2016. Année Paire. Les San Francisco Giants vont gagner les World Series. That’s all.
Ou pas. Après tout, si les Giants ont enchaîné les titres les années paires depuis 2010, toute série a une fin… sauf celle des saisons sans victoire en World Series des Chicago Cubs, leurs adversaires dans les National League Division Series, qui semble interminable depuis…1908 ! Mais si la malédiction de Billy Goat frappe la mythique franchise depuis le 6 octobre 1945, année de leur dernier fanion en National League, elle n’a jamais empêché les Cubs d’atteindre la finale de la dite National League. Les Giants devront donc se passer du surnaturel et ne compter que sur leurs qualités face à l’équipe talentueuse de Windy City.
Et des qualités, les Giants en ont. Certes, ce n’est pas l’équipe la plus talentueuse de MLB et elle ne possède pas une attaque dévastatrice ou une rotation infrappable mais elle s’appuie sur deux éléments indispensables en séries : un mental de guerriers des terrains et une faculté à jouer un jeu solide, fait de patience jusqu’à porter l’estocade fatale. Parfois de manière flamboyante comme contre les New York Mets lors du match des wild cards avec un homerun bon pour trois points en 9ème manche. Un homerun en forme de rampe de lancement pour le momentum des Giants dans ses séries. Et on sait que des Giants lancés à vive allure deviennent vite les plus coriaces des adversaires en Postseason.
Sans compter que l’équipe californienne possède un joyau, un ace capable de porter son équipe dans ses séries comme il l’a fait de manière ahurissante contre les Mets, le lanceur Madison « MadBum » Bumgarner. Bumgarner, c’est une fiche de 15-9 avec un ERA de 2.74 en saison et un ERA de 1.94 en playoffs avec 8 victoires pour 3 défaites dans sa carrière automnale. C’est la valeur sûre de la rotation des Giants. Derrière, c’est plus incertain avec notamment un Johnny Cueto capable du meilleur comme du pire bien que sortant d’une belle saison avec 18 victoires et 5 défaites pour de 2.79 d’ERA. En 2015, Cueto s’était effondré en finale de l’American League avec les Kansas City Royals, encaissant 8 points en 3 manches avant de signer un superbe match complet en World Series avec un seul point et deux coups sûrs accordés.

Mais plus inquiétant encore est le bullpen. Le closer Casilla a perdu son poste après plusieurs sabotages, et il faudra que Sergio Romo soit au niveau de ses séries de 2012 et 2014 pour rassurer les fans et son équipe. Derrière, le bullpen manque de solidité pour être une assurance tout risque alors que les Giants se la jouent souvent matchs serrés. Il faudra que les partants s’imposent un maximum. Mais l’équipe peut compter sur une assise défensive des plus solides, capable de faire les jeux lors des moments clutchs. Elle possède le meilleur pourcentage en fielding de la MLB. Une telle défense garantie des gains de matchs, particulièrement en playoffs.
Enfin, autre atout majeur des Giants, son attaque. Pas la plus puissante, pas la plus constante, pas la plus rapide sur base. Mais elle est patiente, usante, attendant la faille. Les Giants ne possèdent pas de joueurs dans les .300 de moyenne de frappe ni de gros frappeurs à la David Ortiz ou Miguel Cabrera mais elle peut compter sur des piliers de l’équipe comme Buster Posey (.288, 14HR) ou Angel Pagan (.277, 12HR).
Mis à part Madison Bumgarner, les Giants ne comptent pas sur le talent individuel pour faire la différence mais sur le collectif, mené par un capitaine de navire exceptionnel en la personne de Bruce Bochy. Une force collective possible par une politique sportive ingénieuse qui n’a pas bouleversé l’équipe, ce qui donne un ensemble de joueurs ayant une vraie expérience commune des playoffs, y compris de playoffs avec la victoire au bout. Et quand votre jeu vous amène à multiplier les matchs au couteau, cette expérience est précieuse.

