Après deux saisons marquées par le règne des Cubs, la « Central » a sur le papier l’une des divisions les plus indécises des Majors. Entre des Cardinals revanchards et la machine bien huilée de Chicago, Milwaukee va endosser l’étiquette de poil à gratter avec l’ambition à peine dissimulée de venir choper sa place pour le grand bal d’octobre. Dans le fond de la classe, on risque de retrouver des Pirates désossés pendant le marché hivernal ou des Reds d’un Joey Votto trop esseulé pour espérer jouer autre chose qu’un second rôle. Le verdict final aura bien lieu en septembre et même si la vérité du diamant est parfois bien différente de celle attendue à l’orée de la saison, TSO tente son éclairage. Dans ce qui constitue sans doute un cauchemar pour les parieurs du mois de mars. Bienvenue en Central.
Chicago Cubs : Et l’ours sortit de sa tanière
2017 record: 92-70 | 2018 farm system: 28e
Manager: Joe Maddon (4e année)
Principales arrivées : RHP Yu Darvish, RHP Tyler Chatwood, RHP Brandon Morrow, LHP Drew Smyly, C Chris Gimenez
Principaux départs: RHP Jake Arrieta, RHP Wade Davis, OF Jon Jay, RHP John Lackey, C Alex Avila, RHP Hector Rondon
Les Oursons étaient sans aucun doute encore en train d’hiberner. Alors que leurs voisins du Midwest frappaient coup sur coup sur le marché hivernal, les Cubbies, eux, restaient sagement au chaud dans leur tanière. Mais à voir le rival du Missouri attraper Marcel Ozuna ou celui du Wisconsin activer deux big moves en 24H pour Yelich & Cain, il fallait s’en douter, l’ours n’allait pas rester bien longtemps à l’abri. Et ce dernier sortit soudainement de son hibernation pour venir choper au nez et à la barbe des Brewers et autres concurrents la superstar Yu Darvish.
L’ex-starter des Dodgers débarque donc à Chicago pour remplacer poste pour poste Jake Arrieta. Un as pour un autre en somme pour un joueur venu compléter une rotation XXL dans laquelle la pression sera partagée sur plusieurs épaules dont celles de Jon Lester. L’objectif est de former un duo ravageur et ainsi placer le quadruple All-Star japonais dans une situation qu’il a connue et affectionne. C’était ainsi le cas aux Rangers avec Hamels ou à L.A. avec Kershaw. Derrière les deux monstres, on retrouve du solide avec le métronome Hendricks et son ERA ridicule en carrière (2.94) ou Quintana très propre sur ses deux premiers mois dans le Nord de Chicago (7-3) l’an passé. Enfin Chatwood arrivé en provenance des Rockies et Montgomery devraient se partager la 5e roue du carrosse.
Quant au bullpen, les Cubbies ont perdu Wade Davis et ses 32 saves, 5e total de NL l’an passé. Pour le remplacer, « the boys in blue » ont attiré le reliever Brandon Morrow (ex-Dodgers) avec l’envie de lui confier le rôle de closer. Un pari qui a du sens, Morrow restant sur trois belles saisons à 2.16 d’ERA sur cette période.

La force : L’expérience du groupe
On prend les mêmes et on recommence. Le line-up 2018 ressemble à s’y méprendre à celui de 2017. À l’exception du catcher Gimenez recruté pour concurrencer Contreras, l’effectif n’a pas bougé d’un poil. Et cette constante pourrait bien faire la différence lorsqu’arriveront les matchs qui comptent. Surtout Chicago possède une profondeur de banc impressionnante. Jugez plutôt. Avec Maddon adepte des possibilités multiples sur le diamant, des joueurs comme Baez ou Happ peuvent se retrouver sur le banc à tout moment. Deux joueurs qui seraient alignés dans bons nombres d’équipes et qui peuvent jouer dans diverses positions. Happ peut ainsi dépanner dans les trois spots de l’outfield pendant que Baez peut décaler de la seconde à la troisième base en passant par l’arrêt-court.
