Ils sont des centaines, voire des milliers de jeunes joueurs à rêver d’entendre leur nom prononcé dans les prochains jours à Denver. A l’occasion du All-Star Week-end, la MLB organise la Draft 2021. Après le format inédit des cinq tours de 2020, pandémie oblige, il y aura cette année vingt tours soit 612 lycéens ou universitaires à sélectionner par les trente franchises. Chacun d’entre eux aura à cœur de percer en Minors pour atteindre la Grande Ligue mais ils seront peu à y parvenir, et peu importe qu’ils soient sélectionnés au premier, cinquième ou même vingtième tour. Preuve en est, ce retour sur la Draft 2011. Dix ans après, que sont-ils devenus ?

Ils ont confirmé la hype
Gerrit Cole (#1 Pirates ; aujourd’hui Yankees)
Il est encore à ce jour le lanceur qui a signé le plus gros bonus en sortie de Draft : 8 millions de dollars. Jusqu’à l’an dernier et les 8,4 millions de Spencer Torkelson, c’était même encore la plus grosse signature tout court.
A UCLA, Cole partage la vedette avec Trevor Bauer. Il est considéré comme le meilleur prospect des deux, malgré un bilan négatif. Sa première saison pro en 2012 répond aux attentes : il grimpe les échelons de A Advanced jusqu’à la Triple A, avec une ERA finale de 2.80 en vingt-six matchs. Il ne faudra pas attendre beaucoup plus longtemps pour le voir en MLB : débuts dès 2013 réussis (ERA 3.22 et un bilan de 10-7 ; puis ERA 3.65 en 11-5 en 2014). Encore plus fort: avec dix-neuf victoires et une ERA de 2.60, Cole termine quatrième au NL Cy Young Award en 2015. Mais le bilan collectif ne suit pas et le droitier ne dispute que trois matchs de postseason avant son trade chez les Astros en janvier 2018. Le bilan collectif s’améliore grandement dans le Texas, mais aussi ses perfs individuelles : trente-cinq victoires au total en 2018 et 2019 pour une ERA famélique de 2.69 et des K à la pelle (326 en 2019), mais son coéquipier Verlander le devance au AL Cy Young.
Après des play-offs remarquables mais marqués par la défaite en World Series en 2019, il réalise son rêve de gamin : signer aux New York Yankees pour 324 millions sur neuf ans… le plus gros contrat jamais offert à un lanceur en MLB! Cole est donc un homme de records mais pas encore un homme de titres. A 30 ans, il est temps pour lui de garnir l’armoire à trophées.

Trevor Bauer (#3 DBacks ; aujourd’hui Dodgers)
Coéquipier de Cole à UCLA, Bauer surfe sur son trophée de meilleur joueur amateur du pays (Golden Spikes Award), avec ses 205 K en 2011, pour s’inviter sur le podium de la Draft. Il sera encore plus rapide que Cole à débouler en MLB : dès juin 2012, soit un an après sa sélection. Il est d’ailleurs le premier joueur de cette Draft 2011 à jouer en Majors… ce qui n’empêche pas les DBacks de l’envoyer pendant l’hiver suivant à Cleveland.
Il est limité à quatre matchs en 2013 puis devient titulaire dans la rotation la saison suivante (vingt-six starts). Entre 2014 et 2017, sa ERA reste au-dessus des 4.18, mais il est importantissime dans la réussite des Indians qui vont jusqu’au Game 7 des World Series 2016. C’est au cours de cette saison que l’on a droit aux premières frasques de l’ami Trevor : deux accidents de drone, l’un dans le stade des White Sox, l’autre chez lui juste avant son start en ALCS. Après un excellent exercice 2018 (ERA 2.21 ; 12-6), son histoire avec les Indians se termine à l’été 2019, et plutôt salement. Frustré par son match en cours, il balance une balle depuis le monticule jusqu’au champ extérieur. Terry Francona le sort immédiatement de la rencontre, on ne le reverra plus à Cleveland.