Cette recette, qui a donné des résultats fantastiques avec trois World Series depuis 2010, a permis aux Giants de vaincre la malédiction du Captain Eddie qui les a suivi de 1958 à 2010. En revanche, les Cubs n’ont toujours pas trouvé la faille face à la malédiction du bouc de Billy, Murphy. Les Cubbies espèrent que leur équipe pleine de talent sera assez forte pour vaincre le mauvais sort. Mais est-ce que cela sera suffisant quand on sait que les Cubs, avec des joueurs de légende et des équipes puissantes, n’ont pas réussi à s’imposer jusqu’en World Series à l’instar de la magnifique équipe de 1969 avec Ron Santo, Ernie « Mister Cub » Banks, Ferguson Jenkins, Billy Williams, tous Hall of Famer depuis, et le manager, ancien joueur de légende, Léo Durocher, également membre du Temple de la Renommée ?
En tout cas, l’équipe actuelle est armée pour vaincre les Giants. Il suffit de jeter un œil sur la rotation : Jon Lester, Kyle Hendricks, Jake Arrieta et John Lackey. Ça envoie du lourd surtout que Lester et Lackey sont des habitués de la Postseason. Si Lester affiche un record de 6 victoires pour 6 défaites en playoffs, son ERA de 2.85 montre qu’il reste difficile à jouer en séries. John Lackey a le même profil. Leur expérience sera importante pour soutenir le jeune Hendricks, qui sort d’une belle saison avec un ERA de 2.13 pour 16 victoires et 8 défaites, et Jake Arrieta, moins dominant que la saison passée mais toujours dangereux sur le monticule. Les Cubs ont clairement l’avantage côté partants sur les Giants.

En revanche, eux aussi souffrent d’un bullpen sans garantie, à l’exception d’un Aroldis Chapman, lanceur officiel de missiles Exocet de la MLB. Derrière, c’est mi figue-mi raison. Hector Rondon revient de blessure et les autres releveurs importants comme Trevor Cahill ou Travis Wood ont effectué une bonne saison sans se montrer vraiment dominant. Or, la rotation comme la relève doivent faire face au gros point faible des Cubs, leur défense. Elle est loin d’être rassurante contrairement aux Giants. C’est pas une passoire mais ce n’est pas non plus le mur de Game of Thrones. Plutôt un muret. Ce qui donne encore plus de responsabilités aux lanceurs… et à l’attaque !
De ce côté, elle peut compter sur la bromance Bryzzo. Kris Bryant et Anthony Rizzo, malgré leurs statuts de quasi-rookies sont les leaders des Cubs dans les trois catégories reines des batteurs : Moyenne de frappe, Homerun, RBI. Bryant aligne un .292 de moyenne, 39HR et 102 points produits tandis que son pote Rizzo a frappé aussi pour .292 pour 32HR et 109 points produits. Bryant et Rizzo sont en course pour le titre de MVP de la National League et leur duo magique pourrait bien porter les Cubs au firmament. Surtout qu’ils peuvent compter sur le producteur de points Addison Russell (95 RBI cette saison et 21HR frappés), le solide Ben Zobrist ou encore Dexter Fowler, troisième moyenne de frappe de l’équipe (.276 et meilleur pourcentage sur base avec .393).

Si Bryant et Rizzo donnent un aspect spectaculaire à l’attaque de Chicago, les Cubs cultivent comme les Giants l’art subtil et délicat de la patience au bâton. Pour preuve, ils sont leaders de la MLB au nombre de but sur balles soutirés aux autres équipes, devançant les Giants qui se situent au 4ème rang des Ligues Majeures. Les Cubs ont également le deuxième meilleur pourcentage en présence sur bases tandis que les Giants évoluent au septième rang. Un antidote à la tactique d’usure de San Francisco ? À voir ! Car les Cubs sont aussi des habitués aux stratégies un peu fofolles à la Joe Maddon, ancien gérant des Tampa Bay Rays qui, avec peu de moyens, ont surpris le baseball majeur à la fin des années 2000. Or, les Giants en plein momemtum, ne sont pas le genre à tomber dans ce type de piège.
La logique cartésienne donne les Cubs gagnants. La logique de la MLB, par essence ésotérique, donne les Giants, en année paire, gagnants. Mais entendons-nous bien : entre une équipe maudite et une équipe ex-maudite devenue bénie tous les deux ans, peut-on vraiment parler de logique ?
Le Pronostic de la Rédaction : 50/50, on n’arrivera pas à se mettre d’accord!
Une réflexion sur “NLDS : Cubs maudits vs Giants bénis, choc entre logique et surnaturel !”