Preview 2019 – Cincinnati Reds : Relancer la Red Machine

La NFL ? Terminée. La NBA ? Presque terminée. Ces deux sports majeurs aux Etats-Unis vont peu à peu laisser leurs places au 3e larron. La MLB. Un peu comme la nature, au printemps, la MLB sort de son hibernation et vient fleurir nos soirées (et surtout nos nuits). Alors qu’on se rapproche de plus en plus du début de la saison régulière, il est grand temps de de pencher sur les forces en présence. Du coup The Strike Out passe en mode présentation et vous propose de faire connaissance avec les versions 2019 des 30 franchises. Chaque jour, retrouvez une nouvelle équipe et on continue notre série avec les Cincinnati Reds.

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La franchise bannière des années 70 à l’époque de la Big Red Machine, avec 4 participations aux World Series dont 2 titres en 1975 et 1976, a connu des jours compliqués dans la NL Central récemment avec 4 saisons de suite terminées en dernière place de la division, série en cours. Les Reds ont tout de même réussi à atteindre le match de Wildcard en 2013 (perdu contre Pittsburgh) et les NLDS en 2012 (perdues contre les futurs champions, les San Francisco Giants), mais la dernière série de playoffs remportée remonte à 1995 ! La franchise de l’Ohio aura fort à faire dans une division NL Central plus compétitive que jamais, mais l’avènement d’une nouvelle vague de talents semble propice à un retour sur le devant de la scène dans un futur proche.

La saison 2018

Encore une fois en dernière place de la division NL Central, l’une des plus relevées de MLB (4 équipes à plus de 50% de victoires en 2018), avec un bilan de 67 victoires contre 95 défaites (.414). Un début de saison catastrophique avec seulement 3 victoires en 18 matches a mené au départ du manager Bryan Price le 19 avril, remplacé par son adjoint Jim Riggleman pour le reste de la saison. Celui-ci ne semblait pas être là pour rester et l’incertitude aurait dû condamner les Reds aux tréfonds du classement. C’est donc un petit miracle que Cincinnati a réalisé en accumulant un bilan de 64-80 (.444) sous Riggleman. Symbole de ce non naufrage, Matt Harvey, après son départ en disgrâce des Mets début mai (ERA à 7,00 en 27 manches), a réalisé un ERA de 4,50 sur 24 départs avec les Reds, soit son meilleur niveau (ou moins pire) depuis 2015. Mais l’élément le plus rassurant à retenir de cette saison qui n’annonçait rien de bien est sans doute la présence de 3 joueurs de l’équipe au All Star Game (Joey Votto, Scooter Gennett et Eugenio Suarez) soit autant que les Cubs ou les Dodgers. Les Reds montent en puissance à la frappe. Leur problème réside dans leur groupe de lanceurs, notamment la rotation. Celle-ci a enregistré un ERA de 5,02 en 2018, seuls les Padres ont faire pire en NL avec 5,09. Peu étonnant lorsque l’on sait que Luis Castillo a mené l’équipe avec seulement 169 manches et un ERA de 4,30.

Les mouvements

C’est donc la rotation des lanceurs partants qui a eu le droit à la majorité des retouches faites pendant l’hiver. Tout d’abord avec l’arrivée de Tanner Roark le 12 décembre, échangé par les Nationals. Sa saison 2016 avec un ERA de 2,83 est oubliée mais il a lancé au moins 180 manches pendant 3 saisons de suite, ce qui fera du bien pour éviter de surcharger le bullpen. En janvier c’est Sonny Gray qui a été échangé à Cincinnati par les Yankees après une année 2018 cauchemardesque dans le Bronx. Il faut espérer qu’il se rapprochera de son niveau de 2017 (ERA à 3,55) voire de 2015 (2,73).

Toutefois, le trade qui a marqué les esprits cet hiver, LE blockbuster, c’est celui du 21 décembre avec les Dodgers. Au revoir Homer Bailey et son contrat de 23 millions de dollars pour 2019, et bienvenue à Alex Wood, All Star et révélation 2017 avec un ERA de 2,72. Mais ce n’est pas tout ! Yasiel Puig rejoint aussi les Reds pour 2019 ! Et Matt Kemp ! Ce-dernier a ressuscité sa carrière avec une saison 2018 de niveau All Star. Ce trade s’apparente à un échange de gros contrats, avec les 21,75 millions annuels de Kemp mais les Reds se retrouvent avec 3 joueurs à haut potentiel et expérimentés qu’ils auraient bien eu de mal à obtenir autrement, dont 2 pour leur champ extérieur faiblard jusqu’à alors.

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Yasiel Puig, l’amuseur Numéro 1 de la MLB sera l’attraction de l’année à Cincinnati.
Photo : Joe Camporeale – USA TODAY Sports

Du côté des free agents, Cincinnati est peu actif dans ce registre. On notera le départ de Billy Hamilton et l’arrivée du releveur gaucher Zach Duke.

