Une nouvelle saison touche à sa fin. Cela signifie un nouveau chapitre à ajouter à la glorieuse légende des New York Mets.
61 saisons à jouer avec les émotions de ses fans, le fameux emotional rollercoaster que ne renieraient pas les planches de Coney Island.
61 saisons de hauts, de bas, mais surtout de WTF. Beaucoup de WTF, de bourdes, de clowneries. Mais pas à la Cubs, version malédiction et pas de titre pendant 108 ans. Pas à la Indians, version trop de pression et pas de titres depuis 60 ans.
Non, à la Mets, 2 titres en 60 ans (’69, ’86), mais un non-swag sans équivalent dans le sport professionel moderne, un subtil mélange de lose, d’apitoiement, d’abandon, avec un je-ne-sais-quoi de comédie. Les Darry Cowl du baseball.
A commencer par l’intégration de l’équipe dans la National League en 1962.
La National League de retour dans la Grosse Pomme ! Casey Stengel ! Polo Grounds ! Une ticker tape parade pour accueillir tout ce beau monde ! Une femme propriétaire !
Les Mets ’62 sont terriblement sympathiques et horriblement mauvais, remportant leur première victoire de la saison lors du 10e match à Pittsburgh et les 4 lanceurs partant de la rotation finissant à plus de 19 défaites… Chacun…
Un exemple de ces lovables Mets ? Le 17 juin, Marv Throneberry frappe un triple, qui est annulé car il a manqué la seconde base… Casey Stengel se précipite vers l’arbitre pour protester. L’arbitre lui aurait répondu “Pas la peine de râler Casey, il a aussi raté la première base”
Cette saison 1962, les Mets la finissent à 40-120. Ce qui reste le pire record en MLB à ce jour.
Durant les années 60 et 70, le niveau anémique de jeu est vite compensé par la maturation de talents acquis via la draft. Les talents maison, notamment les pitchers, font la “fierté” du Queens. Seaver, Koosman, Ryan, Harrelson, Swoboda, Jones sont les piliers du miracle de 1969.
Mais il faut faire des recettes au guichet. Pour cela, les Mets deviennent la destination préférée des stars en fin de cycle. La maison de retraite de la MLB acceuillera Richie Ashburn (Phillies), Willy Mays (Giants), Duke Snider (Dodgers), Yogi Berra (Yankees), Warren Spahn (Braves), ou plus recement Pedro Martinez (Red Sox), Tom Glavine (Braves), Rickey Henderson (A’s) et Eddie Murray (Orioles).

N’étant que moyennement, voir pas du tout efficace, le recrutement de “grand pères” atteint son paroxysme quand Joe Torre signe en 1977. Il n’effectue qu’une saison en tant que joueur-entraîneur et réussi à rester manager pendant 5 saisons à 97 défaites de moyenne. L’abîme appelle l’abîme.
Dans la catégorie recrutement malheureux, Dave Kingman fait un retour en 1981, après un passage réussi entre 1975 et 1977. Ce retour est la première trace que souhaite laisser le nouveau président et actionnaire minoritaire, Fred Wilpon. Il laissera d’autres traces indélébiles…

Kingman, donc, revient. Et redevient le roi des home-runs en NL, en battant à .206, plus bas pourcentage jamais vu pour un 1B qualifié pour le batting title. Mais ce n’est pas tout. Pour ces 2 saisons (’81 et ’82) menant aux home runs, il est aussi leader en nombre de strikeouts (105 & 156). Le cirque s’arrête avec l’échange amenant Keith Hernandez en 1983.
La première moitié des années 80 est faste pour les Mets. Hernandez en 1B, auréolé du titre en 1982 et du titre de MVP en 1979, arrive “en Sibérie”. Les fans sont circonspects. Mais sur le terrain, son encadrement des jeunes Gooden (ROY ’84) et Strawberry (ROY ’83), son leadership font des merveilles. Tout le contraire de ce qui se passe la nuit dans les clubs de Manhattan.

De plus, la légende Tom Seaver est de retour en 1983. Bien sûr, The Franchise, l’icône du Queens, viré comme un malpropre en 1977 lors du Midnight Massacre pour une banale histoire de contrat, s’est vengé en lançant son seul no-hitter chez les Reds. Mais il est là, les jeunes sont là, on va tout péter…
Sauf que par un impossible imbroglio (le front office ne pensait pas qu’une franchise veuille d’un vieux lanceur à gros salaire), le contrat de Seaver est “oublié” de la liste de protection en fin de saison. Il est réclamé gratuitement par les White Sox, récoltant sa symbolique 300e victoire dans l’uniforme des South Siders.
