Il serait aisé de résumer la saison 2017 en National League West à la domination absolue des Dodgers, intouchables en saison régulière, meilleur bilan de toute la MLB et seulement défaits par les Astros lors du Match 7 des World Series. Ce serait vite oublier que la division a fait carton plein avec trois équipes présentes en post-season et un magnifique duel Rockies – Diamondbacks lors du Wild Card Game. Et cette saison encore, dans l’ombre de Dodgers qui devraient triompher sans trop de difficultés, la NL West promet encore d’être l’une des divisions les plus excitantes de 2018. De l’explosivité des Rockies à la jeunesse des Padres, de l’imprédictibilité des Giants à la solidité des Diamondbacks, au moins trois équipes auront leur carte à jouer dans une course à la Wild Card NL plus ouverte que jamais.

LOS ANGELES DODGERS
Saison 2017 : 104-58 ; 1er en NL West, meilleur bilan en MLB, battus par les Astros lors des World Series
Principales arrivées : Matt Kemp (OF, Braves), Tom Koehler (RHP, Marlins)
Principaux départs : Yu Darvish (SP), Brandon Morrow (RP), Charlie Culberson (IF, Braves), Adrián González (1B, Mets), Andre Ethier (OF), Scott Kazmir (RHP, Braves), Brandon McCarthy (LHP, Braves), Luis Avilán (LHP)
Prédiction 2018 de Bleacher Report : 99-63 ; 1er
Prédiction 2018 de The Strike Out : 95-67 ; 1er
Champions de National League West sans interruption depuis 2013, les Los Angeles Dodgers ne devraient – en théorie – avoir aucun souci à enchainer un sixième titre consécutif en 2018. Malgré de nombreux départs à l’intersaison, ils présentent encore un effectif homogène et consistant dans la performance, une rotation parmi les toutes meilleures de la MLB et un bullpen qui, s’il a perdu deux éléments importants (Luis Avilán et Brandon Morrow), ressemble énormément à celui qui a dominé la National League l’an dernier. Ces Dodgers, qui titillaient les records historiques de victoires sur une saison en 2017 avant une inexplicable série de quinze défaites en seize matchs entre aout et septembre, voient déjà plus loin que la saison régulière. Les coéquipiers de Clayton Kershaw n’ont qu’un objectif, celui de retourner aux World Series et gagner – enfin – le Trophée du Commissionner. Attention tout de même à rester concentrés et à ne pas négliger ce petit détail que sont les six mois de saison régulière.
Comme toujours, l’atout majeur des Dodgers sera sa rotation, emmenée par l’intouchable Clayton Kershaw. Le triple Cy Young a réalisé une saison régulière absolument exceptionnelle, malgre une blessure à l’été, ne manquant un quatrième titre de meilleur lanceur de National League que parce qu’il était opposé à un monstre tout aussi exceptionnel que lui. Surtout, pour la première fois de sa carrière, il a véritablement tenu son rang d’Ace lors des playoffs avec un bilan de 3-0, un relais de quatre manches pour deux petits hits concédés lors du match 7 des World Series, et seulement une sortie ratée (4.2 IP, 6 ER) lors de ce Match 5 des World Series de folie. Kershaw est le leader et l’âme de ces Dodgers, et de sa capacité à enchainer une fois de plus les performances majestueuses sans réveiller ses blessures récurrentes au dos, dépendra une grande partie des ambitions des Dodgers.

Derrière, les départs de Yu Darvish (4-3, 3.44) vers les Cubs ou ceux de Brandon McCarthy (6-4, 3.84) et Scott Kazmir (absent de la saison 2017 à cause d’une blessure a la hanche) vers les Atlanta Braves ne changeront pas grand-chose, la non-arrivée de Shohei Ohtani non plus. Les Dodgers débuteront 2018 avec quatre starters qui ont bouclé la saison 2017 avec 10 victoires ou plus au compteur : Clayton Kershaw (18-4, 2.31) donc, Alex Wood (16-3, 2.72), Kenta Maeda (13-6, 4.22) et le spécialiste des balles courbes Rich Hill (12-8, 3.32). Le cinquième spot devrait revenir à Hyun-Jin Ryu plutôt qu’à Ross Stripling, en attendant le retour du jeune Julio Urias d’ici l’été après sa blessure à l’épaule en juin dernier.
