Le crissement de la terre sous les crampons, le bruit de la batte sur une balle, les gants qui chauffent à la réception de lancers à 99mph. On peut enfin le dire, BASEBALL IS BACK. Et oui, on y est, après une longue hibernation, on va pouvoir se délecter du retour de nos héros favoris. Le Spring Training bat son plein, et c’est dès maintenant que la saison se construit pour les 30 franchises. Cohésion d’équipe, rookies qui se battent pour découvrir la MLB et vétérans qui souhaitent prouver qu’ils ont encore une place. Les 26 places de l’effectif vont être ardemment disputées. Et pour vous aider à y voir plus clair à l’orée de cette saison 2025, TSO vous propose de retrouver votre série préférée : les 30 franchises en 30 jours. Chaque jour et cela pendant 30 jours, une équipe sera décortiquée par notre rédaction afin de vous la présenter en long et en large, afin d’être fin prêt pour le début de la régulière. En ce jour, on vous propose de rejoindre l’antre bouillant du Bronx, là où la pression peut écraser les plus grands champions, là où les légendes des légendes se forment. Bienvenue chez les New York Yankees, finalistes malheureux de 2024 et dont les démons de l’infirmerie les conduisent une nouvelle dans l’incertitude… sur la corde raide.
Retour sur la saison 2024
Comme souvent ces dernières années, les New York Yankees ont offert une saison en montages russes, capables d’alterner entre être la meilleure équipe de la ligue ou la pire. Pourtant, tout avait bien commencé, les new-yorkais dominant leur sujet au printemps, notamment lors d’un mois de mai où ils étaient injouables. Puis, l’été arrivant, l’équipe a connu plus de difficultés, ce qui a permis à leurs poursuivants de Baltimore de les rattraper petit à petit. Par la suite, les deux franchises se sont livrés un duel en tête de l’AL East, duel que les Yankees ont fini par remporter en prenant le titre de division avec une fiche de 94-68, trois matchs devant les Orioles, étendant leur nombre de saisons consécutives avec un record positif à 32, soit depuis 1993.
Meilleur bilan de la Ligue Américaine, les Yankees ont débuté en Division Series contre les Kansas City Royals pour ce qui étaient leur 59ème apparition en postseason, un record pour l’ensemble de la MLB. Une série qu’ils ont remportée 3-1, les propulsant en finale de l’Américaine face aux Cleveland Guardians, série également remportée, et ce quatre match à un. Puis vînt le drame !
Les Yankees retrouvèrent les World Series, une première depuis leur titre de 2009 et dans une affiche attendue depuis le début de la saison. Yankees – Dodgers, un classique à faire saliver de nombreux fans de baseball, avec en duel, les deux futurs MVP de chaque ligue, Judge vs Ohtani. Malheureusement, ces World Series vont être catastrophiques pour les Yankees, qui perdent leur premier match en extra-inning en laissant échapper le match, notamment à cause d’une décision fort discutable d’Aaron Boone. Bien que les deux matchs suivants furent serrés, les Yankees semblèrent encore sous le coup de la perte du premier match mais ils finirent par réagir sur le match 4 en explosant les Dodgers 11-4. On y voit alors la possibilité d’une remontada historique surtout que le match 5 commença sur les chapeaux de roue pour les Bronx Bombers dans l’antre bouillant du Yankee Stadium. Gerrit Cole donna une représentation magistrale face aux battes de LA. En première manche, Aaron Judge, plutôt discret jusque là, propulsa un 2-run Homerun sur le premier lancer que lui envoya Jack Flaherty pour lancer la révolte des Pinstripes. Stanton, héros des Yankees sur la postseason, enfonça le clou en 3ème avec un solo homerun, lui aussi sur le premier lancer de l’at-bat. Après la correction donnée la veille, on se dit qu’avec une avance de 5-0 en 5ème et des battes en feu côté Bronx Bombers, le miracle pouvait arriver. Et là…
Un Cole abandonné par sa défense, un Aaron Judge qui passa de héros à zéro en relâchant une balle qui paraissait simple, des erreurs et mauvais choix défensifs… il n’en fallait pas plus pour relancer des Dodgers conduits par un Freeman de gala. La deuxième partie de match 5 fut un crève-cœur pour les fans du Bronx qui virent les Dodgers l’emporter 7-6, et avec ce match, le titre.
