Ivan Rodriguez : “Si les Allemands ne cessent de se regarder le nombril, ils continueront à se faire botter le cul”

A la tête de Regensburg depuis deux ans Ivan Rodriguez, coach vénézuélien de l’équipe allemande dresse un portrait sans concession de la Bundesliga. La langue de bois, lui, il ne connait pas vraiment et s’il met toute son expérience au profit de son équipe, il n’en demeure pas moins ulcéré par le comportement de certains acteurs du baseball local.

[Retrouvez notre présentation du championnat d’Allemagne]

The Strike Out : Pouvez-vous nous présenter à nos lecteurs ?

Ivan Rodriguez : Je suis un coach Vénézuélien. J’ai été joueur dans mon pays au sein de l’Académie de Houston et à Caracas avec Leones. J’ai entraîné plusieurs équipes régionales, professionnelles et l’équipe nationale junior du Venezuela. Je suis l’un des fondateurs d’un programme d’entrainement MLB pour les infielders. Il était destiné aux joueurs de AA, de AAA et de MLB pour qu’ils puissent s’entraîner en vue d’être prêt pour le spring training. Puis je suis allé au Pays Bas où j’étais dans le staff de l’équipe U18 de Hollande. Plus tard j’ai entraîné HCAW en Hoofdklasse et depuis deux ans je suis à Regensburg.

TSO : Vous avez donc travaillé comme coach en première division hollandaise. Les Bataves ont -de loin- la meilleure équipe nationale en Europe et l’une des meilleures au monde. En Champions Cup, les clubs hollandais dominent la compétition avec les Italiens, pourquoi est-ce plus compliqué pour les Allemands de remporter ce tournoi ?

I.R : Le baseball allemand est encore un bébé. Si l’on parle de l’équipe nationale, les joueurs se réunissent une semaine ou deux avant un tournoi. Comment voulez-vous qu’ils soient compétitifs dans ce genre de conditions ? Le baseball ici devient meilleur mais ils ont besoin de faire des pas en avant plus grands et surtout plus rapides pour rivaliser et rattraper le retard avec les Italiens ou Hollandais.

TSO : Quelle sont les différences majeures entre la Hoofdklasse et la Bundesliga ?

I.R : A peu près tout. Les quantités de matchs par semaine, le niveau de formation des coachs et les personnes qui travaillent ensemble pour le bien de ce sport. C’est incroyable comment ici les gens ne partagent pas et gardent tout pour eux ! Au quotidien, la sur-dimension des égos et la propension assez folle à parler derrière le dos des gens sont des éléments exaspérants ! Ces éléments rongent le baseball Allemand et avec ce genre de mentalité on ne peut rien construire de viable. Côté infrastructures, les stades sont d’assez mauvaises qualité en Allemagne. Regensburg possède la meilleure enceinte et de très loin. Ensuite vous trouvez des stades de qualité moyenne voire indigne !

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TSO : Comme vous l’avez dit vous évoluez dans un très beau stade quelle est la ferveur autour de votre équipe ?

I.R : J’ai toujours eu la chance comme joueur ou entraîneur de travailler dans d’excellentes conditions. En Europe que ce soit à Hoofddorp ou à Regensburg, c’est vraiment très bien. Nous avons une plutôt bonne fanbase, nous pouvons compter sur 400 à 600 personnes en moyenne pour les matchs de saison régulière et plus de 2000 à l’occasion des playoffs.

TSO : Au regard de votre très riche expérience aux USA, en Amérique du Sud et en Europe, comment jugez-vous son évolution ?

I.R : J’ai pris la décision de venir en Allemagne car j’ai vu du futur dans cette nation, ici vous trouvez des bonnes bases pour former des bons joueurs mais une fois encore je n’avais connaissance de la mentalité des Allemands autour de ce sport. Et ça ne marchera pas s’ils continuent à mettre leur égo en avant et s’ils ne commencent pas à travailler ensemble. Il faut qu’ils commencent à penser à ce qui est bon pour le baseball en général et pas uniquement pour leur bien, leur baseball ou leur académie. S’ils ne vont pas dans ce sens, les Hollandais, Italiens et Tchèques continueront à botter le cul des Allemands.

TSO : La meilleure manière de faire progresser les joueurs allemands est d’intégrer des locaux dans le championnat. Est-ce le sens que vous essayez de prendre ?

I.R : Nous travaillons principalement avec des joueurs allemands. Nous avons quelques étrangers Tchèques, Hollandais, Coréens, Américains ou Vénézuéliens mais j’essaie vraiment d’augmenter le niveau des joueurs allemands et de rendre meilleur le baseball ici.

TSO : D’ailleurs vous n’étiez pas entraîneur à ce moment-là mais Regensburg a vu l’éclore l’un des meilleurs joueurs de baseball européen : Max Kepler. Est-ce la qualité des infrastructures qui vous permet de faire émerger ce genre de talents ?

I.R : Les infrastructures ici sont de très haute qualité, dans les standards de ce que peuvent produire les équipes de Minor League. J’ai d’ailleurs eu l’opportunité de travailler avec lui l’an passé, il s’est arrêté quelques jours à Regensburg et nous avons travaillé quelques jours dans la cage. C’est vraiment un très bon joueur, aucun doute là-dessus !

TSO : Cela fait deux ans que vous êtes en Bundelisga, et vous n’avez réussi à gagner le titre de champion. Le championnat allemand semble être relevé avec 5 ou 6 équipes capables de gagner le titre… C’est un bon challenge pour vos joueurs ?

I.R : Nous avons perdu le titre l’an passé à la neuvième manche. On a été incapables de conclure la partie et c’est pour cela que l’on a perdu la Bundesliga. Les équipes deviennent de plus en plus fortes parce qu’ils importent beaucoup de joueurs de l’étranger. Nous nous travaillons avec des jeunes allemands et c’est notre politique qui permettra aux joueurs allemands de s’améliorer… Notre staff est composé d’un coach assistant, d’un hitting, catcher et pitching coach et d’un préparateur physique.

TSO : Que pensez-vous de la toute nouvelle compétition européenne : l’Euroligue ?

I.R : C’est une vraie bonne idée. Finalement quelqu’un a pris la décision de faire quelque chose de bien pour le baseball en Europe. C’est vraiment dommage que les égos et la peur de perte de pouvoir rendent les choses compliquées pour une vraie élaboration d’une euroligue. Avec 4 équipes cette année on ne peut pas dire que cela soit satisfaisant.

TSO : Quel est le salaire moyen de l’un de vos joueurs et à quoi ressemble une semaine type pour vos joueurs ?

I.R : Je n’ai pas le droit de répondre au sujet du salaire. Mais il existe. Nous nous entraînons 4 fois dans la semaine et jouons 2 matchs dans le weekend plus les 4 matchs d’Euroleague. Nous avons des sessions d’entrainement le matin, le conditionnement et un entrainement d’équipe l’après midi.

TSO : Quelque chose à rajouter ?

I.R : Comme vous lecteurs sont français, j’adresse tous mes respects à votre baseball. Je sais que la MLB va envoyer des coachs sur place pour participer au développement de ce sport dans le pays et il me semble que le baseball français va dans la bonne direction.

 


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