Le facteur X : Kyle Schwarber
Même si Schwarber a débuté 2018 par un début de spring training assez canon, force est de reconnaitre que son exercice 2017, en dents de scie, n’a pas rassuré les fans lorsque pleuvent les balles dans l’outfield des Cubbies. Avec un horrible défensive run (-9) et des erreurs toutes plus affreuses les unes que les autres, « Schwarbs » n’a pas franchement fait taire les critiques dans l’Illinois. Malgré ses lacunes défensives, son bâton reste surpuissant (30 HR) et l’inconnue réside pour moi dans ce choix de position. Surtout avec un jeune loup du nom de Happ sur le bench capable de claquer lui aussi des HR à la pelle -24 pour sa première saison- mais surtout bien moins friable lorsqu’il s’agit de rattraper les balles adverses. Joe Maddon doit secrètement regretter de ne pas pouvoir aligner de DH plus souvent. Claquer des longues balles sans se préoccuper de défendre. Cela réglerait bien des soucis, n’est-ce pas Kyle ?
Prévision :
Avec un groupe soudé qui a tout connu dont des matchs de fin de saison irrespirables comme ce Game 7 de martiens lors des World Series 2016, Chicago possède l’expérience suffisante pour résister au retour de ses poursuivants. Avec un duo d’étoiles incroyables que sont Bryant et Rizzo sur le diamant et Lester – Darvish sur la butte, les Oursons peuvent légitimement rêver d’un triplé en National League après les éditions 2016 et 2017. Histoire de répondre à celui des Cards (2013,14,15).
1er
St. Louis Cardinals : Le chant du retour
2017 record: 83-79 | 2018 farm system: 13e
Manager: Mike Matheny (7e année)
Principales arrivées : OF Marcell Ozuna, RHP Miles Mikolas, RHP Luke Gregerson, RHP Dominic Leone, RHP Bud Norris
Principaux départs : RHP Lance Lynn, RHP Seung-hwan Oh, RHP Trevor Rosenthal, OF Stephen Piscotty, OF Randal Grichuk, SS Aledmys Diaz
Les petits oiseaux rouges sont de retour. Et plus revanchards que jamais. Après deux saisons consécutives sans avoir pu siffloter son chant mélodieux en automne, cet oiseau extrêmement territorial compte bien redompter sa division. Et ce dès cette année.
Pour ce faire, le board de la franchise du Missouri est allé taper fort sur la table des transferts. Après avoir essuyé le refus de Stanton parti à l’Est du pays rejoindre les Bronx Bombers, St. Louis a jeté son dévolu sur un autre artilleur des Marlins : Marcell Ozuna. L’un des meilleurs sluggers de la ligue l’an passé. Pour ceux qui en douteraient encore, Ozuna a posté tout simplement une ligne ahurissante en 2017 de .312 avg, 37 HR et 124 RBI. Tout bonnement la crème de la crème au petit jeu des artilleurs. L’addition du Dominicain devrait permettre aux hommes de Matheny de venir combler le gap entre eux et les gros morceaux de National League (Dodgers, Cubs, Nationals).
L’an passé, ‘The Birds on the bat’ comme on les surnomme, ont terminé 7e et 8e de leur league en terme de points marqués (761) et d’OPS (.760) qui calcule la présence sur bases additionnée à la puissance. En recrutant un « cleanup hitter » capable de frapper fort tout en nettoyant les bases, les Redbirds s’offrent peut-être la pièce manquante pour titiller l’éternel rival de Chicago.
La force : le haut du lineup
Contrairement à d’autres équipes, suivez mon regard jusqu’à Cincinnati (voir plus bas), les Cardinals possèdent en haut de leur feuille de match, deux noms à faire frémir un Cy Young. Matt Carpenter en « leadoff hitter » et Dexter Fowler pour le « 2-hole hitter ». Une doublette d’All-Stars réglée comme une horloge suisse pour démarrer le batting order sur les chapeaux de roue. C’est bien simple depuis 2012 et la première saison de Carpenter* les deux hommes sont classés respectivement 11e et 14e à l’OBP, qui calcule la moyenne de présence sur les buts. Leur capacité à monter tous deux au premier carat du diamant devrait offrir des opportunités à Tommy Pham et Marcell Ozuna de passer à la caisse ensuite pour faire rentrer tout ce beau monde. Et infliger de sérieux dégâts collatéraux.

