
Il y a un an à cette même période, le monde du baseball était en pleine effervescence avec la perspective de la World Baseball Classic et le début de la saison MLB. Et on peut dire que l’année 2023 nous a régalés entre le titre du Japon d’Ohtani face à Team USA, le retour des London Series et la première victoire en World Series des Texas Rangers. Nous avons eu droit à notre lot d’émotions, de beau jeu, de surprises, de déceptions, de rencontres, d’au-revoir (bye-bye Waino et Miggy)… et nous voilà déjà au départ de la saison 2024! Même sans compétition internationale à venir (il faudra attendre 2028 pour revoir le baseball/softball au programme des JO), on a hâte d’entendre PLAYBALL. Et pour tout savoir de cette saison MLB qui approche aussi vite qu’une balle lancée par Nolan Ryan, la rédac de The Strike Out vous propose sa traditionnelle série de previews. On enquille avec les Brewers, une franchise coincée entre deux mondes. Et qui va avoir du mal à répéter sa saison 2023.
Retour sur la saison 2023
Après 4 saisons consécutives avec une qualification en playoffs (entre 2018 et 2021), les Brewers ont calé en 2022 et échoué aux portes de la WildCard. Il fallait donc réagir en 2023. Et ce fut chose faite avec un bilan de patron en 92 victoires contre 70 défaites. Et ce, malgré le départ de Josh Hader par exemple lors de la saison 2022. Heureusement son remplaçant était tout trouvé en la personne de Devin Williams. Détenteur d’un lancer « soucoupe volante », il a impressionné la MLB dans sa nouvelle tenue de closer en titre. Il termine la saison avec 36 sauvetages en 40 tentatives et un ERA de 1.53 accompagné de 87K en 58.2 manches.
Mais il n’était pas tout seul dans ce bullpen. Et c’est là, la grande force des Brewers, son pitching staff. C’est simple ce fut tout simplement la meilleure unité de la MLB en 2023 avec un ERA collectif de 3.71. Et ce pitching est leader dans de nombreuses autres catégories. Dans le bullpen Devin Williams est le fer de lance mais on peut évoquer les noms de Joel Payamps (2.55 d’ERA), Abner Uribe (1.76), Bryce Wilson (2.58) ou encore Hoby Miller (1.82). Un groupe tout simplement impressionnant avec des noms quasi inconnus.