Coté bullpen, les Dodgers ont perdu cet hiver deux éléments importants de leur staff de relève, avec les départs vers Chicago de leurs deux droitiers Luis Avilán (White Sox) et Brandon Morrow (Cubs). Ils continueront cependant à compter sur celui qui est sans aucun doute le meilleur closer des Majors à l’heure actuelle, le redoutable Kenley Jansen (5-0, 41-42 SV, 1.32 ERA en 2017). Derrière lui, Dave Roberts comptera notamment sur Josh Fields (57 IP, 5-0, 2.84), Pedro Baez ou encore Tony Cingrani. Ross Stripling devrait être lui aussi à disposition de la relève, même s’il espère encore déloger Ryu de la place de cinquième starter. Si Tom Koehler, ancien starter des Marlins et recruté pour renforcer le bullpen, est absent pour une durée indéfinie en raison d’une blessure a l’épaule, on suivra de près les sorties de Scott Alexander (69 IP, 5-4, 2.48, 5/6 SV en 2017), performant avec les Royals l’an dernier et qui pourrait être un candidat crédible au poste de setup man.
Sur le diamant, les Dodgers jouent là encore la stabilité et afficheront sensiblement le même lineup type qu’en 2017. Le catcher Yasmani Grandal, mis face à la concurrence d’Austin Barnes, devrait encore commencer la saison dans la peau d’un titulaire, tout comme bien évidemment Cody Bellinger, qui a délogé le Local Hero Adrian Gonzalez du poste de première base l’an dernier, frappant 39 Home Runs au passage (un record pour un Rookie de National League). Vaincu, Gonzalez a quitté les Dodgers cet été après six saisons au club, pour passer à l’Est et prendre le premier coussin chez les Mets. Pour le reste de l’infield, Logan Forsythe et Chase Utley devraient continuer à se partager la deuxième base, tandis que Corey Seager (.295, .375, .479, 22 HR, 77 RBI), Rookie of the Year 2016 et Justin Turner (.322, .415, .530, 21 HR en 2017), continueront d’être les titulaires indiscutables aux postes de Shortstop et de Troisième base. Ces deux-là, respectivement 17e et 8e au classement du MVP 2017, seront encore une fois les deux principaux atouts offensifs des Dodgers.
Dans l’Outfield, Chris Taylor semble promis au poste de Centre Fielder, tandis que les côtés se partageront entre Yasiel Puig, l’ultra-talentueux et ingérable slugger cubain, le vétéran Matt Kemp qui revient sur le terre de ses exploits (2nd au classement MVP 2011) en espérant pouvoir prouver qu’il n’est pas totalement fini, Joc Pederson qui tentera de se relancer après une saison 2017 catastrophique (102 matchs, .212, .331, .407 avec 35 RBI), et enfin le polyvalent Enrique Hernandez, qui a la particularité d’avoir joué quasiment à toutes les positions (sauf Pitcher et Catcher) lors de la saison 2017.
S’il fallait définir un point faible à cette équipe des Dodgers, c’est sans aucun doute cet Outfield un peu incertain que je pointerai comme plus grande source de risque. Mais, sur la butte comme à la batte, les ressources des Dodgers sont telles que l’on ne voit pas, encore une fois, ce qui pourrait les empêcher d’avancer en sifflotant jusqu’aux portes de la postseason… Et d’ici-là, Dave Roberts aura toujours le temps de taper dans le marché des Trades pour s’offrir un Outfield à la hauteur de l’Infield XXL qui régale le Dodger Stadium à chaque sortie.
COLORADO ROCKIES
Saison 2017 : 87-75 ; 3e en NL West, éliminés par les Diamondbacks lors du Wild Card Game
Principales arrivées : Wade Davis (RP, Free Agent), Bryan Shaw (RHP, Free Agent), Chris Iannetta (C, Free Agent)
Principaux départs : Jonathan Lucroy (C, Athletics), Tyler Chatwood (RHP, Cubs), Greg Holland (RHP), Pat Neshek (RHP, Phillies), Mark Reynolds (1B),
Prédiction 2018 de Bleacher Report : 91-71 ; 2e
Prédiction 2018 de The Strike Out : 88-74 ; 2e, Wild Card
A l’ombre des Dodgers et des Giants, les deux géants de cette division, les Colorado Rockies sont en progression constante depuis trois saisons, dans le sillage des formidables Nolan Arenado et Charlie Blackmon. 68 victoires en 2015, 75 en 2016, 87 en 2017, les hommes de Denver sont sur une trajectoire ascendante qui semble en mesure de se poursuivre lors de la saison 2018. S’ils ne peuvent pas (encore ?) véritablement contester la suprématie des Dodgers sur la NL West, les Rockies possèdent quelques arguments de poids, à commencer par le meilleur alignement de National League en 2017, en termes de moyenne au bâton comme de points marqués, mais aussi un bullpen renforcé à l’intersaison pour devenir l’un des plus impressionnants de toute la Ligue. Si la rotation manque encore et toujours de profondeur, les Rockies ont tous les arguments pour approcher les 90 victoires et s’inviter, pour la deuxième année consécutive, au festin d’Octobre.
