est à dire que le club a joué les premiers rôles mais sans dominer (soit un excellente saison pour 90 % des clubs de D1). Mais comme les Huskies aiment à le répéter, l’important est d’être prêt au bon moment et ce fut le cas une nouvelle fois avec des playoffs tout en maîtrise, disposant assez facilement de Savigny en quart puis de Sénart en demi avant de s’imposer en trois matchs serrés face aux Cougars de Montigny durant les French Series.

En 2019 : Goodbye Owen Ozanich. L’international français s’en est allé découvrir le championnat pro italien avec Parme. Une grosse perte pour Rouen tant le lanceur, débusqué il y a quelques années dans le Vermont, a été un Ace exceptionnel aux stats hallucinantes. Son départ affaiblit clairement le monticule rouennais qui devra compter sur les jeunes lanceurs que sont les Vaugelade, Prioul ou Moulin. Des lanceurs de talent, pouvant dominer l’adversaire mais également souffrir face aux grosses écuries.

La recrue 2019 Yoimer Camacho, aura donc la lourde tâche d’être l’assurance tout risque de la butte normande. Le vénézuélien affiche un CV impressionnant avec 6 ans dans les ligues mineures pour les Dbacks d’Arizona, les prestigieux Leones de Caracas et l’équipe de San Marin dans le championnat italien en 2016 (0.43 ERA), et plus récemment le championnat argentin où de nombreux talents vénézuéliens ont fui la situation de leur pays. Camacho y a excellé cet hiver, terminant meilleur lanceur de ce jeune championnat. Il a également brillé aux Latin America Series avec son équipe argentine (13 innings, 0 run, 13K pour 1 BB).

En attaque, c’est une autre histoire. Les Huskies vont présenter un lineup monstrueux, malgré le départ aux Etats-Unis de José Paula, avec trois renforts de poids. Premièrement, l’équipe enregistre le retour de Bastien Dagneau, auteur de 7 HR avec Montigny en 2018. Rouen récupère également le MVP de la saison dernière, Ariel Soriano (.411, 5HR), en provenance de La Rochelle. Enfin, les champions ont eu la bonne idée de faire venir le frappeur qui avait martyrisé les lanceurs français lors des Friendship Series en Afrique du Sud l’automne dernier, Rowan Ebersohn. Contre les Bleus, le SudAf avait cogné 5HR, pour une moyenne de .433 et 18 RBI. Avec les trois meilleurs frappeurs d’homeruns de la D1 2018 (Dagneau, Soriano, Gauthier) et Ebersohn, la longue balle va avoir la vie belle avec Rouen.

Le joueur à suivre : Outfielder, Rowan Ebersohn a connu les ligues mineures avec les Twins, les qualifications de la WBC en 2016 et les coupes du monde U23 en 2016 et 2018. Ses performances contre l’équipe de France dans une série de 7 matchs en octobre dernier a impressionné de nombreux Bleus qui ont conseillé à leur club de le recruter. Mais les Huskies ont été les plus rapides et Ebersohn pourrait être un frappeur de puissance qui propulse les Huskies vers un nouveau titre.

Notre prono : La perte d’Owen Ozanich est un vrai coup dur car c’était une assurance tout risque sur la butte. Pour combler cet affaiblissement, les Huskies vont jouer sur la puissance. En saison régulière, cela devrait permettre aux rouennais d’avancer tranquillement en playoffs et de se hisser en finale mais sur une série de cinq manches aux French Series, cela pourrait compliquer la tâche des champions dont la profondeur du pitching staff était l’arme principale.

Barracudas Montpellier (2018 : Demi-finaliste, 2ème saison régulière, 16v-8d)

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En 2018 : Les Barracudas ont débuté la saison 2018 avec beaucoup d’incertitudes, suite à de nombreux départs, mais toujours l’ambition d’être champion. Et ils ont maîtrisé la saison régulière, échouant à la deuxième place pour des défaites sur tapis vert mais la même fiche victoires/défaites que le premier, Sénart. En revanche, hormis le premier match perdu d’un point, les Barracudas n’ont pas existé face à Montigny en demi-finale, laissant une nouvelle fois un goût d’inachevé à la saison des héraultais.

