À mi-saison de la D1, le Challenge de France peut-il changer la donne ?

Alors que les huit équipes de D1 se retrouvent à Rouen et Montigny du 25 au 28 mai pour le Challenge de France, la D1 vient de terminer sa première partie de saison. Et disons-le de suite, une première partie de saison très surprenante avec le top 3 habituel, Rouen-Sénart-Montpellier, bousculé. De quoi espérer d’autres surprises au Challenge de France ? The Strike Out fait le point sur le championnat et vous présente un Challenge 2017 prometteur.

Championnat de France D1, Un top 3 bousculé mais un leader rouennais toujours invaincu

Il y a des choses immuables dans la vie. Le soleil se lève et se couche chaque jour. La Lune tourne autour de la Terre. Après la pluie, vient le beau temps. Rouen règne en maître sur la D1. Des choses immuables qui nous rassurent face aux incertitudes de la vie. Trêve de philosophie. Et oui, les Huskies sont encore devant et ils sont même invaincus. Pourtant, ils n’ont pas rayonné en attaque. Avec .285 de moyenne, ils ne sont « que » la deuxième équipe du championnat en attaque mais ils compensent avec un ERA collectif de 1.23, leader en la matière, leur assurant victoire sur victoire.

Et ce n’est pas la première fois que les Huskies connaissent un tel début de saison. Quand on domine, il est parfois difficile d’avoir assez faim pour tout écraser avec la manière. En général, la coupe d’Europe lance la saison « rouleau-compresseur » des normands car affronter le haut niveau européen est une source de motivation sans égale pour eux. Néanmoins, bien qu’ils ont été ici ou là accrochés, les rouennais affichent un bilan impérial de 14 victoires pour zéro défaite. Immuable… et imbattable ?

Derrière, Sénart soutient la cadence avec 12 victoires et 2 défaites. Deux défaites face aux surprenants Cougars de Montigny et dimanche dernier face au PUC. Cependant, Rouen et Sénart ne se sont pas encore rencontrés. Leur affrontement décalé aura lieu le 4 juin. Ce sera l’occasion de jauger de la force des principaux challengers 2017 des Huskies. Les Templiers possèdent la meilleure attaque, la seule au-dessus des .300 (.321) et le deuxième ERA collectif (2.04). Meilleure attaque contre meilleurs lanceurs, une vraie opposition de titans. Même si les Templiers ne sont pas invaincus, ils se sont installés à une deuxième place solide devant les Barracudas de Montp… Et non !

Surprenant. Montpellier n’est pas dans le top 3 alors que la première partie de saison s’achève. Les Barracudas avaient pourtant l’ambition de détrôner le champion mais leur début de saison s’est avéré compliqué. Dès la première journée à domicile, Montpellier partageait avec Savigny, performance qu’ils ont réédité dimanche dernier chez les Lions. Entre temps, Montpellier, bien qu’accrocheur, n’a pris aucune victoire sur ses adversaires directs que sont Rouen et Sénart. Pire, les héraultais furent accrochés par de nombreuses équipes de la seconde partie de tableau. Si les Barracudas ont la troisième attaque et le troisième pool de lanceurs en ERA, leur fiche de 8 victoires et 6 défaites les placent en 4ème position derrière les incroyables Cougars de Montigny.

Fini le temps où le promu ignymontain avait encaissé une saison cauchemardesque à 28 défaites et zéro victoire en 2011. Cette saison, Montigny a su s’imposer, y compris face aux gros puisque les Cougars prirent un match aux Templiers, sans leurs imports, lors de la 3ème journée et passant près de la victoire face aux Barracudas. Résultat, les voilà à une surprenante 3ème place avec une fiche de 9 victoires et 5 défaites. Pas si surprenante quand on connaît la solidité du groupe de base avec des joueurs expérimentés et de jeunes joueurs plein de talent. Les Cougars ont les crocs, tout comme les Lions de Savigny.

Une course aux deux dernières places en playoffs qui promet d’être acharnée

Les savigniens ne revivent pas leur gloire passée à la tête du baseball français mais ils ont surpris leur monde en affichant un beau niveau de jeu. Le partage dès la première journée à Montpellier a parfaitement lancé leur saison. Passés proche d’infliger leur première défaite aux Huskies après une défaite 1-0, il a manqué aux Lions la régularité de Montigny face aux « petits » du championnat pour terminer plus haut à mi-parcours. Néanmoins, au vu des prestations passées, cette fiche de 6 victoires et 8 défaites reste encourageante. Les Lions sont encore dans la course pour les playoffs, avec un net avantage sur leurs poursuivants, le PUC et les Arvernes de Clermont-Ferrand.