Si les Rockies doivent continuer leur belle marche en avant, cela passera tout d’abord par les performances de leurs batteurs, et tout principalement celles du duo de gâchettes Arenado-Blackmon, phénoménaux en 2017 et récompensés par les 4e et 5e places au classement du MVP de National League.

Frappeur surpuissant et défenseur hors-pair, Nolan Arenado est le joueur complet par excellence. Trois fois all-star, cinq fois Gold Glove, trois fois Top 10 du classement MVP, il ne lui manque qu’une meilleure maitrise de la course sur bases pour être l’égal d’un Mike Trout. Auteur l’an dernier de 37 Home Runs, 130 RBIs (.309, .373, .586) et 43 doubles (le meilleur en National League dans ce domaine), Arenado est l’inspiration, le poster boy et la force vive d’une franchise du Colorado qu’il a porté sur le devant de la scène. Certes, certains diront que le 3e base des Rockies profite à plein des conditions propices aux frappeurs de Coors Field… mais on ne frappe pas 40 HR et 130 RBIs de moyenne sur trois saisons consécutives par hasard ! Charlie Blackmon (CF), quant à lui, est une machine à coups sûrs équipée de jambes de feu. Leader de MLB en termes de coups frappés et de moyenne (213, .331), il l’est aussi pour les triples (14) et points marqués (137). Leadoff naturel de ces Rockies, il est la parfaite rampe de lancement pour un autre champion de la régularité au bâton, le 2B DJ LeMahieu (.310 en 2017), avant que ne suivent la puissante batte de l’outfielder Carlos Gonzalez, revenu à Denver pour un contrat d’un an et revanchard après une saison 2017 bien loin en dessous de ses standards personnels (.262, 14 HR, 57 RBI). Ce quatuor du haut du lineup, complété donc par Arenado, devrait continuer à affoler les compteurs de MLB.
D’autant que le reste du lineup a plutôt belle allure lui aussi, à commencer par le shortstop Trevor Story qui veut confirmer tout son potentiel entrevu lors de ses deux premières saisons dans les Majors (.239, 24 HR, 82 RBI en 2017, mais 191 strikeouts, le pire bilan en National League !), l’outfielder Ian Desmond, le polyvalent Pat Valaika, ou encore Gerardo Parra, bonne batte de complément et armé d’un bras gauche en forme de canon capable de trouver un Out à n’importe quel point du terrain depuis le champ gauche. Au niveau arrivées, les Rockies ont également su bien remplacer Jonathan Lucroy en recrutant Chris Iannetta, catcher d’expérience et ancien de la maison qui évoluait l’an dernier chez le rival, les Diamondbacks.

La seule véritable question dans ce lineup est le poste de première base. Si Ian Desmond et Pat Valaika sont capables de jouer à cette position, c’est le Rookie Ryan McMahon qui semble tenir la corde pour débuter la saison sur le premier coussin. S’il n’a pas véritablement convaincu lors de ses quelques apparitions dans les Majors en 2017, McMahon s’impose comme le seul véritable 1B dans le roster de Bud Black. En Ligues Mineures (AA et AAA), il a frappé une moyenne de .355 en 119 matchs en 2017, pour 20 Home Runs et 88 RBIs. Reste à transposer cela au plus haut niveau dans les Majors !
Sur la butte aussi, les Rockies ont de beaux arguments à faire valoir. Avec, tout d’abord, une rotation très jeune (Gray et Anderson ont perdu le statut de rookie en 2016, Marquez, Freeland et Senzatela en 2017, seul Chad Bettis fait figure d’ancien avec des débuts en MLB en 2013), mais qui a emmagasiné énormément d’expérience lors de la saison dernière. Malgré le départ de Tyler Chatwood, parti tenter sa chance chez les Cubs, les Rockies s’appuient donc sur une armada de jeunes pousses du club, menée par le jeune loup John Gray, auteur d’une saison 2017 d’excellente facture dans le ballpark de MLB le moins favorable aux lanceurs (10-4 et un ERA de 3.67 en 20 départs).
Mais toute aussi talentueuse qu’elle soit, ce n’est pas la jeune rotation de Colorado qui attire l’œil à l’aube de cette saison 2018, car la vraie révolution s’est faite au cœur du bullpen des Rockies. Après avoir resigné Jake McGee, les Rockies ont mis le paquet pour attirer dans leur filet le puissant closer Wade Davis, vainqueur des World Series 2015 avec les Royals et closer des Cubs l’an dernier (58.2 IP, 2.32, 32/33 Saves), et Bryan Shaw, mangeur d’innings et l’une des valeurs sûres du bullpen des Cleveland Indians. Ces trois là viendront s’ajouter à Mike Dunn, Adam Ottavino et Chris Rusin (85 IP et un ERA de 2.65 en 2017) pour former, tout simplement, le bullpen le plus cher de l’histoire, avec un total de $45.8 millions de salaires cumulés sur la saison 2018.