Il est expédié aux Reds avec lesquels il décroche le NL Cy Young en 2020 avec une ERA de 1.73. Dans la foulée, il s’engage aux Dodgers , champions en titre ! Bauer est autant aimé qu’il est détesté parmi les suiveurs de la Ligue, pour son attitude et surtout son mindset assez « particulier ». La polémique spinball/substances vient ajouter à sa légende.
Anthony Rendon (#6 Nationals ; aujourd’hui Angels)
Le jeune Texan aborde la saison universitaire 2011 comme le favori de la Draft à venir. Défense, bâton, l’infielder est déjà vu comme un joueur hyper complet. Son point faible ? Des blessures pendant son parcours U inquiètent un peu. D’abord à la cheville, puis une entorse à l’épaule pendant son année junior qui le limite à un spot de DH. Il glisse finalement jusqu’au sixième choix pour le plus grand plaisir des Nationals. Le club de la capitale enchaîne donc Strasburg-Harper-Rendon pour ses pricks 2009, 2010 et 2011 ! Rendon signe un contrat de 7,2 millions de dollars.
Il débute en MLB en 2013 mais c’est à partir de 2017 que les regards se tournent sur lui et plus seulement sur son coéquipier Harper. Il réalise trois saisons consécutives avec plus de .300 et 26 HR en moyenne. Sa saison 2019 (sans Harper parti aux Phillies) et une masterclass avec 126 RBI (n°1 en NL) et bien sûr le parcours incroyable des Nats jusqu’aux World Series. Son HR dans la 7e manche du Game 7, alors que son équipe est dominée par Zack Greinke, est l’élément déclencheur de la remontada et de la victoire finale.
Agent libre, il rejoint à l’intersaison les Angels. Les résultats collectifs se font attendre et Rendon revient dans l’ombre de ses coéquipiers : après Harper, c’est Mike trout et Shohei Ohtani qui lui volent la vedette, mais le Texan s’en fiche et il a bien raison. De tous les joueurs draftés, à l’exception de Betts dont on parlera plus tard, il est le joueur qui a cumulé la plus grande WAR selon Baseball Reference (32.6).
Francisco Lindor (#8 Indians ; aujourd’hui Mets)
Quatre sélections au All-Star Game, deux Gold Gloves, deux Silver Sluggers Award, une défaite frustrante aux World Series 2016, un jeu spectaculaire, un surnom génial de « Mister Smile »… Lindor est un joueur et une figure incontournable de la Ligue et il n’a que vingt-sept ans !
Le Portoricain a fait ses classes en Floride et impressionnait déjà pour ses talents défensifs et ses courses supersoniques. Les Indians ne s’y sont pas trompé en le recrutant dans le Top 10. Il faut quand même attendre 2015 pour le voir dans The Show mais, déjà, avec des chiffres qui résonnent : un AVG de .313 en 99 matchs. La puissance n’est pas son arme première (19 HR en trois saisons de Minors) mais il la développe à vitesse grand V : 33, 38 puis 32 longues balles entre 2017 et 2019.
Il est une pièce maîtresse des résultats collectifs de Cleveland sur ces dernières années, mais la politique du club étant ce qu’elle est, avec la perspective d’un gros chèque à faire : Lindor est échangé aux Mets l’hiver dernier. C’est donc sous les couleurs de New-York que Lindor va effectuer le prime de sa carrière après avoir signé une prolongation de contrat monstre de 341 millions sur dix ans.

Javier Baez (#9 Cubs)
Portoricain et lycéen en Floride comme Lindor, Baez est sélectionné juste derrière par les Cubs et il est, lui aussi, l’un des jeunes shortstops dominants de la Ligue. Pour beaucoup de scouts à l’époque, il est le meilleur pur frappeur de la cuvée des lycéens prétendant à une place dans le premier tour de la Draft. Son flair et son sens du jeu sont déjà affûtés et ne se sont pas démentis depuis. Ses qualités défensives sont même au-dessus des attentes, preuve en est son Gold Glove qui accompagne sur l’armoire à trophées sa bague de champion décrochée en 2016 avec les Cubs contre un certain Lindor !