Le facteur X : La rotation
Emmenée par un trident Martinez, Wainwright, Wacha, la rotation des Cardinals a de la gueule. Les trois hommes ont chacun remporté 12 victoires en 2017 pour un ERA global de 4.29 conforme à celui du staff pitching (4.01). Mais si les Cards veulent réussir à combler l’écart qui les distance du haut du panier, il faudra que les starters deviennent bien plus que des starters. En somme, ce que l’on attend dans les travées du Busch Stadium, c’est bel et bien de voir un pitcher afficher le niveau d’un véritable ace. Ce qui a cruellement fait défaut l’an dernier dans le Missouri. À 26 ans les Martinez et Wacha doivent maintenant confirmer les espoirs nés dans le passé après des saisons accomplies et ainsi prendre la relève d’un Adam Wainwright vieillissant et peut-être sur le déclin. Derrière, les deux derniers spots devraient revenir à Mikolas, de retour du japon, et Weaver, auteur d’une belle saison à 7 victoires pour 2 défaites et une ERA à 3.88, on retiendra également le jeune Jack Flaherty qui peut toujours dépanner en cas de besoin bien qu’encore un peu tendre.
Prévision :Avec Marcell Ozuna en nettoyeur, la franchise aux 11 World Series s’est offerte une puissance en milieu de tableau qu’elle n’a plus connue depuis les années fastes 2005-2011 et l’époque Albert Pujols. Une période dorée marquée par 2 World Series et 4 National League Pennants. En attendant le grand retour des oiseaux rouges aux Séries Mondiales, on peut légitimement espérer les revoir dans la course aux playoffs. Avant pourquoi pas, entendre ce chant qui ressemble à celui du rossignol retentir de nouveau au mois d’octobre, qui sait…
2e
- *Drafté au 13e round en 399e position en 2009 par St Louis, Matt Carpenter n’a joué que 7 rencontres en 2011 pour les Cardinals. Ce n’est qu’en 2012 que « Carp » prendra son premier envol avec 114 matchs disputés.
Cincinnati Reds, une histoire à la Daniel Defoe
2017 record: 68-94 | 2018 farm system : 8e
Manager: Bryan Price (5e année)
Principales arrivées : RHP David Hernandez, RHP Jared Hughes
Principaux départs : SS Zack Cozart, RHP Scott Feldman, RHP Drew Storen

La probabilité pour que Joey Votto s’imagine en Chuck Noland, la barbe en moins, n’en finit plus de grandir année après année. Pour ceux qui se demanderaient qui peut bien être ce bougre de Chuck Noland, c’est ce personnage joué par Tom Hanks dans « Cast Away » ou « Seul au Monde » en français. Dans le film, ce bon vieux Chuck termine solo sur une île déserte façon Robinson Crusoé et considère son ballon de volley comme un ami tendre qu’il nommera très originalement « Wilson ». Sorte de « Vendredi » des temps modernes pour ceux qui préféreraient l’œuvre littéraire de Daniel Defoe au film de Robert Zemeckis. Et pour le bien mental de Joey Votto, frappeur le plus complet en 2017, on commence à se demander s’il ne ferait pas mieux de plier bagages et quitter la rive droite de l’Ohio pour une contrée plus… séduisante, dirons-nous gentiment.
Disons-le clairement, en 2017, Joey Votto avait tout du parfait joueur de baseball, affichant des stats à rendre jaloux n’importe quel concurrent. La moyenne au bâton ? 4e de NL. La puissance ? 7e de NL. Le spectacle ? 36 HR, 6e total de la ligue. L’efficacité ? 100 Points produits dans l’escarcelle. La présence sur bases ? Tout simplement le joueur le plus efficace de toute la MLB. Ne cherchez pas, le MVP 2017 c’était Votto. Et si Stanton n’avait pas aligné les balles façon puzzle avec 59 HR, sûr que le canadien n’aurait pas échoué à deux petits points (seulement) d’un second titre de MVP après 2010. Mais nous ne referons pas l’histoire aujourd’hui. Hélas.
