Nous y sommes : ce soir ou demain, le Progressive Field de Cleveland verra le dénouement des World Series 2016, et le couronnement d’une franchise historique et sevrée de titre suprême depuis de trop longues décennies. Si les Indians semblent avoir fait le plus dur avant le retour sur leurs terres, méfiance tout de même face à des Chicago Cubs qui n’ont plus rien à perdre et feront tout pour forcer un Game 7 décisif. Scénarios et statistiques!
Alors que Cleveland se prépare à accueillir les deux derniers matchs de ces World Series 2016, les fans des Indians sont optimistes, et on les comprend. Les hommes de Terry Francona n’auront besoin que d’une victoire au Progressive Field pour enfin soulever le trophée si convoité. Une victoire à domicile ? Une formalité pour eux qui affichent un bilan de 5-1 dans l’Ohio lors de cette postseason, et un bilan de 53-28 sur la saison régulière (seuls les Cubs ont fait mieux en 2016)…
Une formalité, vraiment ? Voilà qui reste à voir puisque, si les Indians ont été de très loin l’équipe la plus performante de ce mois d’Octobre, les Cubs restent sans aucun doute l’effectif le plus complet et le plus talentueux des Ligues Majeures. Et les hommes de Joe Maddon ont effacé une par une les barrières et les prétendues malédictions qui les séparaient de la gloire ultime : en se qualifiant pour les World Series d’abord, en gagnant un match du « Fall Classic » ensuite, et enfin en gagnant à Wrigley Field, pour la première fois depuis 1945. Si les Cubs peuvent se relâcher et enfin jouer leur baseball, ils seront un danger jusqu’au bout pour les Indians.
Mais même si ce n’est pas pour cette fois, les Chicago Cubs ont cependant tout pour s’installer au sommet de la National League pour les années à venir : le talent, l’effectif, les moyens de leurs ambitions et un coach exceptionnel en la personne de Joe Maddon. Cleveland, en revanche, est dans une logique de « Win Now » avec un investissement consenti supérieur à la moyenne de la franchise et le sentiment que l’union sacrée créée par Francona dans l’esprit « Cleveland vs the World » ne pourra pas forcément fonctionner sur le long terme. Pour ces Indians, c’est maintenant ou jamais, et les coéquipiers de Kluber et Kipnis redoubleront de détermination pour en terminer avec ces finales dès ce soir et ainsi s’éviter des sueurs froides et l’angoisse d’un Match 7.
En attendant le premier pitch, à 1h08 heure française, nous avons imaginé quelques scénarios pour ces dernières 30 heures à Cleveland. Mais bien entendu, le baseball ayant ses raisons que la raison ignore, on ne manquera pas de voir encore quelques surprises, rebondissements et événements inattendus avant que ne soit décerné, enfin, le trophée aux 30 drapeaux !
*NB : sauf mention contraire, toutes les statistiques ci-dessous sont calculées sur l’ensemble de la postseason et arrêtées après le Match 5 des World Series.
Match 6
Tranquille comme Tomlin : les Indians gagnent en 6 matches (4-2)
Face à des Chicago Cubs qui sont montés en puissance au fil des séries, les Cleveland Indians ne laissent pas passer leur chance de boucler l’affaire sans devoir affronter les angoisses d’un Match 7 face à des Cubbies revenus de nulle part. Quatrième, voire cinquième roue du carrosse des Indians pendant la saison régulière, Josh Tomlin étonne avec une postseason exemplaire (3 matchs, 2-0, 3 ER et un ERA de 1.78) en ne concédant que deux points en 5.1 manches avant de passer la main au bullpen. Entre temps, le 3-run Home Run de Jason Kipnis (.196, 3 HR, 7 RBI) a permis aux Indians de prendre un avantage qui se prouvera décisif, malgré le 2-RBI-Double de Kris Bryant (.268, 2 HR, 7 RBI, OPS : .834) dans la quatrième manche.
Comme souvent en 2016, Jake Arrieta en termine avec une performance correcte, six manches lancées, mais juste un trou d’air dans la cinquième manche. Hélas pour les Cubs, ce sera le point de trop pour les coéquipiers du Cy Young 2015, car une fois de plus, les bras d’Andrew Miller (17 IP, 2-0, 1 SV, 0.53, 29K) et Cody Allen (11.2, 6/6 SV, 0.00, 22K) ne tremblent pas et Cleveland ne sera pas repris. Les Indians terminent les Playoffs comme ils les avaient entamés, soutenus par un pitching à tout épreuve. Jason Kipnis est nommé MVP des World Series et Terry Francona composte son ticket pour le Hall of Fame.
Zéro, Zorro, Héros : Les Cubs remportent le Match 6 (3-3)
Le baseball aime les belles histoires, celle de l’underdog qui se rebiffe comme celle du grand blessé que l’on ne pensait plus revoir. Alors, bien au-delà de Chicago, le retour en grâce de Kyle Schwarber (.375, 2 RBI) qui réussit un 4 sur 5 au bâton avec un RBI-Triple lors de ce Match 6 touche le public à travers l’Amérique du Nord et au-delà. Mais bien plus encore, c’est le moment de gloire de Jason Heyward (.128, 1 RBI), fantomatique offensivement tout au long de la saison 2016 et de cette postseason, qui émeut le public du monde entier.
