Et si on faisait un point sur la D1 française de baseball avant les playoffs ?

Le week-end prochain, notre chère D1 de baseball va entamer sa dernière ligne droite, les playoffs. Une occasion de revenir sur la saison régulière de chaque équipe et de se projeter dans cette phase finale pleine de suspense et d’incertitude, qui verra Rouen l’emporter sur Sénart par trois victoires à une à la fin.

Vous après vous avoir spoilé le vainqueur du championnat.
Vous après vous avoir spoilé le vainqueur du championnat.

Rouen, leader à la cool

24 victoires – 3 défaites (un match non joué)

Être joueur rouennais, ça doit vraiment être reposant. Vous savez que vous avez 99 % de chances de survoler le championnat et d’être champion à la fin de la saison. Vous pouvez donc couler des jours heureux en Normandie, vous faire une virée à Deauville, manger des crustacés à Houlgate et admirer les falaises d’Étretat, tout en profitant des deux trois jours de soleil de l’année répartis entre mai et août.

Ceci est l’impression que donne Rouen. Cette facilité déconcertante à dominer en France pour chercher la vraie bagarre en coupe d’Europe. Pourtant, c’est un trompe l’œil et si Rouen a encore dominé la saison régulière tout en s’affichant comme le grandissime favori à sa propre succession, c’est du à beaucoup de travail de l’encadrement au terrain, en passant par tous les acteurs du club. Résultat, Rouen n’a pas été inquiété, abandonnant simplement trois matchs à ses adversaires (Sénart, Montpellier et un spécialiste des coups contre les gros, Toulouse) contre un seul en 2015.

Il faut dire que les Huskies ont une attaque solide, la meilleure de D1 (.312), emmenée par le toujours brillant Larry Infante et ses .419 de moyenne de frappe. Le vénézuelien est bien suppléé par la recrue américaine Andrew Medeiros (.343) et la valeur sûre Oscar Combes (.311). Le monticule répond à l’attaque en étant sans équivalent dans notre cher pays. Owen Ozanich est toujours aussi dominateur (ERA 1.22, fiche 9-0). Les Huskies doivent remercier les dieux du baseball tous les jours pour l’avoir trouvé au fin fond du Vermont, et l’encadrement des Bleus doit en faire autant. Derrière lui, Yoan Vaugelade confirme son talent (1.64, 7-1) et l’autre franco-américain, Marc-André Habeck, s’est montré précieux (2.52, 2-0).

Et c’est sans parler d’Anthony Piquet. De retour après quelques saisons en régionale bretonne, il a démontré que les crêpes et galettes saucisses n’ont pas amoindri son talent avec un ERA de 1.42 et une fiche de 5-0. Puis, on vous achève avec le bullpen : Pablo Ossandon, Esteban Prioul, Keino Perez.

Dire que certaines équipes sont certainement convaincues de pouvoir prendre les rouennais sur cinq matchs… les fous ! Oubliée la glorieuse incertitude du sport, les rouennais sont prêts à marcher sur les playoffs.

Rouen est à l'aise dans ce championnat de France.
Rouen est à l’aise dans ce championnat de France.

Sénart à l’ombre des Huskies

22 victoires – 6 défaites

Parmi les deux équipes convaincues de pouvoir réaliser l’exploit de taper les normands en playoffs, les Templiers de Sénart. Après tout, Sénart a bien été champion en 2014, brisant la série des Huskies. D’un autre côté, c’était le PUC qui avait effectué le sale boulot de sortir Rouen en demi-finale. Défait en finale du dernier Challenge de France par Rouen, Sénart doit battre les Huskies en finale du championnat de France pour vraiment quitter l’ombre des champions. En ont-ils les moyens ? Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont ceux qui semblent les mieux armés pour bousculer le champion.

Deuxième de la saison régulière avec la même fiche qu’en 2015 (22 victoires pour 6 défaites), Sénart est tout de même un cran en dessous de Rouen. Pas la faute de son offensive, la deuxième meilleure du championnat avec .300 de moyenne de frappe collective. Non, le bât blesse sur le monticule, au niveau de la relève. Si monsieur Match Parfait James Jensen (1.50, 8-1) et Maxwell Mac Nabb (1.55, 4-1) assurent leur rang de top import-players en compagnie du jeune international français Jonathan Mottay (2.36, 7-3), la relève inquiète, notamment les vétérans Matthieu Brelle Andrade (8.10) et Pierrick Lemestre (9.96, 2-0). Une relève qui ne peut passer face à la puissance des Huskies. À moins que l’expérience de ces joueurs puissent les voir rebondir en playoffs ?

