Cette année, il n’y aura pas une, pas deux mais bien 3 équipes de la NL West qui seront présentes lors des phases finales. Deux d’entre elles vont devoir s’affronter dans un match couperet : le Wild Card Game. Les Dbacks de l’Arizona recevront les Colorado Rockies dans cette rencontre à quitte ou double. Le vainqueur ira affronter les Dodgers, le vainqueur de la NL West, tandis que l’autre retournera à ses études et verra sa saison prendre fin. Présentation des forces en présence avant ce derby de l’Ouest Américain.
Arizona Diamondbacks (1ère WildCard : 92-67, 2e de NL West)
Qui l’eut cru ? Même chez The Strike Out, on était sceptiques sur les chances des Arizona Diamondbacks cette saison. Et pourtant le club du désert est parvenu à décrocher la première Wild Card de la National League et aura donc l’avantage de recevoir lors de ce match couperet. Pour la 6e fois en 20 ans d’existence cette franchise atteint donc les phases finales au terme d’une saison régulière impressionnante.

Après une saison 2016 terminée avec un bilan de 93 défaites, ce fut l’heure du grand chambardement du côté de l’Arizona. Nouveau GM, nouveau Manager et nouvelle politique. Du côté des observateurs, l’optimisme n’était pas vraiment à l’ordre du jour concernant les DBacks. Et pourtant … Dans l’ombre des intouchables Dodgers, le club coaché par Torey Lovullo, fait le travail et même très bien. Son bilan de (93-67) est meilleur que le vainqueur de la NL Central, et classe les joueurs de l’Arizona à la 3e place de la National League. Mais d’où vient ce changement incroyable ?
C’est très simple, il s’agit du pitching. Horrible, indigne, désastreuse, voilà comment on aurait pu définir la saison 2016 du pitching staff des Dbacks. Avec un ERA moyen de 5.35, le groupe de lanceurs de l’Arizona a plombé la saison. Même l’ace Zack Greinke a été aux abonnés absents. Mais le GM du club a décidé de conserver sa confiance dans son groupe et a trouvé la solution miracle. Le poste de receveur. Au revoir la puissante batte Wellington Castillo, mais à la défense plus que moyenne. Place au framing et à la défense avec un duo plein d’expérience : Chris Ianetta et Jeff Mathis. Et ça marche, les deux receveurs transforment la rotation et en font une machine bien huilée. Avec un ERA collectif de 3.61, les lanceurs de départ de l’Arizona se placent à la 3e place de la MLB dans cette catégorie derrière les Indians et les Dodgers.
Ainsi Zack Greinke a retrouvé sa forme de Cy Young avec un ERA de 3.20, 215 Strikeouts (11e meilleur total de la MLB) et un bilan de 17-6. L’ace est en course dans la quête du titre de Cy Young. Mais à la différence des autres années, il n’est plus seul. Robbie Ray a enfin confirmé son immense talent et sort une saison XXL (2.89 d’ERA, 218 strikeouts (9e du pays) et un bilan de 15-5. Mais ce n’est pas tout, Tajiuan Walker, arrivé de Seattle, s’est mis au diapason avec un bilan de 9-9, 3.49 d’ERA et 146K. On se dit qu’avec un tel trio, Arizona est bien armé pour les phases finales. Mais les Dbacks peuvent encore sortir un autre lanceur avec un ERA inférieur à 4, il s’agit de Zack Goodley (3.37 d’ERA, 165K) qui s’est révélé cette saison et qui a été une très belle surprise. Et enfin le dernier larron, Patrick Corbin (4.03 ERA) a été un peu en dessous malgré un été torride et exceptionnel pour lui. La rotation des Dbacks sera donc un atout majeur lors des phases finales. Et nul doute que le club va envoyer Zack Greinke lors de la Wild Card, lui qui a déjà lancé 9 matchs de Postseason pour un bilan de 3 victoires et 3 défaites. Mais surtout, il présente durant ces matchs de playoffs un ERA moyen de 3.55. Tout simplement impressionnant. Et cela devrait faire la différence face à la jeunesse de ses adversaires sur le monticule.

