[Preview : saison 2017] NL East : Le Statu Quo… avant la Révolution?

La vie d’une franchise de baseball dans les Ligues Majeures est avant tout une histoire de cycles. Une histoire sans fin de construction et de développement, d’investissements et de « Win Now », d’ajustements compétitifs et, finalement, de liquidation des actifs sportifs pour relancer un nouveau cycle. Et une division a-t-elle jamais illustré la chose aussi bien que peut le faire la NL East aujourd’hui ?

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Ainsi, la NL East verra s’opposer : des Nationals que l’on attend toujours au-dessus de la mêlée mais pour lesquels le temps presse en raison d’un effectif vieillissant et d’un exode des talents attendus en 2018-2019 ; des Mets déjà au niveau play-offs mais encore en phase ascendante et qui envisagent bien de prendre le contrôle de la division ; des Marlins qui ont les stars, l’effectif, et n’ont plus qu’à se construire une rotation pour pouvoir menacer Washington et New York sur la durée d’une saison ; des Phillies qui ont entamé une restructuration en profondeur il y a trois saisons déjà, et voient leurs jeunes talents entrer progressivement dans la danse des Ligues Majeures ; et enfin, des Braves qui en sont encore aux premiers stades de leur reconstruction, eux qui feront leurs premier pas dans leur nouveau stade, SunTrust Park, avec de grandes ambitions à l’horizon 2020.

Vous aurez bien compris : si la hiérarchie semble plutôt bien figée à l’horizon 2017, les années qui suivront devraient, en revanche, avoir un petit gout de révolution sur la Côte Est !

5 – Atlanta Braves

Saison 2016 : 5e, 68-93

Principales arrivées : Bartolo Colon (SP), Brandon Phillips (2B), R.A. Dickey (SP), Jaime Garcia (SP), Kurt Suzuki (C), Sean Rodriguez (IF)

Principaux départs : A.J. Pierzynski (Free Agent), Mallex Smith (OF), John Gant (RP), Tyrell Jenkins (SP)

Prédictions 2017 selon Bleacher Report : 4e, 76-86

Depuis leur superbe saison régulière 2013 (96-66), les Atlanta Braves sont en chute libre. Pas un seul bilan positif en trois saisons. Pire, des bilans de .414 et .422 pour les deux dernières saisons, chaque fois dans le « Bottom 5 » des Ligues Majeures. Gênant.
Mais la franchise de Géorgie a un plan : après la livraison du nouveau SunTrust Park, qui verra son premier match officiel pour l’ouverture de la saison à domicile des Braves le 11 Avril, les Braves se préparent à rentrer – doucement – dans une nouvelle ère, en utilisant progressivement les nombreux prospects rassemblés au cours des dernières saisons.

Car il ne faut pas s’y tromper : si les Braves ont opté pour un recrutement d’expérience cet hiver que ce soit parmi les lanceurs (Barolon Colon, R.A. Dickey et Jaime Garcia ont 115 ans à eux trois !) ou les joueurs de positions (Brandon Phillips (35), Kurt Suzuki (33)), c’est avant tout pour permettre à la jeune génération de travailler dans le calme. Ainsi, si Mike Foltynewicz devait accompagner les trois « anciens » et Julio Téhéran dans la rotation, on attendra les Wisler, Blair, Newcomb en cours de saison pour apporter un avant-gout de l’avenir sur la butte.

Au niveau des batteurs, les Braves s’appuieront une fois de plus sur leur Infielder vedette Freddie Freeman, qui a sorti des performances de niveau All-Star dans une équipe en perdition l’an dernier (.302, .400, .569, 34 HR, 91 RBI) ou encore sur leurs Outfielders Ender Inciarte et Matt Kemp.

Mais on observera aussi et surtout le jeune Dansby Swanson, premier choix de la draft 2015 et acquis par les Braves lors du Trade de Shelby Miller aux Diamondbacks quelques mois plus tard. Swanson est considéré comme l’un des arrêts-courts les plus prometteurs de sa génération, et l’un des joueurs autour desquels s’articulera le futur des Atlanta Braves. Pas forcément puissant mais capable de formidables fulgurances, pas forcément rapide mais capable de sentir le coup bien avant la moyenne des coureurs, doué d’un œil infaillible à la batte et en défense, Swanson n’a presque rien de spécial… si ce n’est qu’il voit, analyse et comprend tout plus vite que 99% des joueurs des Majors. Une star en devenir !