Les Templiers pourront-ils rectifier le tir d’ici les playoffs pour éviter les crocs de la meute ? Ce niveau sera insuffisant face au champion et il n’autorisera pas Sénart à une demi-finale tranquille puisque les Templiers devraient vraisemblablement retrouver Montpellier, équipe qui les avait déjà éliminé à ce stade la saison dernière. Si les Templiers se qualifient, l’affaire sera toujours aussi ardue. Bien que Sénart et Rouen soient habitués à des joutes serrées, on sait que l’arme ultime des normands les a rendu jusqu’à présent supérieurs aux sénartais. Et cette arme, c’est le mental ! Et avec une finale de Challenge de France et trois rencontres sur quatre remportées sur les Templiers cette saison, Rouen à l’ascendant. L’envie de revanche sera-t-elle assez forte du côté de Sénart ?

Joueur sénartais après une finale contre Rouen.
Joueur sénartais après une finale contre Rouen.

Montpellier aimerait briller autant que le soleil sur la ville

18 victoires – 9 défaites (un match non joué)

Finaliste, demi-finaliste. Toujours placé, jamais gagnant. Non, on ne vous parle pas des cyclistes français au Tour de France mais des Barracudas de Montpellier, l’une des équipes les plus attachantes de la D1. Sans les moyens de Rouen et Sénart (mais pas sans moyens non plus hein!), avec de l’envie, du courage, de la détermination et une bonne dose de soleil du sud, Montpellier répond toujours présent. Finalistes du dernier championnat, les héraultais aimeraient enfin redevenir champions de France, parce que ça commence à faire longtemps qu’ils n’ont plus soulevé le trophée.

Dans une ville habituée à voir ses équipes sportives dans l’élite, Montpellier tient son rang en étant une nouvelle fois dans le trio de tête avec une fiche de 18-9 avec un match en moins joué (rain out). Une meilleure saison régulière qu’en 2015 (15-13) mais pourront-ils aller en finale comme la saison dernière ? Il semble manquer un palier aux sudistes pour aller taquiner Rouen et Sénart actuellement, mais on sait que Montpellier est une équipe de caractère, toujours difficile à manœuvrer en phase finale.

Elle comptera une nouvelle fois sur sa vedette américaine Will Musson, aussi à l’aise sur un monticule (1.91, 5-3) qu’à la batte (.343, 2HR). L’offensive sudiste a été emmenée par le jeune talent national Frédéric Walter qui a frappé pour .383, une belle saison qui l’emmène une nouvelle fois au camp européen MLB en compagnie de Mélissa Mayeux. La jeune prodige star du baseball français et du baseball au féminin a été au rendez-vous de sa première saison dans l’élite en frappant pour .343 en 12 matchs et 35 at-bats. Si Montpellier réussit à avoir une équipe complète sur tous les playoffs, son offensive (Grégory et Anthony Cros, Guillaume Félices, Eric Herman and co) sera redoutable.

Côté monticule, Montpellier n’a pas exactement les arguments de Rouen mais il en avance des solides. Thomas Langloys affiche un bel ERA de 1.34 et une fiche de 4-0. Si Gregory Cros et Thomas Meley ont connu de meilleures stats, ils restent des valeurs sûres. La relève est, quant à elle, prometteuse. Laurent Andrades est toujours là en compagnie des jeunes espoirs Yoan Antonac et Antoine Villard. Des espoirs peut-être un peu tendre pour viser le titre mais qui seront donner un coup de main à l’équipe. Particulièrement s’ils retrouvent Sénart en demi-finale, équipe supérieure en saison régulière comme en 2015. Ce qui n’avait pas empêché les Barracudas de sortir les Templiers en demi-finale trois victoires à une…

État d'esprit des joueurs montpelliérains.
État d’esprit des joueurs montpelliérains.

Toulouse ne lâche jamais

12 victoires – 16 défaites

Chaque saison, on s’interroge sur le potentiel toulousain et son recrutement. Combien de pôlistes ? Des renforts étrangers ? Aura-t-on un jour l’info ? Depuis deux saisons, Toulouse communique mieux sur ses recrues et cette année, le STB nous a envoyé du rêve avec le premier ex-Major Leaguer à rejoindre la D1, en la personne de Harvey Garcia. On a espéré du grandiose. On a cru ensuite au bide puis l’ancien joueur des Miami Marlins (8 apparitions en 2007) a retrouvé la forme pour enchaîner les belles performances. Résultat, une fiche de 5-2 avec un bel ERA de 1.38 qui fait du bien à Toulouse, même si on aurait espéré un ex joueur des Big Leagues atomisant tout sur son passage.