Toujours est-il qu’il semble bien improbable que cette équipe n’ayant pas dépassé les 68 victoires lors des trois saisons précédentes réussisse subitement à sortir du rang. Qui plus est avec le même effectif que l’an passé. On peut toujours espérer pour la « Big Red Machine » que les Duvall ou Gennett (56 HR et 196 RBI à eux deux) continuent sur leur lancée sans oublier un Schebler capable de puissance (30 longues balles). Ailleurs, aucun changement majeur à signaler dans le roster si ce n’est la perte de Zack Cozart parti à Anaheim remplacé au sein de l’effectif par José Peraza. Pas franchement une plus-value non plus.
La force :Chuck No.. pardon, Joey Votto
À-t-on réellement besoin d’en dire plus ? Si vous ne voyez pas, demandez le numéro 19 des Reds. Un bon gaillard jouant à merveille le rôle de l’homme solitaire sur son île déserte.
Le facteur X : Billy Hamilton
Le Leadoff Hitter. Alors oui, je sais, Billy et ses jambes de feu font fureur sur youtube et il n’est pas facile de critiquer un joueur spectacle. Mais revenons une minute sur l’objectif de ce poste histoire de ne pas perdre de vue l’essence même du baseball. Un leadoff doit avant tout monter en base. C’est le but du jeu le plus basique qu’il soit. Que ça soit par un hit, un triple venu de nulle part ou un vieux base-on-ball bien sale, dans le fond peu importe. L’objectif c’est ce foutu premier coussin. Peu importe la manière, si je puis dire. Or une chose est sûre, à ce petit jeu, ce n’est pas Billy Hamilton que je choisirais demain si ma vie en dépendait pour atteindre les sentiers. Et sauf envie suicidaire, vous feriez de même. Avec un OBP inférieur à .300 l’an passé, Billy Hamilton affiche une moyenne tout simplement inacceptable pour un leadoff hitter. À lui de redresser la barre pour, pourquoi pas, devenir le nouveau « Wilson » ou « Vendredi », c’est selon, de Joey Votto.
Allez ans rancune ! Parce qu’on sait que vous aimez bien et qu’on est sympa, un petit Highlights des jambes de Billy 😉
Prévision :
2018 risque d’être encore (très) long pour les fans des Reds. Et même en étant des plus optimistes possibles, on ne voit pas trop comment la bande à Votto pourrait jouer autre chose qu’une dernière place. Alors qu’espérer ? La barre des 70 victoires pour débuter. Puis un compagnon aussi fidèle que Wilson à notre Chuck Noland version Ohio, évidemment.
4e
Pittsburgh Pirates : Des départs et une pétition
2017 record: 75-87 | 2018 farm system : 16e
Manager: Clint Hurdle (8e année)
Principales arrivées : RHP Joe Musgrove, IF Colin Moran, RHP Michael Feliz, RHP Kyle Crick, OF Corey Dickerson
Principaux départs : OF Andrew McCutchen, RHP Gerrit Cole, RHP Daniel Hudson
Disons le tout de go, nous sommes sincèrement désolés pour les fans des Pirates. Et plutôt deux fois qu’une. La saison morte fut terrible pour Pittsburgh qui en l’espace de deux jours à vu partir ses deux stars. Dans mon coin gauche, Andrew McCutchen, MVP 2013, quintuple All-Star et slugger hors pair à ses heures perdues. Ses 4 « Slugger d’Argent » sur la cheminée en sont un sérieux gage. McCutch c’était LE franchise player des Bucs qui misèrent dessus lors de la draft 2005 (11e choix / 1e round). Alors, oui, voir Cutch s’en aller sous le soleil californien de San Francisco a dû faire grincer quelques dents en Pennsylvanie. Surtout lorsqu’on sait que ce dernier sortait d’une saison 2017 complète avec 28 longues balles et 88 RBI. Le natif de Fort Meade était aussi un formidable atout marketing et le véritable bijou du lineup. La perte est énorme et assurément non compensée par un mercato bien timide au niveau des arrivées sans manquer de respect à Corey Dickerson (OF) ou Colin Moran (3B).