Malgré ces belles promesses, les Atlanta Braves ne seront pas là pour jouer les premiers rôles en 2017. Comme ces dernières saisons, ils joueront peut-être un rôle d’arbitre jusqu’à l’été avant de s’effacer. Mais cette fois, ne comptez pas sur les Braves pour brader leurs meilleurs joueurs aux environs de la « Trade Deadline ». Un nouveau chapitre s’est ouvert à Atlanta, et l’heure est aujourd’hui au renforcement, pour se mêler bientôt à la lutte pour la Postseason.

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En 2017 encore, Freddie Freeman risque de se sentir bien seul pour porter les espoirs des Atlanta Braves

4 – Philadelphia Phillies

Saison 2016 : 4e, 71-91

Principales arrivées : Clay Buchholz (SP), Howie Kendrick (UTIL), Michael Saunders (OF), Pat Neshek (RP), Joaquin Benoit (RP)

Principaux départs : Ryan Howard (1B, Libre), Cody Asche (OF, White Sox), Charlie Morton (SP, Astros)

Prédictions 2017 selon Bleacher Report : 5e, 73-89

Si les Braves n’en sont encore qu’aux prémices de leur reconstruction, les Philadelphia Phillies ont déjà bien entamé la leur. Et, en laissant partir Ryan Howard, agent libre cet hiver, le dernier vainqueur des World Series 2008 encore en activité au club, les Phillies ont définitivement tourné la page de leurs années dorées.

Mais, au fur et à mesure qu’ils se séparaient de leurs héros vieillissants (Hamels, Rollins) et de leurs atouts les plus bankables (Pence, Giles) , les Phillies ont patiemment construit l’un des meilleurs « farm systems » des Ligues Majeures, un bel assortiment de jeunes talents qui prend aujourd’hui la relève dans la foulée des Maikel Franco, Odubel Herrera ou encore Tommy Joseph sur le terrain, ou encore des Eickhoff, Nola, Velasquez, Thompson sur la butte…
Et l’on attend dès cette saison la véritable explosion du shortstop J.P. Crawford, 22 ans et prospect Numéro 2 des Ligues Majeures, du voltigeur Nick Williams (#49) ou encore du receveur Jorge Alfaro (#59)… On attendra encore un peu pour l’immensément prometteur Mickey Moniak, 18 ans, premier choix de la draft 2016 et déjà classe prospect Numéro 24 de MLB cette saison. Quand on vous dit que les Phillies ont de la ressource.

Pour encadrer tout ce petit monde, les Phillies ont quand même importé un petit surplus d’expérience à l’intersaison. Ainsi, ils ont recruté le lanceur de Boston Clay Buchholz, deux fois All-Star et vainqueur des World Series 2013 avec les Red Sox, mais qui reste sur trois dernières saisons difficiles dans le Massachusetts, l’Outfielder des Blue Jays Michael Saunders, All Star en 2016 avec Toronto, ou encore son coéquipier à Toronto Joaquin Benoit, releveur droitier fort de 16 ans d’expérience dans les Ligues Majeures. Ces nouvelles acquisitions s’allieront aux déjà expérimentés Cameron Rupp, Freddy Galvis ou encore Howie Kendrick pour préparer l’avenir au Citizen’s Bank Park.

S’il est encore un peu tôt pour parler de post-season du côté de Philadelphie, demain arrive très vite, et il n’est pas exclu de voir les Franco, Velasquez, Crawford et consorts venir titiller les Marlins pour la troisième place, et pourquoi pas s’inviter dans la course à la Wild Card. Un rêve un peu fou pour 2017, qui deviendra l’objectif naturel des Phillies à l’orée de la saison 2008.

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J.P. Crawford, Maikel Franco, Vince Velazquez… Le futur des Phillies, c’est eux!

3 – Miami Marlins

Saison 2016 : 3e, 79-82

Principales arrivées : Edinson Volquez (SP), Dan Straily (SP), Jeff Locke (SP), Brad Ziegler (RP), Junichi Tazawa (RP)

Principaux départs : Andrew Cashner (SP, Rangers), Fernando Rodney (RP, Diamondbacks), Mike Dunn (RP, Rockies)

Décès : José Fernández (SP)

Prédictions 2017 selon Bleacher Report : 3e, 83-79

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. Jusqu’au décès tragique de José Fernández, les Miami Marlins semblaient avoir enfin réuni tous les atouts pour jouer les premiers rôles en 2015. A commencer par un outfield de classe mondiale ou se mêlent à la perfection la justesse de Christian Yelich, les qualités athlétiques hors-norme de Marcell Ozuna, et bien entendu la puissance quasi-surnaturelle de Giancarlo Stanton.