En 2019 : Bis repetita : Montpellier veut être champion. Malgré la perte de deux battes importantes (Mael Zan parti au Texas en college et Jacques Boucheron à Savigny), les Barracudas enregistrent les retours de deux autres gros frappeurs, Larry Infante et Alex Carter. S’ajoute la batte d’Andres Martinez, vénézuélien ayant évolué en Rookie league et A- avec les Washington Nationals en 2012 et de 2014 à 2017 (.252, 4HR). Bien entendu, les montpelliérains compteront avec les jeunes frappeurs français dont deux ont excellé la saison dernière, Paolo Brossier (.329) et Fabian Kovacs (.325). Mais ces derniers manqueront les phases finales pour cause de départ dans les universités américaines.

Sur la butte, les Barracudas vont compter sur un jeune lanceur en pleine progression, Meylian Marin (3.52, 2-1 en 2018) et Kevin Canelon, lanceur vénézuélien expérimenté.

Le joueur à suivre : Kevin Canelon aura fort à faire alors que les Barracudas doivent faire sans Yoan Antonac, parti dans les ligues mineures avec les Phillies de Philadelphie. Mais le vénézuélien a de solides références ayant passé 7 saisons chez les Mets puis les Reds où il a évolué au niveau AA en 2018 (2.94 d’ERA avec les Daytona Tortugas). Il a également joué professionnel en République Dominicaine et en Venezuelian Winter League avec les Tiburones de La Guaira cet hiver.

Notre prono : Montpellier va encore compter sur sa jeunesse pour épauler ses imports. La qualité est là mais le pitching staff semble peu profond, laissant peu de marge de manœuvre face à d’autres prétendants comme Rouen, Montigny et Sénart. Ils devraient donc se battre pour la deuxième place de la poule avec Savigny qui s’est grandement renforcé.

Lions Savigny (2018 : Quart de finaliste, 5ème saison régulière, 13v-11d)

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En 2018 : L’année dernière, les Lions ont affiché un bilan positif. Une première depuis la saison 2012. Ils ont aussi accroché des membres du top 4, et pas seulement sur tapis vert : Rouen, Sénart et Montigny. Des performances dues en grande partie à un recrutement fort judicieux pour leurs imports, particulièrement le dominicain Yeixon Ruiz (.338) et l’australien Conor Lourey, aussi précieux sur la butte qu’en attaque.

En 2019 : Après avoir presque touché le fond puis remonté peu à peu la pente, les Lions ont décidé de franchir la dernière étape de leur reconstruction soit redevenir l’un des grands du championnats comme ce fut le cas pour le club durant quasiment deux décennies. Pour ce faire, le club a misé une nouvelle fois sur un gros recrutement, notamment étranger, profitant des nouvelles règles d’utilisation des joueurs non-français.

Savigny a commencé par faire revenir Conor Lourey et Yeixon Ruiz, auxquels s’ajoutent trois autres recrues étrangères. Sur le monticule, Lourey sera épaulé de l’américain Spencer Bivens et du nicaraguayen Evertz Orozco. Le premier a lancé pour la Roger State University pour laquelle il a posté un ERA de 2.57 alors que le second est passé par les rookies leagues de l’organisation des Atlanta Braves (3.92) avant d’évoluer dans le championnat professionnel du Nicaragua. De bons bras qui permettront aux jeunes lanceurs internationaux Gédéon Coste et Lilian Amoros de monter en puissance avec une moindre pression et au pitching staff de Savigny d’être bien plus concurrentiel que la saison passée.

Le troisième renfort outre-Atlantique est le vénézuélien Ivan Acuna, receveur passé par la NCAA D2 où il a frappé pour .367 et 11 HR. Un renfort de puissance qui aura la charge de remplacer Théo Lakmèche derrière le marbre, ce dernier étant parti dans le championnat tchèque après une saison hivernale en Australie.

L’autre gros coup de leur recrutement est Jacques Boucheron. Le néo-calédonien est l’une des meilleures battes françaises (.357, 1HR en 2018) et intègre un lineup qui pourrait faire des dégâts.

