La NFL ? Terminée. La NBA ? Presque terminée. Ces deux sports majeurs aux Etats-Unis vont peu à peu laisser leurs places au 3e larron. La MLB. Un peu comme la nature, au printemps, la MLB sort de son hibernation et vient fleurir nos soirées (et surtout nos nuits). Alors qu’on se rapproche de plus en plus du début de la saison régulière, il est grand temps de de pencher sur les forces en présence. Du coup The Strike Out passe en mode présentation et vous propose de faire connaissance avec les versions 2019 des 30 franchises. Chaque jour, retrouvez une nouvelle équipe et on continue notre série avec les Phillies de Philadelphie.
Retour sur 2018 : Des débuts de quelque chose
Après une saison cauchemardesque en 2017 (66 victoires pour 96 défaites), difficile d’imaginer pire pour Philadelphie pour 2018. Dix ans après le dernier titre suprême, un vent nouveau avec l’arrivée d’un nouveau manager, Gabe Kapler. Le coach body-buildé a commis quelques erreurs sur ses premières sorties mais a ensuite plutôt réussi son pari. Le bilan final laisse quelques regrets (80-82) car pendant plusieurs mois les Phillies étaient même des prétendants à la wild-card. 80 victoires, c’est quand même le plus grand nombre depuis 2013. Un bilan quasi équilibré qui reflète une saison globalement moyenne à tous les niveaux.
La rotation des Phillies a terminé 11e ERA de NL (4.14), 7e en WHIP (1.29) et 9e AVG adverse (.249). Deux lanceurs seulement ont terminé avec plus de victoires que de défaites : la révélation Aaron Nola, voir plus loin, (17-6 ; ERA 2.37 ; 33 starts ; 212.1IP ; AVG .197 ; WHIP 0.97) et Zach Elfin (11-8 ; ERA 4.36 ; 24 starts). Derrière : le vétéran Jake Arrietta (10-11 ; ERA 3.96 ; 31 starts ; 172.2IP ; WHIP 1.29), Velazquez (9-12 ; ERA 4.85) et Pivetta (7-14 ; ERA 4.77).
En fait c’est surtout l’attaque qui n’a pas été à la hauteur : pire AVG (.234) et plus petit nombre de hits de toutes les équipes MLB à égalité avec les Mets pour les deux catégories. 23e en SLG, 21e en nombre de points marqués, 19e en OBP (.314), 15e en HR. Ça se reflète évidemment dans les performances individuelles avec en Top 4 des batteurs : Herrera AVG .255 et OBP .310 ; Cesar Hernandez AVG .253 ; Hoskins AVG .246 mais quand même 34HR ; Santana AVG .229.
Que faut-il attendre pour 2019 : Retrouver la postseason
L’alignement type des Phillies pour cette année compte pas moins de quatre nouveaux joueurs! Pour n’importe quelle franchise, on parlerait de temps d’adaptation nécessaire, d’automatismes à trouver, de casse-tête pour le manager… Mais quand ces quatre joueurs s’appellent Harper, Realmuto, Segura et McCutchen, ça parait tout de suite un peu plus facile… même si Gabe Kapler devra quand même diriger tout ce beau monde pour sa 2e saison seulement à ce poste de responsabilité.
Le trio de champs extérieurs a de la gueule avec de gauche à droite : Andrew McCutchen, Odubel Herrera et Bryce Harper avec dans le mix Nick Williams, Aaron Altherr et Roman Quinn. Il faudrait d’ailleurs suivre la destinée de ces derniers, notamment Williams et Altherr qui pourraient servir de monnaie d’échange pour un trade. Du côté de l’infield : Rhys Hoskins (1B), Cesar Hernandez (2B), Maikel Franco (3B), Jean Segura (SS) et J.T. Realmuto (C).Aucun changement à prévoir côté rotation avec un quintet Aaron Nola, Jake Arrieta, Nick Pivetta, Vince Velasquez et Zach Eflin. Pour le bullpen : Eickhoff, De Los Santos, Suarez et la grosse plus-value David Robertson pour récupérer le job du closer.
Du côté de la réserve, le Farm System a été dégarni : le n°1 Sixto Sanchez, Jorge Alfaro et Will Stewart sont partis pour Miami dans le trade de Realmuto. L’ex-prospect J.P. Crawford est lui à Seattle après l’échange pour Segura. Un jeune joueur est toujours dans l’organisation et il faudra suivre ses progrès : Mickey Moniak, n°1 de la draft 2016. L’OF aura 21 ans au mois de mai. Il a disputé une centaine de matchs l’an dernier en Class A Advanced. S’il ne devrait pas être appelé cette saison en MLB, il devrait progresser dans les Mineures pour se positionner pour 2020.
La star à suivre : Euh?… Bryce Harper!
Inutile de revenir dans le détail de cette signature hors-norme du joueur de Vegas (13 ans, 330 millions de $, “no trade clause”, “no opt out option”, ce qui veut dire techniquement que Harper peut jouer à Philly jusqu’à ses 39 ans!!!!). Intéressons-nous plutôt à ce que le #3 (il abandonne son #34 porté par le regretté Roy Halladay) va apporter à cette équipe qui vise haut dans les prochains mois.