Autant dire que Jeff Bridich et Bud Black n’ambitionnent plus uniquement de marcher dans l’ombre des Dodgers. Alors que la star Nolan Arenado sera Free-Agent au terme de la saison 2019, les Rockies croient en leur chance de s’offrir une nouvelle virée en postseason. Et cette fois, il ne sera plus question de s’arrêter à la première marche !
SAN FRANCISCO GIANTS
Saison 2017 : 64-98 ; 5e en NL West
Principales arrivées : Evan Longoria (3B, Rays), Andrew McCutchen (OF, Pirates), Austin Jackson (OF, Indians)
Principaux départs : Matt Moore (LHP, Rangers), Christian Arroyo (3B, Rays), Denard Span (CF, Rays), Kyle Crick (RHP, Pirates)
Prédiction 2018 de Bleacher Report : 80-82 ; 4e
Prédiction 2018 de The Strike Out : 84-78 ; 3e
A l’instar des New York Mets, leurs adversaires lors du Wild Card Game 2016, les Giants ont traversé l’année 2017 en voguant de calamité en calamité. Grippés offensivement, plombés dès le mois d’Avril par l’accident de motocross de Madison Bumgarner , les Giants n’ont pas simplement raté leur saison, ils se sont viandés dans les grandes largeurs pour terminer avec le pire bilan de MLB (64-98 à égalité avec Detroit), la 29e attaque en termes de Runs (639), le 28e ratio d’efficacité défensive (.680) et un pitching staff à peine meilleur (4.50 d’ERA collectif, 16e) malgré la présence en ses rangs de lanceurs confirmés tels que Cueto ou Samardzjia.
Du coup, à l’intersaison, on n’a pas changé grand-chose chez les Giants… ou presque, puisque les Giants se sont quand même offert deux des plus gros trades de l’hiver, en attirant dans la baie les superstars respectives des Rays et des Pirates : le poste de troisième base appartient désormais à Evan Longoria, tandis que dans l’outfield, c’est Andrew McCutchen qui vient remplacer Denard Span. Ajoutez-y l’arrivée du discret mais précieux Austin Jackson, et vous avez un effectif qui tient la route, à condition de retrouver un équilibre défensif et un semblant d’efficacité offensive.

Ce n’est pourtant pas les arguments qui manquent à ces Giants pour pouvoir prétendre jouer un rôle dans cette NL West : Emmenés par le catcher et capitaine emblématique Buster Posey (.320, 12 HR, 67 RBI, 62 Runs en 2017) toujours frais pour sa neuvième saison dans les Majors, San Francisco présente un infield composé exclusivement d’All-Stars avec Brandon Belt (1B), Joe Panik (2B), Brandon Crawford (SS) et donc Evan Longoria (3B). Seul souci, les quatre membres de l’infield ont une moyenne au bâton combinée de .262 en 2017, tous bien loin de leur niveau d’All Star. Avec tout de même 20 Home Runs et 88 RBIs pour le nouvel arrivant Longoria, ou 77 points produits par Brandon Crawford, meilleur Giant de la catégorie en 2017. Vous avez bien lu, aucun joueur des Giants n’a frappé plus de 77 RBIs en 2017, et Crawford est même le seul à avoir dépassé la barre des 70 !
Comme Longoria, Andrew McCutchen a produit 88 points l’an dernier, avec pour sa part 28 coups de circuits. Et le héros de Pittsburgh, égaré en 2016, a semblé retrouver de sa superbe au fur et à mesure de sa saison avec des Pirates sportivement au bord du gouffre. Comme Longoria, il arrive dans la Baie pour dynamiser l’attaque des Giants mais aussi pour retrouver toute l’explosivité qui fit de lui le MVP 2013 et un quintuple All Star. A San Francisco, McCutchen quittera sa position fétiche de Center Fielder pour s’installer sur le champ droit, envoyant du même coup l’ancien titulaire du poste, Hunter Pence, de l’autre côté du terrain sur le flanc gauche. Austin Jackson, quant a lui, devrait commencer la saison dans le champ centre. Plus athlétique, et aujourd’hui le meilleur défenseur des trois outfielders, il sera également précieux dans l’alignement offensif grâce à sa capacité à rejoindre les bases, malgré un gros déficit de puissance (.318, .387, .482 en 2017). Il devrait alterner entre la position de leadoff hitter (notamment contre les lanceurs gauchers) et une position de 8 ou 9eme batteur.
