Inside – dès que l’occasion s’en présentera, nous nous attacherons à vous faire découvrir l’atmosphère des stades de baseball d’Amérique du Nord et d’ailleurs. Les stades, le jeu, l’ambiance, la bouffe. Suivez-nous aujourd’hui pour une visite du Rogers Centre de Toronto
Toronto, Ontario. Capitale économique du Canada, la plus américaine des métropoles canadiennes n’est qu’a quelques heures de route des Etats Unis, parfois visibles là-bas, de l’autre côté du Lake Ontario. Acolyte et adversaires des franchises américaines dans tous les sports majeurs à l’exception notable du Football Américain (Les Toronto Argonauts évoluent dans la Canadian Football League), les Toronto Maple Leafs (Hockey), Toronto Raptors (Basket-Ball), le Toronto FC (Soccer) et bien sur les Toronto Blue Jays portent (plus ou moins) haut les couleurs canadiennes sur le continent Nord-Américain.
Mais, si les Canadiens font acte de présence, il y a bien longtemps qu’ils n’ont pas connu le succès face à leurs puissants voisins. Il faut remonter au début des années 1990 pour trouver trace des derniers titres glanés par une franchise de Toronto : Les Blue Jays de Roberto Alomar (1992, 1993). Pourtant, après une saison 2015 qui les aura vu atteindre les American League Championship Series face aux futurs champions, les Kansas City Royals (défaite 4 victoires à 2), Toronto a retrouvé la foi en son équipe de baseball, et le stade quasi-vide et sans vie que j’avais pu découvrir lors d’une victoire estivale insignifiante face aux Kansas City Royals en 2012, affiche quasi-complet pour mon retour en ce match dominical de la mi-Avril (contre les Oakland Athletics. Le deuxième match, deux jours plus tard, oppose les Blue Jays aux Chicago White Sox)
Avant-match
Alors que nous nous extrayons du métro Union, situe sous la gare principale de Toronto, nous constatons immédiatement que le public est venu en masse pour ce match 3 face aux Oakland Athletics. Presque deux heures avant le premier lancer, prévu a 13h07, nous suivons une marée humaine sur le tunnel et la passerelle de béton et de verre qui mènent au Rogers Centre, passant au pied de la CN Tower, la plus haute tour au monde jusqu’en 2010.
Bien entendu, nous sommes conscients que ce n’est pas le pitching line-up du jour (Surkamp vs Hutchinson) qui attire les foules, mais plutôt un horaire propice à une sortie au stade en famille et la distribution de Bobbleheads de Josh Donaldson aux 20,000 premiers spectateurs à entrer dans le stade (à notre entrée, les petites figurines avaient déjà toutes trouvé preneur depuis une demi-heure).
Belle manière, au passage, de s’assurer la présence de 20, 25, 30.000 spectateurs plus de deux heures avant le match, qui trouveront leur bonheur parmi les multiples buvettes, fan-shops et stands de restauration rapide du stade.
L’expérience gastronomique, parlons-en, puisque c’est l’une des raisons pour lesquelles l’on va au stade après tout. Après un passage par l’un des multiples fan-shops du stade (si vous voulez faire le plein en merchandising des Blue Jays, il vaut mieux se rendre au magasin officiel de l’équipe, à quelques arrêts de la, au Eaton Centre), nous faisons un petit tour des échoppes gastronomiques du premier étage. Au niveau culinaire, le choix est décevant.
J’avais le souvenir d’un hot-dog d’un pied de long parfaitement décadent et plutôt agréable au palais, et d’Ale raisonnablement buvable à la pression. Après quelques minutes de balade dans les coursives, nous nous rendons à l’évidence : ce sera un hot-dog sans charme et une boite de Nachos arrosés de cannettes de Budweiser aux couleurs des Jays. Qu’importe le flacon…
Deux jours plus tard, l’expérience s’avère similaire au rez de chaussée du stade, le hot dog fait plaisir à mon estomac affamé mais rien de spécial. Alors peut-être qu’un peu de recherche m’aurait permis de trouver quelque chose de plus raffiné, ou tout simplement de plus original, mais la recherche du diner parfait ne peut pas être la priorité s’il ne se présente pas de lui-même : Le Baseball avant tout.

Stadium Experience
Une fois dans les tribunes, c’est une autre histoire. Dans mes souvenirs, le Rogers Centre (autrefois Skydome) était un stade sympathique à ciel ouvert, au pied de la CN Tower. Cette fois, le léger risque d’intempéries en ce dimanche a décidé les maitres des lieux à fermer le toit du stade. Et cette ambiance indoor change tout, absolument tout à la première impression laissée par le stade des Blue Jays. Alors forcément, on peut aimer ou non pour tout un tas de raisons sportives, écologiques ou météorologiques. En termes d’impact visuel et auditif rien à dire, cette configuration a quelque chose de spécial et je dois admettre que j’aime beaucoup cet aspect.
Une impression rapidement confirmée lors du premier match, alors que retentissent les hymnes nationaux (et oui, chaque match des Blue Jays est une rencontre internationale). D’une façon toute canadienne, les 46,000 spectateurs présents au stade ne braillent pas leur hymne comme on pourrait l’imaginer dans un stade similaire en Europe. Ils le chantent harmonieusement, emplissant le dôme d’une mélodie agréable, presque poignante, mais qui manque d’une certaine sensation de puissance, une sensation récurrente dans tous les stades et salles de sports professionnels que j’ai pu visiter lors de mes visites régulières à Toronto.