Harper apporte bien sûr sa puissance. Après la saison de sa 25e année, il compte déjà 184 HR en MLB, soit 5 seulement de moins que le recordman du genre, Ken Griffey, Jr. Lors d’une année 2018 considérée au mieux comme moyenne avec les Nats, le joueur a quand même compilé 34HR et 100RBI, un combo qu’aucun joueur des Phillies n’a reproduit depuis Ryan Howard en 2011! En parlant puissance, son OPS moyen de .953 sur les 4 dernières saisons n’a été reproduite que par deux joueurs de Philly sur les 41 dernières années (Bobby Abreu à trois reprises et Greg Luzinski). Pour couronner le tout, en dehors de son ancienne maison du National Park, c’est au Citizens Bank Park qu’Harper a été le plus dominant au cours de sa carrière : 14HR en 50 matchs seulement, avec 32RBI et une moyenne de .268!
Parmi tous les gens heureux de cette signature à Philadelphie, ceux qui le sont encore plus sont les lanceurs partants de l’équipe : les Phillies n’étaient que 17e de toute la MLB en “run support” en 2018. Concernant sa place dans l’alignement, cela reste encore un peu flou : n°3 naturel, il peut tout aussi bien être n°2 comme Judge chez les Yankees ou Yelich chez les Brewers, voire même n°1 comme Betts à Boston. Car il ne faut pas résumer l’apport offensif d’Harper à sa puissance, il est également très discipliné : sur les trois dernières saisons (minimum 300 PA), seuls trois joueurs ont obtenu plus de 300BB en concédant moins de 400K : Joey Votto, Mike Trout… et Harper. Zoom aussi sur sa vitesse : 8 joueurs seulement – dont Harper évidemment – ont aligné au minimum 85HR et 35SB sur ces même trois dernières saisons (les autres : Trout, Betts, Lindor, Goldschmidt, Dozier, Blackmon et Story).
La défense d’Harper en revanche a été souvent suspecte, notamment la saison dernière (blessure cachée? peur de la blessure avant sa “free-agency”?)… mais est-il attendu sur cet aspect là de son jeu? La réponse est non évidemment. Déjà 6 fois All-Star et 1 fois NL MVP (en 2015), Harper veut bâtir sa légende à Philadelphie après avoir échoué à faire grimper son club formateur de Washington au sommet. Il est évidemment un énorme + pour ces Phillies, mais les résultats dépendront aussi de la prestation de la rotation… à commencer par un jeune homme qui n’en finit pas d’impressionner…
Le joueur à suivre : Aaron Nola
Choix du premier tour à la draft de 2014, débuts en MLB en juillet 2015, 3e du vote NL Cy Young en octobre 2018… Aaron Nola, 25 ans, s’est révélé aux yeux de tous l’an dernier. On espérait une bonne saison de sa part car les promesses étaient là mais il a dépassé toutes les espérances : 17 victoires, 6 défaites, 33 starts, ERA 2.37 et WHIP 0.98. C’était la deuxième année consécutive où il faisait progresser son ERA de plus d’un point, juste énorme!
Juste récompense du front office des Phillies : Aaron Nola a signé cet hiver une extension de contrat. Un deal qui garantit au minimum 45 millions de dollars sur les 4 prochaines années pour le jeune Ace (5e année en option équipe). Dans le contexte fou des contrats de Harper et Machado, la somme parait même modeste pour un tel talent. On ne va pas plaindre le lanceur non plus : son salaire va passer de 573 000 dollars en 2018 à 4 millions cette année!
Le plus dur commence pour lui : la confirmation. Surtout que les regards et les attentes ont complètement changé depuis le 28 février. Les Phillies seront attendus au tournant par tous, spectateurs, équipes, médias… et Nola devra assurer son statut de lanceur numéro 1 d’une franchise qui n’ambitionne rien d’autre que les World Series dans un futur proche.
Notre prono
Les arrivées d’Harper, Realmuto, Segura, McCutchen et Robertson renforcent-elle l’effectif des Phillies? OUI sans aucun doute! Font-elles des Phillies un candidat à la postseason? Bien sûr! Font-elles des Phillies un prétendant au titre dès cette année? Beaucoup moins de certitude. L’attaque va très clairement progresser, le bullpen est renforcé mais quid de la rotation? Derrière Nolan, seul Arietta est une valeur sûre mais peut-il faire mieux qu’en 2018? Ca me parait un peu juste et précoce pour prétendre aux World Series cet automne avec aussi peu d’assurance sur le monticule. Une solution pour Philadelphie pour monter d’un cran dans la hierarchie ? Etre présent à la trade deadline et pêcher un lanceur en fin de contrat (Archer, Estrada, Wacha, MadBum) ou agent-libre en 2021 (Stroman, Ray).
A l’image des Sixers, l’équipe NBA de la ville, les Phillies sont passés à la phase 2 du “Process”! Après des années de tanking donc de mauvais résultats, de trades des meilleurs joueurs, de Farm System à faire mûrir, la saison 2019 est un tournant. Dernier élément à prendre en compte : la concurrence folle qui s’annonce en NL East où seuls les Marlins sont d’office hors-course pour les play-offs. Mais les Nationals, les Braves et les Mets peuvent tout autant que les Phillies terminer en tête de la Division.