On se rapproche du Graal. Bientôt, nous aurons droit au grand final, celui des World Series. Mais avant cela, c’est au tour des finales de ligue de se jouer. Les Championship Series donneront à voir une affiche inédite et une affiche surprenante. Côté inédit, le titre en American League verra se défier les Toronto Blue Jays et les Seattle Mariners, qui retrouvent ce niveau pour la première fois depuis 2001 et leur saison record à 121 victoires. Côté surprenant, les inattendus Milwaukee Brewers feront face, en National League, au champion sortant, les Los Angeles Dodgers. Affiche surprenante car, cette saison, ce sont bien les Brewers qui ont fini avec le meilleur bilan de leur ligue et non l’armada Dodgers. Pour les pronos de TSO, on commence aujourd’hui avec les ALCS.

Elo

Cette série oppose deux équipes en quête de percée historique : Seattle n’a jamais atteint les World Series, tandis que Toronto n’y a plus mis les pieds depuis 1993. Les Blue Jays abordent l’ALCS avec un peu plus de repos : ils ont plié leur série précédente en quatre matchs, alors que les Mariners ont dû s’arracher lors d’un Game 5 marathon de quinze manches. Les Jays bénéficieront aussi de l’avantage du terrain.
La rotation canadienne sera menée par Kevin Gausman, épaulé par Trey Yesavage, tandis que Seattle devra composer sans son ace Bryan Woo (blessé, il devrait figurer sur le roster mais ne pas lancer au moins le premier match). Les Mariners s’appuieront donc sur Bryce Miller, Luis Castillo et Logan Gilbert pour tenir la baraque.

Défensivement, Toronto paraît supérieur, que ce soit dans l’infield ou l’outfield : cette solidité sur les balles frappées pourrait bien contenir la puissance de feu de Cal Raleigh et Julio Rodríguez. Mais c’est surtout l’attaque des Blue Jays qui pourrait faire la différence sur la durée. Vladimir Guerrero Jr. a retrouvé ses sensations au meilleur moment, Bo Bichette nous fait croire à un retour et resterait une menace constante pour frapper dans les trous, et George Springer, vétéran des grands rendez-vous, apporte son leadership et sa faculté à lancer les hostilités dès le premier at-bat. Les Jays ont aussi gagné en variété : leur fin de lineup génère désormais du contact et du trafic sur base, permettant à la puissance du cœur de l’ordre à la frappe de s’exprimer pleinement. Face à une rotation de Seattle talentueuse mais déjà entamée, cette constance offensive pourrait être le fil rouge de la série. D’autant que Seattle a largement sollicité son bullpen dans la série précédente. Des bras fatigués à ce stade de la postseason, c’est rarement un détail.

Prono : Blue Jays 4 – Mariners 2. Vous l’aurez compris, je vois les Blue Jays s’imposer dans une série disputée, 4 matches à 2. Ils ont pour eux le repos, la défense, une rotation plus fraîche et un lineup complet capable d’user les starters adverses. Les Mariners ne lâcheront rien et devraient provoquer plusieurs fins de matchs explosives, mais Toronto semble disposer de la petite marge nécessaire pour décrocher le titre de la Ligue américaine.

Bastien

Le feu et la glace : on a vu Toronto intraitable, flamboyant, anéantir les espoirs des Yankees lors des deux premiers matchs des Division Series. Une sortie solide pour Gausman, une sortie de légende pour le rookie Trey Yesavage (11K et 5.1 IP, en playoffs contre les Yankees, pour le 4^e match de sa carrière), un bullpen game bien géré pour en terminer lors du match 4, et une offense absolument injouable, menée par un Vladimir Guerrero qui confirme au meilleur moment qu’il est vraiment un talent unique.

Et de l’autre cote, on a vu les Mariners s’en sortir de justesse dans une série qui s’est surtout jouée au pitching et, il faut l’admettre, un peu à la pièce jetée en l’air. Défaite en 11^e manche au Match 1, victoire 3-2 au match 3, victoire en 15^e manche au match 5 décisif. Les Mariners sortent avec l’étiquette des guerriers de l’ultime, les Tigers se demanderont longtemps pourquoi ce n’est pas à eux que le destin a souri.

On a vu toute l’étendue du potentiel défensif des deux équipes lors de ces Division Series, et les Blue Jays pourraient avoir plus de difficultés a frapper contre les lanceurs des Mariners, bien rentrés dans leur postseason, que contre ceux des Yankees qui n’ont jamais semblé vraiment vouloir travailler en Octobre, en témoignent les seulement trois manches et mois lancées par Fried et Gil lors de leurs starts respectifs.

Mais, si Toronto ne devra pas s’attendre aux mêmes largesses que face aux rivaux du Bronx, Seattle devra aussi être capable de  corriger ses défauts : l’attaque est au point mort (Hormis Cal Raleigh qui en termine avec l’une des plus grandes saisons de l’histoire de la MLB et continue d’envoyer les hits comme des petits pains), et elle ne pourra pas se permettre de continuer à refuser les coups-sur ainsi. Rodriguez, Arozarena, Suarez, Naylor, et même Polanco même s’il est responsable du hit qui a qualifié les Mariners face aux Tigers, n’ont que 48h pour régler la mire. Le futur de ces ALCS en dépend.