Georges Springer (#11 Astros ; aujourd’hui Blue Jays)
Un autre joueur dont l’armoire à trophées est déjà bien remplie : lui aussi compte déjà une victoire en World Series avec en plus le titre de MVP des finales. Spectaculaire offensivement et défensivement, l’outfielder avait pourtant « chuté » au 11e rang de la Draft à cause d’inquiétudes sur son ratio swing-and-miss. Houston en fera l’une des pièces maîtresses de son roster avec Carlos Correa (pick 1 en 2012) et Alex Bregman (pick 2 en 2015).
Arrivé en 2014 dans la Grande Ligue, il quitte finalement l’ambiance, certes gagnante, mais pesante, de Houston pour rejoindre cet hiver les Blue Jays. Certains diront que son contrat est un peu élevé (150 M$ sur six ans) par rapport à la valeur du bonhomme qui, désormais, a passé les 31 ans, mais pour un petit marché comme Toronto il est impératif de frapper fort afin d’attirer les gros agents libres. Les débuts canadiens (mais pas au Canada) ne se sont pas tout à fait déroulés comme prévu, avec des blessures depuis le début de saison, mais on ne doute pas une seconde que Springer sera le grand frère parfait pour les Guerrero Jr., Bichette and co. dans les prochaines années.
Ils ont surpris leur monde
Trevor Story (#45, 1e tour complémentaire Rockies)
Il sera sans aucun doute l’animateur de la Trade Deadline et/ou celle de la Free Agency. Trevor Story est l’un des frappeurs les plus réguliers de MLB depuis plusieurs saisons, maintenant en complément d’un très bon défenseur à un poste de shortstop où les talents ne manquent pas : Tatis Jr., Seager, Trea Turner, Lindor, Correa, Boagerts, Anderson ou encore Bichette.
Le voir dans cette catégorie « surprise » est donc une surprise ! Quarante-quatre joueurs ont été sélectionnés avant lui. Recruté à la sortie de son lycée texan, Story a passé quatre saisons en Minors avant de débuter en MLB avec une belle entrée en matière : 27 HR en 96 matchs en 2016. Story, c’est en effet d’abord de la puissance avec 24, 37 et 35 Home Runs pour les saisons 2017 à 2019, et même la barre des 100 RBI franchie en 2018 (108). Alors certes, on pourrait arguer que Story bénéficie de l’avantage Coors Field. Il sera donc très intéressant de le voir à l’œuvre sous ses prochaines couleurs (désolée pour les fans des Rockies mais il y aura de nouvelles couleurs très vite). Il lui faudra aussi à ce moment-là parvenir à réduire cette propension aux strikeouts (1er en NL en 2017 puis 4e et 5e les saisons suivantes).
Blake Snell (#52, 1e tour complémentaire Rays ; aujourd’hui Padres)
On ne peut pas dire que la Draft 2011 des Tampa Bay Rays soit une réussite : sur les dix picks entre les 1ers et 60e choix en possession de la franchise, seuls quatre joueurs ont atteint la MLB et seul l’un d’entre eux s’est avéré une valeur sûre : Blake Snell.
Sorti du lycée, le pitcher natif de Seattle a réalisé l’une des plus belles saisons de l’histoire pour un lanceur en 2018 : vingt et une victoires pour seulement cinq défaites avec une ERA de 1.89, une WHIP de 0.98 et 221K en 180.2 IP… des stats et une domination qui, bien sûr, lui ont valu le trophée de AL Cy Young.