Quand le stade se réveille, que ce soit pour célébrer un retrait sur prises ou un joli coup de batte, rien à dire, le volume est au rendez-vous. Mais comme beaucoup de publics nord-américains, celui de Toronto est un petit peu trop passif pour soutenir une véritable ambiance sur la durée d’un match. On vient au stade pour discuter, boire une bière entre amis, passer une après-midi au stade et supporter son équipe. Aucune raison que l’une de ces activités prenne le pas sur les autres.
Les Matchs
Pour le premier match face aux Oakland Athletics, nous sommes donc installés au premier étage, au-dessus du champ extérieur droit, à quelques mètres seulement du poteau de démarcation vers la zone de faute. La vue sur le diamant est bonne, même si un poil lointaine, mais la situation est parfaite pour observer ce match qui s’annonce plus marqué par les frappeurs que par les lanceurs. Sur le monticule, Drew Hutchinson prend un « spot-start » pour les Blue Jays, tandis que coté Athletics, c’est Eric Surkamp qui s’attaque à l’armada offensive des Blue Jays dans ce troisième et dernier match d’une série pour le moment bloquée à 1-1.
Ce sont les Athletics qui frappent les premiers, avec un Home Run de Khris Davis dans le haut de la deuxième manche, avant que les Blue Jays ne répondent dans le bas de la troisième par l’intermédiaire d’un coup de circuit d’Ezequiel Carrera, pour le premier coup de corne de brume de la soirée (chaque home-run ou victoire des Blue Jays est saluée ainsi), avant qu’une série de coups surs consécutifs ne permette à Donaldson, Tulowitzki et Smoak de rentrer au bercail. Quatre Home Runs supplémentaires seront frappés par Josh Donaldson et Jose Bautista pour Toronto, et par Josh Reddick et Chris Coghlan pour les Athletics, mais les Canadiens ne tremblent pas et le jeune closer Roberto Osuna (21 ans), l’un des chouchous du Rogers Centre, clôture la partie sans sourciller avec une 1-2-3 inning .
Je me place toujours sur le champ droit pour le second match face aux Chicago White Sox, mais l’expérience est tout autre. Tout d’abord parce que je me trouve maintenant le long de la ligne de champ intérieur droit, à deux mètres du dugout des visiteurs, mais aussi parce que j’ai la chance de profiter de ce siège de choix pour un choc entre un ancien Cy Young, R.A. Dickey, dernier grand spécialiste de la balle papillon, et l’un des tous meilleurs lanceurs de l’American League à ce jour – et sans aucun doute un futur Cy Young lui aussi –, Chris Sale.
Lors des cinq premières manches, R.A. Dickey tient le choc face à la meilleure équipe d’American League au mois d’Avril, même s’il concède cet unique home-run d’Avisail Garcia lors de la deuxième manche. Après cela, il eut sa baisse de régime habituelle et ne put contrôler les assauts des batteurs de Chicago.
En face, Chris Sale fait démonstration de toute sa puissance, il ne concèdera qu’un coup-sur et deux buts sur balles lors des six premières manches, le temps pour ses coéquipiers de creuser un écart qui s’avérera décisif dans une cinquième manche et une septième manche a trois runs chacune (7-0).
Le Home Run monstrueux d’Edwin Encarnacion n’y changera rien, et les White Sox enverront trois runs de plus lors de la neuvième manche pour s’offrir une victoire de prestige (10-1), la cinquième de Chris Sale cette saison, et la deuxième d’une série de trois sweepée par les Sox.
Quelques remarques sur ce match vécu au plus près du terrain :
- La vitesse de jambes (et la vitesse tout court) de Jimmy Rollins pour aller chercher un double dans la neuvième manche est spectaculaire. 37 ans, vraiment ?
- Tout aussi spectaculaire, la puissance d’Encarnacion pour renvoyer le lancer de Sale au cœur des tribunes.
- Être assis à 50 mètres de la ligne de feu permet de voir toute la différence entre un grand lanceur sur le déclin et l’un des tous meilleurs lanceurs au monde. Puissance, contrôle, précision, chaque pitch de Chris Sale est une fraction de seconde de pur plaisir
- Est-ce le positionnement plus près de la pelouse, la présence d’un public “moins familial”, l’affiche face à une équipe en grande forme ? Toujours est-il que les 24,000 spectateurs du mardi soir, à défaut de pouvoir faire plus de bruit, semblaient créer plus d’atmosphère que les 46,000 du Dimanche après-midi
- Si la tribune du champ droit semble le meilleur côté pour apprécier le match, la tribune du champ gauche semble mieux dotée en termes gastronomiques. Faites votre choix !
- Les White Sox ont un ballboy qui ressemble plus à Melky Cabrera que Melky Cabrera lui-même (mais je n’ai malheureusement pas pu le capturer en une photo correcte).
Le Slow Motion est magnifique ! Merci pour cet article, si un jour je vais à Toronto, je sais ce que je vais faire.
Merci. Oui, toujours une expérience agréable au Rogers Centre. Et le combo match de baseball / ascension de la CN Tower (à moins de deux minutes des portes du Stade) est un véritable ticket gagnant 🙂
Oui encore tellement de ville à visiter. Prochaine étape San Francisco pour moi et le AT&T park des Giants (dur dur pour un fan des Dodgers !)