Preview 2022 – Saint Louis Cardinals : si près, si loin

Toujours au-dessus des 50% de victoires depuis la saison 2008 – ils n’ont d’ailleurs failli à cette tache qu’une seule fois au 21e siècle, les Saint Louis Cardinals ne sont pas de ces équipes qui tankent et enclenchent le mode rebuild. Quand les choses se compliquent, comme en 2017-2018, les Cardinals sont de ceux qui préfèrent l’action a la reconstruction. Et en 2022, Saint Louis pourrait bien récolter le fruit de ces dernières années basées sur l’ambition et la stabilité.

Les Cardinals veulent retrouver la postseason… et pas juste pour y faire de la figuration

La saison 2021

Et comme message d’ambition, les Cardinals ont fait fort juste avant l’ouverture de la saison 2021. Pas en termes de volume, mais en termes de qualités puisque hormis le départ de Dexter Fowler vers les Angels, le seul mouvement notable fut l’arrivée de Nolan Arenado des Rockies, rien que ça, dans l’un des trades le plus importants de l’année.

Arenado venait renforcer un lineup de belle facture, créant au passage un infield aux qualités défensives hors du commun (Goldschmidt (1B), Edman (2B) et Arenado (3B) ont d’ailleurs récupéré 3 des cinq (5!) Gold Gloves des Cardinals cette saison) et un roster plutôt séduisant en termes de qualité offensive.

Pourtant, malgré les belles saisons de Paul Goldschmidt (36 doubles, 31 HR, 99 RBI et un OPS + de 143), Nolan Arenado (34 doubles, 34 HR et 105 RBI) et surtout Tyler O’Neill (6.3 WAR, GG, 8e au MVP), mais aussi la troisième place de Dylan Carson au classement du Rookie of the Year, les Cardinals n’ont jamais su enclencher la seconde dans la production offensive. La faute notamment à un bas du lineup très très loin des locomotives en termes de performances (« mention spéciale » à Matt Carpenter qui continue sa dégringolade avec une moyenne de .169 en 130 matchs disputés en 2021)

Résultat, les Cardinals se retrouvent en 20e position de toute la MLB en termes de runs scorés (706), totalement insuffisant pour une équipe avec les ambitions et le standing de la franchise de St Louis, et le souci est que le différentiel de qualité entre les stars et le reste du roster se reflète également au niveau du pitching staff.

Impossible, bien entendu, de ne pas parler d’Adam Wainwright, de son retour a son meilleur niveau en 2021 alors qu’on le croyait sur la fin. 7e au Cy Young de National League, Waino a sorti une saison qualitative à tous les niveaux pour en terminer avec 206 manches lancées, 17 victoires au compteur et un ERA de 3.05 (127 ERA+), de quoi le décider à rempiler pour un an de plus.
Mais derrière lui, Jack Falherty, Kwang Hyun Kim et Carlos Martinez n’ont pu lancer que 270 manches à eux trois, a un niveau convenable pour les deux premiers (78.1 IP, 85 SO, 3.22 pour Flaherty ; 106.2 IP, 3.46 pour Kim) mais beaucoup trop d’arrêts pour blessure. A un niveau très inquiétant pour Martinez (-1.4 WAR, 6.23 ERA, 82.1 IP), qui a vu se terminer son aventure a St. Louis par une opération au pouce et une fin de saison dès le début de juillet.

John Gant, Johan Oviedo, John Lester et J.A. Happ font partie des treize lanceurs qui ont pris des manches pour aider la rotation, sans vagues ni véritable succès. Douzième pitching staff à l’ERA général, les Cardinals ont également fini avec le 11e ERA pour la rotation comme pour le bullpen, avec le même bilan pour la relève que pour les starters : de la qualité, pas trop de grosses déceptions, mais un manque de magie qui semble être le thème commun à tous les niveaux de l’équipe.

Certes, Alex Reyes a fait un début de saison à couper le souffle, amenant un ERA de 1.52 et 20 saves dans ses valises au moment du All Star Game, mais il est rentré dans le rang ensuite, perdant même le poste de Closer au profit de Giovanny Gallegos lors de la folle série de victoires (17 de suite) des Cardinals au mois de septembre. L’instabilité entre talent fou et prestations oubliables et aussi ce qui a défini la saison de Genesis Cabrera : ces trois là furent le noyau d’un bullpen convenable, mais aussi un véritable élément de frustration pour les fans des Cardinals qui peuvent légitimement imaginer ce trio comme l’un des plus talentueux des Majors pour prendre en main les 3 ou 4 dernières manches d’une partie.

Bref, ça s’est fini comme cela devait se finir : une belle saison avec 90 victoires mais sans titre de division (95 victoires pour les Brewers), un match de Wild Card perdu (1-3) dans le bas de la neuvième manche sur un Walk-off Home Run de Chris Taylor sur …. Alex Reyes …. et le départ de Mike Schildt, auteur d’un très beau travail de construction mais incapable, selon l’avis du Front Office des Cards en tous cas, de leur donner ce petit truc en plus.

La saison 2022

Oliver Marmol, un pur produit des Cardinals drafté en 2007 et ancien minor leaguer, minor league coach, first base coach puis bench coach chez les Redbirds sera l’homme chargé de bâtir sur le travail de Schildt et de trouver, donc, ce fameux petit truc en plus.

