World Series ’23 – Rangers vs Dbacks, le match des franchises

Celui qui a parié, avant la saison, sur des World Series entre les Texas Rangers et les Arizona Diamondbacks, doit aujourd’hui être millionnaire. Cette affiche est totalement inattendue, surtout du côté des Dbacks. Ce vent de fraîcheur qui souffle sur l’ultime série de la saison MLB profite également à TSO qui vous propose ainsi un match des franchises inédit entre deux équipes qui représentent des États… tout du moins dans leur nom. Entre une franchise qui a déménagé et une franchise d’expansion, duel au Far West pour ces World Series 2023.

Rangers vs Dbacks, saison 2018 – Credit Ray Carlin-USA TODAY Sports

Ancienneté

Rangers : Avant de devenir les Texas Rangers, la franchise texane était établie dans la capitale fédérale. Les Senators de Washington furent fondés en 1961 afin de permettre à Washington de conserver une équipe MLB alors que les précédents Senators venaient de s’établir dans le Minnesota sous le nom de Twins. La MLB souhaitait ainsi, comme avec la création des Mets ou encore des Astros, court-circuiter la création de la Continental League. Malheureusement pour les fans de Washington, les Senators deuxièmes du nom, ne vont pas faire long feu, minés par des mauvais résultats, la valse des proprios et des dettes, déménagent en 1972 afin de devenir les Texas Rangers.

Dbacks : Les Diamondbacks, ou Dbacks, d’Arizona commencèrent leur aventure MLB en 1998 lors de la dernière expansion en date des Ligues Majeures, en compagnie des Tampa Bay (Devil) Rays.

Résultat : Sans surprise, le point va aux Rangers. Les texans avaient tiré déjà quelques coups de feu dans ce duel avant même que les Dbacks ne dégainent, même si, aujourd’hui, peu de gens font le lien entre eux et leur version Senators. Un peu comme les Nats avec les Expos.

Palmarès

Rangers : Les Rangers font partie de ce petit comité des franchises qui n’ont pas encore gagné les World Series, malgré deux occasions en back to back en 2010 et 2011. On notera d’ailleurs que pour leur première tentative, ce sont les Giants de Bruce Bochy qui les ont renvoyés à la maison sans titre… oui, leur manager actuel. Est-ce qu’il va se faire pardonner d’ici quelques jours ? Avec 2023, les texans collectionnent donc 3 titres de ligues, auxquels s’ajoutent 7 titres de division. Le premier date de 1996. En comptant la période Senators, la franchise a mis du temps à jouer les premiers rôles.

World Series : 0

American League : 2010, 2011, 2023

Dbacks : Les Dbacks sont, pour le moment, une équipe 100%. Une série mondiale disputée et une série mondiale gagnée. Et quelle série ! Celle de 2001, quelques semaines après les attentats du 11 septembre, événement dramatique qui repoussa les playoffs et donna lieu au premier match MLB en novembre et à un certain homerun d’un certain Mister November aka Derek Jeter. Car oui, cette série en 7 matchs se joua contre la dynastie des Yankees du Core Four, celle qui venait d’enchaîner trois titres d’affilée, en plus de celui de 1996. Les Dbacks n’ont pas seulement gagné les World Series. Ils ont gagné des World Series légendaires face à l’une des meilleurs dynasties de l’histoire du baseball. Sans compter qu’ils obtiennent le premier de leurs cinq titres de division en 1999, soit lors de leur deuxième année d’existence. Costaud.

World Series : 2001

National League : 2001

Résultat : A vue de nez, un seul titre face à aucun, la différence ne semble pas si énorme. Mais quand on regarde le contexte de la victoire des Dbacks et l’histoire de chaque franchise, on se rend compte que Rangers et Dbacks ne boxent pas dans la même catégorie. Arizona a sorti la sulfateuse de la légende pour remporter ce duel.