Alors, que retenir de cette saison ? En premier lieu, la saison historique d’Aaron Judge, l’une des meilleures de l’histoire de la MLB offensivement (voir la section La Star plus bas), gâchée en partie par cette terrible 5ème manche du G5 des World Series. Son duo avec Juan Soto n’aura duré qu’un an mais il a été l’un des plus prolifiques de l’histoire des Yankees et de la MLB. Il est devenu le premier duo de la franchise, depuis celui formé par Babe Ruth et Lou Gehrig en 1932, à réussir une saison à 100 runs, 100 RBI et 100 BB chacun. Juan Soto, venu sur une location d’un an, a permis aux Yankees de passer un cap, apportant une constance et une discipline au bâton qui manquaient au lineup, à l’exception de Judge.
Si le Stanton de la saison régulière n’est pas exempt de critiques, loin de là, celui de la postseason a tout simplement régalé, s’imposant comme l’un des meilleurs frappeurs de la franchise sur le mois d’octobre. Si le duo Judge-Soto a porté l’attaque des Yankees d’avril à septembre, le duo Stanton-Soto l’a porté en octobre assurément. Derrière, Volpe a eu de belles périodes et d’autres où il a disparu, arrivant à soutenir l’attaque par moment, voire la dynamiser mais manquant de constance avec .243 de moyenne de frappe notamment. Néanmoins, il s’est imposé à l’arrêt-court comme une valeur sûre. D’autres joueurs ont été plus ou moins inconstants comme la recrue Alex Verdugo, ou encore les produis du cru Oswaldo Cabrera et Gleyber Torres, tandis que Rizzo a poursuivi son déclin.
Les deux bonnes surprises chez les joueurs de position l’année passée furent Austin Wells et Jazz Chisholm Jr. Le premier a fait sa place comme receveur titulaire en cours de la saison, dégotant une 3ème place au Rookie of the Year, tandis que Chisholm Jr, arrivé en trade en juillet, s’est relancé dans le Bronx. En errance aux Marlins, il s’est montré percutant à New York, frappant pour .273 avec 11 homeruns et 18 bases volées. Une bonne pioche qui a permis de solidifier le lineup et de dépanner en 3ème base en raison de la blessure de DJ LeMahieu.
Sur le monticule, le club new-yorkais a du faire sans Gerrit Cole une partie de la saison. Son retour n’a pas permis de revoir de suite l’ace des Yankees même si sa fiche reste plus que correcte (8-5, 3.41 ERA). C’est en postseason, notamment en World Series, qu’il a montré quel redoutable lanceur il était toujours, même si cela n’a pas suffit. D’une manière générale, la rotation a été efficace. Hormis Marcus Stroman (10-9, 4.31), l’ensemble des starters ont lancé sous les 4.00 d’ERA. Carlos Rodon n’est toujours pas l’ace que l’on attend chez les Yankees mais il a su répondre présent sur la durée (16-9, 3.96). Nestor Cortes a lui été en recul vis à vis des années précédentes, mettant fin à une forme d’état de grâce dans son jeu, même s’il a encore rendu de beaux services à la rotation (9-10, 3.77, WAR 2.6). En revanche, Luis Gil a été formidable. Si formidable qu’il a remporté le Rookie of the Year de l’American League (15-7, 3.50, WAR 3.0). Clarke Schmidt a aussi apporté sa pierre à l’édifice (5-5, 2.85).
Si la rotation a tenu le choc et fait du bon boulot, il en est de même pour le bullpen. De ce côté, c’est Luke Weaver qui s’est particulièrement illustré (7-3, 2.89), chipant en fin de saison le rôle de closer à Clay Holmes. Plusieurs recrutements d’avant-saison ou en cours de celle-ci ont permis de renouveler un bullpen lui aussi en proie aux blessures. Les venues de Tim Hill, Cody Poteet, Mark Leiter Jr, Jake Cousins ou le retour dans le Bronx de Tommy Kahnle furent des acquisitions essentielles pour garder solide l’une des forces constantes de l’équipe ces dernières années.
La saison 2024 aura donc donné des émotions contradictoires aux fans des Yankees, entre l’excellence (duo Judge-Soto, Stanton en PO, Luis Gil, présence en World Series) et la déception (un manque de constance en saison, un Judge en retrait en octobre, une défaite crève-cœur en World Series).
Qu’attendre pour 2025 ?