Le joueur à suivre : Il y a beaucoup de joueurs étrangers qu’on aura plaisir à suivre du côté de Savigny (sans compter l’international français Jacques Boucheron) mais pour sa deuxième saison en France, le two-way player Conor Lourey pourrait être l’atout numéro un des Lions en étant déterminant sur la butte et en attaque comme en 2018 où il fut solide au lancer (3.75, 5-3) et décisif en attaque (.360, 2HR). C’est toujours un plaisir de suivre un joueur capable d’exceller dans ces deux domaines et il a le profil d’un joueur pouvant aider à structurer le club sur une ou deux autres saisons.

Notre prono : Savigny fait partie de ces équipes qui ont pleinement profité des nouvelles règles pour se renforcer avec des imports de qualité. En y ajoutant Jacques Boucheron et des jeunes lanceurs arrivant à maturité pour la D1 (Amoros, Coste), Savigny va jouer un rôle d’outsider très intéressant, se battant pour la 2ème place avec Montpellier tout en se méfiant d’une équipe toulousaine combative. Les confrontations contre Montpellier et Rouen nous diront s’ils peuvent espérer mieux qu’une place d’honneur en playoffs.

Vipères Valenciennes (2018 : champion N1, 1er poule A, 22v-2d)

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En 2018 : Et oui, Valenciennes évoluait bien la saison dernière en 3ème division nationale (Nationale 1), profitant de la nouvelle formule des championnats nationaux pour grimper en D1. Une certaine forme de mérite pour ce club dynamique qui aurait du accéder bien plus tôt à la D2 et qui a dominé son sujet en N1 tant en poule qu’en playoffs.

En 2019 : Passer du niveau N1 à la D1, c’est comme bondir au-dessus d’un gouffre. Il était donc impératif pour les Vipères de se renforcer au maximum, là encore en profitant des nouvelles règles pour les étrangers. En conséquence, c’est une véritable armée du monde entier qui débarque à Valenciennes. Certains vivent en France et ont connu la D1, soit il y a longtemps (Lipcius Patino avec Ermont en 1999), soit récemment (Rahim Saidi avec Clermont et Saint Just) ou pendant longtemps et au très haut niveau (Luis Aponte avec Sénart, Savigny et Rouen). Autre renfort venant de la D2, l’ancien lanceur de la réserve rouennaise, Théophile Danne. Venu de Belgique, Cyril Brabant (Tournai, D3) renforcera le pitching staff. D’Espagne débarquent Francisco Kingsley, lanceur international U23 venant de Pampelune (1ère division espagnole), et Abraham Antepaz, un vénézuélien qui s’est distingué en 2ème division espagnole.

Et ce n’est pas fini. Les Vipères accueillent deux anciens imports de Sénart, Frank Mata Salcedo (2.54, 5-6) et Raudelin Legra Perez (.352, ERA 3.80, 2-1)). Deux renforts très solides pour le promu auquel s’ajoute un joueur universitaire, LaMonte Toombs (Curry College, NCAA D3).

L’idée de Valenciennes est donc de muscler tous les secteurs du jeu et notamment le pitching pour encadrer leurs jeunes lanceurs Benjamin Guionneau (4.33, 5-1) et William Williamson.

Le joueur à suivre : Meilleur frappeur de la 2ème division espagnole, Abraham Antepaz pourrait bien animer l’attaque de Valenciennes. L’ancien des Tiburones de Malaga affiche constance et puissance. Et a même eu l’occasion de lancer. Un plus qui pourrait permettre au pitching staff de s’étoffer.

Notre prono : beaucoup de renforts dans le Nord mais des renforts qui restent légers pour espérer titiller les grosses écuries ou même des équipes comme Toulouse, notamment au niveau du pitching. En revanche, dans la course au maintien, cet effort de recrutement s’avérera déterminant pour franchir le gap entre N1 et D1. Le lineup pourrait compenser la faiblesse du pitching face aux équipes de bas de tableau.

Tigers Toulouse (2018 : Champion D2, 1er poule B, 20v-4d)

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En 2018 : Le Stade Toulousain Baseball a régné sur la 2ème division, terminant la saison avec la meilleure attaque, le meilleur ERA et la meilleure défense. En playoffs, ils ont disposé en trois matchs gagnants de Rouen 2 en demi-finale et de Clermont-Ferrand, relégué de la D1 2017, en finale.