Du monde (enfin) derrière Goldschmidt
A la batte, les joueurs de l’Arizona ont pu compter sur Paul Goldschmidt, sûrement l’un des joueurs les plus sous-côtés de la MLB. Le joueur de première base présente un sacré CV, et postule avec force au titre de MVP. Celui qui a terminé par deux fois à la deuxième place de ce prestigieux honneur, a encore sorti une saison XXL. En effet, il est le seul joueur cette saison à avoir frappé plus de 30 HRS, plus de 100 RBIs tout en volant plus de 15 bases. #Polyvalence. En 7 ans dans la ligue, il a déjà frappé 176 HRs, 627RBIs et volé 117 bases. De quoi faire la fierté de son club et des observateurs des Dbacks.
Attention media (those voting for MVP Award). The case for Goldy is clear. #MVPaul pic.twitter.com/deE6GU5kqB
— Josh Rawitch (@joshrawitch) 27 septembre 2017
Toujours accompagné de ses fidèles lieutenants Jake Lamb (.248/30HRs/105RBIs) David Peralta (.293/14HRs/57RBIs) ou encore AJ Pollock (.266/14HRs/49RBIs/20SBs), Paul Goldschmidt a pu compter sur quelqu’un qui lui a ôté une certaine pression des épaules. Un joueur qui n’était pourtant même pas dans l’effectif au début de saison. Le 18 juillet, les dirigeants des Dbacks réalisent un superbe coup en recrutant JD Martinez. Contre notamment deux de ses 15 meilleurs prospects, Arizona récupère l’une des plus grosses battes de la ligue. Et les résultats de ne se font pas attendre. Le joueur excelle dans le désert, avec une moyenne à la batte de .304/29HRs et 65 RBIs en seulement 61 matchs. Surtout l’ancien joueur des Astros et des Tigers a réalisé un mois de septembre exceptionnel. Il a égalé le record de HRs de la National League pour le mois de septembre avec 16 (à égalité avec Ralph Kinner en …1946). Portant son total à 45, un nombre bien aidé par cette incroyable performance lors d’un match face aux Dodgers où il est devenu le 18e joueur de l’Histoire a frappé 4 HRs dans un même match.
Enfin pour finir, il a également battu le record des Dbacks des RBIs sur le mois de Septembre avec 36. Bref, vous l’aurez compris. JD Martinez a été d’une aide précieuse dans la dernière ligne droite pour les playoffs.
Pour résumer cette équipe est très équilibrée, et peut faire mal durant ces play-offs. Selon moi, le match de Wild Card face à Colorado ne devrait être qu’une formalité. Zack Greinke sera, à moins d’un malheur, le lanceur titulaire lors de cette rencontre. Il a été impérial cette saison et possède une grande expérience des Play-offs. L’attaque devrait être au rendez-vous également. Surtout les Dbacks ont un avantage psychologique sur les Rockies puisqu’ils ont remporté 11 de leurs 19 matchs face à Colorado. Au tour suivant les coéquipiers de Paul Goldschmidt devraient retrouver une autre vieille connaissance en la personne des Dodgers. Et là aussi, Arizona possède un petit avantage puisqu’ils se sont, là aussi, imposés à 11 reprises en 19 rencontres face aux Californiens… Alors cette équipe a t-elle les épaules pour égaler celle de 2001 qui est allée chercher le titre en 2001 ? Début de réponse le 4 Octobre prochain !
By Martin Keuchel

Colorado Rockies (2e WildCard : 86-73, 3e de la NL West)
En ayant suivi la saison de loin, on pourrait croire que 2017 a été une promenade de santé pour les Rockies. Voyez plutôt : la franchise de Denver a réussi la performance assez remarquable de ne jamais sortir des places qualificatives pour les playoffs depuis l’ouverture de la saison, début avril. Et pourtant, la réalité est toute autre. Les hommes de Bud Black auront dû batailler jusqu’au terme de la saison régulière pour contrôler le retour des Brewers et garder les Cardinals à distance raisonnable. Colorado ressort de cet exercice avec sa première qualification pour une postseason depuis 2009 et avec de nouvelles certitudes, portées par des battes surpuissantes et par une jeune rotation qui aura su faire fi des conditions particulières de Coors Field pour s’imposer comme un pitching staff crédible et prêt à passer au niveau supérieur.