Les ambitions pour 2019 : Rebondir

Avec David Bell, le nouveau manager en poste, les Reds sont prêts à repartir de l’avant. Il faudra pour cela que la rotation se montre bien meilleure que par le passé. Wood sera-t-il capable d’éviter les blessures et de se révéler comme l’ace de l’équipe ? Le bullpen pourra-t-il tenir le coup ? Jared Hughes, le releveur droitier de 33 ans sort de sa meilleure saison (ERA de 1,94 sur 78 manches) et jouera un rôle déterminant dans les fins de matches pour épauler Raisel Iglesias, le closer. Celui-ci a obtenu 30 saves en 2018, mais il faut saluer sa capacité à entrer dans un match quelle que soit la situation. 19 fois, il est entré dans la 8ème manche. Le plus pour tous les lanceurs avec au moins 30 saves. Il a lancé plus d’une manche 17 fois, et il est entré 16 fois avec des coureurs en base. On est loin du rôle classique de closer, limité à la 9ème manche.

Le point fort de Cincinnati est son farm system, classé 8ème meilleur de la ligue par MLB Pipeline. Nick Senzel, considéré comme le 6ème meilleur prospect de MLB, mène un groupe composé notamment de Jesse Winker, Hunter Greene et Taylor Trammell. Ces derniers pourraient rapporter gros dans un trade. Senzel quant à lui pourrait obtenir du temps de jeu en MLB dès cette année. Bien qu’il soit bloqué en 2B et 3B par Gennett et Suarez, il pourrait jouer en champ extérieur avec Puig et Winker, sa batte compensant largement les défauts défensifs.

Cette arrivée de sang neuf fait figurer les Reds en 3ème place de la division avec 81-81 dans les projections PECOTA.

La tête d’affiche : Joey Votto

Le canadien, MVP 2010, a connu une année difficile en 2018 avec seulement 12 homeruns et un OPS de 0,837, ses pires stats dans sa carrière en excluant la saison 2014 où des blessures à la cuisse et au genou gauche l’avaient limité à 62 matches. En 2017, Votto avait terminé second du vote de MVP derrière Giancarlo Stanton, avec 34 HRs et un OPS de 1,032. En 2018, la figure de proue des Reds depuis 2009 a disputé 145 matches. Cela pourrait sembler normal, mais Votto avait réussi à participer à la totalité des 162 matches d’une saison en 2017 et en 2013, et 158 en 2015 et 2016. Sa chute de puissance l’an dernier semble indiquer un déclin pour la star de 35 ans, 6 fois All Star. Néanmoins, comme à son habitude, Votto a mené la NL en OBP avec une marque de .417 et il n’a eu aucune difficulté à dépasser la barre des 100 walks. Sa maitrise de la zone de prises est toujours aussi impressionnante. Son taux de swings sur les balles dans la zone est 5,1 fois plus élevé que sur les balles hors de la zone, loin devant le second dans cette catégorie, Brandon Nimmo (3,91) !

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Les swings de Joey Votto sur les balles clairement dans la zone ou clairement en dehors (2018)

Lui-même considère sa saison “un peu comme un choc, désynchronisé de mon jeu”. Il pense avoir trouvé l’explication à son manque de puissance dans sa gestuelle. Avec des frappeurs de plus en plus menaçants autour de lui dans le lineup des Reds, aucun doute que Votto saura rebondir en 2019. Jusqu’à son niveau de MVP ? Quoiqu’il en soit, on s’émerveillera toujours autant des merveilleux moments qu’il nous offre sur le terrain et en dehors. Comment ne pas aimer Joseph Daniel Votto ?

 

Le joueur à suivre : Michael Lorenzen

Un releveur ?! Quoi de plus ennuyeux ?

Mais il ne s’agit pas d’un releveur comme les autres. Il sait frapper, et il frappe fort ! En 2018, Lorenzen a frappé 4 HR en 34 passages au bâton. Aucun autre lanceur n’en a frappé plus de 2 (si on ne compte pas Shohei Ohtani évidemment). Un taux de homerun de 11,7% ! Loin devant Luke Voit (15 HR en 161 PA, 9,3%) ou les sluggers Khris Davis et Joey Gallo (autour de 7%). Ajoutez à cela une slash line insensée de .290/.333/.710 et vous obtenez un wRC+ de 173, soit une production offensive 73% meilleure que la moyenne (de TOUS les frappeurs). C’est mieux que Shohei Ohtani (152) ! Parmi les lanceurs avec au moins 20 PA en 2018, le second a un wRC+ de 87.

Avec de telles stats, ce serait du gâchis de limiter Lorenzen à une trentaine de passages au bâton par an dans son rôle de releveur. C’est pourquoi Lorenzen passe une partie de son temps durant ce Spring Training à s’entrainer en champ centre. Il jouait CF à l’université avant d’être drafté par les Reds en 2013. Bien qu’il ne soit pas prévu qu’il joue régulièrement à cette position, développer sa polyvalence ne peut qu’avantager les Reds. Lorenzen joue déjà un rôle innovant dans le bullpen, il est capable de lancer plusieurs manches et il lui arrive d’entrer en jeu dès la 4ème manche si besoin est. La possibilité de le faire jouer en CF ouvre de nombreuses portes. On pourrait voir ce genre de séquence P-CF-P qui lui permettraient de frapper plusieurs fois dans le même match.

En tant que fans, on s’en réjouit presque autant que de l’arrivée de Shohei Ohtani à l’hiver dernier.

Notre prévision

Pour la première fois depuis plusieurs années, les Reds sont à l’attaque. Finies les années de disette dans les fonds du classement. Pour la première fois depuis 2013 Cincinnati peut rêver à la postsaison. Ils seront dans la course jusqu’au moins de septembre mais risquent de finir un peu court. Entre 80 et 85 victoires.


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