Ajoutez à cela un infield plus que compétent pour jouer les premiers rôles (Prado, Hechavarria, Gordon, Bour et le receveur J.T. Realmuto), et une rotation solide, qui était surtout emmenée par l’exceptionnel José Fernández jusqu’à ce triste matin de Septembre. Une perte humaine énorme pour le club Floridien, et un joueur irremplaçable pour le staff de Don Mattingly, lui qui s’était déjà imposé comme le meilleur lanceur de National League, et peut-être le seul lanceur des Majors capable de rivaliser avec Clayton Kershaw.

Mais la vie continue, et le baseball aussi. Pour tenter d’amortir l’absence de leur As, les Marlins ont jeté leur dévolu sur Edinson Volquez, vainqueur des World Series en 2015 avec les Royals, et Dan Straily, auteur d’une saison solide (14-8, 3.76) avec des Reds au fond du trou la saison dernière. Ces deux recrues accompagneront, normalement, le gaucher taiwanais Wei-Yin Chen, et les vétérans Adam Conley et Tom Koehler. Cinq bons bras, donc, cinq joueurs capables de ramener une dizaine de victoires sur une saison, mais pas de véritable as pour porter l’équipe floridienne.

Et puisque le « Farm System » des Marlins est plus que limité en qualité comme en quantité, les Marlins n’ont qu’une fenêtre de deux ou trois saisons pour aller chercher une nouvelle participation aux Playoffs, avant que les contrats de leurs stars ne commencent à se terminer les uns après les autres, à l’horizon 2020 (Exception faite de l’énorme contrat de Giancarlo Stanton, qui n’expirera pas avant 2029 !).

Si l’absence d’un véritable as risque de se révéler coûteuse pour le ballclub de Miami, on attend les Marlins de retour dans le positif cette saison, eux qui ont affiché un bilan de 79-82 en 2016… Et pourquoi pas, si Don Mattingly réussit à tirer le meilleur de son effectif, aller titiller les Mets, Giants et autre Cardinals dans la course à la Wild Card.

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Giancarlo Stanton et Dee Gordon sauront-ils transcender les Marlins dans la course aux Playoffs?

2- New York Mets

Saison 2016 : 2e, 87-75

Principales arrivées : Yoenis Cespedes (OF, nouveau contrat)

Principaux départs :  Bartolo Colon (SP, Braves), James Loney (1B, Rangers), Kelly Johnson (UTIL, Libre), Alejandro De Aza (OF, Athletics)

Prédictions 2017 selon Bleacher Report : 2e, 86-76

Avec les Cardinals et les Giants, les Mets font partie d’un joli trio d’outsiders de National League. Trois équipes qui ne semblent pas avoir les armes pour remporter leur division respective, mais que l’on n’imagine pas non plus à la porte des Play-offs. L’an dernier, les Cardinals sont restés sur le bas-côté avec une victoire de retard sur les Mets et les Giants. On peut facilement imaginer un scénario similaire cette saison, et un suspense poussé une fois de plus jusqu’au terme de la saison régulière.

De ces trois poursuivants, cependant, les Mets semblent être ceux qui ont les meilleures armes pour espérer bouleverser la hiérarchie établie. Si le groupe New-Yorkais est épargné par les blessures, si la jeune rotation des Amazin’ exploite enfin son gigantesque potentiel, et si l’Offense réussit à convertir la présence sur base en points concrets, les hommes de Terry Collins pourront envisager d’aller chercher les Washington Nationals pour le titre de division.

Alors évidemment ça fait beaucoup de si, mais avouez que la perspective d’une rotation Syndergaard-Harvey-de Grom-Matz-(Wheeler/Gselmann/Lugo) peut difficilement laisser de glace, surtout quand elle est accompagnée d’un des meilleurs bullpens de National League et d’un closer exceptionnel (hors post-season) en la personne de Jeurys Familia.

Coté champ, le potentiel est là mais Terry Collins espérera ne pas revivre l’avalanche de blessures qui a constamment frappé son groupe l’an dernier. Les Mets compteront encore une fois sur Yoenis Cespedes pour mener l’attaque, encadré dans le champ extérieur par le vétéran Curtis Granderson, le génial mais fragile Juan Lagares, la pochette surprise Michael Comforto et un Jay Bruce en manque de confiance.
Sur le papier, l’infield aussi fait bonne figure offensivement comme défensivement, mais sera-t-il à-même de tenir le coup physiquement ? S’il n’y a pas trop d’inquiétude pour les Cabrera, Walker, Reyes, Flores, peut-on imaginer voir Lucas Duda, Travis d’Arnaud ou encore David Wright enchaîner les matchs et les semaines loin de l’infirmerie ? Dans le cas contraire, on sera rapidement amenés à voir apparaître les principaux prospects de la formation New-Yorkaise, à commencer par le 1B Dominic Smith (#55) et la future star du Queens, l’arrêt-court Amed Rosario (#11), tous deux âgés de 21 ans et prêts à prendre leur chance le plus tôt possible dans les Ligues Majeures.