Son histoire en Floride s’est malheureusement moins bien finie : deux sorties prématurées en World Series alors qu’il était dominant face aux Dodgers. Il vise un retour aux WS avec sa nouvelle équipe des Padres.
Tyler Glasnow (#152, 5e tour Pirates ; aujourd’hui Rays)
Le Lycée Hart de Santa Clara (Californie) peut s’enorgueillir d’avoir sorti deux lanceurs de top qualité à cette Draft 2011 : Trevor Bauer et Tyler Glasnow. Les deux hommes ne se sont cependant jamais croisés sur les bancs du lycée car Bauer a rejoint UCLA avec un an d’avance.
Après avoir sélectionné Cole avec le pick 1, les Pirates s’offrent Glasnow au 5e tour. La franchise aime le côté athlétique du garçon qui culmine aujourd’hui à plus de deux mètres. Malheureusement, il ne brillera jamais sous le maillot noir et jaune, et les Rays réalisent un énorme steal en le récupérant à l’été 2018 contre Chris Archer. Après une adaptation un peu compliquée sur la fin de saison 2018, il explose complètement par la suite. En 2019, il est bien parti pour succéder à son coéquipier Snell pour le AL Cy Young (6-1 ; ERA 1.78) avant de se blesser après douze starts. Cette saison encore, il était très productif (5-2 ; ERA 2.66 en 14 starts) avant d’être fauché par une blessure qui le tiendra éloigné des terrains jusqu’en 2022.

Mookie Betts (#172, 5e tour Red Sox ; aujourd’hui Dodgers)
Snell ou Glasnow c’est bien, mais là, on arrive au vrai steal de cette Draft 2011, et c’est l’œuvre des Red Sox. Quand la franchise de Boston le voit comme un bon futur middle infielder avec une dizaine de HR par saison et une moyenne de .270, les 29 autres franchises le trouvent athlétiques mais trop petit (1,80m aujourd’hui) et sans vrai atout majeur. Boston peut se permettre d’attendre le 5e tour et son 8e choix dans cette Draft pour le sélectionner. Il signe pour 750 000 $, soit 250 000 $ de moins que Senquez Golson, choisi au 8e tour par Boston, mais qui ne jouera jamais au baseball pro pour finalement être drafté en NFL !
Le manque de puissance de Betts imaginé à la Draft se confirme, puisque ce n’est qu’en 2013 qu’il frappe son premier HR en pro… mais un an plus tard, il déboule en MLB. Depuis ce sont deux bagues de champions (une avec Boston, l’autre avec les Dodgers), un trophée de AL MVP, des multiples sélections au All-Star Game, des Silver Sluggers et des Golden Gloves à la pelle.
Betts est clairement dans la discussion du meilleur joueur actuel de MLB aux côtés de Mike trout… pas mal pour un 5e tour de Draft.
Kyle Hendricks (#264, 8e tour Rangers ; aujourd’hui Cubs)
Un parcours universitaire à Dartmouth sans étincelles et un lanceur jamais considéré comme un top prospect, Hendricks a surpassé les attentes. Preuve que les Rangers ne sont pas complètement emballés par le garçon, il est envoyé à Chicago dès 2012. Membre incontournable de la rotation des Cubs depuis 2014, il a grandement contribué à la victoire en World Series en 2016 : 9 IP en deux starts (dont le Game 1) pour 2 K et 1 seul point mérité encaissé. Une perf qui suivait une campagne de playoffs énorme (ERA 1.42 en 25.1 IP) et une saison régulière remarquable avec seize victoires et une ERA la plus faible en National League (2.13).
Hendricks c’est 79 victoires pour 52 défaites et une ERA de 3.17 depuis ses débuts en MLB. Quasiment jamais blessé, il est clairement l’un des lanceurs les plus sous-cotés de la Ligue… l’histoire de sa carrière finalement.
