Pas flamboyants pendant la saison régulière, les Chicago Cubs ne sont clairement pas les favoris pour conserver leur titre. Le premier obstacle se présente dès cette National League Division Series. La surpuissante équipe des Washington Nationals et son duo d’aces a un objectif : franchir – enfin – le premier tour de playoffs. Présentation des clés de cette série.
Les Cubs : de favoris à challengers
En route vers la victoire finale, les Cubs avaient signé le meilleur bilan de la saison régulière 2016 avec 103 victoires. Ils n’en ont décroché “que” 92 cette année. Un bilan final pas si mauvais au regard des premiers mois de compétition.

Au moment du All-Star break, les Oursons pointaient à 5 matchs et demi de la tête de la NL Central, derrière de surprenants Brewers. Pas facile de digérer quelque chose que l’on attendait depuis 108 ans! Mais les Rizzo, Bryant, Arrieta et autres ont affiché l’orgueil de champions que l’on attendait d’eux pour signer le meilleur record de National League de la 2e moitié de saison, avec notamment un 15-4 lors des 19 derniers matchs. Leur bilan final est moins bon que celui des Dodgers et des Nationals mais ce rôle d’outsider est justement bien vécu par les joueurs de Chicago et en particulier pour le pitcher Jon Lester : “L’année dernière, nous étions très attendus et nous avions pour obligation de gagner les World Series. Selon moi, c’est plus dur que de défendre ce titre. On avance et on a rien à perdre. On est toujours une très bonne équipe et on va gagner les World Series.”
Kyle Hendricks : l’ace de la postseason
Il faudra attendre un éventuel Game 4 dans cette série face à Washington pour voir Jake Arrieta sur le monticule des Cubs. Lui qui sera free-agent à l’issue de la saison veut réaliser une grosse performance pour, peut-être, une de ses dernières apparitions sous le maillot de Chicago. A l’image de l’équipe, il a été décevant jusqu’au ASG avant de réaliser de belles performances : 6-3 ; 2.28 ERA en 12 starts. Problème : en septembre, il est sorti deux fois prématurément en raison de douleurs à la jambe. Il a subi plusieurs traitements dont un passage en chambre hyperbare. Même s’il a récemment déclaré ne pas être inquiet à l’amorce de cette postseason, son état de forme et de santé inquiète puisqu’il n’a lancé que 10 manches en septembre.
Your #Cubs NLDS Game 1 starter: @kylehendricks28
Game 2: @JLester34
Game 3: @jose_quintana24
Game 4 (if necessary): @JArrieta34 pic.twitter.com/txCQ7DawyJ— Chicago Cubs (@Cubs) 4 octobre 2017
Celui qui se voit confier la balle pour le Game 1 de vendredi c’est Kyle Hendricks. En 2016, il affichait la meilleure ERA de MLB (2.13) et a terminé 3e au vote du NL Cy Young Award. Cette année, perturbé par les blessures, il affiche un bilan final de 7-5 avec une ERA de 3.03 en 24 starts. Mais ce sont surtout ses stats de la 2e moitié de saison qui font de lui le #1 des Cubs pour la défense du titre ultime (3-2 ; 2.19 ERA en 13 starts après le All-Star break). Joe Maddon, le manager des Cubs, est très confiant : “Je pense qu’il lance mieux en ce moment qu’à aucun moment l’année dernière. Sa vélocité est meilleure et ses autres balles à effets marchent mieux.”

La confiance est de mise par rapport à la prestation d’Hendricks en postseason l’an dernier : en 5 starts, le lanceur droitier a signé une fiche de 1-1 avec une ERA impressionante de 1.42. Les Cubs ont remporté 3 de ces 5 rencontres, avec bien sûr en point d’orgue ce Game 7 désormais mythique des World Series.
On a dit que le bilan des Cubs a été le meilleur dans la dernière moitié de saison, grâce à la rotation qui a affichait une ERA collective de 3.53. C’était la 3e meilleure en MLB derrière celle des Indians et – tiens, tiens – celle des Nats. Jon Lester, toujours aussi performant en octobre, et surtout Jose Quintana complètent l’affiche pour ces NLDS, avec Lackey et Montgomery en réserve si besoin. Quintana est arrivé des White Sox voisins au moment du All-Star break. Dans la foulée de sa participation à la World Baseball Classic, le Colombien va participer à la postseason pour la première fois de sa carrière. S’il affiche au final sa plus mauvaise ERA en 6 ans (4.15), il bat son record personnels de strikeouts (207). Il a surtout débuté 32 matchs pour la 5e saison consécutive. Son endurance sera précieuse pour Chicago.
Le bullpen des Cubs a fait aussi bien que les partants avec la 6e meilleure ERA collective (3.80) et la 3e plus basse moyenne adverse (.224). L’ancien Royal, Wade Davis, n’a pas tardé à se faire apprécier des supporters : il a réalisé 32 saves consécutifs, tout simplement le record de la franchise!