Mais autant le dégraissage salarial à l’ordre du jour depuis déjà deux hivers, ou les rumeurs constantes concernant McCutchen pouvaient laisser présager d’une fin inévitable, autant la deuxième perte, elle, laisse le board des Buccos dans l’embarras. Dans mon coin droit, lui aussi parti vers d’autres contrées, j’ai nommé Gerrit Cole, le désormais ex-ace des Pirates. Et autant dire que perdre sur le même hiver, et en l’espace de 48 heures, la star du diamant et la tête de gondole de la rotation n’a pas vraiment plu aux supporters des « Black and Gold ». Mais alors pas du tout. Au point qu’une pétition fut même signée par les partisans rassemblant aujourd’hui plus de 60 000 signatures ! Par comparaison, le PNC Park de Pittsburgh a une capacité de 38 000 places… Si ça peut vous donner une idée du ras-le-bol général qui règne dans le North Shore.
Mais quel est le but de ce foutu mouvement me direz-vous ? Très simple. Retirer l’équipe des mains de Robert Nutting, le propriétaire, rien que ça. Évidemment la manœuvre est symbolique bien qu’en réalité cette pétition fut tout de même envoyée à la MLB. Un geste fort de la part de supporters à bout, qui en ont plus que marre de perdre. Et même si on en restera là, la MLB n’ayant évidemment aucune intention de forcer la vente de cette franchise, le geste de défiance envers les dirigeants est trop important pour ne pas être mentionné. De son côté, Nutting, proprio depuis une décennie, a qualifié le trade de McCutchen de « décision la plus difficile » depuis son arrivée. Voir un stade et demi contre lui n’a pas dû franchement le soulager dans son choix…

Mais revenons deux minutes au terrain. Et plus précisément sur la butte où, Gerrit Cole portant la snap des Astros, on se demande bien qui va pouvoir tenir le rôle d’ace dorénavant même si l’expérimenté Ivan Nova fait figure de favori pour le spot numéro un. À défaut d’un ace, la franchise aux cinq World Series se retrouve avec une rotation plus que moyenne avec Nova en un devant un trio Jameson Taillon, Chad Kuhl, et Trevor Williams, décevant l’an passé. Aucun des larrons cités n’ayant atteint le seuil des 10 victoires ou obtenu une ERA inférieure à 4. Le reste du Pitching Staff est ceci dit un peu plus consistant avec notamment Rivero en closer (21/23 Saves) ou Feliz et Crick en relève. Malheureusement pour les suiveurs du club, on n’est pas là face à un monstre à trois têtes comme on peut en voir ailleurs.
Le facteur X : L’offense
L’an passé, la bande à Bell, Polanco et Harrison s’est surtout faite remarquer par sa misérable attaque. Classé 28e sur 30 à l’OPS et au nombre de runs scorés et 29e et bon avant dernier des Majors au nombre de Home Runs, Pittsburgh a été plus que famélique au niveau de l’attaque. Et quand on sait que le move établi durant l’hiver pour fixer tout ça a été de trader Andrew McCutchen, l’arme offensive numéro 1 de l’alignement en 2017, on a de quoi être très inquiet. Sur son premier coussin Bell a paru trop seul l’an passé (26 HR/ 90 RBI), seul joueur derrière le célèbre numéro 22 à plus de 20 HR. Aux abonnés absents on retrouve des joueurs complétement passés à travers. En vrac, Marte (7 HR), Harrison (16 HR), Cervelli (.249 avg) ou Polanco (11 HR). L’inconnue réside sans doute dans la recrue Corey Dickerson. Difficile de savoir si on aura sur le terrain sous nos yeux le joueur brillant du printemps dernier ou celui transparent de septembre.