Les new-yorkais ont dû faire face au départ de Juan Soto, allé voir si les billets étaient plus verts chez le voisin du Queens, tout comme Clay Holmes, qui avait perdu son rôle de closer au profit de Luke Weaver mais qui restait une pièce majeure du bullpen. Juan Soto, joueur générationnel, formait on l’a dit avec Judge l’un des duos les plus prolifiques de toute l’histoire de la MLB en attaque. Cependant, Brian Cashman et son front-office ont bien travaillé pour remplacer les deux départs déjà cités et les autres, comme Gleyber Torres, Nestor Cortes Jr, Alex Verdugo, José Trevino, Anthony Rizzo ou encore Tommy Kahnle.
Un bon travail ruiné, en partie par les blessures de Gerrit Cole (out jusqu’à mi-2026 pour cause d’une opération Tommy John), Luis Gil (qui ne devrait revenir qu’en juin ou juillet) et Giancarlo Stanton (qui manquera également les premiers mois). Mais un bon travail quand même.
Chez les lanceurs, les Yankees ont enregistré l’arrivée de Max Fried, le très solide starter des Braves (voir Joueur à Suivre) pour la rotation. En l’absence de Cole, il prendra le poste de numéro 1, devant Carlos Rodon et Marcus Stroman. Le premier a connu une bonne saison 2024 mais n’a toujours pas montré l’ace que les Yankees ont signé. Il sera un solide numéro 2 mais il devra en donner plus. Quant à Stroman, il était vu sur le départ, en starter numéro 6, bon pour être échangé dès que possible. Les absences de Cole, Gil et, pour moins longtemps si tout va bien, de Clarke Schmidt l’amène à un spot 3 inespéré. Très décevant en 2024, il a l’occasion de redorer son blason. Mais en a-t-il encore les moyens ?
New York pourra aussi compter, en début de saison, sur le rookie Will Warren et le vétéran Carlos Carrasco qui espère, à 37 ans, se relancer, après avoir connu des saisons catastrophiques en 2021, 2023 et 2024 (3-10, ERA 5.64 avec Cleveland l’an dernier). Si la rotation s’annonçait élite, avec les absences de Cole et Gil, elle devient le principal point faible de l’équipe mais des bons retours de Schmidt puis de Gil pourraient changer la donne si Fried et Rodon tiennent leur rang.

Toujours chez les lanceurs, mais en relève, les Yankees ont du faire face à plusieurs départs et toujours des blessures. Mais c’est aussi un secteur où ils avaient déjà de la qualité qu’ils ont renforcé avec encore plus de qualité. On parle surtout de l’autre grande recrue de cette intersaison dans le Bronx, Devin Williams. Malgré une blessure en 2024, Williams débarque avec le statut d’être l’un des meilleurs closers de la MLB, à l’instar d’un Emmanuel Clase. Il prendra le rôle à Luke Weaver, qui l’avait lui-même pris avec succès à Clay Holmes en deuxième partie de saison. Weaver devrait devenir le setup man. Avec le duo Williams/Weaver en fin de match, il sera difficile de prendre des points aux Yankees en 8ème et 9ème manches.
Et avant cela, il faudra faire face à Ian Hamilton, Tim Hill, Fernando Cruz ou Mark Leiter Jr et la dernière recrue en date Ryan Yarbrough. Jonathan Loaisiga a également resigné. Encore à l’infirmerie, on sait qu’il a un potentiel de releveur dominant en fin de match ou en longue relève. Enfin ça, c’était dans ses premières années. Depuis, il accumule les blessures. Il reste un point d‘interrogation mais un possible power-up pour le bullpen. A défaut, comme un Yoendrys Gomez, il prendra des manches lors des matchs où les Yankees sont trop à la ramasse. Le bullpen des Yankees s’annonce très solide et très profond, idéal au vu des difficultés annoncées d’une rotation amoindrie par les soucis de santé.
Néanmoins, il faudra, pour soutenir la rotation, plus que le bullpen. Il faudra une attaque très efficace et une défense solide. Évidemment, comme chaque année depuis 2017, l’attaque reposera beaucoup sur les performances du capitaine double MVP Aaron Judge. S’il est difficile qu’il puisse renouveler une saison aussi historique qu’en 2024, il sera toujours l’arme numéro 1 des Bronx Bombers, retrouvant en plus sa position idéale de champ droit.
