La NFL ? Terminée. La NBA ? Presque terminée. Ces deux sports majeurs aux Etats-Unis vont peu à peu laisser leur place au 3e larron. La MLB. Un peu comme la nature, au printemps, la MLB sort de son hibernation et vient fleurir nos soirées (et surtout nos nuits). Alors qu’on se rapproche de plus en plus du début de la saison régulière, il est grand temps de se pencher sur les forces en présence. Du coup The Strike Out passe en mode présentation et vous propose de faire connaissance avec les versions 2019 des 30 franchises. Chaque jour, retrouvez une nouvelle équipe. On prend la direction du Wisconsin pour poser nos valises chez les Brasseurs de bière, à Milwaukee !
Retour sur 2018 : À un match des World Series…
Après un mercato 2017 XXL où le board de Milwaukee décide d’y aller « all-in » avec notamment la double arrivée en 24h de Yelich & Cain, l’équipe était attendue. On promettait du spectacle, des HR et une équipe compétitive afin de retrouver la postseason 7 ans après, et force est de constater que le résultat a été à la hauteur des espérances. Derrière les Cubbies début septembre, la bande à Counsell termine un exercice 2018 en boulet de canon avec 19 victoires sur ses 28 derniers matchs, un « Game 163 » face aux Cubs remporté pour la division et des Rockies balayés de façon cuisante en Division Series (Colorado n’inscrira que 2 petits runs en 3 matchs, restant « fanny » 27 manches… sur 28 !)
Débarqués en Championship Series à la vitesse d’un TGV, les « Beermakers » tombent finalement face aux Dodgers lors du 7e et dernier match. Une défaite cruelle et douloureuse, encaissée plus à l’expérience qu’autre chose, tant le niveau de jeu fut remarquable et équilibré entre les deux équipes tout au long de ce qui restera sans conteste comme LA série des play-offs 2018. À la façon de nombreuses équipes ces dernières saisons, The Brew Crew a tout pour retourner au moins aussi loin que là où il s’est arrêté l’an passé. Après avoir raté d’une marche les World Series, Milwaukee entend bien rugir de nouveau dans un Miller Park en fusion. Mais pour ça il faudra d’abord confirmer.
Que faut-il attendre pour 2019 : L’heure du sacre
Quelques mouvements notables lors de cette intersaison à Cream City. On notera les départs des lanceurs Miley, Gonzalez ou Soria et l’arrivée d’Alex Claudio dans l’enclos mais surtout du catcher le plus convoité de cette Free Agency : Yasmani Grandal.
Malgré sa défense catastrophique face aux Brewers lors du Game 1 des NLCS, Grandal est l’un des meilleurs à son poste. L’an dernier Milwaukee a empilé les joueurs derrière le marbre avec Pina, Kratz ou Bandy sans jamais trouver un taulier. Le trio a terminé 21e à l’OPS générale des Catchers (.657). Or le Cubain est reconnu pour sa puissance régulière (.782 OPS en carrière) avec notamment 22 HR frappés chaque année depuis 2016 (73 HR en trois saisons). En le signant un an pour 18.2 M$, la franchise du Wisconsin s’offre un vétéran au leadership établi, capable d’apporter son vécu et sa défense derrière la plaque.
Autre bonne nouvelle pour les fans, la signature de Moustakas pour apporter plus de profondeur à un effectif déjà bien rôdé. Agent libre après être arrivé l’été dernier à la trade deadline, l’ex infielder des Royals compte tout de même 66 HR et 180 RBI depuis deux ans. Le reste de l’infield est terrifiant avec Shaw (32HR, 86 RBI) et Aguilar (35 HR, 108 RBI) aux corners, capables de détruire n’importe quel ace.
D’une manière générale, l’offense est l’arme principale de cette équipe avec le MVP Yelich en tête de gondole (voir plus bas). En 2018, le lineup termine 2e de National League en HR et 4e en OPS avec 4 frappeurs à 20HR+ (Yelich, Aguilar, Shaw, Braun). Avec Grandal et Moustakas en plus, le pouvoir de frappe de cette équipe semble sans limite avec potentiellement 5 à 6 menaces différentes dans l’alignement, de quoi donner de véritables maux de tête aux coachs adverses.
Une fois sur les sentiers, l’équipe reste très rapide avec les mobylettes Yelich ou Cain ce qui en fait aussi la 1e team de NL au nombre de bases volées. L’arsenal offensif est complet et l’effectif est profond avec des Thames, Perez, Gamel sur le banc plus une ou deux futures pépites potentielles comme Hiura dans le farm system.
À vrai dire la seule « faiblesse » réside dans la rotation qui est pour le moment composée d’un quintet Chacín (15-8, 3.50), Peralta (6-4, 4.25), Woodruff (4 starts), Burnes (0 start), Davies (2-7, 4.77). C’est d’ailleurs dans cet ordre que le « Crew » ouvrira sa saison. Rien n’a vraiment changé pour les Brewers depuis un an et on observe toujours un pitching staff scindé en deux. Avec d’un côté une rotation correcte mais sans plus, 11e de MLB l’an passé, et de l’autre un bullpen construit à base de nitroglycérine. Et entre les deux, le Factor X du Wisconsin : Jimmy Nelson.