Tombant au bord des larmes dans les bras de Contreras et Schwarber après son 3-run Home Run face à Brad Shaw dans la huitième manche, Heyward donne aux Cubs un avantage de 2 points que le lance-missile Aroldis Chapman (13 IP, 1-0, 2.08, 4/6 SV, 18K) se fera un plaisir de convertir. Entre temps, Jake Arrieta avait lancé sept manches de très bonne facture avec pour seul accroc un 2-RBI Double de Francisco Lindor (.360, 2 HR, 6 RBI, OPS : .936) puis un Solo Home Run de Mike Napoli (.186, 1 HR, 2 RBI) dans la quatrième manche. Une victoire 5-3 pour les Cubs qui leur permet de s’offrir un Match 7 décisif et inespéré !
Match 7
Kluber et Miller, comme une évidence : Cleveland l’emporte dans le Game 7 (4-3)
Après deux défaites consécutives, les Indians se rangent derrière les grands bonhommes de leur remarquable parcours en playoffs. Et pour lancer les opérations de la meilleure des manières, qui d’autre que l’intouchable Corey Kluber (4-1, 0.85, 30.1 IP, 35 K) pour son troisième départ lors de ces World Series. Et le Cy Young d’American League 2014 (et 2016 ?) ne déçoit pas.
Kluber lance sept manches blanches, et transmet un avantage d’un run à Andrew Miller qui lance les deux derniers outs et met le match hors de portée des Cubs. Le Sac-Fly de Jose Ramirez (.255, 1 HR, 3 RBI) pour faire marquer Lindor aura fait toute la différence. Sixième Shutout des Playoffs pour Cleveland qui met un terme à 68 ans d’attente et, sans aucun débat possible, Corey Kluber est nommé MVP des World Series.
Bryzzo, pour l’éternité ! Chicago enchaine trois victoires et remporte les Séries (4-3)
Après deux victoires consécutives et un retour quasi-inespéré dans ces World Series, les Cubs ont oublié toute sorte de pression, et Joe Maddon a su trouver les mots pour galvaniser ses troupes. Et qui de mieux que les deux inséparables, la doublette magique, la bromance Bryant-Rizzo pour porter l’estocade. Face à un Kluber qui montre finalement des signes de fatigue pour son troisième match en huit jours, les frappeurs de Chicago se régalent et Rizzo (.246, 2 HR, 7 RBI., OPS : .777) est le premier à pousser l’ace des Indians à la faute avec un Solo Home Run dès la deuxième manche. Il frappera un second coup de circuit dans la quatrième manche pour faire rentrer Bryant et mettre ainsi le match hors de portée des Indians.
Un dernier Home Run de Bryant et un RBI-Single de Ross (.200, 1 HR, 2 RBI) – pour le dernier At Bat de sa carrière – finiront de doucher l’enthousiasme du Progressive Field. Les Cubs remportent le Match 7 (6-1) et les Series. Anthony Rizzo est MVP des World Series, Kris Bryant MVP de la saison, Jon Lester (3-1, 1.93, 32.2 IP, 26 K) gagne le Cy Young. Les Cubs raflent tout !
En Vrac :
– En frappant un Home Run lors du Match 5 des World Series, Kris Bryant est devenu seulement le 18e joueur à frapper un Coup de Circuit lors du All Star Game et des World Series d’une même saison, le premier depuis David Ortiz et Manny Ramirez (2004). Et, à 24 ans, il est le plus jeune depuis le légendaire Mickey Mantle (Yankees, 23 ans en 1955).
– S’il devait lancer et gagner le Match 7, Corey Kluber viendrait s’installer – c’est peu de le dire – en bien flatteuse compagnie. Il serait le premier lanceur depuis Randy « The Big Unit » Johnson (Diamondbacks, 2001) à remporter trois matchs lors des mêmes World Series. Il rejoindrait également Johnson et Francisco Rodriguez (Angels, 2002), seuls lanceurs à avoir gagné cinq matchs lors d’une seule postseason. A noter que, lors du Match 4, Kluber a déjà battu un record partagé par Randy Johnson (toujours !), Bob Gibson (Cardinals, 1968) et Orlando Hernandez (Yankees, 1999 et 2000) en lançant huit strikeouts sur les trois premières manches d’un match de World Series
– En donnant la balle à Aroldis Chapman dès la septième manche du Match 5, Joe Maddon a donné sa réponse à la gestion de bullpen de Terry Francona, et il est peu de dire que le risque a été payant. Les huit outs et 42 lancers de Chapman sont la plus longue sortie de sa carrière en Ligues Majeures, et le closer des Cubs s’en est sorti à la perfection avec seulement un hit concédé. Il est le quatrième lanceur à réaliser un Sauvetage de huits outs ou plus alors que son équipe est face à l’élimination dans les World Series. Les précédents : Madison Bumgarner (Giants, 2014), Mike Stanton (Braves, 1992) et Kent Tekulve (Pirates, 1979).
– Lors du Match 5 à Chicago, l’outfielder des Indians, Rajai Davis, est devenu le cinquième joueur de l’histoire des Ligues Majeures à voler trois bases lors d’un même match des World Series . Il rejoint Honus Wagner (1909), Willie Davis (1965), Lou Brock (1967 et 1968) et Melvin Upton Jr (2008).
– Les Cleveland Indians ont d’ores et déjà établi un nouveau record du nombre de blanchissages dans une même postseason, avec déjà cinq « shutouts » en treize rencontres. A noter que Corey Kluber a emporté la victoire lors de trois de ces cinq blanchissages.
– En éliminant Francisco Lindor au deuxième but dans la seconde manche du Game 5, David Ross a réalisé le dernier out de sa carrière à Wrigley Field. Le receveur des Cubs a également eu le droit à un hommage appuyé des supporters de Chicago mené par Eddie Vedder, le chanteur de Pearl Jam, lors du 7th inning stretch :
Alors, qui soulèvera le Commissioner Trophy?