Laissez-nous vous présenter aujourd’hui l’équipe d’Heidenheim. Championne en titre de Bundesliga, elle a réussi à atteindre la finale de la Champions Cup en 2010. Une première pour un club allemand. A la tête de cette équipe Klaus Eckle, GM et coach de cette formation, il nous parle du succès de son club issu d’une petite ville de 50.000 habitants.
[Retrouvez notre présentation du championnat d’Allemagne]
The Strike Out : Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Klaus Eckle : Je suis le General Manager des Heidenheim Heidekoepfe depuis sa fondation en 1992, j’ai pendant longtemps été joueur de cette équipe. Je suis actuellement aussi, coach de l’équipe.
TSO : Heidenheim est une petit ville d’Allemagne et pourtant vous avez réussi à décrocher la bundelisga l’an passé contre des grosses cylindrées. Comment expliquez-vous cela ?
K.E : Il est vrai que notre succès en rapport à la petitesse de notre ville est assez spectaculaire. Malgré notre club de football qui évolue en 2ème division, il y a de la place pour le baseball à Heidenheim et nous essayons de l’installer année après année en dépit de ressources financières limitées.
TSO : Pouvez-vous revenir sur votre très belle campagne européenne de 2010 où votre club est parvenu à atteindre la finale ? Une première pour un club allemand !
K.E : Notre campagne européenne de 2010 était tout simplement fantastique. Nous avons battu les Hollandais, les Italiens et nous sommes malheureux en finale contre Bologne où l’on s’incline en 10ème manche. C’est une sacré performance, car en Allemagne le baseball est un tout petit sport et nous avons très peu de moyens à notre disposition. Pour être plus compétitif avec les grosses nations européennes, il faut que le baseball allemand produise de meilleurs pitchers.
TSO : Considériez-vous cette épopée européenne comme une référence ?
K.E : Très franchement nous avons joué un très bon baseball, c’était un exceptionnel effort d’équipe emmené de manière brillante par notre coach de l’époque, un ancien Major Leaguer, Mike Hartley. Cette campagne était bien évidemment un des moments forts de ma carrière comme notre accession à l’élite en 2000 ou le fait d’avoir remporté le championnat allemand en 2009 et 2015.
TSO : Pensez-vous que pour accentuer son développement le baseball allemand doit suivre le chemin des franchises italiennes ?
K.E : Non, je ne pense pas que le baseball allemand devrait s’engager dans ce genre de projets. Mettre en place un système de franchises nécessite beaucoup trop de moyens et un réservoir de joueurs importants. Bref, c’est un monde à créer et c’est beaucoup trop casse-gueule.
TSO : Le coach de Regensburg, Ivan Rodriguez, nous faisait part d’un excès d’égoïsme dans le baseball allemand, est-ce que vous faites ce même constat ?
K.E : Je ne pense pas. Pour être honnête, c’est à Regensburg que j’ai vu cette tendance à l’égoïsme. Même si nous avons certains points de discorde avec les clubs allemands sur les projets futurs, je vois dans mon pays un groupe de gens qui travaillent ensemble dans le même but : améliorer notre sélection nationale et la Bundelisga marche après marche.
TSO : Quelle place accordez-vous à la formation, au sein de votre club ?
K.E : C’est un axe prioritaire. En tant que GM du club j’ai un œil très attentif sur les performances de nos équipes de jeunes. Dans notre club nous essayons au maximum d’intégrer les jeunes joueurs qui viennent de notre programme de développement. Notre shortstop actuel et joueur de la sélection nationale, Philip Schulz en est le meilleur exemple.
TSO : Existe t-il un lien entre la MLB et la Bundesliga ?
K.E : A part Regensburg [où les vestiaires ont été financés par la MLB,NDLR], il n’existe aucun lien entre la ligue américaine et notre championnat.
TSO : Il est coutume de dire que le baseball allemand a le plus gros potentiel d’Europe en ce qui concerne sa jeunesse, partagez-vous ce constat ?
K.E : Nous voyons un enthousiasme grandissant des jeunes c’est vrai. Surtout auprès des clubs qui font un effort pour les encourager à se lancer. J’ai entendu souvent que l’Allemagne était “le géant endormi” du baseball mondial mais au quotidien je ne vois pas cette tendance.
TSO : Quels sont les clés du succès de Heidenheim en Bundesliga ?
K.E : Heidenheim effectue un solide et honnête travail année après année. Nous avons un petit groupe de vrais hommes de baseball qui prennent les bonnes décisions. On a su tisser un très bon réseau à l’international et nous pouvons compter sur une fanbase solide. Rendez-vous compte, on arrive à attirer 500 personnes chaque semaine dans les stades alors que notre ville ne compte que 50.000 habitants.
TSO : Comment vous êtes vous senti après avoir décroché le titre en 2015 ? Surtout qu’en 2014 vous avez échoué en finale…
K.E : Remporter le titre en 2015 était énorme pour nous, encore plus particulièrement après notre défaite en finale en 2014. Nous sommes tombés cette année là mais nous nous sommes relevés, c’est très important pour toutes les personnes impliquées auprès du club.
TSO : Quels sont vos objectifs pour l’année en cours ?
K.E : Nos objectifs pour 2016 : remporter le titre en Allemagne une deuxième fois de suite, remporter la Champions Cup (au moins garder la place de l’Allemagne dans le Top 8). Terminer dans les 3 premiers avec les moins de 15 ans lors du championnat de la jeunesse allemande en octobre 2016.
TSO : Quel est le statut de vos joueurs ?
K.E : Tous nos joueurs sont amateurs. Les étrangers sont engagés en qualités de coach pour les équipes de jeunes pour leur apporter un peu d’argent. Ils doivent tous promouvoir le baseball au quotidien pour faire une place plus importante à ce sport en Allemagne.
Heidenheim en quelques points
- Fondé en 1992
- Promu en Bundesliga en 2001
- Champion d’Allemagne en 2009 et 2015
- 2ème de Champions Cup en 2010