Prévision :
Entre 1992 et 2015, Pittsburgh a réellement vécu la traversée du désert qui effraie encore tant d’afficionados. Au total « la ville des ponts » comme on la surnomme pour ces quelques 450 ponts, a connu 20 saisons consécutives dans le négatif. Puis lors d’un tricycle 2013,14,15 marqué par « l’ère McCutch », les Buccos ont ressemblé à une des meilleures équipes des Majors sans pour autant dépasser le plateau des Divisions Series. Depuis deux ans hélas, l’équipe est retombée dans une spirale négative qui semble être à l’orée d’une longue autre attente. 83 défaites en 2016, 87 l’an passé, on peut légitiment attendre de voir Pittsburgh sortir en septembre prochain avec 90 défaites au compteur. Mais plus inquiétant encore, on voit mal ce qui empêcherait l’équipe de reprendre un pont plus ou moins long, entre deux périodes dorées. Le dernier fut de 20 ans. Espérons pour la « City of Bridge » que le prochain soit plus court.
5e
Milwaukee Brewers : Pour que la bière soit au rendez-vous
2017 record: 86-76 | 2018 farm system: 11e
Manager: Craig Consell (4e année)
Principales arrivées : OF Lorenzo Cain, OF Christian Yelich, RHP Matt Albers, RHP Yovani Gallardo, LHP Boone Logan, RHP Jhoulys Chacin
Principaux départs: OF Lewis Brinson, RHP Matt Garza, RHP Jared Hughes, RHP Anthony Swarzak, RHP Carlos Torres, 2B Neil Walker
Après avoir raté la postseason au terme du 162e et dernier match de saison régulière, et ce pour une petite victoire, les Brewers ont les crocs. Et pour que les « Brasseurs de Milwaukee » fassent couler la bière à flot en octobre prochain, le board a décidé qu’il était l’heure d’y aller all-in et de jouer le « go for it » comme on dit outre-Atlantique. Autrement dit, Milwaukee s’est donné les moyens de ses ambitions afin d’aller chercher quelque chose fin septembre et faire mieux que l’an passé. La postseason est donc bel et bien en ligne de mire pour les hommes de Craig Counsell. Encore plus après cet hiver complètement fou.
Nous sommes le 24 janvier 2018. Et on peut qualifier ce jour de « dernier jour d’avant » à Milwaukee, tant ce mercredi de fin de mois fût synonyme de calme avant la tempête. En l’espace de 48 heures et avant le week-end, les Brewers allaient opérer comme jamais sur le marché des transferts en activant deux gros moves. Le premier par un trade envoyant des joueurs des ligues mineures (Brinson, Diaz, Harrison & Yamamoto) pour l’OF des Marlins Christian Yelich. Le second sur la free agency en offrant 80M$ sur 5 ans à Lorenzo Cain. Pour signer l’ex-star des Royals, « The Brew Crew » a tout de même mis sur la table le second plus gros contrat de la franchise derrière celui de son icône absolue, Ryan Braun et ses 150 M$ sur 13 ans.

Et voilà comment en deux petits jours, la franchise du Wisconsin est rentrée dans une autre dimension. Sans pour autant parler de « favori » pour la division, Milwaukee a retiré son étiquette de « sympathique concurrent » pour s’adjuger celle de « sérieux outsider ». Et autant dire qu’au sein de la Central, la franchise située près du lac Michigan ne fait plus rire personne.
Avec la vitesse de Cain et Yelich, 42 bases volées à eux deux, la puissance de Santana (30 HR) ou le sextuple All-Star et MVP 2011 Ryan Braun, le GM David Stearns possède à l’heure actuelle un problème de riche. Bien que Ryan Braun puisse aussi jouer au 1er coussin, on voit mal Eric Thames et ses 31 HR, en guise de retour en MLB l’an passé, laisser facilement sa place. Un trade de Ryan Braun, véritable visage de la franchise depuis sa première saison dans le grand show il y a dix ans (34 HR, ROY), est fréquemment évoqué même si jusqu’à présent, « Ocho » est toujours resté sur le diamant des Brewers. Ceci étant, avec le départ de Neil Walker à NY et l’absence d’un ace dans la rotation voire d’un solide setup-man dans le bullpen, David Stearns pourrait être tenté d’utiliser Ryan Braun comme monnaie d’échange d’ici cet été. Pour récupérer un joueur répondant au besoin de l’équipe (2e Base, SP, Reliever).