Ils ont déçu
Dylan Bundy (#4 Orioles ; aujourd’hui Angels)
Si Cole et Bauer étaient des stars à UCLA, le troisième lanceur choisi dans la Draft est un gamin de dix-huit ans qui termine son parcours dans un lycée de l’Oklahoma. Il est clairement vu comme l’un des plus beaux diamants bruts de ces dernières années. Il s’engage avec les Orioles pour plus de 6 millions de dollars. Le club de Baltimore voit clairement en lui son super Ace du futur; d’ailleurs, ils le lancent dans le grand bain dès la saison 2012 pour deux petites relèves.
Mais c’est la douche froide les mois suivants avec une multitude de blessures qui le tiennent écarté de la MLB; entre 2013 et 2015, il est limité à une poignée d’apparitions en MiLB. Il revient en 2016 mais la hype est forcément retombée. Dans une équipe qui décrochera une place en Wild Card, Bundy signe 10 victoires en 36 matchs (14 starts) avec une ERA au-dessus de 4. Une donnée qui sera malheureusement sa constante au fil des saisons à l’exception de la saison raccourcie de 2020 (ERA 3.29 en 11 starts). En 2018, il concède 41HR, le pire total en AL.
En pleine reconstruction, les Orioles envoient Bundy chez les Angels en décembre 2019. On l’a dit, sa saison 2020 fut meilleure que les précédentes, mais celle en cours n’est pas loin de la cata : sept défaites et une seule victoire, avec surtout une ERA de 6.68. Bundy ne semble pas du tout être en mesure d’assurer ce rôle d’Ace ou, en tout cas, de gros lanceur dans la rotation d’une équipe qui se veut pourtant en play-offs, avec deux talents générationnels comme Trout et le phenom Ohtani, plus un Rendon dont on a déjà parlé plus haut.
Archie Bradley (#7 DBacks ; aujourd’hui Phillies)
Un autre lycéen de l’Oklahoma a trusté les places d’honneur lors de cette Draft, et les équipes des deux garçons se sont même affrontées pour le titre de l’Etat. Grâce à 14 K et des boulets de canon à 101 mph d’Archie Bradley, le lycée Broken Arrow a battu le grand favori Owasso, privé de Bundy qui avait lancé le quart de finale. Pour la première fois de l’histoire de la Draft, une franchise s’offre deux joueurs du Top 7 : Bauer en 3 et Bradley en 7 pour les DBacks. Après avoir signé pour 5 millions de dollars, Bradley fait ses classes en Minors pendant quatre ans, avant de faire ses débuts en 2015.
Starter en 2016 (8-9 ; ERA 5.02), Bradley prend place dès la saison suivante dans le bullpen et se révèle très efficace dans les fins de match, même s’il n’a jamais vraiment pu réussir au poste de closer : 1 sur 7 en 2017, 3 sur 11 en 2018 mais quand même 18 sur 21 en 2019. Mais Bradley ne dispute la postseason avec Arizona qu’en 2017, pas de réussite collective, et le voici envoyé à l’été 2020 chez les Reds (7.2 IP en six matchs). Cet hiver, il rejoint les Phillies dans l’espoir d’améliorer l’un des plus mauvais bullpen de la saison précédente. La NBA a James Harden, la MLB a Archie Bradley. Le barbu le plus célèbre du baseball espère relancer sa carrière à Philadelphie.

Sonny Gray (#18 A’s ; aujourd’hui Reds)
Si Vanderbilt vient de disputer les College World Series et compte dans ses rangs les deux énormes prospects Rocker et Leiter, la première fois que l’université de Nashville dispute la finale NCAA, c’est en 2011 grâce à son Ace : Sonny Gray. Son esprit de compétition et son arsenal de pitching font oublier sa taille moyenne et, quelques jours après la finale, voici Gray sélectionné au premier tour par les A’s. Deux ans plus tard, le droitier dispute déjà les playoffs.
