Le crissement de la terre sous les crampons, le bruit de la batte sur une balle, les gants qui chauffent à la réception de lancers à 99mph. On peut enfin le dire, BASEBALL IS BACK. Et oui, on y est, après une longue hibernation, on va pouvoir se délecter du retour de nos héros favoris. Le Spring Training bat son plein, et c’est dès maintenant que la saison se construit pour les 30 franchises. Cohésion d’équipe, rookies qui se battent pour découvrir la MLB et vétérans qui souhaitent prouver qu’ils ont encore une place. Les 26 places de l’effectif vont être ardemment disputées. Et pour vous aider à y voir plus clair à l’orée de cette saison 2025, TSO vous propose de retrouver votre série préférée : les 30 franchises en 30 jours. Chaque jour et cela pendant 30 jours, une équipe sera décortiquée par notre rédaction afin de vous la présenter en long et en large, afin d’être fin prêt pour le début de la régulière. Aujourd’hui, petite balade dans le désert pour visiter une franchise qui veut continuer de monter en puissance : les Arizona Diamondbacks.

Retour sur 2024
C’est devant la télévision que les joueurs des Diamondbacks ont regardé, impuissants, les Braves et les Mets se partager les victoires d’un double-header retardé de quelques jours en raison d’un ouragan sur la Géorgie. Une victoire chacun et les deux équipes de NL East revenaient à niveau des DBacks, avec 89 victoires et 73 défaites, mais chacune avec un avantage lors des confrontations de la saison.
Les Padres avaient déjà validé leur Wild Card, les Mets et les Braves les rejoignaient et, franchement, les DBacks ne pouvaient s’en prendre qu’a eux même. Ils avaient encore 4 victoires d’avance à mi-septembre, 2 à l’approche du dernier week-end, mais deux séries perdues face aux Padres et aux Giants ont ouvert la porte aux géants de l’Est.
Un crève-cœur pour l’équipe de Phoenix, qui se voyait bien revivre son aventure de 2023 (défaite en World Series face aux Rangers), mais une confirmation qu’il faudra encore compter avec les DBacks pour un petit moment. Le groupe est solide et, on en parlera plus tard, il ne manque pas d’ambitions.
La base du succès des Diamondbacks, c’est avant tout son attaque. On ne parle pas ici d’une bonne attaque de prétendant à la Wild Card, on parle de la meilleure attaque des Ligues Majeures, rien de moins. Menés par un Ketel Marte éblouissant, (All Star, 3e au MVP, 36 HR et.292 AVG, 155 OPS+ et 6.8 WAR), les Serpents de l’Arizona ont terminé la saison avec la meilleure attaque (886 runs), la meilleure moyenne (.263), le meilleur OBP (.337) et le deuxième SLG (.440) derrière les seuls Dodgers. Alors certes, les DBacks ne sont ni les plus rapides ni les plus puissants (ils se débrouillent quand même), mais ils sont sans aucun doute la meilleure équipe all-round quand il s’agit de mettre la balle en jeu.
De la puissance avec Marte, Eugenio Suarez (30 HR, 28 Doubles), Christian Walker (26 HR, 26 Doubles) et Joc Pederson (23 HR ET une moyenne de .275) pour cogner dur et cogner bien. Un peu de vitesse avec Corbin Carroll (en deçà des attentes avant de se réveiller en fin de saison mais tout de même 58 XBH et 35 bases volées) et Jake McCarthy (.285, 28 XBH, 25 SB)… et un groupe de métronomes composé de Lourdes Gurriel Jr. , Randal Grichuk, Pavin Smith et Geraldo Perdomo (346 Hits, 103 BB, et une moyenne de .279 en 1378 passages au bâton à eux 4) pour faire tourner le line-up. De la jeunesse, de l’expérience, tout le monde contribue, on n’est pas loin de la construction d’un line-up idéal, pour un budget parfaitement raisonnable ($178m, le 13e des Majors).
Mais vous vous en doutez, il y a un mais. Pourquoi diable la meilleure attaque des Ligues Majeures a-t-elle craqué en Septembre, au point de terminer hors de la postseason et à 9 matchs du vainqueur de Division ? (Bon c’est les Dodgers, ok, mais quand même).
Vous le savez, et si vous ne le savez pas vous l’aurez deviné : toutes les bonnes idées ont été exploitées dans l’élaboration d’un line-up de classe mondiale, et malheureusement la recette n’a pas été aussi bien appliquée au niveau du pitching. La faute aux blessures, aux méformes, à pas de chance ?
Toujours est-il que les Diamondbacks ont misé gros sur la valeur sûre Eduardo Rodriguez (4 ans et 80 Millions) et sur un Jordan Montgomery (25M sur 1 ans) éblouissant lors de la postseason 2023 avec les Rangers. Rodriguez a commencé la saison sur l’IL avec une blessure à l’épaule et a manqué le plus gros de 2024 avant un retour en août, une cinquantaine de manches lancées et un ERA de 5.04 ; Montgomery a signé deux jours avant l’Opening Day, passé trois semaines en Triple A et viré Scott Boras, avant de perdre sa place dans la rotation et finir dans le bullpen avec un ERA de 6.23 en 117 manches lancées.