Autres records pour les releveurs: .134 de moyenne adverse pour Carl Edwards Jr (numéro 1 en MLB) et les 21 holds de Pedro Stop (lui permettant ainsi de devenir le meilleur de l’Histoire des Cubs dans cette catégorie).
L’attaque des Cubs : pas très Bryant!
Avec un lineup quasi-inchangé puisque seul Dexter Fowler – parmi les joueurs d’importance – a quitté le club (plus la retraite de David Ross), les Cubs n’ont pas été très incisifs au bâton. Ils ne décrochent que le 16e AVG collectif de la saison (.255), derrière des équipes comme les Marlins, les Braves ou les Tigers au bilan bien plus mauvais. Il faut tout de même nuancer avec un bon OBP (présence sur base) de .338, 4e meilleur de MLB et 1er de National League. Un trio se dégage dans l’année offensive des Chicagoans : les trois joueurs de champ intérieur, Kris Bryant, Javier Baez et Anthony Rizzo.
Intéressons-nous au cas du premier (piégé dans la vidéo ci-dessus par le Hall of Famer Greg Maddux) qui va connaitre une situation inédite pour lui : il ne va sans doute pas remporter de trophée individuel et ce sera une première dans sa carrière. Il a enchainé le titre de meilleur joueur de Ligue Mineure en 2014, Rookie de l’année de la National League en 2015 et MVP de la National League en 2016… Une progression linéaire – ponctuée bien sûr de la victoire en World Series – pour le Golden Boy. Bryant a signé sa meilleure moyenne au bâton de sa carrière cette saison (.295) mais aussi en OBP (.409). Il a cependant moins joué (une cinquantaine de AB en moins), ce qui a impacté son nombre de RBI (73 en 2017 contre 102 en 2016).

Kyle Schwarber a lui connu une saison particulière. Après sa grave blessure en avril 2016 qui l’avait privée de toute la saison avant un retour de dernière minute en postseason, le jeune outfielder avait l’opportunité d’enfin s’affirmer. Le 4e choix de la draft 2014 a affiché de très mauvais AVG (.211) et OBP (.315), et un nombre très important de K (150, 10e plus gros total en NL). Face à ses difficultés, Joe Maddon a même rétrogradé Schwarber en Triple A entre le 22 juin et le 6 juillet. Les lanceurs des Nats devront tout de même se méfier car avec 30 HR, c’est le 2e plus gros total des Cubs derrière les 32 de Rizzo.
Les Nationals, un monstre à deux têtes
La rotation
L’équipe de DC possède sans doute le meilleur 1-2 punch de MLB avec Max Scherzer et Stephen Strasburg. Le premier est favori pour un nouveau Cy Young ; le second est absolument infrappable ces dernières semaines. En 5 starts en septembre, Strasburg a signé un impeccable 4-0 avec une ERA de 0.83. Le droitier n’a pas accordé de points lors de 5 de ces sorties (aucun ER pendant 35 manches consécutives). En un mois, le droitier barbu n’a concédé que 2 XBH (deux doubles). Tous ces chiffres ont logiquement fait de lui le “Pitcher of the Month”.
Stephen Strasburg allowed only 3 ER in all of September.
Now he’s @MLB‘s NL Pitcher of the Month. https://t.co/oJ0csQf83p pic.twitter.com/ue9Q1hHLM6
— Washington Nationals (@Nationals) 2 octobre 2017
Strasburg a terminé sa saison régulière avec ces chiffres incroyables : 15W – 4L ; ERA 2.52 (record en carrière) et une WHIP de 1.015. Son état de forme lui offre le spot de numéro 1 pour cette NLDS face aux Cubs malgré son inexpérience en posteason (un seul start). Son absence sur blessure, il y a un an, avait grandement coûté à son équipe qui s’était incliné d’un petit point au Game 5 de la NLDS face aux Dodgers. Cette année, il prend le tour de celui que l’on pensait invincible : le grand Mad Max!
Incroyable sur le monticule tout au long de la saison (16-6 ; ERA 2.51 ; WHIP 0.90 ; 28 K en 200.2 IP) et même auteur de son premier HR en carrière le 1er août contre les Marlins (ci-dessus), Max Scherzer fait courir des sueurs froides dans le dos des supporters des Nats. Une légère blessure au bras qui l’a contraint à quitter prématurément son dernier start en saison régulière. Il a assuré qu’il lancera pendant cette série face aux Cubs mais on ne sait pas pour quel match… mais imaginer le duo Strasburg-Scherzer est très excitant…
… d’autant que l’on peut ajouter un troisième larron à cette rotation de qualité : Gio Gonzalez, qui affiche lui aussi une ERA inférieure à 3.00 cette saison!