Vous trouvez peut-être que le terme “déception” est un peu fort pour celui qui a provoqué les premiers émois baseballistiques de notre J-Sé et qui affiche une ERA en carrière inférieure à 4.00… mais on attendait un peu mieux. Sa saison référence c’est 2019 sous les couleurs des Reds, après une expérience ratée chez les Yankees : ERA 2.87 en 31 starts et une place dans le Top 10 du vote NL Cy Young.
Ils n’ont pas percé
Danny Hultzen (#2 Mariners ; aujourd’hui retraité)
Attirés par un joueur de position, Rendon ou Lindor notamment, les Mariners prennent la décision, qui se révèlera désastreuse, de sélectionner le lanceur Danny Hultzen avec leur deuxième choix. Le garçon ne manque pas d’attrait pourtant : il vient d’établir le record de victoires et de strikouts pour sa fac de Virginia et signe un gros contrat avec la franchise de Seattle.
En 2012, il évolue déjà en AA et AAA (9-7 ; ERA 3.05 mais aussi 43 walks en 48.2 IP en AAA, signe d’un souci de contrôle) et la voie semble tracée vers la MLB, quand en 2013 il subit une blessure à l’épaule qui le limite à sept matchs. Puis en 2014, c’est année blanche, avec une opération pour réparer cette même épaule meurtrie. Entre 2015 et 2016, il ne dispute que cinq rencontres entre blessures, opérations, convalescence… le parcours malheureusement de nombreux autres jeunes espoirs, mais pour un numéro 2 de Draft, la chute n’en est que plus sévère. Toujours empêché par les blessures, Hultzen se met en retrait pour la saison 2017 afin de valider son diplôme universitaire (rappelons que les joueurs sont généralement draftés à l’issue de leur 3e année de fac, l’année junior, et qu’il reste ensuite l’année sénior).
En mars 2018, il signe un “minor league contract” avec les Cubs et apparaît lors de dix matchs (8.2 IP). En 2019, ce sont quatorze matchs et 14. IP en Minors, et enfin une apparition en MLB le 8 septembre 2019, huit ans donc après sa Draft : 3K, 1H et 1BB avec les Cubs face aux Brewers. Il passe une semaine dans le roster et ne concède aucun point mérité en 3.1IP. Malgré cela, il n’est pas conservé par Chicago, devient agent-libre à l’issue de la saison, puis est repêché en janvier 2020 par… les Cubs ! La saison MiLB annulée à cause de la pandémie, Hultzen annonce finalement sa retraite en janvier 2021 et rejoint le front office (pitching development assistant) de la seule équipe qui lui aura offert les lumières du Show.
Bubba Starling (#4 Royals)
Considéré comme le meilleur athlète de cette Draft, l’ami Bubba fait jouer son engagement en tant que quarterback à l’université de Nebraska pour signer un contrat faramineux de 7,5 millions de $ avec les Royals, qui le sélectionnent en 4e position. Faramineux car même si le jeune garçon est hyper physique, il y a déjà beaucoup de questions autour de sa régularité offensive. Malheureusement pour lui, cela se confirme assez rapidement, pas forcément pour sa saison en Rookie League en 2012 avec des stats honorables : 55 hits en 53 games ; 33 RBIs (mais quand même 70 RBIs), mais Starling progresse moins vite que ses camarades de Draft.
Sans connaître de blessures majeures, il lui faut attendre 2016 pour atteindre le niveau AAA et ne pas y briller (AVG .181 en 47 matchs). Il s’y maintient les saisons suivantes mais sans parvenir à franchir l’ultime marche. Ce sera chose faite en 2019 à l’âge de vingt-six ans, sous les couleurs des Royals. Outfielder, il dispute 56 matchs (.215/.255/.317) pendant lesquels il concède 56 K. KC lui redonne une chance au cours de la saison 2020 raccourcie avec 35 apparitions (59AB) mais seulement 10 hits. En carrière MLB, cela fait une faible slashline de .204/.246/.298. Après avoir signé de nouveau en décembre avec les Royals, il est en Minors League depuis le début de saison.