Malgré une réputation ultra sulfureuse (pour cela voir Once Upon A Time In Queens ou lire The Bad Boys have Won), l’équipe championne en 1986 est appelée à régner sur la NL pour la prochaine décennie.
Helas, Franck Cashen, l’architecte de l’équipe championne, ne voit pas d’avenir pour celle-ci. 2 mois après le titre, le turbulent et talentueux Kevin Mitchell est échangé aux Padres. Il finira MVP et conduira les Giants au pennant de NL en 1989.
Après la défaite en NLCS 1988 face aux Dodgers, Lenny Dykstra, Mookie Wilson entre autres sont échangés. Sur les 23 participants à la NLCS 1988, 10 finiront loin des Mets à la fin de la saison suivante.
La stratégie de Cashen de remplacer les fortes têtes (Hernandez, Carter,… partent free agents) pars de bons citoyens s’avèrent mauvaise, et même catastrophique sur le long terme, les conséquences se faisant sentir durant toutes les années 90.
Une histoire résume à elle seule l’indigence des Mets durant les 90’s.
Précédé d’une réputation élogieuse de voleur de base, le ROY ’85 et double all-star Vince Coleman débarque au Shea en 1991. Aussitôt, sa carrière prend un coup. Il ne dispute que la moitié des matchs, étant la plupart du temps blessé ou suspendu. Suspendu ? En effet, le mariole n’en fait qu’à sa tête, ignore les signes de ses coachs, s’engueule avec eux. Il blesse Doc Gooden au bras, avec un club de golf qu’il faisait tourner dans le clubhouse au printemps 1993.
Mais le pire est à venir. Le débile, partant du Dodgers stadium après le match du 24 juillet, décide de ne pas signer d’autographes au groupe de fans présent à la sortie des joueurs. Il préfère leur faire une “blague”. Depuis la voiture, il décide de jeter un pétard au milieu des fans. Ce petard a la puissance d’un quart de dynamite. 3 personnes sont blessées, une femme et 2 enfants. Il va sans dire que l’idiot est traduit en justice et ne reverra jamais un terrain de baseball.
L’échange pour amener Mike Piazza des Dodgers dans le Queens est une bulle de fraîcheur dans l’histoire des Amazin’. Arrivé en 1998, le “Monster” catcher permet à l’équipe de se qualifier pour la postseason en 1999 et 2000, amenant l’équipe aux World Series face aux rivaux honnis, les Yankees.
La Subway Serie sera la première World Serie en 70 ans dont les matchs se décident tous sur une différence de 2 runs ou moins. Mais à l’avantage des pensionnaires du Bronx. Et une finale n’est épique que par les évenements incontrôlables qui y arrivent. Et dans ce domaine, le fameux incident impliquant Roger “RoïdRage” Clemens et Mike Piazza se place au niveau de la balle ratée de Bill Buckner, ou du catch de Tommy Agee.
Toutes ces péripéties, plus ou moins comiques, sont le propre d’une équipe sportive. Elles impliquent ce qui se passe sur le terrain, ou ceux qui pratiquent le jeu.
Passons donc aux figures de l’ombre, les propriétaires, qui, à l’aube du 21e siècle, sont en passe de rentrer dans l’histoire… Mais pas par la grande porte.
En 2002, Fred Wilpon, actionnaire minoritaire depuis le début des années 80, devient le propiétaire majoritaire des Mets avec son beau-frère Saul Katz.
Mais, voyez-vous, Fredo et son beauf, ils se sont forgés à la force du poignet, selon le precepte de “l’argent appelle l’argent”. Ils ont donc, dès 1985, investi de l’argent avec Bernard Madoff. Beaucoup d’argent. et bien sûr, ce sont retrouvés du côté des accusés quand l’arnaque à explosé en 2008 (ainsi que dans une autre pyramide de Ponzi, mais passons.).
L’affaire pourrait s’arrêter là. Mais non, because it’s the Mets.
Notre Fredo, étant content des affaires avec Madoff, décide de déleguer la gestion des finances des Mets à Bernie. Avec le recul, on se rend bien compte que cela revient à donner la gestion d’une pharmacie à Alex Rodriguez. Mais à l’époque, les Wilpon se pensent plus malins, en multipliant les contrats à paiements différés (Bobby Bonilla Style), afin de faire “travailler” l’argent différé avec Madoff.