Du côté du banc, on suivra avec attention les performances de l’enfant prodigue Pablo Sandoval, de retour dans « son » club et excellent depuis le début du spring training, tandis que les outfielders Jarrett Parker et Gorkys Hernandez, les infielders Kieran Tomlinson et Ryder Jones, et le catcher Nick Hundley devraient être les solutions de secours tout au long de la saison. Un groupe capable, sans aucun doute, mais qui manque tout de même cruellement de densité derrière le peloton des titulaires.
De la densité, il y en a dans la rotation des Giants avec trois lanceurs à la réputation bien établie en MLB en Johnny Cueto, Jeff Samardzija et bien entendu Madison Bumgarner, l’as absolu de la franchise californienne. Oui mais voilà, lorsque MadBum s’est blessé au printemps 2017, ratant trois longs mois de compétition, ses coéquipiers n’ont pas vraiment tenu la baraque, bien au contraire. Bien sûr, les lanceurs ne furent pas aidés par les battes grippées de leur line-up, mais les statistiques sont là et elles sont édifiantes. Le « Shark » a terminé la saison avec un bilan de 9 victoires et 15 défaites (record de défaites en NL en 2017, à égalité avec trois autres pitchers) pour un ERA de 4.42. Un peu mieux que le vétéran Matt Moore, parti depuis rejoindre les Texas Rangers, qui n’a lui empoché que 6 victoires pour tout autant de défaites concédées (…oui, 15 lui aussi…) et un ERA de 5.52. Pas mieux pour Ty Blach (8-12, 4.78), Matt Cain (3-11, 5.43) et même Bumgarner, qui n’a pas sauvé grand-chose à son retour, certes dans une situation déjà désespérée (4-9, 3.32). Finalement, c’est Johnny Cueto qui s’en est le mieux sorti avec un bilan non-négatif de huit victoires et huit défaites.

On va la faire simple, ça ne peut pas être bien pire en 2018, dans une rotation à cinq ou le rookie Chris Stratton, intéressant lors de ses quelques starts en 2017 et Ty Blach devraient prendre les places restantes aux cotés des trois inamovibles.
Reste donc le bullpen, et là encore, c’est plus ou moins le statu-quo par rapport à la saison 2017. Handicapé par une blessure au bras en 2017, Mark Melancon, a terminé l’année avec seulement 30 manches lancées, un ERA de 4.50 et 11 Saves en 16 tentatives bien loin de son niveau réel. Sam Dyson, qui l’a supplanté au poste de finisseur (38 IP, 4.03, 14/17 SV) lors de ses absences, devrait retrouver le poste de setup man, tandis que Hunter Strickland (61.1 IP, 4-3, 2.64 en 2017), Cory Gearrin (68 IP, 1.99, .208 BAA) et Will Smith, qui se prépare à retrouver les terrains après une opération Tommy John en Mars 2017, devraient compléter le cœur du bullpen, en compagnie aussi (et surtout ?) du nouveau venu Tony Watson, free agent en provenance des Dodgers après sept saisons chez les Pirates. En sept ans dans les Majors, Watson s’est offert un beau pedigree avec notamment une participation au All Star Game (en 2014), un ERA moyen de 2.68 et un WHIP de 1.086 sur 474 matchs. Recruté l’été dernier par les Dodgers, il s’imposa comme un élément fort du bullpen de Los Angeles lors du parcours vers les World Series. Si ces six-là réussissent à garder la forme et retrouver leur meilleur niveau, les Giants pourraient faire un grand pas vers leur objectif de renaissance.
Vous l’aurez compris, chez les Giants, la saison 2017 catastrophique n’a pas décidé le front-office à tout chambouler pour construire un nouveau projet, et l’on pense vraiment dans la baie de San Francisco que les additions des fortes personnalités de Longoria et McCutchen, des aptitudes de Jackson et des bras de Smith et Watson devraient permettre aux Giants de rebondir vers de nouveaux sommets en 2018. Si l’on a envie d’y croire au vu des qualités individuelles et humaines des joueurs cadres, ce roster des Giants semble tout de même manquer cruellement de densité et de garanties, notamment sur le plan physique. Un rebond, oui, mais pour nous ce sera insuffisant pour aller chercher la Wild Card, au cœur d’une National League dont le niveau s’est bien trop relevé pour faire une place aux Giants, toute dynastie qu’ils soient.