L’exilé volontaire
Cory Spangenberg (#10 Padres ; aujourd’hui Saitama Seibu Lions au Japon)
Après un parcours universitaire qui l’a vu passer de l’Institut Militaire de Virginia (VMI) à l’Indian River State College, Spangenberg est sélectionné par les Padres au 10e rang. Avant la saison 2012, il est déjà dans le Top 100 des prospects de MLB.com (81e), le joueur de deuxième base réalise des débuts pros très encourageants avec 40 RBIs en 98 matchs en 2012 puis 51 RBIs en 130 matchs en 2013. En 2014, il est écarté du terrain pendant deux mois à cause d’une commotion cérébrale mais dispute 66 matchs en AAA (AVG .331 et 22 RBIs) et est assez logiquement appelé en septembre au moment de l’expansion des rosters. Titulaire en 3e base, il décroche son premier hit en MLB lors de son premier match, puis un walk-off HR face aux DBacks pour le deuxième. Il dispute au total vingt matchs sur cette fin de saison.
Des prestations qui lui valent de gagner sa place dans le roster de l’Opening Day 2015. Infielder de complément, il devient titulaire en juin après les contreperformances de Jedd Gyorko. Mais quelques semaines plus tard, une blessure au genou l’envoie sur la IL pour un mois et demi. 108 apparitions au total sur cette saison qui le voit enchaîner avec un autre Opening Day roster en 2016. Une nouvelle blessure, cette fois au quadriceps, lui coûte toute la saison ou presque (seulement 14 matchs). Sa relégation en MiLB début 2017 ne dure que quelques jours et il dispute 129 matchs MLB avec 13 HR avant une année sans en 2018 (AVG .235) qui lui vaut d’être coupé par San Diego en novembre.
Il signe avec les Brewers mais passe la saison 2019 en Minors avant de tenter l’aventure japonaise. Il rejoint la NPB pour la saison 2020, sage décision quand on sait que la MiLB a été mise à l’arrêt. Sous les couleurs des Saitama Seibu Lions, il signe 15 HR et 12 SB (.268/.326/.482) et a prolongé son contrat pour une saison supplémentaire.
L’étoile filante
José Fernandez (#14 Marlins, décédé en 2016)
Après deux tentatives de défection, il parvient à rejoindre la Floride à l’âge de quinze ans, à l’issue d’une traversée pendant laquelle il sauve sa mère de la noyade. Il remporte deux titres d’Etat avec son lycée de Tampa avant d’être sélectionné par les Florida Marlins au 14e choix de la Draft 2011. Il démolit les Minor Leagues en 2012 avant de se faire une place dans le roster de l’Opening Day 2013 à tout juste vingt ans (deuxième joueur le plus jeune de la saison avec Bryce Harper). Pour son premier match face aux Mets, il réalise 8 K en 5 IP… Il est All-Star en juillet puis sort 13 et 14 K face aux Pirates et aux Indians dans la foulée. Douze victoires, une ERA de 2.19, une WHIP de 0.98 : une saison rookie exceptionnelle pour le jeune Cubain.
Il est l’un des lanceurs les plus électrisants à voir jouer pendant les quatre ans de sa carrière MLB. Seulement quatre ans, car en septembre 2016, cinq jours après avoir collé 12 K aux Nats, le garçon de 24 ans se tue avec deux autres personnes dans un accident de bateau. Il devait être papa dans les mois suivants. Miami et la MLB pleurent une étoile filante.
Vous pouvez re(lire) ici (un billet consacré à José Fernandez ainsi que ce coup de projecteur (ici) sur son incroyable saison rookie.
En bonus : vous pouvez vous replonger dans les Drafts 2010 et 2009 avec là encore des confirmations, des surprises et des gros busts.
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