Mais là encore, le PUC ne déçoit pas… trop. Certes, les pucistes sont 6ème avec seulement 4 victoires en 14 parties mais ils ont quand même proposé une belle opposition, remportant même un match face à Sénart dimanche dernier. Avec un peu plus de solidité, ils auraient pu rajouter quelques victoires dans des matchs serrés comme dans le premier match du week-end dernier contre les Templiers où les pucistes mènent 2-0 en fin de 8ème avant d’encaisser 4 points dans la 9ème manche.

Côté Clermontois, les mêmes regrets que chez les parisiens. Les Arvernes n’ont pu ou voulu recruter autant d’imports que la saison dernière, imports qui avaient littéralement porté l’équipe. Pour autant, ils n’ont pas été ridicules car, au-delà de leurs trois victoires, plusieurs défaites l’ont été de justesse face au PUC, Montigny ou Savigny. La lutte pour une place en playoffs risque d’être acharnée entre Savigny, le PUC et Clermont.

Enfin, tout en bas du classement, Saint Just – Saint Rambert. Les Ducks avaient sûrement imaginé autrement leur promotion en D1. On les sentait confiants, voir conquérants. Les voilà, lanterne rouge avec 14 défaites en autant de rencontres. Les Ducks ont failli décrocher leur première victoire deux ou trois fois mais ils ont surtout encaissé 159 points dont 108 mérités et en commettant 50 erreurs. En comparaison, le PUC, leur dauphin en la matière, a encaissé 95 points. Symbole de l’échec du promu, Douglas Rodriguez. Celui qui était la meilleure batte du championnat, le seul à pouvoir concurrencer les meilleurs imports de la D1 et qui frappa .381 en 2016 a vu sa moyenne à la batte chutée à .195, ce qui est plus que surprenant.

Pour résumer : Rouen en mode diesel mais déjà dominant, Sénart en sérieux challenger mais qui doit encore se tester face au champion, Montigny en trouble-fête surprise mais pas tant que ça finalement dans le haut du tableau, Montpellier en prétendant loin de ses prétentions, Savigny en regain de forme cette saison, le PUC en recherche de solidité pour viser plus haut, Clermont qui s’accroche dans la course aux playoffs et Saint Just en souffrance.

Un Challenge de France indécis cette saison ?

Poule A à Rouen : Rouen (1er), PUC (6ème), Clermont-Ferrand (7ème), Saint Just (8ème)

Qui pour détrôner Rouen ? Qui pour, ne serait-ce, que lui infliger sa première défaite de la saison ? Ne pensez-pas que les champions viendront les mains dans les poches avec leur statut d’invaincus en championnat. Tout d’abord, les Huskies reçoivent le Challenge de France. En tant que club organisateur, ils voudront briller sur et en dehors des terrains. Un Huskie motivé est un Huskie quasi-imbattable.

Une motivation qui va aussi prendre sa source dans la prochaine coupe d’Europe, le grand moment de la saison pour Rouen. Le moment où les normands peuvent se mesurer au top niveau européen et se jauger réellement, là où en France ils dominent outrageusement. Ce Challenge aura donc l’allure d’un tremplin vers l’Europe tout comme le match en décalé face à Sénart le week-end suivant. Avec une attaque en deçà de leurs espérances depuis le début du championnat, Rouen va vouloir profiter de ces quatre jours intenses de compétition pour passer la seconde.

De plus, les Huskies ont l’arme absolue pour dominer ce tournoi : les lanceurs. Ils ont de nombreux lanceurs, de nombreux excellents lanceurs et de nombreux excellents lanceurs français. Owen Ozanich, Esteban Prioul, Yoann Vaugelade, Jean Carlos Granados, Keino Perez, Leo Cespedes sans compter le retour ce jeudi de Marc-André Habeck. Les Huskies peuvent voir venir en matière de gestion du monticule pour ne pas user les bras tout en restant terriblement efficaces. Et pour renforcer son attaque, Rouen a récupéré l’international français René Leveret. Celui qui vient de mettre un terme à sa carrière pro vient donc apporter sa puissance à un lineup qui possèdent déjà deux frappeurs de homeruns avec Jonathan Jaspe (4HR) et Larry Infante (2HR).

Dans leur poule, ils feront face au PUC, à Clermont-Ferrand et à Saint Just. Autant dire que Rouen va se qualifier en demi-finale en deux matchs gagnants (pour rappel, le format des poules se fait en double-élimination). En revanche, la lutte pour la deuxième place de demi-finaliste de la poule sera plus ardue. Au vu du championnat, elle devrait se jouer entre le PUC et Clermont. Les deux équipes se talonnent en championnat. Cependant, le PUC avait remporté leur double confrontation 4-1 / 4-1. Et les parisiens viennent de partager face à Sénart avec deux matchs serrés.