Pour rester dans le champ extérieur, il y sera rejoint par Jasson Dominguez, Cody Bellinger et Trent Grisham. The Martian devait connaître sa saison rookie en 2024 mais une blessure en a décidé autrement. Même s’il a rejoint l’équipe en toute fin de saison, sans y être remarquable, c’est bien 2025 qui doit lancer la carrière dans les Majeures de celui qui était vu comme le prochain Mickey Mantle lorsqu’il signa encore ado avec les Yankees. Sa défense en champ gauche sera probablement soit mauvaise soit passable mais on attend surtout de lui une production offensive d’un joueur qui était vu comme générationnel. On sait que sa puissance est effrayante mais il devra le démontrer dans la durée.
Au champ centre, Cody Bellinger arrive avec une réputation contrastée. Rookie de l’année 2017 puis MVP 2019, il s’est effondré aux Dodgers les trois saisons suivantes avant de se relancer admirablement en 2023 aux Chicago Cubs. Sa saison 2024 a été plus anodine au regard de ses débuts (.266/.325/.426, 18HR, 78 RBI, 2.2 WAR). Il va tout de même amener de l’expérience et solidifier le lineup comme la défense. Mais à voir si on aura droit à du grand Belly, du Belly moyen ou du Belly pas bon. Cela dépend des saisons.
En infield, les Yankees vont encore devoir faire sans DJ LeMahieu, toujours blessé. La 3ème base reviendra à Oswaldo Cabrera, l’utility player par excellence. Une solution pour dépanner mais qui aura ses limites. Pour le moment, Cabrera a montré qu’il était justement un joueur utile mais qu’il ne disposait pas d’un bâton pour en faire un titulaire sur toute une saison dans un club voulant viser les World Series (.247 AVG pour 8 homeruns en 2024). Cependant, sa présence en 3B permet de replacer Jazz Chisholm Jr en seconde, sa vraie position. Cela devrait l’aider à assurer sa défense. Redevenu le joueur électrique que les fans des Marlins ont adoré, il apportera encore son jeu rapide aux Yankees, comme son compère de l’entre-jeu, Anthony Volpe. L’arrêt-court a soufflé le chaud et le froid l’an dernier. Parfois en feu, parfois éteint, il a tout de même apporté sa pièce à l’édifice avec une WAR de 3.4, 12 homeruns, 60 RBI et 28 bases volées. Mais sa moyenne en dessous des .250 n’est pas satisfaisante. On attend plus de lui, bien plus. Après deux saisons où il s’est installé à l’arrêt-court avec assurance, son objectif 2025 sera d’acquérir de la consistance au bâton.
En première base, une autre recrue de l’intersaison, Paul Goldschmidt. Le NL MVP 2022, 37 ans, a signé un contrat d’une saison pour se relancer à New York qui ne faisait plus confiance à Rizzo. Goldy n’est plus le joueur de 2022. Il a suivi le déclin des Cards de St-Louis. Cependant, sa deuxième partie de saison l’an dernier a été très bonne avec, sur les 44 derniers matchs, une moyenne de .292, 5 homeruns, 16 doubles et 22 RBI pour un OPS de .799, de quoi espérer donner un peu plus de consistance au lineup, en plus d’être un bon premier base, même si sur le déclin.
Au catch, Austin Wells va débuter la saison avec le rôle de titulaire. Même si sa moyenne de frappe a été basse (.229), il a su apporter quelques fulgurances (13 HR, 18 doubles, 55 RBI) tout en assurant derrière le marbre, notamment avec un excellent framing. Il sera secondé par le rookie Ben Rice, qui devrait occuper régulièrement le poste de DH avec un autre rookie, JC Escarra, lui aussi receveur qui pourrait donc faire ses débuts en MLB. Les deux ont montré de belles choses lors du spring training, plus en tout cas que le quatrième postulant, arrivé cet hiver des Tampa Bay Rays, Alex Jackson. Sur le banc, on devrait retrouver un autre prospect de la franchise, vu par intermittence les saisons précédentes, Oswaldo Peraza, et Dominic Smith, qui a joué pour les Red Sox puis les Reds en 2024 (.233, 6HR, 34 RBI).