Hall of Famers

Rangers : Avec une toute relative jeune, mais pas si jeune, histoire, les Rangers n’ont pas énormément de gros noms dans leur histoire, et encore moins à Cooperstown avec la casquette du club. Mais ils ont tout de même vu des légendes en leur sein. Quatre Hall of Famers ont joué pour les Senators dont le grand Ted Williams. Et neuf du côté d’Arlington. Parmi eux, seuls deux joueurs sont entrés au Temple de la Renommée comme un Rangers. Mais quels joueurs ! L’un des meilleurs artilleurs et l’un des meilleurs receveurs de l’histoire de la MLB : Nolan « Fireballer » Ryan et Ivan « The Pudge » Rodriguez.

Dbacks : 1998. Oui, les Dbacks ont une très jeune histoire. Mais ils ont aussi leur lot de légendes du jeu. Enfin, un petit lot. Très petit. Trois Hall of Famers ont porté le maillot d’Arizona et un seul les représente à Cooperstown. Mais ça va, c’est un des cinq meilleurs lanceurs de tous les temps en MLB : Randy « Bug Unit » Johnson.

Résultat : Pour ce duel, l’avantage numérique va aux Rangers. Les Dbacks n’avaient qu’une seule et superbe cartouche. Texas en avait deux. Big Unit et Fireballer se neutralisent au firmament des meilleurs lanceurs de la MLB, et c’est la cartouche The Pudge qui fait la différence.

Impact sportif

Rangers : Après avoir été la risée du baseball durant les années Senators, les Rangers ont eu du mal à exister réellement quand ils posèrent leurs valises au Texas. Il faut attendre le milieu des années 1990 pour les voir exister dans le haut du tableau puis les années 2010 pour qu’ils puissent atteindre les World Series. Le contrat record pour A-Rod en 2001 ne leur permit pas à l’époque de viser bien haut. Pour résumer, les Rangers n’ont jamais été une équipe spéciale révolutionnant le baseball.

Dbacks : Si les franchises d’expansion des années 60, comme les Rangers ou les Astros, mirent souvent du temps pour gagner, ce ne fut pas le cas des franchises d’expansion des années 1990 qui, pour certaines, arrivèrent rapidement en World Series, voire les remportèrent. A l’instar des Miami/Florida Marlins en ’97, les Dbacks se construisirent parfaitement pour gagner rapidement. Premier titre de division en 1999, premier titre en World Series en 2001. Sans être vu comme révolutionnaires, les Dbacks naissants sont vus comme un modèle de bonne gestion d’une franchise d’expansion, là où certaines vécurent de nombreuses années de souffrance en fin de classement avant de rayonner.

Résultat : Pas de révolution mais des débuts canon pour les Dbacks. Suffisant pour l’emporter face à de pâles Rangers.

Randy « Big Unit » Johnson – MIKE FIALA/GettyImages

Poids économique

Rangers : Selon le classement Forbes 2023, les Rangers se situent au 12ème rang MLB dans l’évaluation financière du prix des franchises, avec 2,225 milliards de dollars, juste derrière leurs rivaux et voisins de Houston. Après des années difficiles financièrement, les Rangers ont su reconstruire une franchise solide, bien aidé désormais par le nouveau stade ultra-moderne. D’ailleurs, depuis une vingtaine d’années, même avec le vieux stade d’Arlington, les Rangers ont toujours su attirer le public, se plaçant toujours entre la 10ème et 15ème place niveau affluence au stade. Ils peuvent compter pour cela sur la 9ème ville la plus peuplée des Etats-Unis, Dallas, et la 8ème plus grosse agglomération américaine avec Fort Worth. Même si, étrangement à la vue de leur saison, ils ne sont qu’à la 16ème position cette année. Loin des poids lourds du top 5 (Yankees, Dodgers, Cubs, Red Sox, Giants), les Rangers restent une équipe qui a du poids économiquement, quand ils gèrent bien l’argent du pétrole texan.

Dbacks : Jeune franchise plantée au milieu du désert, on pourrait penser que les Diamondbacks sont un poids plume de la MLB. Ce n’est pas tout à fait vrai. Même si sa valorisation économique est loin des mastodontes de la ligue, avec 1,38 milliards de dollars en 2023, soit au 23ème rang MLB. Depuis leur victoire en 2001, ils bénéficient d’une certain aura et donc d’une fan base solide à travers le monde. Localement, si c’est le désert, Phoenix, où se trouve le stade, est la 5ème ville la plus peuplée des Etats-Unis, ce qui permet aux Dbacks d’avoir une affluence dans le ventre mou de la MLB. Mais pour une ville dans le désert, c’est énorme.