La force : la profondeur du line-up
Malgré ces besoins, celui du 2e but ne semble pas pour le moment une priorité absolue. L’absence de grand joueur à ce poste étant compensée par une multitude d’options avec Villar ou Sogard voire Perez. Et c’est aussi ce qui fait la force de l’équipe. Cette profondeur de banc n’a pas toujours été à l’ordre du jour dans cet effectif. Aujourd’hui c’est bien un luxe qui est offert à Craig Counsell au moment de cocher les noms sur la feuille de match. Les possibilités sont multiples, que ce soit en outfield avec 4 gros noms pour 3 places comme vu précédemment, mais aussi et surtout en infield. À l’intérieur du diamant, on retrouve donc cette charnière Arcia (SS) – Sogard (2B) pouvant être suppléée par Villar ou Perez. Au premier but Aguilar peut parfaitement suppléer Thames face aux lanceurs gauchers par exemple où ce dernier a parfois plus de mal du fait de sa position au bâton (gaucher lui aussi). Quant à Hernan Perez, il est une bonne option pour donner quelques jours de repos au cours de l’exercice à Travis Shaw au 3e but. Shaw peut aussi être préservé à l’instar d’un Thames lorsque les Brewers affrontent un lanceur gaucher. Derrière le marbre, l’expérience cumulée entre Vogt et Pina va amener de la sérénité au moment d’appeler les lancers. Craig Counsell n’a pas fini de se triturer le cerveau avec son effectif pléthorique.
Le facteur X : La profondeur de l’enclos
Si comme on vient de le dire, la profondeur du lineup est une mine d’or pour le staff, celle du « Pitching Staff », en revanche, est une véritable épine dans le pied des « Beermakers ».
Surtout lorsqu’on veut jouer dans la cour des grands face à des Cubbies dotés d’une rotation XXL par exemple.
Avec Jimmy Nelson out pour la saison 2018, los ‘Cerveceros’ vont attaquer l’année avec Zack Davies, Chase Anderson, Yovani Gallardo, Jhoulys Chacin et Brent Suter dans le mixeur. Pas bien certain qu’il en sorte un nectar raffiné pour autant… Et même si Zack Davies a claqué une saison ahurissante à 17 victoires, on a quand même un groupe en panne sèche de leadership. Un Arrieta, au hasard, aurait parfaitement fait l’affaire pour accompagner tout ce beau monde. Malheureusement pour ‘The Beersmen’, le Cy Young a posé ses valises à Philadelphie. Chase Anderson a bien posté un ERA à 2.74 mais à l’image de Davies, on sent plus l’anomalie d’une saison en surrégime qu’un avant-gout de Cy Young à venir.
Dans l’enclos de la relève on retrouve néanmoins du très solide avec Corey Knebel dans le rôle de closer. L’an passé, le joueur All-Star a posté 39 saves soit le 3e total de National League. En réalité Knebel a même été élu « Brewers Pitcher of the Year » ce qui en dit long sur l’absence de vrai leader du côté des starters.
Prévision : 3e
Les Brewers forment sans aucun doute l’équipe la plus excitante à voir évoluer cette année en National League Central. Après une saison surprise achevée à un petit match des play-offs, on a hâte d’observer cette équipe embarquée pour une édition pleine de promesse. La direction s’est offerte les moyens de ses ambitions et à titre personnel je vois bien Milwaukee passer le cut de septembre avec une wild card en poche. Alors même si je vois la franchise terminer 3e, je vois aussi la bière des « brasseurs » enivrer le palais des amateurs de mousse au sud-est du Wisconsin suite à un premier road-trip en postseason depuis 2011.
J-Sé Gray : “In Billy Beane we trust”