Voilà pour le bullpen mais la rotation n’est pas en reste. D’abord Corbin Burnes, perpétuel candidat au titre de Cy Young, qui a encore délivré une saison de haute voltige avec 3.39 d’ERA en 193.2 manches (son 2e plus gros total en carrière) avec 200K au compteur. Néanmoins, c’est la 2e fois de sa carrière (2019) qu’il termine avec un ERA supérieur à 3 d’ERA. Je sais pas si on se rend compte de cette stat de fou. Évidemment All-Star, Burner terminera 8e au classement Cy. Encore une saison de calibre ace pour le Californien. En revanche, et c’est le petit hic, il va complètement craquer lors de la Wild Card face à la fougue des Dbacks. 4 petites manches pour 4 points mérités. Et au final une élimination en sweep, bien triste.
Il était une nouvelle fois accompagné de son compère Brandon Woodruff pour ce qui est l’un des meilleurs duo d’aces de la MLB. Woodruff qui était parti sur des bases de folie en 2023 puisqu’après 11 rencontres, il affichait un ERA de 2.28 et 74K en 67 manches. Ainsi qu’un match complet sans encaisser de points. Oui mais voilà, coup dur pour Milwaukee, il va se blesser et passer par la case Tommy John. Heureusement pour les Brewers, le reste de la rotation va hausser son niveau de jeu pour tenter de combler son absence. Ainsi Freddy Peralta a continué sa progression. Il achève la saison avec 3.86 d’ERA en 165.2 manches (record en carrière) et 210 K (records en carrière). Il se rapproche de plus en plus de statut d’ace. Et à 28 ans, 2024 pourrait bien être la saison déclic. On y reviendra.
De retour à Milwaukee, Wade Miley a surpris son monde avec une très belle saison avec 3.14 d’ERA en 120.1 manches et 23 starts au compteur. Un très bel ajout. Tout comme le revenant Julio Téhéran, éloigné de la MLB depuis 2021, il a signé un beau comeback avec 4.40 d’ERA en 71.2 manches en 14 rencontres (11 départs). De son côté, Adrian Houser a fait du Houser avec 4.12 d’ERA en 111.1 manches. Il est un très bon 4e lanceur qui ne fait pas de bruit mais du bon travail. Et enfin Colin Rea (4.55) et Eric Lauer (6.56) se sont partagés les starts restants.
Vous l’avez compris, une très belle unité que le pitching staff des Brewers. Si bien qu’il a permis à l’attaque d’être très moyenne. Puisque c’est là, le gros hic pour ces Brewers et depuis quelques années. Une escouade offensive amorphe.
Pourtant, on avait enfin retrouvé le Christian Yelich que l’on connaissait. Longtemps gêné par des blessures, l’ancien MVP 2018, a semblé être de retour en grande forme pour son équipe. Certes ce n’est plus le Yelich des années 2018/2019, mais ce fut un Yelich sauce Marlins puisqu’il a signé une saison similaire à celle qu’il avait pu produire en Floride. En effet, il termine avec .278 à la batte ainsi que 19HR (son meilleur total depuis 2019), 28 bases volées, 76RBI et une présence sur base de 37%. Une saison solide pour le capitaine de cette équipe. Son principal lieutenant, Willy Adames, a été dans son registre, puissant avec 24 HR, meilleur total de l’équipe et 80 RBI (là aussi meilleur total de l’équipe). Mais en sacrifiant sa moyenne (.217). C’est d’ailleurs, un gros problème pour cette attaque. Seulement 2 titulaires possèdent une moyenne au bâton supérieur à 24%. Yelich, donc et la recrue William Contreras.

Invité dans un trade entre les Athletics et les Braves, Milwaukee était parvenu à chiper ce receveur prometteur en provenance d’Atlanta. Et il a bien répondu présent, devenant presque la 2e meilleure arme offensive de cette équipe. Même si vous l’avez compris ce n’était pas très compliqué. Lui de son côté a fait le boulot avec une moyenne de .289, 17 HR et 78 RBI. Il s’offre une saison XXL ce qui lui a valu d’être classé 11e au trophée MVP. A 25 ans, il est l’avenir de la position et peut-être de la franchise.
Car oui, on le sait Milwaukee est un petit marché et peine à attirer les grands joueurs. Mais aussi à les garder. La fuite des talents est continuelle du côté du Wisconsin. Et l’intersaison 2023/2024 n’a pas échappé à la règle
Qu’attendre de 2024?
Après l’échec de 2023, on a senti le vent tourné chez les Brewers. Corbin Burnes se rapprochait de la fin de son contrat et les rumeurs allaient bon train concernant un éventuel trade. Après avoir résisté à la tentation à l’été, Milwaukee va finalement céder cet hiver en envoyant son ace chez les Orioles en échange du lanceur DL Hall et de l’INF Joey Ortiz, deux jeunes avec un bon potentiel ainsi qu’un tour de draft en bonus. Mais si l’hiver c’était arrêté là, on aurait parlé d’une intersaison banale dans la vie d’un fan des Brewers. Oui mais voilà, 2e coup dur, Devin Williams, la star de la franchise se blesse au dos et pourrait manquer l’intégralité de la saison. C’est le coup de massue, le club vient de perde ses 2e meilleurs lanceurs.
Et si on rajoute la blessure de Woodruff. Il semble loin le temps du meilleur pitching staff de la MLB. Pour tenter de stopper l’incendie, le club va miser sur la continuité en prolongeant Wade Miley et Colin Rea avec des contrats d’un an. Ils ont aussi prolongé Woodruff pour deux saisons, en espérant qu’il reviendra à son meilleur niveau.
Pour remplacer les manches de Burnes, qui seront impossibles à remplacer qualitativement parlant, les Brewers ont fait des paris avec Jakob Junis (3.84 d’ERA en 84 manches mais seulement 3 starts l’an passé) et un revenant : Joe Ross qui n’a pas lancé en 2023. Après le pari Téhéran, peut-être un nouveau miracle à venir. Mais surtout et je l’ai dit plus haut, Freddy Peralta est propulsé ace et va devoir abattre un boulot monstre. C’est le meilleur starter et de loin de cette rotation, et ça va être à lui de prouver qu’il a les épaules.
Le bullpen reste quasi inchangé, sauf que tout le monde avance d’une position dans la hiérarchie. Le poste de closer est encore en débat entre Payamps, Uribe et Megill. La perte de Williams fait mal, mais le bullpen est suffisamment équipé en bras de qualité pour pouvoir tenir la baraque. Après, est-ce qu’il pourra compenser la faiblesse de la rotation, ce sera la grande question.
Mais là où ça a le plus bougé, c’est du côté de l’attaque. D’abord avec Rhys Hoskins qui a signé pour deux ans et 34 millions quand même pour un joueur qui n’a pas joué en 2023. Cependant avant sa blessure, il était sans aucun doute dans le top 10 des joueurs de premier base tant défensivement qu’offensivement. Il ramène aussi son expérience à un groupe qui se veut tourner vers la jeunesse.

