Dans la peau d’un Bullpen catcher

Ils sont un élément indispensable à la vie d’une franchise MLB, agissant dans l’ombre, parfois méconnus et souvent peu reconnus. Anciens professionnels, anciens prospects n’ayant pu percer au niveau pro ou aspirant à devenir de futurs coachs, les bullpen catchers ont des profils très divers mais deux points communs : leur dévouement professionnel et leur disponibilité. 

Chez Aaron Munoz, bullpen catcher des Colorado Rockies, qui a eu la gentillesse de répondre aux questions de The Strike Out, tout est question de routine.

Crédit : Denver Post

«Une journée typique, c’est mettre en place le bullpen, participer à l’échauffement le matin, échanger avec les lanceurs, les préparer pour le match du soir. Et c’est aussi être disponible pour les lanceurs lorsqu’ils ont besoin de s’entrainer. Sans oublier lancer des balles lors du batting practice ».

Soutien psychologique et ramasseurs de balles

Cet ancien catcher de 31 ans, sélectionné par les Blue Jays au 34ème tour de la draft de 2011, n’est jamais allé plus loin que le niveau AA avec la franchise canadienne. Il s’est alors rapidement converti à ce job, qui lui permet de rester en contact avec le baseball et de vivre sa passion au quotidien. Et son aptitude à être un peu plus qu’un simple catcher d’entrainement est un facteur essentiel à la vie des Rockies. Dans le Denver Post, Bud Black rappelait toute l’importance des tâches multiples effectuées par son bullpen catcher. Dans ce même article, Chris Rusin décrit d’ailleurs Aaron Munoz comme un Utility man. Pour Jake McGee, lui aussi releveur pour la franchise du Colorado, Munoz lui apporte de la constance. 

La plue-value de ce coach-joueur dans un coaching staff intervient également avant et pendant un match. Aaron Munoz : « Mon rôle, c’est de catcher le lanceur partant, de l’accompagner dans son échauffement. Je dois mettre en confiance chaque lanceur. Et sachant qu’ils sont tous différents, je dois adapter mon discours. »

Dans l’ombre ou dans la lumière

S’ils sont, pour une très grande majorité d’entre eux, inconnus, certains bullpen catchers se sont construits une petite notoriété. Citons par exemple le vénézuélien Javier Bracamonte, bullpen catcher des Astros, qui, à la suite de l’élimination de sa franchise par Kansas City en ALDS 2015, avait offert à des dizaines de fans des Royals des balles, gants et d’autres items de son sac. Quelques videos de lui échangeant des balles avec des enfants dans le public lors des batting practice sont d’ailleurs devenues virales.

Dustin Hughes est lui aussi connu dans ce petit monde du baseball. Bullpen catcher pour l’équipe des AAA des A’s pendant de nombreuses années, il a ensuite pris ses fonctions à Cincinnati après quelques passages au sein de certains lycées comme coach. En 2019, il portait les couleurs des Orioles où les fans l’appelaient par son prénom lorsqu’il foulait, le premier, la pelouse de Camden Yards. En 2020, il s’est engagé de nouveau à Oakland, mais cette fois-ci avec les Athletics qui sont allés le chercher à Baltimore pour en faire leur principal bullpen catcher.

Mais l’un des plus connus évolue à Chicago, chez les Cubs. Mike Borzello, 49 ans, a débuté cette fonction au sein des Yankees en 1996. C’est avec Mariano Rivera qu’il va former une complicité lors de l’épopée des Pinstripers à la fin des années 90. Aujourd’hui, cet ancien catcher des Cardinals en ligues mineures possède cinq bagues avec celle de 2016. Au fil du temps, Borzello est devenu un peu plus qu’un simple bullpen catcher et a été nommé entre temps catching coach des Cubs.

Entre passion et ingratitude

Le Bullpen catcher, c’est donc lui qui arrive le premier au ballpark, qui allume les lumières des vestiaires, fait couler le café, lance le système automatique d’arrosage du terrain… Et c’est aussi le dernier à partir le soir, une fois les balles rangées et les sacs des lanceurs fermés. Entre temps, il aura catché entre 500 et 700 balles lancées et aura effectué de nombreuses tâches sous la responsabilité du manager. 

S’agit t’il d’une vocation ou d’un job « par défaut » ? Car s’il est essentiel à son équipe, le bullpen catcher n’a jamais eu de véritable « fiche de poste » et n’est d’ailleurs pas officiellement reconnu comme coach. Au sein de certaines organisations, il doit porter les sacs des lanceurs ou encore nettoyer les balles utilisées dans la journée lors d’un pitching practice. L’ingratitude est parfois de mise pour ce poste au salaire le plus bas de toutes les organisations. FanGraph estimait que le bullpen catcher touchait entre 60 000 et 90 000 dollars la saison mais d’autres sources indiquent quant à elles des revenus aux alentours des 30 000 dollars par an. Aaron Munoz n’a pas souhaité répondre à cette question, préférant botter en touche : « les revenus des bullpen catchers dépendent de leur expérience et sont différents d’une franchise à l’autre ».

Terminons cette petite présentation du rôle du bullpen catcher par une video réalisée par le journaliste John Weisbarth qui a enfilé le costume de bullpen catcher chez les Padres de San Diego. Il nous donne une bonne vision de son rôle dans le bullpen, aux côtés de Justin Hatcher, bullpen catcher et coach chez les Padres, en caméra embarquée.


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