ARIZONA DIAMONDBACKS
Saison 2017 : 93-69 ; 2e en NL West, éliminés par les Dodgers lors des NLDS
Principales arrivées : Brad Boxberger (RHP, Rays), Steven Souza (OF, Rays)
Principaux départs : Brandon Drury (IF, Yankees), Anthony Banda (LHP, Rays)
Prédiction 2018 de Bleacher Report : 89-73 ; 3e
Prédiction 2018 de The Strike Out : 83-79 ; 4e
Les Diamondbacks 2017 étaient-ils un feu de paille, ou étaient-ils annonciateurs de lendemains plus glorieux encore ? Mettons une chose au clair : Arizona est l’une de ces franchises dont je ne comprends pas la dynamique, dans l’échec comme dans le succès. Il suffit donc, j’imagine, que j’annonce un nouvel effondrement des D’Backs, pour qu’ils éclairent une fois encore les nuits de Phoenix de performances inoubliables. Cependant, même dans le plus optimiste des scénarios, difficile d’imaginer les coéquipiers de Paul Goldschmidt reproduire les 93 victoires de la saison 2017.

Comme les Giants, les Diamondbacks ont principalement joué la stabilité à l’intersaison, mais ils ont surtout perdu J.D. Martinez, phénoménal lors de ses deux mois et demi dans l’Arizona avec pas moins de 29 Home Runs marqués en 62 matchs, et une slash line de très gros calibre (.302, .366, .741). Alors certes, les Diamondbacks étaient déjà en position de Wild Card avant l’arrivée du slugger floridien, mais son passage a clairement laissé une trace indélébile du côté de Chase Field. Sans lui, les joueurs de l’Arizona offrent tout de même, une fois encore, de belles garanties de qualité. A commencer par le première base Paul Goldschmidt, quintuple All Star et pour la troisième fois sur le podium du classement du MVP en 2017. Attaque, défense, course, Paul Goldschmidt sait absolument tout faire, même si sa recherche de puissance est couteuse en termes de Strikeouts (.297, 36 HR, 120 RBI, 94 BB, 18 SB et 147 Ks en 2017). Son pendant du troisième coussin, Jake Lamb est une sorte de copie de l‘original, avec un peu moins de justesse a tous les niveaux mais toujours une batte redoutable (.248, 30 HR, 105 RBI, 152 Ks) et le deuxième véritable atout offensif de ces Diamondbacks.
Derrière ces deux leaders offensifs et Martinez, les D’Backs ont principalement brillé en 2017 grâce a un pack très homogène et excellant notamment par sa vitesse sur bases. Ainsi, si 9 joueurs ont frappé 40 RBI ou plus, les Diamondbacks ont fini la saison 2017 en première place de la MLB au niveau Triples (39), en troisième place pour les Doubles (314) et en septième place pour les bases volées (103). Et quelle meilleure illustration de la confiance des D’Backs dans leur baserunning que ce triple improbable du releveur Archie Bradley lors du Wild Card Game. Pourtant, on peut se poser la question de la capacité des joueurs de Torey Lovullo à répliquer en 2018 leurs performances de 2017. Un coup d’œil rapide sur l’effectif souligne efficacement la force et la faiblesse de cet effectif : A part Lamb et Goldschmidt, cet effectif se compose quasi uniquement de valeureux Major Leaguers dont l’on ne pourra pas attendre bien plus que leurs performances de l’an dernier : Nick Ahmed, Ketel Marte, Daniel Descalso et Chris Owings se disputeront les deux places restantes dans l’infield après le départ de Brandon Drury vers les Yankees : A eux quatre, ils ont posté une moyenne au bâton de .252 en 2017. Bien léger pour tenir la baraque en cas de pépin chez les tauliers.
Même question dans l’Outfield : A.J. Pollock (.266, 14 HR, 49 RBI, 20 SB), David Peralta (.293, 14 HR, 31 2B, 57 RBI), sont des joueurs de qualité, mais sont-ils capables de tirer Arizona vers les sommets ? Si l’on suivra de près les performances du troisième titulaire de l’Outfield, Steven Souza Jr., auteur d’une saison tout en puissance avec les Rays en 2017 (.239, 30 HR, 78 RBI, 179 Ks pour 125 H), difficile de ne pas penser que le départ de J.D. Martinez laissera un trou béant dans un outfield qui manque à la fois de percussion et de densité, avec des seconds choix tels que Jarrod Dyson (.251, .324, .350) et Yasmani Tomás (.241, .294, .464) pour doubler les postes sur les champs extérieurs.
Je vous l’ai dit au début, je ne les sens pas trop ces Diamondbacks 2018, et l’installation maintenant complétée d’un « Humidor » à Chase Field pourrait bien être un casse-tête supplémentaire. Cette pièce de conditionnement va permettre aux D’Backs de garder leurs balles dans les conditions recommandées par la MLB, autour de 20 degrés et 50% d’humidité. Bien évidemment, cela changera du tout au tout par rapport aux conditions désertiques de l’Arizona, et le parc de Chase Field, plutôt favorable aux frappeurs, pourrait rapidement se transformer en véritable stade de lanceurs. Potentiellement très embêtant, quand votre succès est axé sur les extra-base-hits et la vitesse sur base.