Car oui LA grande recrue des Brewers cette intersaison, elle nous vient de son farm system : Jackson Chourio. On y reviendra un peu plus tard. On pourra également assister à une saison complète de Sal Frelick, joueur capable de monter sur bases de manière régulière, ce qui manquait cruellement aux Brewers. Le club le fait transitionner cet hiver du champ extérieur vers la 3e base. Et pour cela ils ont fait appel à Dustin Pedroia. Non ce n’est pas un Kamoulox. Autre rookie, Brice Turang sera de la partie en 2e base et avait montré une puissance intéressante, mais là aussi en manquant de régularité à la batte. On pourrait aussi assister aux début de Joey Ortiz, arrivé dans le trade de Burnes, le 45e meilleur prospect de la MLB devrait avoir un rôle à jouer.
Enfin Milwaukee va tenter l’expérience Gary Sanchez, mais en tant que DH cette fois et receveur d’urgence. Et sur le banc, Jake Bauers apportera sa puissance.
Au final, beaucoup de perte et beaucoup de paris côté arrivées. La saison des Brewers va reposer, cette fois, sur son attaque. Car la rotation a clairement baissé de niveau. Tandis que le bullpen, lui pourrait rester une pièce maîtresse, encore faut-il être devant au score.
Le(s) joueur(s) à suivre
Je vais un peu tricher pour cette section car ce ne sera pas un mais deux joueurs qui vont se disputer un poste. Celui de closer.

D’un côté nous avons Joel Payamps. Arrivé lui aussi dans le trade avec William Contreras (mais en provenance, lui, des Athletics), il a connu des débuts plus que compliqué lors du Spring training 2023. Pourtant les Brewers décident de lui faire confiance et quelle bonne idée ce fut. Positionné en tant que setup man de Williams, il signe, de loin, sa meilleure saison en carrière avec 2.55 d’ERA, un WHIP de 1.05 et 27 holds. On peut également ajouter 3 sauvetages à son palmarès. Sa principale qualité reste ses balles cassantes et notamment sa slider, lancer décisif pour 37 de ses 77 strikeouts la saison passée. Il est le favori pour récupérer le poste de closer.
Petite inquiétude tout de même, il a sombré en fin de saison dernière avec un ERA de 5.79 en septembre et octobre. Sans doute un coup de fatigue, lui qui n’avait jamais autant lancé. Payamps pourrait être le dernière trouvaille des pitching coachs des Brewers, toujours au top pour trouver et former des lanceurs.