Double G a signé la deuxième meilleure saison de sa carrière, tout proche de son niveau de 2012 à son arrivée à Washington. Fin août, il a porté un no-hitter jusqu’en 9e manche avant de concéder un simple au Marlin Dee Gordon. Tout petit bémol à l’entame de cette postseason, Gonzalez a concédé deux défaites lors de ses deux dernières sorties.
L’attaque
Le lineup des Nationals n’a pas mis très longtemps à soutenir ses pitchers de la meilleure façon qu’il soit : en marquant des points. Dès le premier mois de la saison, nous vous relations les exploits offensifs de l’équipe (ici). Entre un Murphy toujours aussi régulier, un Zimmerman régénéré, un Harper sur des bases de MVP avant sa blessure, un Rendon auteur de sa meilleure saison, un Lind parfait dans son rôle de joker, un Taylor enfin révélé… le tout accompagné de la vitesse de Turner… la Red Machine offensive des Nats n’a pas vraiment de faiblesse.

Une puissance offensive en action contre les Brewers le 27 juillet avec un back to back to back to back : soit 4HR consécutifs signés Brian Goodwin, Wilmer Difo, Bryce Harper et Ryan Zimmerman.
C’était seulement la 7e fois dans l’histoire de la MLB qu’une équipe frappait 4 HR consécutifs, la dernière c’était les Diamondbacks en 2010 déjà contre les Brewers. Aucune n’en avait frappé 5 de suite. Le passage au bâton de Daniel Murphy laissait espérer un record historique, mais il se fit retirer… juste avant qu’Anthony Rendon ne frappe un nouveau HR, le 5e en 6 batteurs!!! Dans ce même match face à Milwaukee, Harper et Zimmerman ont frappé 2 HR et un autre de Jose Lobaton a porté le total à 8!
Même l’absence de Bryce Harper pendant un quart de la saison n’a pas eu de conséquences directes sur la production des Nationals qui se sont promenés dans la NL East Division (20 matchs d’avance sur les Marlins). L’horrible glissade de la star sur une base en août n’est qu’un lointain souvenir. L’ancien MVP – parti sur des bases élevées cette saison – a disputé 5 rencontres en fin de saison régulière au plus grand soulagement du GM Mike Rizzo : “Sa présence dans l’équipe est importante, pas seulement pour lui, mais aussi pour l’ensemble de ses coéquipiers. Il nous donne une meilleure profondeur et renforce notre milieu de lineup. Je pense qu’il va changer la façon dont les lanceurs adverses vont aborder les duels face à nos joueurs”.
Malgré tout, Harper doit gérer une grosse blessure mentale et psychologique : natif de Las Vegas, il a été très affecté par la tragédie de la semaine dernière. Il va tenter de redonner du baume au cœur aux habitants de Sin City sous le choc après l’effroyable fusillade.
The pride of Vegas runs deep when you are born and raised in such a great town. I can’t fathom the horrific event that has taken place! …
— Bryce Harper (@Bharper3407) 2 octobre 2017
Le facteur X pour les Nats? Le bullpen!
Lors de la première partie de la saison, les Nationals possédaient le pire bullpen de la MLB, pire ERA, pire batting average adverse. Les releveurs avaient gâché 14 saves au moment du ASG et leur ERA de 5.62 dans les 7e, 8e et 9e manche était la plus mauvaise dans les Majeures. Le 15 juillet, le front office obtient les signatures conjointes de Ryan Madson et Sean Doolittle en provenance d’Oakland, et celle de Brandon Kintzler quelques secondes avant le gong final de la trade deadline. Depuis que Madson et Doolittle ont porté le maillot de DC pour la première fois le 17 juillet, aucune équipe de National League n’a une ERA plus faible dans les manches finales que les Nationals!
Le mois de juillet a donc marqué un tournant dans la saison de l’équipe de la capitale. Même si en raison du retard accumulé dans les premiers mois, les releveurs des Nats n’ont décroché au final que la 23e ERA collective de la MLB avec 4.41 (pour comparer : les starters c’est une ERA de 3.63, 4e en MLB). Malgré l’énorme coup de boost de Doolitle, Madson et Kintzler, le bullpen des Nats c’est 46 saves en 64 opportunitées et une dernière place en MLB en nombre de K : 445 contre 458 aux Giants, avant-dernier (662 pour les Astros à l’autre bout du classement). 11 pitchers de Washington ont au moins un save cette saison.

