On se rapproche du Graal. Bientôt, nous aurons droit au grand final, celui des World Series. Mais avant cela, c’est au tour des finales de ligue de se jouer. Les Championship Series donneront à voir une affiche inédite et une affiche surprenante. Côté inédit, le titre en American League verra se défier les Toronto Blue Jays et les Seattle Mariners, qui retrouvent ce niveau pour la première fois depuis 2001 et leur saison record à 121 victoires. Côté surprenant, les inattendus Milwaukee Brewers feront face, en National League, au champion sortant, les Los Angeles Dodgers. Affiche surprenante car, cette saison, ce sont bien les Brewers qui ont fini avec le meilleur bilan de leur ligue et non l’armada Dodgers. C’est au tour des NLCS de passer à la moulinette des pronos TSO.

Elo

Cette finale de Ligue Nationale oppose deux visions du baseball : la puissance offensive et médiatique des Dodgers face à la rigueur méthodique et collective des Brewers. Milwaukee débarque saturé de confiance après avoir remporté ses six confrontations de saison régulière contre Los Angeles, un sweep complet qui leur offre un léger ascendant psychologique. Les hommes de Pat Murphy ont bâti leur succès sur une alchimie rare entre jeunesse et discipline : une défense d’acier, du contact au bâton et un bullpen solide malgré le départ de Devin Williams. Des bras comme Trevor Megill, Abner Uribe ou Jared Koenig se partagent les manches cruciales, apportant fraîcheur et variété.

En attaque, Milwaukee s’appuie sur William Contreras, véritable moteur offensif en NLDS, ainsi que sur Christian Yelich, auteur de 29 home runs cette saison, et Jackson Chourio, révélation de l’an dernier qui confirme pleinement cette année. Le collectif maîtrise le small ball : il frappe juste, court bien sur les bases grâce à des vols opportunistes et use les lanceurs adverses sans dépendre d’un seul coup de canon.
À l’opposé, les Dodgers alignent un lineup d’élite : Shohei Ohtani, Mookie Betts et Freddie Freeman peuvent renverser n’importe quelle partie. Blake Snell devrait ouvrir la série, tandis que Yoshinobu Yamamoto, Shohei Ohtani et Tyler Glasnow prendront la suite. Une rotation impressionnante sur le papier, mais parfois manquant de constance. Le bullpen des Dodgers, porté par Roki Sasaki, Emmet Sheehan et Alex Vesia, reste performant mais un peu moins profond que celui de Milwaukee.
Les Dodgers ont la puissance et l’expérience, mais les Brewers disposent de la constance et de la résilience. Leur style patient, presque chirurgical, pourrait poser problème à une équipe de L.A. parfois sujette aux trous d’air offensifs. Avec un bilan à domicile de 52–29, Milwaukee a transformé l’American Family Field en véritable forteresse.

Prono : Brewers 4 – Dodgers 3. Je vois les Brewers s’imposer au terme d’une série tendue et haletante, 4 matchs à 3. Leur confiance face aux Dodgers, la gestion de leur bullpen et leur capacité à frapper dans les moments clés compensent largement leur déficit de puissance brute. Los Angeles aura ses coups d’éclat, surtout à domicile, mais Milwaukee semble plus équilibré et mieux préparé pour gérer la pression des fins de match. Une victoire d’équipe, bâtie sur la profondeur du roster, qui leur ouvrirait enfin la porte des World Series 2025.

Marion

Sacré choc entre le tenant du titre (Dodgers) et le meilleur bilan de saison régulière (Brewers). Les joueurs du Wisconsin ont une double revanche à prendre : le sweep concédé en Wild Card Series lors de la saison 2020 covidée et surtout le duel épique de 2018, en Championship Series déjà, remporté en 7 matchs par LA. On le sait bien, la vérité de la saison régulière n’est pas toujours celle de la postseason et il vaudrait mieux pour les Angelinos qui se sont inclinés à 6 reprises en 6 matchs face à Milwaukee (les 2 series se sont jouées en juillet).