Entre recrues vétérans et jeunes joueurs issus du farm-system, chapeautés par Captain Judge, les Yankees devraient proposer une équipe solide en défense, hormis au champ gauche. En attaque, on sera sur du wait and see. Sans Soto, l’équipe perd en puissance et constance, sauf si on tombe sur une bonne année pour Belly et Goldy, et/ou si les Dominguez, Volpe, Wells, Rice et autres nouveaux Baby Bombers répondent aux espoirs placés en eux, espoirs qui ont conduit Brian Cashman à ne pas les trader depuis 3-4 ans. Avec cinq frappeurs gauchers assez puissants qui seront régulièrement titulaires (Wells, Bellinger, Chisholm Jr, Rice et le switch hitter Dominguez), le lineup pourra profiter du champ droit du Yankee Stadium pour faire la différence à domicile. Avec Volpe, Chisholm Jr ou encore Peraza, les Bronx Bombers pourront aussi jouer sur la vitesse et améliorer leur jeu de courses sur base, variant ainsi leur attaque trop souvent unidimensionnelle.
Un bullpen et une défense solides, une attaque avec du potentiel mais aussi des questions, et une rotation affaiblie, les ingrédients sont là pour une saison en montagnes russes avec une qualification qui se jouera jusqu’au dernier moment.
Le joueur à suivre : Max Fried

Dans cette catégorie, on aurait pu placer de nombreux noms, notamment Luis Gil, le Rookie of the Year 2024 de l’Américaine pour le voir assumer ou non son nouveau statut. Ou encore Jasson « The Martian » Dominguez, longtemps annoncé comme le nouveau Mickey Mantle mais qui tarde à faire sa place en MLB, notamment en raison d’une blessure en 2024. Sans compter Ben Rice, autre rookie, Volpe et Wells, qui doivent passer un cap, ou le duo Bellinger/Goldschmidt qui devra faire oublier Juan Soto. Mais voilà, Luis Gil est blessé et ne reviendra que dans trois mois et les autres noms évolueront en attaque dans l’ombre d’un Aaron Judge qui a déjà su tenir seul l’offensive.
En revanche, les Yankees vont devoir faire sans Gerrit Cole et là, ça va vraiment demander qu’un joueur se lève et prenne la place d’ace. Et ce joueur, cela doit être la recrue Max Fried qui aura la lourde tâche de mener la rotation. Avec le closer Devin Williams à l’autre bout du match des lanceurs, Max Fried a été la grosse recrue de l’intersaison des Yankees. Il l’était déjà avant la blessure de Cole, il l’est encore plus désormais du haut de son nouveau contrat, 218 millions de dollars pour 8 ans.
Heureusement, Fried a le meilleur ERA des lanceurs ayant lancé 500 manches depuis 2020 (2.81). Cela vous place le bonhomme. Même si sa saison 2024 n’a pas été aussi dominante que les années précédentes, le lanceur gaucher de 31 ans a tout de même mangé de l’inning (174.1 IP), avec deux matchs complets dont un shutout, pour un solide ERA de 3.25, une WAR de 3.5 et une fiche de 11-10. Fried n’est pas Cole mais il est dans la catégorie des top pitchers de la MLB, apportant son expérience d’un run réussi jusqu’au titre (2021 avec les Atlanta Braves) et a les épaules pour tenir le rôle d’ace cette saison, surtout si la défense d’infield le soutient, lui qui a eu le meilleur pourcentage en groundball l’an dernier en National League, en plus d’être le lanceur qui a également contenu le plus la puissance adverse en termes de slugging.
La star : Aaron Judge
Aujourd’hui, si on parle de star aux Yankees, un seul nom s’impose, même quand Gerrit Cole n’est pas blessé : Aaron Judge. Le capitaine de la franchise du Bronx évolue dans un autre univers que ses coéquipiers, dans celui des légendes en devenir de la MLB à l’instar d’un Ohtani ou d’un Trout, un joueur qui a atteint un niveau de jeu historique lors de ses saisons 2022 et… 2024. Après avoir offert en 2022 une saison pour l’Histoire, avec notamment le record de homeruns en American League avec 62 bombes, il a réédité en 2024 avec une saison encore plus historique même si le compte de ses circuits est resté bloqué à 58 unités. Sur le reste, il a été impérial, glanant ainsi un deuxième MVP devant les saisons pourtant remarquables de Bobby Witt Jr et de son (ex) coéquipier Juan Soto.