Alors certes, les nouvelles conditions devraient favoriser les lanceurs. Et voilà qui est intéressant pour les Diamondbacks puisqu’ils possédaient déjà en 2017 le troisième meilleur ERA collectif de la Ligue, juste derrière les Indians et les Red Sox, excusez du peu. Cependant, la rotation inchangée des D’Backs sera-t-elle capable de s’adapter rapidement au changement de conditions (on se souvient des difficultés qu’a pu avoir Greinke pour s’adapter aux conditions de l’Arizona) ? et, surtout, sera-t-elle capable de garder en 2018 un niveau moyen comparable à celui qu’elle a montré en 2017 ? Si Zack Greinke (202.1 IP, 17-7, 3.20) a prouvé avec le temps qu’il est un véritable as, Robbie Ray (15-5, 2.89) devra confirmer son nouveau statut, lui qui avait entamé 2017 avec un bilan de 14-31 et un ERA de 4.65 en carrière. Sans être particulièrement brillants, Patrick Corbin (14-13, 4.03), Taijuan Walker (9-9, 3.49) et Zack Godley (8-9, 3.37) ont eux aussi connu l’une des meilleures saisons de leurs jeunes carrière, sans que l’on ne puisse vraiment définir s’ils ont tous passé un palier, ou s’ils ont lancé bien au-delà de leurs capacités pendant cette superbe année 2017.
Côté Bullpen, les Diamondbacks n’ont connu qu’un changement majeur, mais quel changement, puisque le fantasque closer Fernando Rodney (4.23, 39/45 SV en 2017) est une fois encore parti découvrir de nouveaux horizons, chez les Twins. Du coup, et en attendant le retour de Shelby Miller, absent depuis avril 2017 et au moins jusqu’à l’été après une opération Tommy John, le rôle de closer devrait se jouer entre Archie Bradley, catastrophique dans ce domaine en 2017 (1/7) tout autant qu’il fut solide en tant que releveur classique (73 IP, 1.73, 1.04 WHIP), Yoshihisa Hirano arrivé tout droit du Japon cet hiver (57.1 IP, 2.67 ERA, 29 SV avec les Orix Buffaloes en 2017) à 34 ans, et Brad Boxberger (29.1 IP, 3.38, 12.3 K/9 avec Tampa Bay) qui n’a plus occupé le rôle de closer depuis 2015 (avec tout de même 41 saves et un All Star Game à la clé). Ces trois-là devraient également se répartir la responsabilité des trois dernières manches, épaulés par Randall Delgado (62.2 IP, 3.59) et les gauchers Tim McFarland (54 IP, 4-5, 5.33 et .300 BAA) et Andrew Chafin (51.1 IP, 3.51) pour former le cœur du bullpen. Une fois encore, les Diamondbacks n’ont perdu qu’un élément majeur, mais quel élément, tant pour sa présence dans le clubhouse que par son expérience.
Vous l’aurez compris, je ne suis pas des plus optimistes pour la saison à venir de Diamondbacks qui semblent avoir pratiqué un baseball bien au-dessus de leurs capacités réelles en 2017. Bien entendu, il n’est pas impossible que le miracle se reproduise, mais de là à atteindre une nouvelle fois les 90 victoires, il y a un pas. Et la comparaison avec le projet des Rockies tourne cette fois largement à l’avantage des hommes du Colorado. On pariera donc sur des Diamondbacks présents dans la course à la Wild Card, mais trop juste pour arracher un ticket pour les fêtes d’Octobre. Pour les D’Backs, cette saison devrait à jouer au coude à coude avec les Giants pour conserver une place sur le podium de NL West.
SAN DIEGO PADRES
Saison 2017 : 71-91 ; 4e en NL West
Principales arrivées : Eric Hosmer (1B, Royals), Chase Headley (IF, Yankees), Bryan Mitchell (RHP, Yankees)
Principaux départs : Jabari Blash (OF, Yankees), Ryan Schimpf (IF, Braves)
Prédiction 2018 de Bleacher Report : 65-97 ; 5e
Prédiction 2018 de The Strike Out: 75-87 ; 5e
Si l’on parle beaucoup des Chicago White Sox comme d’un exemple de reconstruction, les Padres sont eux aussi en train de construire un projet plus qu’intéressant pour l’avenir, sans vraiment attirer l’attention. Car, si les Padres possèdent 7 Top 100 prospects dans leurs rangs, comme les White Sox, ils ont depuis plusieurs saisons déjà fait place nette pour leurs jeunes talents, Manuel Margot, Christian Villanueva, Austin Hedges ou encore Carlos Asuaje en tête en attendant les rookies. Pour reprendre les mots du « super-agent » Scott Boras lors de la signature d’Eric Hosmer, les Padres sont assis sur un « Volcan de talent », et si la rotation sera encore un obstacle en 2017, San Diego est prêt à envoyer le feu d’artifice la saison prochaine !