Colorado reste néanmoins l’une de ces équipes dont la vocation première est d’alterner le meilleur et le pire d’un match à l’autre, et même au cœur d’une partie, un peu à l’image de son stade Coors Field, imprévisible pour les lanceurs et propice aux frappeurs. Mais cette fois, la partie se jouera au Chase Field de Phoenix et sous un toit fermé. Pas forcément une mauvaise chose pour les Rockies qui ont partagé les victoires (5-5) chez leur rival de l’Arizona mais ont perdu six de leurs neuf matchs à domicile contre les Diamondbacks.
Colorado est imprévisible donc, mais l’équipe semble avoir pris un virage favorable sous l’impulsion de Bud Black, arrivé à l’automne 2016 aux commandes à Denver. Avec un effectif équilibré, un beau mix de jeunesse et d’expérience, et quelques stars au sommet de leur art, les Rockies sont en train de franchir un palier, et de ravir les fans de baseball qui n’attendaient que de voir ce que Arenado, Blackmon et leurs partenaires peuvent offrir dans le grand show de la postseason… Mais seront-ils de taille ?
Offense en feu, et pitching enfin à la hauteur ?
S’il faut considérer en premier lieu l’aspect offensif, la question est oui, sans aucune question. Les Rockies possèdent dans leur rangs deux joueurs qui sont aujourd’hui, sans le moindre doute possible, des candidats sérieux au titre de MVP en National League (voir plus loin). Les Rockies sont la meilleure équipe de National League en terme de moyenne au bâton (.273), de présence sur base (.338), de coups sûrs frappés (1510) et de points marqués (824). Et ils s’en est fallu de peu pour qu’ils n’aient aussi le meilleur OPS, dépassés seulement d’un millième de point par les Washington Nationals dans ce domaine.
Alors vous me direz que le fameux stade de Coors Field, son atmosphère, l’altitude, le manque de friction… Oui et non… Si les Rockies ont un bilan offensif bien plus impressionnant à domicile qu’à l’extérieur, ils brillent principalement par leur régularité au bâton, et par le nombre de hits frappés, plutôt que par la puissance : les Rockies n’ont d’ailleurs que le quatrième bilan de National League en termes de doubles et le dixième pour les coups de circuit, mais cinq membres essentiels du lineup qui frappent au-dessus de .300 (le batting champion de NL Charlie Blackmon, Le Mahieu, Lucroy, Parra et Arenado), c’est la véritable force du lineup des Rockies.
Mais c’est aussi du côté des lanceurs que les Rockies ont réussi à trouver un nouvel équilibre. Si l’ERA collectif du pitching staff, à domicile, reste bien entendu le pire de National League (4.93), les Colorado compensent ce handicap avec le meilleur OPS à domicile (.862). Sur la route, en revanche, les Rockies ont réalisé de nets progrès par rapport à l’an dernier, avec un ERA de 4.09 (contre 4.37 en 2016), le sixième de National League, et un bilan tout juste positif de 41 victoires pour 40 défaites.

Surtout, la jeune rotation des Rockies a tenu la route tout au long de la saison, pour un bilan plus qu’honorable pour les trois rookies de la franchise : German Marquez en termine avec un bilan de 11-7 et un ERA de 4.39, Kyle Freeland affiche un bilan de 11-11 et 4.10 et Antonio Senzatela finit avec 10-5 et 4.68. Pour les accompagner, le sophomore John Gray a réalisé une saison fantastique pour en terminer avec un ERA de 3.68 pour 10 victoires et 4 défaites. Finalement, seul l’expérimenté Taylor Chatwood n’a pas réussi à tirer son épingle du jeu et se mettre au diapason (8-14, 4.75), mais les Rockies terminent l’exercice, en tant que collectif, avec un ERA+ (ajusté) qui les places en cinquième position de National League, derrière les quatre autres qualifiés pour la postseason. Suffisant pour tenir le navire à flot, si les battes font leur travail habituel !