L’argent sale de Madoff s’est révélé être utilisé aussi dans la couverture des frais de l’équipe, des Brooklyn Cyclones et dans la création de SNY. La chute de Madoff eet les procès ont fragilisé la position de Fredo mais le bougre ne s’est pas avoué coulé.
Il a réussi à extirper de l’argent des banques et de la MLB, afin de maintenir l’équipe à flot, le temps de finaliser ces actions en justice. Inutile de préciser que les performances et le roster des années 2002-2012 s’est totalement reposé sur les épaules de David Wright, Jose Reyes et pas mal de talents formés en interne. La sortie de terre du nouveau stade permet de voir que Fredo n’a rien compris aux racines des Mets, s’inspirant plus de l’Ebbett’s Field des Dodgers que du Polo Ground. Oui, parceque la propiétaire originale des Mets, était actionnaire minoritaire des NY Giants. Et la seule membre du directoire en 1958 a s’opposer au départ de la franchise.
La deuxième partie des années 2010 sera une période étrange, entre austérité financière, lié aux affres économiques de Fredo et sa bande, et (intermittente) brillance sportive, lié aux exploits du front office mené par Sandy Alderson.
Alderson réussi à réduire la masse salariale de 100 millions de dollars en créant un farm system efficace (Harvey, Syndegaard, deGrom, Nimmo, Conforto,…). L’équipe résussit à atteindre les WS en 2015. Et, comme tout bon Mets, vends la peau de l’ours en faisant toutes les émissions de TV possibles avant.
L’équipe finit par être vendue en 2020 à Steve Cohen. Non sans un dernier “affront” de Fredo le Rigolo. La décision est prise, en début de saison 2019, de changer la physionomie des poteau délimitant l’outfield, les foul posts.
Que ce soit à Shea, ou à Citi, les poteaux sont oranges. Orange Mets, assortis aux couleurs de l’équipe. Et c’est le seul ballpark de MLB avec des poteaux oranges. Cela fait partie de l’ADN du ballpark, comme les fontaines de KC, les arches du Dodgers Stadium ou le Green Monster de Fenway.
Fredo le rigolo, dans une dernière pirouette, décide d’y coller des grosses pubs.

Une expérience vraiment optimisée pour les fans, notamment ceux des bleacher.
Finalement, tonton Steve prend les commandes et ramène Sandy, et les poteaux sans pubs. Et s’achète une crédibilité auprès des fans, en étant à leur écoute, et à l’écoute de l’histoire de l’équipe. Ainsi, 2 nouveaux numéros sont retirés (17 Hernandez et 24 Mays), une statue est érigée à la gloire de The Franchise, et les anciens sont glorifiés lors du Old Timer Day. Fini de vivre chaque saison comme la petite équipe qui arrive. Les Mets sont prêt à assumer leur histoire, et le fait d’être dans la ligue depuis assez longtemps pour être nostalgique. Et aussi die hard fan, avec au moins deux générations de supporters adultes élévés avec les Amazin’.
Mais, comme vu l’année dernière, “chassez le naturel,…” bah il te revient dans la pomme. Et au vu des questions en suspens en fin de saison 2021, 2022 avait le potentiel pour être de nouveau une saison turbulente.
Et bien, que nenni ! Les questions soulevées ont (quasiment) toutes trouvées une réponse au cours de l’intersaison.
En effet, une “révolution” de velours s’est opérée en coulisses. Après les remous de 2021, Sandy Alderson et Steve Cohen ont mis de côté la recherche d’un President of Baseball, contraints et forcés, leur chouchou David Stearns n’étant pas disponible.
Un nouveau GM a donc été mis en place. Mais cette fois-ci, le choix a été réfléchi, en installant aux manettes Billy Eppler, longtemps directeur du scouting chez les Yankees et GM chez les Angels entre 2015 et 2020 (Ohtani, c’est lui). Bien versé dans les analytics, avec l’expérience de gros marchés et de la construction de front office (scouting chez les Yankees, anlytics & scouting chez les Angels), c’est le candidat idéal pour amener le front office des Mets dans le 21e siècle.
Très rapidement, une autre bonne nouvelle concernant le management arrive. Buck Showalter est nommé comme manager de l’équipe. Showalter, c’est la force tranquille, un manager respecté autour de la ligue, par ses pairs et les joueurs.
Si ces 2 acquisitions font les gros titres, il est à noter que le front office est renové, avec une mise au placard des anciens toxiques pour un recrutement de nouveaux éléments, dont Elizabeth Benn comme directrice des opérations, plus haut poste occupé par une femme dans l’organigramme exécutif.