Cependant, avoir un joueur ayant connu le Show ne fait pas tout et derrière, ça reste moyen. Samuel Meurant, revenu d’un séjour en N1, n’a pas été le grand Samuel Meurant des années Sénart. Peu de lanceurs de la rotation ou de la relève affichent de belles stats à faire frémir les grosses écuries. Toulouse est une équipe de coups, capable même de battre Rouen ou Sénart sur un match mais incapable de tenir la distance contre eux. Et malgré quelques bons frappeurs comme Jorge Hereaud (.358), Sébastien Neumann (.305) ou Alexander Jo Perdomo (.296), il sera très difficile à Toulouse d’exister au-delà des demi-finales, surtout face à l’ogre rouennais.

Il faudra déjà se débarrasser des Avernes de Clermont-Ferrand. Toulouse est le logique favori, mieux armé dans tous les domaines, avec l’expérience des playoffs. Mais sur une série de trois matchs, une erreur se paie cash, donc méfiance.

Toulouse quand ils font un coup contre une grosse équipe.
Toulouse quand ils font un coup contre une grosse équipe.

Clermont, le petit nouveau a réussi sa saison

10 victoires – 17 défaites (un match non joué)

Le promu a réussi sa saison en signant une cinquième place synonyme d’accession aux barrages de playoffs. Et ce n’est pas une surprise tant le club a œuvré pour ce retour, en développant une belle unité entre la jeunesse du club et de vieux briscards de la D1 comme Brice Lorienne, le coach. Alors, vous aurez peut-être quelques rabat-joies qui vous parleront de leurs quatre renforts venu de l’étranger. Ça ne fait pas tout.

Enfin si, cela a tout fait cette saison. Le jeune lanceur Peter Gehle a signé la moitié des victoires de l’équipe, qui a terminé la saison avec 10 victoires pour 17 défaites (et un match non joué contre Rouen pour une probable 18ème défaite), avec un bel ERA de 2.53 et une fiche de 5-5. Les deux autres lanceurs, Olivier Charloniet et Thomas Médina, sont loin avec des ERA à plus de 6.

Côté attaque, on joue la même. Les trois meilleurs frappeurs sont les autres recrues venues d’outre-Atlantique avec en tête Warren Stehn qui a affiché une belle constance avec une moyenne de frappe de .344, le seul au dessus des .300 dans les frappeurs réguliers de l’équipe. Derrière eux, l’inusable Brice Lorienne. Qu’un promu ait décidé d’engager quatre plutôt que deux ou trois « imports » a sûrement fait la différence, surtout en complément d’un PUC affaibli, d’un Savigny limité et d’un Chartres en plein bide sportif.

Clermont a joué avec les règles et s’en est bien sorti. Cela sera-t-il suffisant en barrages de playoffs face à Toulouse ? Sans leur meilleur frappeur qui aurait été remercié (souci interne?), cela semble compromis. Sur trois matchs, il faudra que toute l’équipe réponde présente à chaque rencontre, tant en attaque qu’au monticule, Toulouse semble mieux armé. Mais arriver en demi-finale donnerait une saison historique pour le club. Et la fin de l’aventure 2016.

Clermont en a surpris quelques uns pour un promu.
Clermont en a surpris quelques uns pour un promu.

Le PUC en mode survivor

10 victoires – 18 défaites

À la moitié du championnat, on ne donnait pas cher de la peau des pucistes, dont l’équipe semblait mieux armée pour la Nationale 1 (troisième division nationale) que pour l’élite du baseball français. Et pourtant, grâce à une volonté de fer, le PUC a accédé une nouvelle fois aux playoffs en s’emparant de la sixième place grâce à une double victoire surprise sur un Toulouse amoindri, le 14 juillet. Et quand on parle de volonté de fer, il faut comprendre: les renforts sont enfin arrivés.

Le PUC a ainsi enregistré le retour de l’américain Eddie Murray (.302) qui avait déjà fait du bien à l’équipe la saison passée. Autre américain, Derrick Cook avec sa moyenne de .375 fut prometteur lors des 3 matchs joués avant de disparaître. Enfin, le japonais Kyosuke Yamada, sans être transcendant (.255), a permis de muscler un peu l’équipe. L’équipe a fait jouer 31 joueurs sur la saison que ce soit de jeunes espoirs du club, des vieux briscards de la N1, des habitués de la D1. Un peu de tout en fait.

La qualification en barrages de playoffs est tout de même un bel exploit au vu de la situation en mai et de celle du monticule. James Murrey n’a pas été à son niveau habituel (ERA 3.21, 1-2). Maximin Monbeig (4.90, 3-7) et Jakub Jendryczka (5.07, 3-6) ont essayé de garder le club en vie en glanant de précieuses victoires ici et là. En relève, huit joueurs se sont succédés sur la saison, montrant les difficultés du club.

Et pourtant le PUC est encore là. Enfin, plus pour longtemps si on estime qu’il leur sera impossible de passer l’obstacle Montpellier en barrage de playoffs… à moins d’un miracle de ce PUC survivor ? Nooooon.