Le droitier qui a émergé en tant qu’ace à Milwaukee après une éclatante saison 2017 (12-6, 3.49 ERA, 10.2 K/9) n’a plus lancé la moindre balle dans une rencontre officielle depuis plus de deux ans suite à des problèmes récurrents à l’épaule. Actuellement sur le chemin de la guérison, le joueur de 29 piges devrait renfiler le gant en début de saison. La question que tout le monde se pose aux abords du Miller Park est de savoir quel Jimmy Nelson va revenir ? Celui qui a struck out 199 batters en concédant seulement 48 walks en 2017 ? Ou le lanceur médiocre qui menait la MLB avec le plus grand nombre de base on balls à son actif durant la campagne 2016 (86) ?
Surtout dans quel état de santé Nelson, abonné à l’Injured Liste, va-t-il revenir lui qui, on le répète, n’a plus foulé la moindre pelouse depuis septembre 2017 ? Je ne serais pas étonné de voir Chris Hook, le pitching coach, préserver son lanceur autour des 100 manches dans la saison. Si Nelson peut apporter aux Brasseurs quelques manches solides pour démarrer les matchs avant de passer la balle à Josh Hader and co, cela pourrait être un véritable plus pour une équipe qui a quand même remporté 96 matchs sans lui l’an passé.
Pour le reste, malgré la perte de Soria, les Brewers conservent un véritable monstre à trois têtes avec Corey Knebel, Jeremy Jeffress et Josh Hader. En 2018, ce cerbère-là a enregistré 43 saves participant grandement à l’éclatante réussite de l’enclos. Avec eux sur la butte, les frappeurs adverses sont restés inoffensifs puisque Hader avait un BAA de .131, Jeffress de .181 et Knebel de .193. On parle ici du meilleur Pen’ de National League qui pourrait obtenir le renfort dans les jours qui viennent d’un certain… Craig Kimbrel. DAMN !
La star à suivre : Christian Yelich
Y avait-il réellement un doute ? Christian Yelich n’est pas seulement la « star » de Mil Town. Non, depuis l’an passé, Yeli est rentré dans une nouvelle dimension en devenant la « star du show » après un titre MVP braqué avec 99% des voix. Le gamin de Californie a sorti une saison au-delà des attentes échouant à seulement deux HR et un RBI de la Triple Couronne (36 HR, 110 RBI, .326). Devenu au fil de la saison le guide spirituel des Brewers, Christian Yelich est aujourd’hui respecté et craint par les lanceurs adverses. Dernier exemple en date lors des dernières Divisions Series face à Colorado où les Rockies le firent marcher au premier coussin à six reprises. À 27 ans, le chouchou du Miller Park peut devenir une légende en ramenant le premier sacre de l’histoire de la franchise.
Le joueur à suivre : Josh Hader
Après une première saison dans le grand bain réussie en 2017 (2.08 ERA), Josh Hader explose littéralement à la face du monde en 2018. A 24 ans, le gaucher fait fi de la pression qui peut peser sur les épaules d’un jeune lanceur pour devenir le visage de la nouvelle génération de releveurs. Fin avril il enterre les Reds avec un save historique sur 2.2 manches avec… 8 strikeouts ! Une première dans l’histoire.
A mi-saison, affichant 1.21 ERA, 83 Ks en 44 manches il est logiquement sélectionné pour son premier match des étoiles. Sa ligne de stats sur la saison 2018 (6-1, 12 Saves, 2.43 ERA, 143 Ks en 81 manches) fait de lui le meilleur joueur d’enclos de National League et le fer de lance du carré magique qu’il compose avec Soria, Knebel et Jeffress. Les observateurs alors conquis se demandent toutefois comment il va réagir à la pression des play-offs. Une première absolument dantesque où Hader broie à répétition les attaques adverses. Résultat ? 10 manches, 16 Ks, 1 BB et aucun run concédé pour une ERA à 0.00 et une MLB a ses pieds. Quelques jours plus tard, il décroche logiquement le titre de « NL Reliever of the Year » qui appartenait à Jansen depuis 2016.
Notre prono :
68 victoires en 2015, 73 en 2016, 86 il y a deux ans et 96 l’an passé avec le meilleur bilan de National League, les « Bleu, Blanc, Or » sont en constante progression depuis l’arrivée sur le banc de Craig Counsell. Avec un effectif renforcé notamment au poste de Catcher, un groupe solide et inchangé fort de son expérience commune en postseason et animé par un esprit de revanche, Milwaukee a tout pour mettre fin à l’hégémonie des Dodgers en NL. Mais avant ça il faudra régler la Central qui s’annonce particulièrement relevée avec les renforts enregistrés par les Cards ou les Reds. L’autre menace viendra évidemment de Chicago même si je vois les « Brasseurs » conserver leur avantage technique et psychologique (8 victoires lors des 12 dernières rencontres) face à leurs rivaux du Nord. Au final, je pars sur les Brewers en un dans cette division très serrée. Avec en ligne de mire les Fall Classic avant de, pourquoi pas, célébrer un premier sacre avec une grande parade historique et festive quelque part sur les rives du Lac Michigan… Avec beaucoup de bière cette fois !
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