Il termine la saison régulière avec une WAR de 10.8 (comme en 2022), la meilleure de toute la MLB, et jouant dans 158 matchs (un record pour lui après les 157 de 2022 et les 155 de 2017, deux autres saisons où il a été MVP – oui, on n’oublie pas le vol d’Altuve ici-). Fini l’Aaron Judge de verre ? Il n’a pas seulement mené la MLB en WAR. Il fut aussi en tête pour le nombre de homeruns, de RBI (144), de walks (133), en OBP (.458), en SLG (.701), en OPS (1.159), en OPS+ (223) et en buts sur balle intentionnels (20), en plus d’une moyenne de frappe à .322, qui lui a fait espérer encore une fois obtenir la Triple Crown. Au passage, en plus du MVP, il a obtenu une sixième sélection au All Star Game et un quatrième Silver Slugger.
Judge 2024, en saison régulière, c’est l’une des plus grandes saisons offensives de l’histoire de la ligue. Tout simplement. Malheureusement, une saison historique entachée par une postseason plus anodine pour un tel joueur et une manche catastrophe en World Series. Le leader des Yankees aura donc la lourde tâche de maintenir avec sa batte une équipe amoindrie au niveau de sa rotation, de faire oublier son ratage complet des World Series lors de la manche maudite et de mener les Yankees enfin à un 28ème titre. Un vrai travail herculéen ! Mais Aaron Judge est un géant digne du grand Hercule.
Le prono
Chaque année, les Yankees sont annoncés dans les favoris pour les World Series. Parfois dans un petit costume. D’autres fois, dans un grand. En 2024, le costume était grand et les Yankees ont rempli la mission, ou presque, échouant face aux Dodgers dans une série finale qui était celle attendue dès l’Opening Day. Avant la blessure de Gerrit Cole, malgré celles de Stanton et Gil, les Yankees étaient encore annoncés comme les grands favoris de l’American League, et la revanche avec les Dodgers vue comme quasi-inévitable. Désormais, ce n’est plus le cas. La franchise du Bronx est sur la corde raide. Ils ne peuvent plus se permettre une blessure majeure. Un Judge ou un Fried out sur toute ou une grande partie de la saison, et ils pourront déjà penser à 2026.
Les Pinstripes devront faire face à des Red Sox consolidés, des Orioles qui vont vouloir passer un cap, des Rays qui vont bénéficier d’un stade de spring training qui va profiter à leur attaque et les Blue Jays qui vont tenter leurs chances dans une AL East plus ouverte que prévue. La lutte sera dure et serrée jusqu’à la fin. Mais ils ont aussi les moyens de leurs ambitions avec un bullpen qui s’annonce très fort, une rotation qui pourrait récupérer Gil dès juillet, un surplus d’expérience avec Bellinger, Fried et Goldschmidt, une défense globalement solide et une attaque qui pourra alterner entre la puissance et plus de rapidité sur base. Si les Yankees restent dans la course jusqu’à la trade deadline, elle pourra aussi se renforcer à la rotation si nécessaire et viser octobre avec plus de sérénité.
Prédiction 2025 : 89-73 – champions division, défaite en ALCS
Le pari fou
Les Yankees champions ! Après avoir galéré entre les absences d’avant saison et les blessures qui arrivent inévitablement en cours de route, ils arrivent à s’emparer de la division au 162ème match, face aux Boston Red Sox, notamment grâce à une nouvelle saison monumentale d’Aaron Judge qui gagnera son 3ème MVP quelques semaines plus tard. Cela libère l’équipe qui roule sur son tableau de postseason en American League, mené par un grand Max Fried et un Luis Gil retrouvé, qui a eu besoin de deux mois pour retrouver son niveau de 2024. Tour à tour, les nouveaux venus Goldschmidt et Bellinger sont les héros de chaque série, bien aidés par un Jasson Dominguez en feu depuis le mois d’août. Mais c’est surtout Judge qui sera le héros de ces playoffs. Conjurant le mauvais sort des World Series 2024, il assomme les Dodgers d’Ohtani. 5 homeruns, une moyenne de frappe de .345 et le vol d’un circuit égalisateur au G6 en 9ème manche pour sceller la victoire et le 28ème titre des Yankees en font le héros d’une toute une ville et une légende égale aux Babe Ruth, Lou Gehrig, Joe DiMaggio, Mickey Mantle et autres Derek Jeter dans le grand livre de la MLB.