Vous l’aurez compris, les Mets possèdent un effectif stable, talentueux, et taillé pour une troisième participation consécutive à la Post-season. De là à imaginer aller plus loin, il y a un grand pas qui passera(it) par une saison sans accroc et quelques trades bien sentis. Une répétition de l’année 2015, en d’autres termes.

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de Grom, Syndergaard, Matz, Harvey : La meilleure rotation des Ligues Majeures?

 

1 – Washington Nationals

Saison 2016 : 1er, 95-67

Principales arrivées : Adam Eaton (OF), Matt Wieters (C), Adam Lind (1B)

Principaux départs : Lucas Giolito (SP, White Sox), Reynaldo Lopez (SP, White Sox), Wilson Ramos (C, Rays), Danny Espinosa (2B, Angels), Ben Revere (OF, Angels)

Prédictions 2017 selon Bleacher Report : 1er, 93-69

Comme en 2015, comme en 2016, les Washington Nationals abordent la saison dans la peau d’un favori incontestable en NL East. Reste à voir quel scenario s’offrira à eux cette fois-ci, eux qui ont vu leurs ambitions douchées par les Mets, les Dodgers, et par leurs propres erreurs.

Sur le papier, pourtant, les Nationals se placent là-haut parmi les quelques franchises qui composent l’élite de la MLB. Mais il manque toujours ce petit quelque chose au club de la Capitale, ce supplément d’âme qui leur permettrait de s’offrir un véritable parcours en Post-season, et pourquoi pas une chance de remporter les World Series.

Le potentiel est là, cela ne fait aucun doute, et un coup d’œil sur le lineup des hommes de Dusty Baker suffit à s’en convaincre : Un Outfield titulaire composé de Bryce Harper (MVP 2015), Adam Eaton et Jayson Werth, un infield ou se côtoient le régulier Ryan Zimmerman, un Daniel Murphy dont l’on attendra de voir si’il est capable de reproduire sa saison 2016 (Avec un OPS de .985), le phénoménal Trea Turner (13 HR, 40 RBI en 73 matchs pour sa première saison de MLB) et le toujours performant Anthony Rendon (.270, 20 HR, 85 RBI en 2016). Ajoutez-y Matt Wieters, le receveur quadruple All Star des Baltimore Orioles qui est venu remplacer Wilson Ramos, et vous avez un effectif taillé pour aller chercher les World Series.

D’autant plus que sur la butte, les Nationals peuvent compter sur le Cy Young 2016, Max Scherzer, et sur le double All-Star Stephen Strasburg pour mener la rotation. Derrière, Gio Gonzalez et Tanner Roark sont des joueurs capables de 15 victoires sur une saison, tandis que le jeune Joe Ross complétera le la rotation.

Costaud, mais derrière cet état de faits se cache peut-être LA question qui taraude tous les supporters de Nationals en ce début de saison : fallait-il laisser partir le lanceur Lucas Giolito (et deux autres lanceurs prometteurs), le troisième prospect de toute la MLB, pour le talentueux mais irrégulier voltigeur Adam Eaton Chacun aura son idée sur le sujet, je pense que les White Sox ont géré leur intersaison à la perfection !

Enfin, au niveau du bullpen, les Nationals s’enfoncent dans l’inconnu en donnant le poste de closer au jeune (23 ans) Koda Glover, qui succédera aux expérimentés Storen, Papelbon et Melancon, tandis que le reste du bullpen est respectable mais pas forcement impressionnant (Avec Blake Treinen en tête d’affiche).

Cela devrait suffire aux Nationals pour remporter la National League East encore en 2017. Mais le temps file pour le club de la Capitale. Bryce Harper pourrait être libre fin 2018, et il est peu probable qu’il reste du côté de D.C. bien plus longtemps. Werth, Rendon, Murphy, Wieters, Gonzalez pourraient suivre d’ici 2019, et le Farm System a été saccagé pour l’ambition immédiate. En d’autres termes, pour les Nationals, il s’agit de gagner vite, ou de passer son tour pour tout le temps que prendra un long cycle de reconstruction!

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Max Scherzer (Cy Young 2016) et Bryce Harper (MVP NL 2015) seront encore une fois le fer de lance des Nationals

 

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