97 ans et 9 World Series. Voici le pont qui sépare d’un côté une des franchises les plus mythiques du baseball à une autre tout juste sortie de son enfance. Si les A’s créée en 1901 sont un monument de la MLB, les Rays fondés vers la fin des 90’s ont quant à eux une place bien plus petite dans le grand livre des Majors. Mais cette différence, aussi importante soit-elle, est en réalité l’unique obstacle qui les divise. À regarder de plus près, on distingue deux jumeaux : Oakland et Tampa Bay. Voici l’histoire de deux franchises, semblables en tout point. Excepté le temps…
« Retrouvons notre lustre d’antan ». Ça ne l’est pas mais ça pourrait très bien être le leitmotiv des A’s voire des Rays. Les deux équipes côtoient le fond depuis une ou deux saisons sans entretenir le moindre espoir.
« C’est un jeu inéquitable »
Avez-vous déjà vu « Moneyball » ? Ou « Le Stratège » pour la version française, c’est selon ? Si oui, ce qui va suivre vous rappellera quelques souvenirs. Pour les impies, fermez-cette fenêtre illico presto et procurez-vous le ! « The Strike Out » attendra, priorité à votre culture baseball tonnerre de Brest !
Pour faire simple ce film retrace la saison 2002 des ‘Éléphants’ et l’approche sabermetrics du baseball mise en place par Billy Beane. À l’époque le GM des A’s tente de bâtir une équipe compétitive avec des moyens financiers bien inférieurs aux autres équipes. Une gestion qui aura révolutionné le baseball au début du millénaire. Et cette idéologie, on la retrouve toujours quinze ans après dans l’ADN des ‘Cols Verts’ mais aussi… des Rays.
Pour le meilleur et pour le pire… Car que ça soit dans la baie de San Francisco ou sous le soleil de Floride, on se demande parfois si on pratique le même sport que les Yankees…

« Le problème auquel nous faisons face, c’est qu’il y a les équipes riches et puis les pauvres. Ensuite il y a dix mètres de merde et nous on est là-dessous. C’est un jeu inéquitable ». Brad Pitt aka Billy Beane dans Moneyball
Les petits poucets de la MLB
Quand les Yankees, Dodgers ou autres Red Sox pèsent respectivement 3.4, 2.5 ou 2.3 Milliards de dollars, Oakland et Tampa Bay trustent le fond du classement. Si on additionnait leurs deux puissances financières on n’arriverait même pas à la moitié de celle des Bronx Bombers. Selon Forbes, les A’s émergent aujourd’hui à la 28e place du classement des franchises MLB avec une richesse estimée à un peu plus de 700 millions de dollars. Les Rays ferment la marche à la 30e place avec 650 M$. Un gouffre.
Comment lutter dans ce contexte ? En recrutant malin avec l’idée de bâtir non pas la plus belle équipe mais la plus complète. Et ça marche. Ainsi sans remonter bien loin, Athletics comme Rays ont marché sur leur League. Entre 2008 et 2013, Tampa Bay vire quatre fois en play-offs, échouant une fois en World Series. Oakland de son côté participe trois années de suite à la postseason sur la période 2012-2014.
Espoirs déçus et fin de cycle
Malheureusement pour les fans, Tampa comme Oakland ont laissé passer leur chance. Et c’est en 2014 qu’une page s’est tournée définitivement pour nos deux jumeaux.
D’abord chez les Rays. Cette saison est la dernière de l’ère Joe Maddon, considéré comme un véritable génie du côté de Tampa. Triple Manager de l’année, Maddon est une référence à son poste. Aujourd’hui seules des légendes comme Bobby Cox ou Tony LaRussa ont reçu plus de fois l’honneur du “Manager of The Year” que Maddon.

En quelques années les Rays laissent filer des stars absolues comme Maddon, David Price ou encore Fernando Rodney. Et si l’âme de cette équipe est restée avec Evan Longoria, le flambeau a bien du mal à être transmis…
À Oakland la fin de rêve a laissé un goût amer. Juin 2014, Oakland domine la MLB de la tête et des épaules. C’est l’époque Donaldson, Cespedes, Moss et consorts. Juillet s’ouvre et lors de cette période propice aux transferts Billy Beane décide d’y aller all-in. On se dit que c’est l’année ou jamais. Sur la butte, des pointures arrivent, avec des mecs comme Jon Lester, Samardzija ou Hammel. La rotation affichée est alors diabolique avec un 5 Lester, « Sharks », Kazmir, Gray, Hammel.
Pour la première fois Billy Beane renie alors ses sabermetrics… Et le résultat est un fiasco. Qualifié pour le « Wild-Card game » lors de la 162e et dernière journée après avoir saboté une avance XXL au classement, les A’s sombrent face aux Royals après avoir mené 7-3 au milieu de la 8e… Un scénario catastrophe dans un match qui coïncidera avec la naissance de la génération « No-Fluke » du côté de Kansas-City et la mort de celle des « Donaldson, Lester et rêve de titre » à Oakland.
Et aujourd’hui ?
Cespy, Donaldson, Moss, Norris, Jaso, Lester, Samardzija, Hammel ou autre Kazmir sont, depuis, partis. À la fin de cette période, Oakland a perdu tout son infield et 75% de sa rotation. La suite est une longue descente aux enfers. Aujourd’hui l’équipe tente tant bien que mal de lutter dans une division dominée par des Mariners et Rangers. Reddick, Vogt, Crisp et Lowrie sont les derniers témoins d’une époque pas si lointaine ou c’était bien les A’s et non pas les Warriors qui étaient la fierté d’Oakland.
Côté Rays on attend beaucoup sur la butte de la jeune star Chris Archer. De la même manière qu’à Oakland on croit en des jours meilleurs avec du Sonny Gray dedans. Rays, Athletics, Athletics, Rays… Ce week-end verra s’affronter deux équipes séparées par un siècle d’histoires. Et qui pourtant, se ressemblent tellement aujourd’hui.
J-Sé Gray : “In Billy Beane we trut”