Résultat : Les deux franchises ont des bases solides mais ont souvent été soumises aux aléas des résultats sportifs et de la bonne gestion des proprios et front-offices. Néanmoins, dans ce Far West parfois aride, c’est les Rangers qui présentent un poids économique plus important.

Impact dans la culture populaire

Rangers : Les Rangers ne sont pas la franchise numéro 1 à Hollywood mais ils ne sont pas absents du cinéma américain. En effet, c’est dans leur ancien stade d’Arlington que se déroule la fin du film The Rookie (Rêve de Champion en vf). Ce film Disney retrace les débuts professionnels de Jim Morris, enseignant, qui devient lanceur MLB à 35 ans avec les Rays. Il joua son premier match MLB à Arlington contre les Rangers, lui-même étant texan. Hormis cela, la présence des Rangers dans la culture littéraire, audiovisuelle ou cinématographique reste légère. Celui qui inscrit le premier les Rangers dans la culture populaire est certainement Nolan Ryan (encore un texan). Même s’il a œuvré pour plusieurs équipes, son nom reste particulièrement attaché aux Rangers où il réalise, en fin de carrière, deux de ses sept no-hitters.

Il symbolise surtout une forme de rudesse propre aux texans et à l’histoire de cet Etat, ou encore aux fameux Texas Rangers qui ont inspiré le nom à la franchise. Il n’est donc pas étonnant que les Rangers soient présents dans la culture populaire américaine dans le cadre… des bagarres. Quand on pense aux bagarres iconiques du baseball et du sport US, on pense inévitablement à deux impliquant les Rangers. La première, c’est la confrontation entre Nolan Ryan, 46 ans, avec Robin Ventura, 26 ans, membre des Chicago White Sox, en 1993 quand le jeune joueur se lance à l’assaut de la légende, une demi-seconde après avoir été touché par le fireballer. La deuxième a lieu en mai 2016 avec un coup de poing retentissant de Rougned Odor, deuxième base des Rangers, sur la star des Toronto Blue Jays, José Bautista. Deux affrontements qui restent gravés dans le grand livre du baseball.

Texas Rangers pitcher Nolan Ryan hits Robin Ventura of the Chicago White Sox after Ventura charged the mound, Aug. 4, 1993 in Arlington, Texas. (AP Photo/Linda Kaye)

Dbacks : Comme indiqué plus haut, les Dbacks ont surtout marqué l’histoire de la MLB à travers l’exploit de remporter les World Series en sept matchs face aux surpuissants New York Yankees des Derek Jeter, Mariano Rivera, Andy Pettitte et Jorge Posada. Et le tout dans le contexte historique des attentats du 11 septembre. On peut aussi noter le nom, les couleurs violettes, noires et cuivre, et les designs de la franchise, notamment à ces débuts, qui détonaient dans l’univers de la MLB et qui ont attiré à elle, à travers le monde, de nombreux fans, séduits par cette identité visuelle étonnante, couplée à une franchise qui gagnait dès son arrivée dans le Show.

Résultat : Difficile de juger. D’un côté, la rudesse iconique du Texas à travers un lanceur de légende et des bagarres non moins légendaires. De l’autre, une franchise qui détona d’entrée de jeu et qui s’inscrivit dans la grande Histoire. Chaque franchise marque la culture populaire sportive américaine d’une manière différente. Partons sur une égalité entre les deux pistoleros de l’Ouest sauvage.

Verdict final

Les Rangers l’emportent de justesse. Et, honnêtement, on a le sentiment qu’une égalité serait plus juste entre les deux franchises. La victoire des texans se jouent sur l’ancienneté même si, finalement, les Rangers ont commencé à performer au moment où les Dbacks furent créés. Un match des franchises qui fut assez ouvert et équilibré, ce que pourrait donner ces World Series 2023. Place au vrai duel… celui du baseball !

Bonus : Pour en savoir plus sur l’histoire des Texas Rangers, vous pouvez (ré)écouter l’épisode de notre série En Toute Franchise que nous leur avons consacré. Il faudra que l’on se penche sur les DBacks!


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