Ce changement de mentalité est aussi palpable dans la construction de l’équipe. Sans revenir sur les acquisitions, l’accent a été mis sur l’influence des joueurs dans le clubhouse, et la positivité qui en résulte.
Bien sûr, une saison des Mets n’est drôle que par ses couacs, et il y en a bien sûr eu. Le marché new yorkais a même tendance à magnifier ceux-ci, faisant souvent des pataquès d’événements banaux pour d’autres franchises.
Cette saison, la chute a ressemblé à l’histoire du homard mis à cuire. Les Mets, pendant 156 matchs, n’ont pas sentis l’eau qui montait en température. Et quand les signaux sont passés au rouge, le mal était fait. Un mois de septembre avec l’inabilité à gagner les séries contre les équipes “faibles”, un weekend desastreux à Atlanta et une Wild Card quelconque ont suffit à ruiner une saison à 101 victoires.
Mais ce discours, je ne l’aurait jamais tenu il y a 2 ans. Depuis le changement de propriétaire et le début d’un nouveau cycle, en coulisse et sur le diamant, une autre chose à changé: l’attitude des fans.
Bien sûr, les plus anciens ou versés dans l’histoire auront toujours ce support affectif et un peu détaché, blasé par les péripéties de l’histoire de la franchise. Mais il existe maintenant une attente, une exigence de résultat qui était peu évidente depuis 60 ans.
101 victoires en saison régulière, un batting title, 4 All-Stars, un Manager of The Year, un Silver Slugger et, il y a de l’insatisfaction, un sentiment doux-amer en fin de saison. On a un sentiment d’inachevé au vu des performances de la rotation, malgré un no-hitter, un closer au sommet de son art et une ERA collective à 3.57 (7e MLB) et une ERA+ à 108 (6e MLB). L’alignement, clairement de qualité quand on compte Lindor, Alonso, McNeil, Marte, nous paraît toujours perfectible.
En cet intersaison (et lors de la dernière trade deadline), les fans attendent, non, exigent des gros noms.
La production offensive des catchers est faible ? Wilson Contreras ! Sean Murphy ! Un supporter avisé remarquera que nous avons un finaliste au Gold Glove de catcher dans l’effectif, ainsi que le prospect #1 de la MLB au poste. Ce même prospect, et ses acolytes Brett Baty et Mark Vientos, qui peuvent dépanner à l’autre point faible, le spot DH.
On se demande quel ace va remplacer deGrom. Son départ a été anticipé par le front office, qui recrute quelques jours plus tard la légende Justin Verlander. Bon, on est d’accord, l’état du pitching staff était déplorable, avec seulement Scherzer sous contrat chez les titulaires. C’est le point faible dans l’évolution actuelle du projet, n’ayant pas de prospects lanceurs et devant sortir les billets pour signer des free agents, ou sacrifier des jeunes dans des trades. Mais le boulot est fait dans l’ombre pour rencontrer les free agents et ne pas se retrouver le bec dans l’eau en avril.
Le départ de Nimmo, un des rares talents élevés maison qui ne soit pas lanceur, ne paraît pas être un problème. On se prend à rêver de mettre Judge dans l’outfield, et pourquoi pas signer un des top shortstop sur le marché pour le faire jouer en 2nd base.
Certains voient même la possibilité de monter une rotation Scherzer-Verlander-Rodon-Bassitt-Senga.
Damn ! On en a fait du chemin depuis 1962 ! Les Mets sont clairement passé dans une autre dimension avec l’arrivée de Steve Cohen. Les chiffres annoncées pour les contrats, le dépassement de la luxury tax sont là pour le prouver. La présence quotidienne des Amazin’ dans les colonnes des rumeurs en est une autre.
Mais l’objectif est de construire un club, et pas seulement une équipe, qui soit un candidat perpétuel aux World Series. Le modèle est les Dodgers version Guggenheim Group.
Pour cela, la base sera le farm system. Avoir la capacité de sortir un pipe line de prospects permanents, prêts pour les Majeurs, à tous les postes, et en quantité pour parer aux éventualités de trade. Le chéquier sera toujours là, mais il va servir de façon intelligente, en renforcant l’infrastructure sportive, pour des bénéfices sur le long terme (et pour signer une star ou deux)
Cela ne se construit pas en un jour. Et cela ne se construit pas en dilapidant des prospects pour faire venir Soto, ou Ohtani.
Donc, toi, fan des Mets qui me lit, prend ton mal en patience comme l’on fait tes prédecesseurs. Car, bientôt, la lumière au bout du tunnel sera le reflet du Commisionner Trophy dans les lunettes de tonton Steve.