On vante souvent la qualité du pitching des Brewers mais ils sont un peu courts sur cette postseason en raison notamment de la blessure de Woodruff. Même s’il n’y a pas eu à passer par les Wild Card Series et donc à puiser dans les ressources des lanceurs, Pat Murphy a opté pour 2 bullpen games sur les 5 matchs des Division Series face aux Cubs. Pas facile donc de projeter une rotation sur une série cette fois au meilleur des 7 matchs. Espérons que tout le monde soit bien reposé pour affronter les supserstars offensives des LAD. En revanche, on est un peu rassuré sur l’état de santé de Jackson Chourio après la petite blessure réapparue au Game 1 des DS, il a finalement pu tenir sa place sur l’ensemble de la série. Inutile de dire qu’il faut qu’il soit dans le lineup pour que Milwaukee est une chance dans cette série, même si Contreras a fait un gros boulot au tour précédent. Yelich, Vaughn et Turang doivent bien l’accompagner. On guettera aussi la perf du rookie lance-flammes Jacob Misiorowski, jusque-là très maître de ses nerfs.

Côté LA, on a l’impression que le plus gros obstacle de cette Postseason est passé : écarter les Phillies en seulement 4 matchs sans l’avantage du terrain est une sacrée perf. Et le faire avec un Ohtani à 1 sur 18 avec 9 Ks est encore plus spectaculaire! ShoTime a-t-il payé la pression de son start du Game 1? On verra comment il aborde cette série où il devrait monter sur le monticule au Game 3. Avant lui, Snell (encore auteur d’une énorme postseason) et Yamamoto seront chargés de lancer les hostilités. Avec un Roki Sasaki reconverti en closer de luxe, ça fait peur! Mais Tanner Scott n’est toujours pas là et Blake Treinen pas super fiable, donc peut-être de bonnes opportunités en fin de rencontre pour les Brewers. Mais n’oublions pas l’objectif ultime que cherchent les Dodgers : conserver leur titre et ne plus entendre que les derniers à l’avoir fait sont les ennemis new yorkais (trilogie des Yankees en 1998-1999-2000).

Prono : Brewers 4 – Dodgers 3. Dans leur antre, les Brewers sont très difficiles à renverser et j’ai envie de croire qu’ils feront tomber le champion dans une ambiance de dingos (oui j’ai envie de 2 Games 7 en Championship Series!). Les Brewers courent après les World Series depuis 1982 et la scène est idéale pour briller. Bien sûr que l’armada californienne fait peur, mais je veux de l’émotion, de la surprise, de l’inédit (ou presque) en finale!

Gaétan

Sur le papier, il n’y a pas photo. Les Dodgers sont ultra-favoris. Ils ont le meilleur joueur du monde et peut-être de tous les temps, une armada de superstars, au monticule comme au bâton, l’expérience des playoffs et de la gagne. Les Dodgers, c’est de l’argent quasi-illimité au service d’un front-office malin qui travaille très bien. Du muscle et du cerveau. Et pourtant ! Et pourtant, les milliards de dollars dépensés (oui, les milliards !) ces dernières années pour construire une super team probablement unique dans l’histoire du baseball a fait pschitt ! Certes, ils ont connu des blessures qui les ont handicapé mais comme toutes les équipes. Pas une excuse avec un tel payroll et une telle qualité d’effectif. Ils ont bien gagné leur division mais ils n’ont pas fini avec le meilleur bilan de la MLB. On leur promettait une saison à plus de 100 wins. Ils sont restés bloqués à 93. Qui a terminé meilleur bilan de la MLB ? Leur adversaire en NLCS, Milwaukee.

Les surprenants Brewers ont damé le pion à la super team, tant dans la fiche Win-Lose que sur le terrain en remportant les six confrontations entre les deux équipes lors de la saison régulière. Le 1er payroll de la MLB – 350 millions $ – a été surclassé par le 22ème -122 millions $- et son style small ball de grande qualité comme son pitching. A l’ère de la superpuissance au bâton, les Brewers ont su à la fois gagner autrement et limiter la puissance de leurs adversaires, en saison régulière comme contre les Chicago Cubs en NLDS. Les Dodgers ont pour eux des joueurs élites, dont certains finiront au Hall of Fame, des joueurs capables de renverser une série à eux seuls, à l’image de Freddie Freeman l’an dernier. Mais Milwaukee est l’équipe qui a su limiter le plus les grosses frappes en MLB cette saison. Les Brewers ressemblent à l’ennemi naturel des Dodgers.