Et s’il fallait un signe pour prouver que les Padres ont amorcé leur virage vers la compétitivité, celui-ci est arrivé le 19 février dernier, quand ils ont signé le visage des Kansas City Royals, Eric Hosmer. Pour un contrat de huit ans et $144 millions, le plus gros de l’histoire de la franchise. Hosmer, clutch player par excellence (souvenez-vous de ses World Series 2015), leader de vestiaire, joueur respecté et de grande expérience à seulement 28 ans. L’évidence même pour mener un projet et encadrer un groupe jeune et ambitieux. Auteur d’une saison solide l’an dernier dans un club en perte de vitesse (.318, .385, .498, 25 HR, 94 RBI), il sera le capitaine d’un Infield renouvelé qui incluera également Chase Headley (32 ans, ex-Yankees, .273, 12 HR et 61 RBI en 2017), Freddy Galvis (28 ans, ex-Phillies, .265, 12 HR et 61 RBI (aussi) en 2017) et le jeune Carlos Asuaje, avec Carlos Villanueva et Cory Spangerberg en embuscade pour profiter des opportunités.
Dans l’outfield, l’attraction numéro 1 est le jeune et talentueux Manuel Margot, 23 ans et un talent brut à polir (malgré une saison 2017 assez médiocre). Il pourra apprendre aux côtés du toujours productif Wil Myers (30 HR, 74 RBI en 2017), infielder poussé dans le champ droit par l’arrivée de Hosmer, tandis que Jose Pirela (.288, .347, .490) complètera l’Outfield en attendant le retour d’Alex Dickerson. Alors certes, les Padres manquent de puissance, et ils furent la pire attaque de MLB en 2017 en termes de Hits, Runs et moyenne au bâton, mais cela fait justement partie de ce que Hosmer et Headley doivent venir apporter au groupe, à l’horizon 2019.
Là où ça va vraiment piquer, c’est au niveau de la rotation. Depuis l’expérience James Shields, les Padres ont considérablement réduit la voilure sur les starting pitchers, et c’est ainsi que leur tête d’affiche sur la butte s’appelle Clayton Richard, vétéran de 34 ans constant dans les performances de milieu de tableau depuis ses premiers pas de Major Leaguer en 2008 (61-68, 4.33 ERA en carrière) et mangeur d’innings (197.1 en 2017). Il sera accompagné par Bryan Mitchell, releveur occasionnel pour les Yankees l’an dernier (32.2 IP, 5.79) et arrivé avec Chase Headley dans le trade de Jabari Blash, Dinelson Lamet (114.1 IP, 4.57, 7-8) et Luis Perdomo (163.2 IP, 8-11, 4.67) encore en « post-formation » chez les « Friars », et probablement Robbie Erlin, starter occasionnel (30 matchs entre 2013 et 2016) depuis ses débuts en MLB. Autant dire, pas de quoi impressionner, il s’agira ici de donner des Innings aux tauliers et aux jeunes talents, avant d’investir sur le futur (à la manière de Philadelphie avec Jake Arrieta, par exemple).

Quant au bullpen, depuis le départ de Brandon Maurer pour les Royals l’été dernier, il s’articule principalement autour de Brad Hand (2.16, 21/26 SV), qui est le seul joueur du roster des Padres à avoir posté un ERA inférieur à 3 avec plus de 20 manches lancées en 2017. Il sera assisté par Kazuhisa Makita, releveur des Saitama Seibu Lions (NPB) et titulaire d’un ERA en carrière de 2.83 dans le championnat japonais, de Craig Stammen (34 ans, 80.1 IP, 3.14 en 2017) ou encore de Kirby Yates (30 ans, 56.2 IP, 3.97).
On ne va pas vous faire un dessin : si le talent est là et le Farm System rempli, la reconstruction n’en est qu’à sa deuxième étape pour la franchise californienne, et il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour s’affirmer comme une franchise compétitive, particulièrement dans une NL West à couteaux tirés. Mais observez bien les Padres cette saison car ils pourraient, sans faire de bruit, commencer à montrer les signes d’une montée en puissance, et pourquoi pas s’approcher eux aussi des 80 victoires, dans une division qui pourrait être, une fois de plus, la meilleure de National League en 2018.