Et si comme d’habitude, il n’y a pas eu de révolution de palais à St Louis, avec les recrutement de Steven Matz pour prendre la place de Carlos Martinez dans la rotation, et de Corey Dickerson pour renforcer le banc, le Front Office lui a au moins offert un petit supplément d’âme. Car, et la nouvelle vient de tomber au moment ou j’écris cette preview, la légende Albert Pujols vient de tomber d’accord pour faire une dernière saison chez les Cards avant de refermer sa longue et glorieuse carrière.

Albert Pujols revient à St Louis pour une dernière danse. Talisman ou distraction?

Vainqueur des World Series avec Yadier Molina (2006 et 2011) et Adam Wainwright (2006), il va accompagner ses deux anciens compagnons de route et la génération montante dans le défi fou d’un dernier baroud pour la gloire… Peut-il hisser son niveau pour approcher pendant quelques mois celui de ses années fastes, ou l’opération va-t-elle  se transformer en vaste cirque et longue tournée d’adieu ? Impossible à prévoir aujourd’hui, mais on ne peut s’empêcher de frissonner à l’idée de trois générations, des Waino-Yadi-Albert aux O-Neill-Carson-Edman en passant par Arenado et Goldschmidt unis pour faire vibrer l’Amérique et le monde du baseball le temps d’un octobre.


La qualité est là, si Flaherty parvient à éviter les blessures pour rejoindre Wainwright, Matz et Mikolas dans la rotation, si le bullpen trouve une vitesse de croisière, même un peu en deca de son niveau maximal, si l’attaque gagne en volume et en maturité, si la défense reste la toute meilleure des Ligues majeures comme en 2021. Beaucoup de « si » mais aucun ne semble insurmontable.

Dans une division sans grand mouvement ou les Pirates continueront a se faire marcher dessus, ou les Cubs naviguent entre deux eaux et ou les Brewers jouent eux aussi la carte de la stabilité, tout est possible pour aller chercher un titre de division et l’une des trois Wild Cards. Et ensuite, quand le rationnel cèdera sa place à la folie d’Octobre, allez savoir !

 La Star : Paul Golschmidt

Il fallait bien en choisir un, dans un effectif ou les stars commencent a se faire nombreuse, alors j’ai tranché pour Goldy. Arenado était notre star l’an dernier déjà, Yadi et Pujols ont eu leurs articles respectifs sur TSO en 2021 (ici et ici) , et Waino… Ça aurait pu être Waino, oui.

Bref, c’est Paul Goldschmidt qui s’y colle, peut-être le meilleur joueur de première base de ces dernières années (il y a match avec Freeman et Votto), le catalyste du retour sur le devant de la scène des Cardinals depuis son arrivée en  2019, et un véritable leader sur le terrain comme en dehors.

Toujours All Star ou dans le Top 20 du classement MVP depuis 2013, régulièrement dans la région des 30 HR et 100 RBI, titulaire d’un OPS+ de 142 en carrière, 4 fois Gold Glove et voleur de bases occasionnel (140 en 11 saisons, plutôt respectable pour un 1B de 1.90m et 100 kgs), il a toutes les qualités de la superstar moderne.

Ne lui manque plus qu’un titre pour concrétiser une carrière déjà pas loin de l’exceptionnel : un titre de MVP, qu’il a frôlé avec deux deuxième places et une troisième, ou un titre collectif avec les St. Louis Cardinals. Cette saison en marge de la tournée d’adieu des Titans de St. Louis pourrait être le cadre idéal pour satisfaire ces deux ambitions !

Le Joueur à Suivre : Tyler O’Neill

J’avais commencé par le choisir comme la Star, mais s’il sort d’une saison gigantesque en 2021, il doit encore confirmer. Mais le futur des Saint Louis Cardinals c’est bien Tyler O’Neill, et son année 2021 prouve qu’il est prêt à en devenir la principale attraction.

Défenseur hors-pair, ses onze runs défensifs sauvés en 2021 sont de loin supérieur à n’importe quel autre left fielder des Majors, il a agrémenté son second Gold Glove d’une véritable explosion dans le domaine offensif : il a plus que doublé un OPS+ de 70 en 2020 pour aller taper un joli 150 en 2021, en se montrant impressionnant dans tous les domaines :  une moyenne au bâton de .286 pour 34 Home Runs et 80 RBI, 26 doubles et une quinzaine de bases volées.

Les cinq outils sont bien présents, et la marge de progression visible, avec notamment une manque de patience au bâton qui se traduit en un comparatif peu flatteur entre les BB et les SO : 38 contre 168 (ouch !) en 537 passages au marbre. Il ne lui manque qu’un meilleur contrôle de sa zone, et il pourra envisager mieux, nettement mieux encore que sa huitième place au Classement du MVP 2021.

Le prono:

Une saison qui démarre bien, quelques emplettes judicieuses à la Trade Deadline et un roster épargné par les blessures, et les St. Louis Cardinals pourraient rapidement se trouver l’âme de contenders légitimes. Le titre de NL Central est clairement à la portée des Red Birds et, on a pu le voir ces dernières saisons, tout est possible en National League une fois les playoffs démarrés.Je ne vais pas vous dire qu’ils vont remporter les World Series, et il ne le feront probablement pas, mais j’en fais mon outsider numéro 1 s’il fallait choisir une présence surprise lors du Fall Classic.

Prono TSO: 96-66 (1ers de NL Central)

Projection FanGraphs: 89-73 (1ers de NL Central)


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