MVP de National League –Les Infielders au Pouvoir!

Chaque année, alors que la Postseason pointe le bout de son nez, une autre course atteint son paroxysme pour cette toute petite minorité qui compose l’élite des Ligues Majeures: La course au titre de Most Valuable Player (MVP)! En National League, le choix du MVP semble se résumer à quatre noms. Quatre joueurs de champ intérieur qui ont illuminé la saison et qu’il semble à première vue difficile de départager. Alors, le trophée se jouera-t-il sur les performances collectives ? Se jouera-t-il sur le dernier sursaut de la fin septembre ? Est-il déjà joué ? Jetons un œil aux forces en présence.

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On aurait pu retrouver Clayton Kershaw (Dodgers) dans ce classement. L’as des Dodgers, clairement le meilleur lanceur du monde depuis le début des années 2010, était dans les temps pour accrocher une seconde triple-couronne (après 2011) jusqu’à la fin du mois de Juin. Et puis, une hernie discale a éloigné le Pitcher des terrains pendant deux mois, avant son retour début septembre. Suffisant pour exclure Kershaw de la course au Cy Young et de celle au titre de MVP.

Le MVP sortant, Bryce Harper ( Nationals), a quant à lui passé une saison bien difficile entre douleurs récurrentes à l’épaule. Harper a tout de même frappé 24 Home Runs et produit 81 points (pour un OPS de .813). Un score raisonnable pour beaucoup de Major Leaguers, mais pas pour Harper qui restait sur sa monstrueuse saison 2015 (42 HR, 99 RBI, .330 AVG, 1.162 OPS).

Et puis il y a ces joueurs qui sont proches de la lutte pour le titre de MVP mais pas assez proches pour être de véritables prétendants : Chris Carter (Brewers), avec ses 36 Home Runs et 87 RBI, mais une moyenne au bâton de .221. Freddie Freeman (Braves) dont la saison majuscule avec Atlanta (31 HR, 83 RBI, .303 AVG, .963 OPS) a malheureusement été éclipsée par la saison minuscule des Braves. Ou encore Adam Duvall (Reds), qui comme Carter a brillé par sa puissance mais a eu bien du mal à exister hors de ses coups de circuit (31 HR, 92 RBI, .239 AVG, .789 OPS)

A la fin du compte, il n’en reste que trois ou quatre. En raison de la saison fantastique des Chicago Cubs, nous avons décidé de ne pas séparer la paire composée de Kris Bryant et Chris Rizzo. Ils seront accompagnés par Nolan Arenado (Rockies) et Daniel Murphy (Nationals). Quatre infielders, quatre battes redoutables aux profils si différents

Anthony Rizzo (Chicago Cubs) :

31 HR, 104 RBI, AVG .292, OPS .937

Dans n’importe quelle franchise des Ligues Majeures normalement constituée, Anthony Rizzo serait LA star absolue, le leader, le joueur « Clutch » vers lequel on se tourne quand la situation se dérègle et que l’on suit aveuglement quand les vents sont favorables. Oui mais voilà, Rizzo joue dans l’infield des Chicago Cubs, l’une des plus belles escouades offensives et défensives du baseball modernes, et il partage l’affiche avec un certain Kris Bryant, Rookie of the Year en 2015 et déjà l’un des tous meilleurs joueurs des Ligues Majeures un an plus tard.

Avec 31 Home Runs et 104 RBI à son actif, Rizzo a d’ores et déjà amélioré sa performance de 2015 (31 HR, 101 RBI), une saison qu’il avait terminée en quatrième position au classement du MVP de National League. Ajoutez-y 40 doubles, une moyenne au bâton de .293 et un OPS de .939 (meilleures performances en carrière) et vous comprendrez pourquoi Rizzo est l’une des stars de sa franchise et de son sport.

Cependant, malgré tous ses efforts et son influence sur le roster des Cubbies, Rizzo semble une fois de plus promis à la quatrième place dans le classement MVP 2016. Car à ce niveau, un point de détail fait une grande différence. Et si, défensivement comme offensivement, Rizzo se bat avec les géants, il lui manque encore ce tout petit quelque chose pour se placer au sommet de la hiérarchie. Une histoire de « Marginal Gains », pour reprendre le terme favori des experts du cyclisme britannique.

Pronostic : 4è

Daniel Murphy (Washington Nationals):

25 HR, 104 RBI, AVG .347, OPS .987

Qui aurait pu imaginer que le jeune trentenaire pourrait sortir une telle saison, de loin la meilleure de sa carrière, après sept années chez les Mets marquées par des blessures récurrentes et une irrégularité chronique qui a fait s’arracher les cheveux aux supporters New-Yorkais. Sa postseason 2015 est l’illustration parfaite de ce phénomène : .421, 7 Home Runs, 11 RBI sur les Division et Conference Series. Et puis .150 sans aucun apport lors des cinq rencontres des World Series.