Mantra des pucistes durant la saison.
Mantra des pucistes durant la saison.

Chartres, le bide du box-office

8 victoires- 19 défaites (un match non joué)

Au début de saison, Chartres et son recrutement pléthorique imposait le respect, particulièrement en embauchant la star du PUC Douglas Rodriguez, l’une (la?) des meilleures battes de D1 et un joueur d’une grande expérience, notamment au niveau européen, Rémigio Leal Gonzalez. Or, dès le début du championnat, Chartres a inquiété et n’a jamais su redresser la barre. Pire, ils n’ont même pas réussi à se qualifier pour les barrages de playoffs, devant au contraire disputer un barrage de maintien face à Savigny.

La saignée puciste vers Chartres à l’intersaison, commencée par le départ d’Hasely Medina courant 2015, a pourtant produit son effet. Les six meilleurs batteurs du lineup régulier sont issus du PUC dont Douglas Rodriguez, leader offensif toujours aussi implacable (.389, 3 HR), Hasely Medina (.366) et Ronny Materano (.329). En plus des recrues pucistes, les French Cubs ont accueilli en mai un dominicain ayant joué en ligues mineures de niveau A, Juan Gabriel Carela. Ce dernier a frappé pour .276 en quinze matchs. Pas suffisant pour relever le niveau de l’équipe et la qualifier en playoffs. Une non-qualification qui s’est jouée lors d’une ultime journée de matchs en retard, dans un duel à distance contre le PUC.

Mais l’attaque n’a pas démérité, avec notamment la quatrième moyenne de frappe collective du championnat et un nombre de points marqués sensiblement similaire aux équipes entre les quatrième et huitième places. En revanche, le monticule a déçu. Si Rayner Oliveros a été à son niveau attendu, sensiblement le même que l’année dernière, avec un ERA de 3.72 et une fiche de 4-8, Leal Gonzalez n’a pas fourni les performances espérées par son vécu sportif (3.89, 2-4). La grande déception a été Enrique Juma Trinidad, autre transfuge du PUC, qui n’a même pas effleuré son niveau des années passées où il fut une arme essentielle du PUC en attaque comme sur la butte. Avec un ERA de 10.80 et cinq défaites, il n’a pas fini la saison avec Chartres.

Si Chartres a les moyens de s’imposer pour le maintien, nul doute que la saison catastrophique de l’équipe première, en raison des investissements consentis, va gâcher partiellement la belle saison du club qui a accueilli la coupe d’Europe et l’Euro Baseball 15U. Et poser une question à donner un mal de crâne carabiné à l’intersaison au staff dirigeant : comment débaucher tout le PUC pour se qualifier en playoffs ?

Allégorie.
Allégorie.

Savigny, lion toujours blessé

6 victoires – 22 défaites

Les Lions n’ont pas démérité au vu de leurs moyens mais ils n’ont pas su profiter du bide chartrais pour rallier les playoffs. La faute au promu clermontois super-renforcé et à un PUC revenu à la vie en cours de saison. Et les recrues nippones de Savigny n’ont pas réussi à tirer suffisamment l’équipe vers le haut. Mamoru Morita a pourtant essayé avec sa superbe moyenne de .382 à la batte. Et Naoki Yamagami, avec un ERA de 3.41 et une fiche de 2-5, n’a pas pu que limiter les dégâts face aux équipes adverses.

Derrière, Savigny manque de ressources en attaque et en défense. Même si Luis De La Rosa a fait une meilleure saison sur le monticule que la saison dernière (4.29 1-4 contre 6.69, 3-3, en 2015), sa performance individuelle n’a pas permis de gagner plus de matchs, au contraire. Même l’attaque fut plus régulière et productive qu’en 2015 sans que cela s’en ressente sur le nombre de matchs gagnés (deux de moins que la saison dernière).

Le fait d’avoir récupéré le terrain de Limeil-Brévannes pour ses matchs à domicile n’a pas permis à Savigny de repartir vers le haut. Ce grand club est toujours blessé. Le reverra-t-on de nouveau au sommet de la D1 ? Difficile à imaginer vu le retard pris sur les membres du Big Three. Savigny doit déjà sauver sa place en D1. Si la victoire sur Chartres est envisageable, les deux équipes ayant partagé en saison, les chartrains possèdent plus de ressources en attaque et au monticule. Les Lions auront-ils encore les crocs pour rester dans l’élite ?

Savigny sur ces dernières saisons.
Savigny sur ces dernières saisons.

 

Pour suivre les résultats et statistiques des championnats de la Fédération Française de Baseball Softball, c’est ici : http://ffbsstats.org/2016/division1/resultats.php


Laisser un commentaire