Quel bilan final aurait signé les Nats avec un meilleur bullpen? On ne le saura jamais, mais la barre des 100 victoires aurait bien sûr été franchie (ils sont restés scotchés à 97 contre 65 défaites)… mais sans le trio Doolitle-Madson-Kintzler, on sait aussi qu’ils en auraient compté moins!
En 30 apparitions sous le maillot blanc ou rouge, Sean Doolittle affiche une ERA de 2.40, avec 21 saves en 22 opportunités, WHIP de 1.000 et un ratio strikeouts-to-walk de 31-8. Même si les chiffres du barbu ont été légèrement meilleurs en août qu’en septembre, c’est bien le mois dernier qu’il a été désigné NL Reliever of the month (on rappelle que c’est son coéquipier Strasburg qui a été Pitcher of the month également en septembre, Scherzer l’avait été en juin, et Ryan Zimmerman en avril, pour le trophée de joueur du mois).
DOOOOOOOOOOOOOOOOO *inhales* OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO! https://t.co/oJ0csQf83p pic.twitter.com/3CTzLMjIMI
— Washington Nationals (@Nationals) 2 octobre 2017
Pour passer l’obstacle Cubs, les Nats vont devoir puiser dans leur bullpen et c’est là que Matt Albers, Oliver Perez et Sammy Solis devront hausser leur niveau de jeu. Le premier réalise tout de même sa meilleure saison en 12 ans en MLB (ERA 1.66, WHIP 0.86, strikeouts-to-walk ratio 3.59, tous des records en carrière).
Le retour de Dusty Baker à Chicago
Jusqu’en octobre 2016, Dusty Baker était le manager qui avait emmené les Cubs le plus loin possible dans leur quête des World Series après 71 ans d’absence en finale. Il avait échoué d’un rien en 2003 avant que Joe Maddon ne fasse (beaucoup) mieux la saison dernière.

Le passage de Dusty Baker à Windy City date d’il y a plus de dix ans, mais les fans des Oursons ne l’ont pas oublié et inversement. Même s’il est déjà revenu depuis à Wrigley, avec les Nats et pendant ses 6 saisons de coaching avec les Reds de Cincinatti, cette postseason aura forcément une saveur particulière pour lui. Baker n’a sans doute jamais eu sous ses ordres une équipe aussi talentueuse, à lui d’emmener Washington où il n’a pu emmener Chicago il y a quelques années : tout en haut!
Le pronostic de TSO
Grâce à sa très bonne fin de saison régulière, le champion arrive bien lancé pour défendre son titre. Les Cubs ont l’expérience de la gagne, contrairement à leurs adversaires qui ont toujours craqué à ce niveau de compétition. Pour les Nats, c’est un peu l’année ou jamais. Ils n’ont jamais paru aussi forts des deux côtés du terrain : leur rotation Scherzer-Strasburg-Gonzalez est au top (il faudra quand même surveiller la blessure de MadMax) et leur lineup est redoutable de puissance.
Nationals 3 – Cubs 1 : les Nationals avancent en NLCS pour la première fois de leur histoire.