Alors forcément, quand « Murph » à commencer à dominer le classement des batteurs, on a souri du côté du Queens. Et puis on s’est rendu compte que lui ne rigolait pas. Daniel Murphy a pris le pouvoir chez les Nationals, et c’est bien lui qui guide le Lineup des hommes de Dusty Baker dans une saison marquée par une nette domination des Nationals en NL East mais aussi par les difficultés de Bryce Harper. Avec une moyenne au bâton de .347, la deuxième de National League derrière DJ LeMahieu (.350), 47 doubles (leader de NL), une présence sur base de .391 (5è de NL) et le meilleur slugging percentage (.596) et OPS (.987) de la Ligue, Daniel Murphy a tenu un rythme effréné et quasi-inimaginable depuis le printemps.

Malheureusement, son apport défensif est loin de tenir la comparaison avec ses performances offensives. Avec un WAR défensif de -1.0 en 2016, Murphy est un défenseur décent, mais il est loin d’être une garantie de fiabilité comme peuvent l’être un Arenado, un Rizzo ou un Bryant. Et puis, il y a ce sentiment que Murphy tourne en surrégime cette saison, à un niveau qu’il n’a jamais atteint et pourrait bien ne jamais retrouver. Le MVP des NLCS 2016 ne démérite pas, mais il ne semble tout simplement pas avoir le profil pour succéder à son jeune coéquipier Bryce Harper au vu de la concurrence en présence.

Pronostic : 3è

Nolan Arenado (Colorado Rockies) :

39 HR, 128 RBI, AVG .294, OPS. 935

Après deux premières saisons correctes mais sans plus, toutes deux couronnées d’un Gold Glove cependant, Nolan Arenado a explosé sur la scène des Ligues Majeures l’an dernier.  Et beaucoup pensent que sa ligne de statistiques de 2015 (42 HR, 130 RBI, .287), méritait mieux qu’une septième place au classement du MVP de la saison régulière. Sauf catastrophe, il va à nouveau dépasser les 40 Home Runs et les 130 RBI en 2016. Alors, est-ce l’année de Nolan ?

En plus de sa puissance magistrale, Nolan Arenado possède un rare élément de contrôle. Pour preuve, il est avec Ryan Braun (Brewers) un des deux seuls frappeurs de National League à afficher plus de 30 Home Runs et moins de 100 Strike Outs (94). Enfin, il est l’un des meilleurs défenseurs de la Ligue, comme en témoignent ses quatre Gold Gloves en autant de saisons dans les Ligues Majeures.

Mais Nolan Arenado souffre aussi à plein de l’effet Colorado : parce qu’il est généralement accepté que Coors Field est le stade des Ligues Majeures le plus propice aux frappeurs tout d’abord. Parce que les Rockies, une fois de plus, vont se casser les dents à la porte des Playoffs malgré la contribution d’Arenado et celles des Blackmon, LeMahieu et autres Story.  Et parce que la franchise de Walt Weiss n’a tout simplement pas le rayonnement sportif et médiatiques des Cubs, des Nationals ou encore des Giants. Il semble de plus en plus évident qu’Arenado, à l’image d’un Mike Trout chez les Angels, devra s’exiler et briller avec une franchise plus exposée pour être reconnu à sa juste valeur.

Pronostic : 2è



Kris Bryant (Chicago Cubs):

38 HR, 99 RBI, AVG .295, OPS .951

Mais, si la saison de Murphy, le talent d’Arenado et les qualités de Rizzo sont dignes d’un MVP en puissance, peuvent-ils vraiment réaliser avec les performances de l’un des rares véritables « Five Tool Players » des Ligues Majeures ? C’est simple, et même si certaines de ses performances statistiques sont inférieures à celles de ses adversaires, Kris Bryant est de la trempe des Trout et des Harper, la précocité en moins !

Son WAR de 7.33 (meilleur de National League, et de loin) n’est que l’un des exemples de ce qui fait Kris Bryant un joueur majuscule. Principalement joueur de troisième base, il a évolué a toutes les positions cette saison, à l’exception de deuxième base, lanceur et receveur, sans déchet défensif et avec le même niveau de performance offensif.

Batteur puissant et précis, il est un modèle de fiabilité au bâton comme le prouve cette statistique improbable : en 2016, il a abordé 125 passages au bâton avec une situation de Double Play (milieu du « batting order » oblige) et n’en a concédé que trois. Un taux de GDP de 2.4% quand la moyenne des Ligues Majeures est de 11%. Joueur clutch par excellence, il rayonne en compagnie d’Anthony Rizzo sur l’infield des Cubs et domine la National League Central.

Boosté qui plus est par la saison fantastique des Chicago Cubs, qui se dirigent tranquillement vers la barre symbolique des 100 victoires, et par l’énorme attente populaire autour de ces Cubs qui cherchent leur première victoire en World Series depuis 1908, on ne voit pas ce qui pourrait empêcher Kris Bryant de recevoir une confortable majorité des votes. Et ce ne serait que justice, malgré toute l’affection que l’on a pour Nolan Arenado, tant Bryant représente le présent et le futur du Baseball Majeur !

Pronostic : 1er

Publié dans MLB

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