En 2019 : Les Tigers sont de retour en D1 (après une demande de relégation volontaire à l’issue de la saison 2016 alors qu’ils avaient terminé 4èmes), leur place naturelle tant cette équipe était capable de bousculer les meilleurs, jouant régulièrement les playoffs. De fait, l’équipe sera constituée de joueurs ayant bien connu ce niveau de jeu comme Sébastien Neumann (1.25, 10-0, .300), Garcia Euri (1.45, 8-1, .380), Leonel Sanchez (.446) ou Jossue Mendoza Ordonez (.514). Sans compter que le club sera renforcé par quelques jeunes talents du Pôle France de Toulouse.

Le club de la Haute-Garonne enregistre également les retours de deux joueurs qui ont connu le club il y a quelques années, l’international et ancien joueur des Ligues Mineures Andy Paz et James Murrey. De plus, les Tigers ont fait appel au lanceur vénézuélien Keivy Rojas, qui avait évolué en 2017 avec les Barracudas de Montpellier, et qui a rejoint Toulouse en 2018 (0.92, 2-0 en 19.2 innings).

Le joueur à suivre : Quand il arrive en 2011 aux Tigers, James Murrey n’imaginait pas forcément faire sa vie en France. Ce talentueux lanceur universitaire américain poste un ERA impressionnant de 1.11, ce qui lui vaut d’attirer l’attention des autres clubs. C’est avec le PUC, alors en pleine reconstruction, qu’il s’engage, devenant un rouage essentiel du club, notamment lors de leur très belle saison 2014 (finaliste). Si le lanceur américain n’est plus aussi dominant qu’avant, pris par ses engagements professionnels, et après une pause en 2017, il a débuté un léger retour avec le PUC la saison dernière. En forme et concentré sur son baseball, il peut être un vrai atout pour un Toulouse qui a bien besoin de renfort au monticule pour redevenir le poil à gratter de la D1.

Notre prono : Toulouse devra se réadapter à la D1 et sera un peu court cette année pour jouer les playoffs. Cependant, les Tigers joueront un rôle d’arbitre en bousculant certaines grosses écuries sur un match et devrait finir à la 4ème place. Les playdowns ne devraient être qu’une formalité pour le champion D2 sortant. Une équipe qui sera à surveiller en 2020.

Arvernes Clermont-Ferrand (2018 : Vice-champion D2, 1er poule A, 18v-6d)

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En 2018 : Relégué en D2 à l’issue de la saison 2017 (4v-24d), Clermont n’a pas connu de réelles difficultés en D2 où seuls les Toulousains leur ont été supérieurs.

En 2019 : Sans les talentueux renforts étrangers qui leur avaient permis de briller en 2016, les Arvernes ont souffert le martyr en 2017. Pour leur retour en D1, Clermont semble sur la logique 2017 de ne pas affaire appel à de coûteux mais talentueux imports, et tentera de survivre avec les retours de Brice Lorienne, de José Heredia (.441), Nicolas Martin (3.82, 2-2) et Gilberto Berry Rivera, qui a frappé pour .114 avec les Ducks, avant leur retrait de la D1 la saison dernière, puis .283 avec les Arvernes en D2.

Le joueur à suivre : Brice Lorienne a le niveau pour la D1. Par deux fois, il a été infidèle à son club quand celui-ci évoluait un ou deux rangs en dessous de l’élite. A chaque fois, Sénart en a profité comme en 2018 où il frappa pour .255 de moyenne. Le reste du temps, il a été généralement le leader d’attaque, portant même celle-ci à bout de bras en 2017 (.306, 1HR). Clermont aura encore besoin d’un grand Lorienne pour exister dans le championnat.

Notre prono : Clermont n’a pas voulu ou pu jouer le jeu de la surenchère d’imports. Par conséquent, le club semble moins bien armé que les autres équipes de la poule, à l’exception de Valenciennes avec qui les Arvernes vont batailler en fin de tableau. Le pitching risque d’être leur plus grande faiblesse et ils seront dans la lutte pour les playdowns. Leur expérience du niveau D1 pourrait être leur petit plus face à des clubs comme Nice, Metz et Valenciennes.


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