Les Stars : Chuck Nazty and the Sandblaster
Mais les Colorado Rockies peuvent surtout se vanter d’avoir dans leurs rangs deux des tous meilleurs joueurs de la saison régulière en National League, et deux candidats légitimes au titre de MVP. A ma droite, celui qui a réalisé de très loin la plus belle saison de sa carrière dans les Majors. En vrac, il est Charlie Blackmon a.k.a. Chuck Nazty devenu le premier leadoff hitter de l’histoire de la MLB à dépasser les 100 points produits sur une saison (104 au total), il mène les Majors en termes de Triples (14), de Total Bases (387), de coups surs et de points marqués (137). Et il termine également la saison avec le titre de Batting Champion d’American League, sa moyenne de .331 au bâton étant la deuxième de MLB derrière l’intouchable José Altuve (Astros, .346).
A ma gauche, Nolan Arenado, a.k.a The Sandblaster a complété sa troisième saison consécutive avec 130 points produits ou plus. Seuls 11 joueurs ont réalisé cet exploit dans l’histoire de la MLB, et il est le plus jeune. Arenado a ajouté à cela 37 Home Runs, comme son compère de l’attaque et 43 doubles (premier en National League) pour aider les siens à aller chercher la qualification en postseason. Surtout, Arenado s’est trouvé une nouvelle vocation de leader. Sous l’impulsion de Bud Black, il a pris ses responsabilités au sein du clubhouse, tout en se montrant encore un peu plus étincelant sur le terrain. Une statistique ahurissante suffit à résumer l’influence d’Arenado sur les résultats de son équipe : lorsque Nolan Arenado passe au bâton avec des joueurs en position de marquer, pour un total de 156 At Bats, sa slash-line s’élève à .385/.469/.801, un OPS de 1.270, 17 Home Runs frappés et 98 Points produits. Plus clutch que ça, il n’y a pas en MLB !
Si Charlie Blackmon est également un bon élément sur le champ, Nolan Arenado ajoute lui à ses performances offensives celles de l’une des meilleurs défenseurs non seulement de sa génération, mais peut-être même de l’histoire du baseball. Quadruple – bientôt quintuple – Gold Glover au poste de joueur de troisième base, Arenado est capable de capter la balle et la transmettre dans toutes les positions. Il affiche un WAR défensif de 2.05 sur la saison, le 6eme de MLB et le meilleur pour un 3B, qui lui permet de s’offrir pas moins de 7.4 WAR sur la saison (5e). Joueur complet, défenseur hors pair, leader et vrai « clutch player », Nolan Arenado est sans aucun doute l’homme qui peut faire pencher la balance en faveur des Rockies lors de ce match de Wild Card.
En Résumé
Les Rockies ne sont en aucun cas favoris, face à une équipe de Diamondbacks solide, et particulièrement lors d’un match couperet face à un Zack Greinke qui a retrouvé son meilleur niveau cette saison. Greinke offre un bilan de 2-1 face aux Rockies en cinq matchs cette saison, mais il n’a pas toujours été impérial, notamment face à DJ Le Mahieu (.385) ou Nolan Arenado (0.375). Tandis que les Diamondbacks se mettaient à l’abri dès la mi-septembre grâce à une belle série de victoires, au début du mois, les Rockies ont fini la saison le couteau entre les dents, et ils auront dû attendre l’avant-dernier match pour prendre leur ticket pour la postseason. Cet esprit commando, et la force offensive des Rockies pourrait suffire aux Rockies pour surprendre un adversaire qu’ils connaissent par cœur.
Mais cette qualification est aussi, et surtout, un signal fort pour l’avenir. Les Rockies ne sont plus simplement des losers sympathiques avec quelques superstars, Colorado est en train de bâtir un roster qui, si le front office continue son beau travail, pourrait bien venir se battre pour le titre suprême dans un futur très proche !
by Bastien deGrom