Le PUC possède une meilleure attaque et Clermont un meilleur personnel de lanceurs. Leur défense est comparable. Les pucistes partent avec un léger avantage mais loin d’être décisif. Et Saint Just ? Ils avaient accroché Clermont 3 à 4 et n’ont pas encore joué le PUC cette saison. C’est donc l’inconnue. Les Ducks vont-ils profiter de ce tournoi pour enfin se lancer en D1 ? Avec une bonne gestion des partants et à condition d’une attaque présente, Saint Just pourrait bien prendre un match à Clermont ou au PUC à défaut de pouvoir se qualifier.

Poule B à Montigny : Montigny (3ème), Montpellier (4ème), Sénart (2ème), Savigny (5ème)

La poule la plus relevée. La plus excitante. Elle regroupe les équipes actuellement entre la 2ème et 5ème place du championnat. Bien sûr, la vérité du Challenge n’est pas totalement celle de la saison régulière. Gérer une double rencontre un dimanche, ce n’est pas gérer un format en double-élimination avec possiblement trois matchs de poule puis demi-finale et finale, le tout en quatre jours. Néanmoins, aucune équipe n’est assurée de ne pas lâcher au moins un match, même les Templiers de Sénart.

Ces derniers sont passés proches d’en lâcher deux au PUC le week-end dernier et ils ont déjà perdu une fois contre Montigny (8-9). La meilleure attaque et le deuxième meilleur ERA collectif du championnat va se qualifier en demi-finale mais ils pourraient user leurs bras d’ici là. La question sera plus comment bien se qualifier plutôt que comment se qualifier. Pour économiser les lanceurs, Sénart comptera sur son trio offensif à .400 : Félix Brown (.492 et 2HR), Pierrick Lemestre (.405) et Ian Townsend (.400).

Hôtes de la poule, les Cougars de Montigny comptent bien surfer sur leur 3ème place acquise dimanche en championnat pour atteindre les demi-finales. Cela dit, leur marge de manœuvre est mince. S’ils ont doublé Montpellier au classement, les sudistes ont encore la troisième meilleure attaque du championnat et le troisième monticule de la D1 (ERA 2.66). Montigny affiche lui un ERA de 3.64 et les Cougars sont l’avant-dernière attaque de D1 avec un faible .213 de moyenne à la batte. Mais l’arrivée des deux japonais, Shohei Miyamoto (.455, 1HR) et Yuto Nakagawa (.304) a fait du bien aux ignymontains.

Les montpelliérains auront comme atout un personnel de lanceurs plus étoffé, un gage de réussite dans ce type de tournoi comme en playoffs. Et si le Challenge va servir de rampe de lancement pour Rouen vers la coupe d’Europe, Montpellier va s’en servir pour redevenir un prétendant au titre. Et, même si cela semble peu jouable face à Rouen en demi-finale ou en finale, une victoire au Challenge de France leur assurerait une place européenne et permettrait à Montpellier de jouer plus libéré la suite du championnat.

Sénart, Montpellier, Montigny. Trois solides équipes. Doit-on en oublier Savigny ? Les Lions sont les auteurs d’un bon début de saison et ils ont partagé deux fois face à Montpellier dans quatre rencontres accrochées. Avec une attaque équivalente à celle de Montigny mais des lanceurs moins performants, il semble difficile à Savigny d’espérer la qualification mais ils pourraient bien gêner les trois autres prétendants. Et cela à son importance car le second de la poule affrontera à 99,9999999999 % Rouen en demi-finale. Et affronter Rouen en étant amoindri, c’est faire une croix sur la finale (pour y accéder ou pour la gagner). Et le premier de cette poule pourrait aussi arriver en demi-finale en plus mauvaise posture que prévu.

Au final, cette poule B relevée est un véritable piège tandis que Rouen pourra gérer son Challenge de bout en bout, se permettant même qu’un ou deux partants passent à travers sur un match. Cette profondeur numérique et de qualité chez les lanceurs leur assure une position de force indéniable, doublée elle-même par une poule plus abordable. Mais pour le reste, ce Challenge pourrait être à l’image de cette première partie de saison en D1… surprenant et accroché !

N’oubliez pas ! Vous pouvez visionner en direct live l’intégralité du Challenge de France sur Fanseat avec l’équipe de The Strike Out aux commentaires. Vous pouvez suivre résultats et statistiques sur le site dédié de la FFBS.


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