De l’autre côté, la jeunesse et la fougue. L’adversaire principal de Payamps est Abner Uribe. Jeune rookie de 23 ans en provenance de la République Dominicaine. Il a débuté en MLB en juillet et a été étincelant. Il termine la saison avec 1.76 d’ERA avec 39 K à son compteur en 30.2 manches et n’a toujours pas concédé le moindre HR. Sa balle rapide approche les 103 mph, et il faut se dire que ce n’est même pas son meilleur lancer. Puisque lui aussi possède une slider dévastatrice. Ses adversaires ne frappent qu’à .080 face à cette balle. Impressionnant. Et si on rajoute à cela une sinker qui s’assoit confortablement dans les 99 mph. Nous avons un lanceur qui dégoûte les frappeurs adversaires.
Avec seulement une demi saison, il est peut-être encore un peu tôt pour faire d’Uribe le closer en titre, mais il semble ne tout cas être l’avenir à ce poste pour les Brewers.
La star : Jackson Chourio

Bien sûr Yelich ou dans une moindre mesure Contreras sont les stars de cette équipe. Mais toute l’attention de la franchise, des fans et de la MLB sont tournés vers la pépite des Brewers : Jackson Chourio. 3e meilleur prospect de la Ligue, et âgé de seulement 20 ans, Chourio a déjà signé un contrat longue durée avec le club alors qu’il n’a toujours pas disputé un match en MLB. Il n’a d’ailleurs que 6 rencontres en Triple A après avoir détruit la double A (.280/22HR/84RBI et 43 SB). Des stats impressionnantes qu’il va falloir transposer en MLB. Mais il a le potentiel pour signer des saisons en 30/30, c’est à dire 30 HR et 30 bases volées minimum.
Des projections qui ont poussé les Brewers à offrir 82 millions sur 8 ans au jeune Vénézuélien, afin de s’assurer de sa présence pour une longue période. Un pari risqué pour une franchise a petit budget comme les Brewers. Mais quand on voit les qualités du bonhomme, qui n’aurait pas pris ce risque ?
On a hâte de voir ce qu’il va faire pour sa saison rookie.
Le prono
Difficile de se faire un avis sur cette équipe des Brewers. D’un côté, on a une attaque qui se tourne vers la jeunesse et plus de polyvalence. Et qui après avoir été un point faible, semble être le point fort cette saison. Et de l’autre, nous avons une rotation, qui a été la fondation des succès des Brewers, mais qui est clairement en retrait pour 2024. Surtout que le reste de la division est monté en gamme avec l’émergence des Cubs et des Reds ainsi que des Cardinals revanchards. Reclaquer une saison à 92 victoires me semble compliqué, surtout que les deux stars de la franchise ne sont plus là. Je vois les Brewers rentrer dans le rang en 2024. Offrir de l’expérience à ses jeunes joueurs (Ortiz, Chourio, Turang, Hall) et tenter de miser sur l’avenir. L’équipe est loin d’être catastrophique, mais je la vois nous sortir une saison moyenne.
Le prono : 83 – 79, 3e de la NL Central
Le pari fou
Englué en milieu de division à l’été, les Brewers décident de hisser le drapeau blanc et de trader ce qu’ils peuvent en échange de jeunes espoirs et ainsi repartir sur un nouveau cycle, basé sur ses jeunes battes. Dans le marasme, Jackson Chourio sort du lot en signant une saison à la Corbin Carroll. Il s’empare même du trophée de Rookie de l’année au nez et à la barbe (ou non barbe) de Yoshinobu Yamamoto.

Une réflexion sur “Preview 2024 – Milwaukee Brewers : D’IPA à Heineken”