Mais si l’offensive de LA se réveille enfin, elle est en capacité de terrasser les meilleures rotations. Leur seul souci sera alors le bullpen. Roki Sasaki, de retour de blessure, a pris le rôle de closer à merveille pour aider son équipe (tel un Goro Shigeno !). Mais ce qu’il a pu réaliser sur une série au meilleur des cinq ne sera pas suffisant dans une série au meilleur des sept. Le reste du bullpen devra hausser son niveau de jeu mais le peut-il ?

Prono : Brewers 4 – Dodgers 3. Pour moi, la série est du 50/50. Clairement, les faits de la saison 2025 donnent l’avantage aux Brewers mais quand vous avez du Ohtani, Freeman et du Betts dans votre équipe, celle-ci peut passer un ou deux levels d’un coup. Je place un petit 51/49 finalement en faveur des Brewers car j’ai modérément confiance dans le pitching staff des Dodgers et que je veux croire que le small ball peut encore porter une équipe en World Series.

Bastien

Mes coéquipiers ont bien résumé les forces en présence ci-dessus, et comme je suis un peu en retard pour la bataille (on m’attend pour clôturer l’article, j’arrête donc ici les apartés grotesques), je vais me contenter de parler de scénarios.

Oui, les Brewers ont dominé la saison régulière, et en sont sortis avec le meilleur bilan des Ligues Majeures, la troisième attaque en termes de runs marqués, le deuxième meilleur ERA collectif, un sweep 6-0 des Dodgers. Une saison inoubliable, pour finir quatre petites victoires derrière des Dodgers qui ont tranquillement digéré le post-World Series hangover, ont géré sans trop de difficultés leur slump de juillet, et semblent maintenant démarrer la machine pour aller chercher le back-to-back.

Trois pronostics en faveur des Brewers, me laissent penser que l’on ne réalise pas assez la machine de guerre que sont ces Dodgers, libérés par leur victoire de 2024. Les Reds, sympathiques mais limités, n’ont pas existé lors d’une Wild Card Serie vite expédiée. On s’y attendait un peu, mais s’attendait-on à voir les Phillies offrir si peu de résistance ?  Bien entendu, Philadelphie a maintenu le suspense sur les deux derniers matchs, mais quand les Phillies jetaient toutes leurs forces dans la bataille, les Dodgers semblaient sereins, attendant l’erreur qui leur était promise…

Les Dodgers ont pour eux l’expérience, des MVP, des Cy Young et des Eiji Sawamura comme s’il en pleuvait,  toute une galaxie de victoires et de défaites en World Series, en Japan Series, aux Jeux Olympiques, au World Baseball Classic, avec les Dodgers, la Team USA et d’autres équipes de MLB et d’ailleurs.

Tout cette masse de talent, de titres, d’expérience, qui arrive en forme et en ordre de marche au moment d’approcher les Championship Series sont un défi presque insurmontables pour des Brewers qui ont la valeur d’une saison de rêve et le talent unique d’un groupe de joueurs de qualité en pleine confiance, mais aucune expérience au niveau qu’ils vont découvrir ce soir (Un constat que l’on pourrait dresser de manière similaire pour les deux Contenders d’American League)

Prono : Dodgers 4 – Brewers 1. J’aimerais bien pouvoir croire aux contes de fées, et je serais ravi de voir les Brewers aller décrocher leur place en World Series pour une finale inédite. Ils le méritent pour leur saison, pour le boulot incroyable de Pat Murphy, et plus généralement pour tout ce que Milwaukee réalise depuis des années, tous les ans, avec un budget et des moyens en aucun cas comparables avec ceux des gros bras de la Ligue. Mais je n’y crois pas du tout, et je vais converger avec l’adage qui dit que les belles histoires se terminent mal, en général.