Prono : Mariners 4 – Blue Jays 3. Les Blue Jays ont l’avantage, ils sortent d’une saison maitrisée, d’une série maitrisée, et franchement on ne voit pas trop ce qui pourrait les empêcher d’aller faire face au prétendant de la National League pour le titre suprême. Mais qu’ont-ils vraiment dans le coffre si jamais les Mariners décidaient d’enclencher le « Beast Mode » si cher a leur voisin du foot US et des Seattle Seahawks, Marshawn Lynch ? L’occasion est trop belle pour les Mariners, qui ont produit quelques uns des moments les plus mémorables de la saison 2025, et ont su a chaque fois faire tomber la pièce du bon côté. Mon cœur dit Toronto, mais je vois bien les Mariners saisir l’énergie du moment comme ils savent le faire, et l’offense se réveiller pour un exploit de plus, un moment de folie, et un voyage pour les World Series.

Gaétan

Qu’ajouter à ce que mes petits camarades ont dit. Il est vrai que les Blue Jays ont posé un véritable statement comme aiment le dire les Américains. Même s’ils ont été bousculés dans les deux derniers matchs de la série, grâce à un Aaron Judge magnifique qui a tenu la baraque du Bronx comme il a pu, les deux premiers matchs ont été une démonstration offensive et Vladdy a imposé son rythme tout le long de la série. L’offensive de Toronto a montré qu’elle était capable de puissance, de constance et de saisir les opportunités. Reste à savoir si elle a pris totalement le meilleur sur la rotation élite des Yankees, qui, le tour précédent avait encore été impériale, ou si elle a profité d’un soudain effondrement de ses stars. Face au rookie Cam Schlittler, l’attaque des Blue Jays avait galéré dans le match 3 et face au bullpen day des Yankees dans le match 4, elle avait profité des errements défensifs des new-yorkais. Quid face à un pitching staff de qualité et une défense de fer qui ne craqueraient pas ?

Car les Mariners ont remporté une série de lanceurs où il fut difficile de marquer des points et, même si leur pitching staff a été usé par une série qui a compté cinq rencontres dont deux en extra-innings, ils ont montré de la ressource dans ce domaine comme au niveau mental. Le potentiel offensif a été éteint sur cette série mais il est dormant et peut se réveiller à tout moment, mené par Cal Raleigh, qui est toujours sur son petit nuage, et Julio Rodriguez.

Prono : Blue Jays 4 – Mariners 2. En tant que fan des Yankees, j’aimerai que Seattle efface son petit sourire à Vladdy, mais plusieurs éléments sont défavorables aux Mariners, comme la blessure de Bryan Woo, une série longue avec des matchs à rallonge et moins de repos pour les lanceurs et une attaque encore endormie pour le moment, sans assurance qu’elle ne se réveille en finale de ligue. En face, les Blue Jays ont l’avantage du terrain et on a vu l’impact que cela a eu lors des deux premiers matchs des Division Series, avec une équipe et un stade en communion où tout réussissait à Toronto. Les Blue Jays semblent en mission, portés par un Vladdy qui écrit sa légende. Pitching is the name of the game mais ici, je vois la puissance offensive des Blue Jays prendre le dessus sur le pitching des Mariners.

Marion

Une belle affiche entre deux équipes qui courent depuis si longtemps après les World Series (depuis toujours pour les Mariners, depuis leback-to-back de 1992-93 pour les Blue Jays). Deux équipes que l’on a vu monter en puissance ces dernières saisons grâce à de superbes développements internes (Guerrero, Bichette, Kirk… vs. J-Rod, Raleigh, le pitching crew) mais qui s’étaient jusque-là sur la réalité de la MLB, notamment à cause d’une rivalité féroce au sein même de leur Division Est et Ouest respectives.

Les Blue Jays ont battu le grand méchant Yankee et poursuivent leur route avec cette mentalité de « Us/Canada versus The World ». Vladdy s’est enfin illustré sur la plus grande des scènes et jusque-là l’absence de Bichette ne s’est pas faite sentir. Mais jusqu’à quand? Car face à la qualité du pitching de Seattle, il y aurait bien eu besoin du serial hitter. Bichette out pour ces ALCS, il faudra compter sur les vaillants soldats : Springer, Kirk, Carsho, Gimenez…

Côté Seattle, la question est de savoir comment le pitching crew s’est remis de son incroyable Match 5 face à Detroit en Division Series. La fatigue s’accumule mais la possibilité d’envoyer les Mariners pour ces toutes premières World Series (seule franchise actuelle à ne pas avoir connu les Finales) devrait donner un surplus d’énergie aux lanceurs. Ils seront secondés par la puissance des Raleigh, Suarez, J-Rod, Arozarena…

Prono : Blue Jays 4 – Mariners 3. J’aimerai bien que cette série se termine dans un Rogers Centre en fusion lors du Match 7! Avec un walkoff HR de Vladdy, façon Joe Carter 93 (même si ça ne sera pas pour offrir le titre)! Il y a du talent sur les monticules et dans les batting boxes. Avec peut-être un avantage côté bullpen aux Mariners mais un supplément d’âme chez les Canadiens.