Derrière, et si Zac Gallen a sauvé les meubles (3.65 ERA et 156 IP en 148 manches) malgré une blessure en début de saison, le reste de la rotation a oscillé entre le moyen bon (Merrill Kelly, 4.03 IP, 63 SO en 73.2 IP malgré une grosse blessure en cours de saison), le moyen moyen (Brandon Pfaadt, 4.71 ERA et 1.239 WHIP en 181.2 IP; Ryne Nelson, 4.24 ERA en 150.2 IP) et le vraiment pas terrible (Cecconi, 6.66 ERA et un ERA+ de 63 en 77 IP), les lanceurs partants de Phoenix ont terminé l’exercice 2024 à l’opposé de leurs coéquipiers frappeurs avec le 27e ERA des Majors.

Et, malheureusement, le bullpen n’a pas fait grand-chose pour sauver l’honneur des lanceurs, puisque les bras de la relève terminent eux avec le 25e ERA des Majors (4.41) pour une 27e place combinée à l’ERA (4.62) comme au WHIP (1.35), une 26e place aux nombre de Strikeouts (1313) et la 2e pire moyenne adverse au bâton (.262) derrière les intouchables Rockies (.285). Tout l’inverse de l’attaque on vous dit, et les 59.4% de sauvetage réussis des closers (26e de MLB) vont encore dans ce sens.
Pourtant, les supporters du Chase Field ont vu trois solides closers à l’œuvre en 2024, mais aussi des blessures, des mouvements, et une saison sur courant plus qu’alternatif pour le titulaire initial du poste, Paul Sewald : blessé a l’oblique pendant le Spring Training, l’ancien closer des Mariners a lancé le feu à son retour et pendant deux mois, avant de connaitre un gros creux en juillet et de perdre son poste début août, avec un ERA à 4.23 et 4 Sabotages (plus 2 défaites) au mois de juillet.
Ce sont alors A.J. Puk, arrivé fin juillet, et surtout le jeune Justin Martínez (22 ans) qui se partageaient le boulot dans les fins de match, apportant un certain niveau de stabilité : 72.2 IP, 91 SO, 2.48 ERA et 8 SV pour Martinez, 1.32 ERA en 27.1 IP pour Puk. Ils ont été accompagnés par un solide quatuor composé de Kevin Ginkel, Ryan Thompson, Joe Mantiply et Bryce Jarvis (tous sous les 4.00 ERA et des 59 manches lancées).
Vous l’aurez compris, la plupart des pièces du puzzles sont bien assemblées pour les Diamondbacks, dans la quête d’une vrai saison de rêve, mais il manque – il manquait ? – une pièce maitresse pour passer de petit club mignon et sans histoire à redoutable contender… Et Torey Lovullo espère bien avoir trouvé la perle rare.
Qu’attendre pour 2025
Cette recrue star, c’est bien entendu le lanceur Corbin Burnes, qui s’est engagé dans l’Arizona contre un joli chèque de 210 millions de dollars pour un contrat de 6 ans. Cinq places dans le Top 10 du Cy Young en cinq ans, (dont la première en 2021), abonné au All Star Game depuis quatre saisons, largement épargné par les blessures depuis son arrivée dans le Show, Corbin Burnes est l’un des véritables As de sa génération, affichant une ERA de 2.88 et 18.7 WAR pour 816 manches lancées depuis 2020. Un véritable Game-Changer, et il formera un one-two punch redoutable avec Zac Gallen si celui-ci peut rester à l’abri des blessures. Alors non, deux lanceurs ne font pas une rotation, mais deux As en puissance peuvent faire passer un palier à ce groupe de lanceurs, d’autant qu’Eduardo Rodriguez devrait être revenu à son niveau, lui aussi. Restent Kelly et Pfaadt qui, sans impressionner, ont été plutôt corrects et seront bien à leur place en fond de rotation. Cette rotation, si tout se passe bien, pourrait venir se placer dans le milieu voire le haut de tableau des Majors.
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Ce serait d’autant plus appréciable puisque, coté Lineup, les coups-sûrs devraient continuer à rentrer gaiment avec un cœur de l’ordre de batte plus ou moins inchangé, malgré quelques départs notables : Joc Pederson, Josh Bell et Christian Walker, tandis que Randal Grichuk a rempilé pour un an. Pour remplacer Walker, parti à Houston, les DBacks sont allé chercher Josh Naylor, le joueur de première base All Star des Indians avec sa batte aussi précise que puissante (.308 et 48 XBH en 2023, 31 HR et 108 RBI en 2024) et son tempérament de feu, plutôt une belle pioche en échange de Slade Cecconi et d’un pick à la prochaine draft.
Les DBacks ont aussi recruté Garett Hampson, pour un rôle d’Utility Player, tandis que Pavin Smith devrait prendre la place de Joc Pederson au rôle de Designated Hitter, pour ce qui est peut-être la seule inquiétude en termes de perte de qualité dans l’alignement offensif. Mais si Smith ne devait pas convaincre, il y a toujours des solutions et notamment celles que vous attendez tous : on devrait voir en 2025 les débuts du prospect #11 de la MLB et pick 6 de la Draft 2021, Jordan Lawlar, l’un des rookies les plus attendus de cette saison (lire plus loin). Bref, des départs bien compensés, un an d’expérience en plus et un top prospect dans le pipeline, les DBacks ont tout pour améliorer encore leur bilan de 2024, même si ce ne sera jamais facile dans la Division des Dodgers et dans la Ligue de la redoutable NL East.
Tout… ou presque. Une question reste, et c’est celle du bullpen qui, lui, n’a pas du tout changé lors de la saison morte : A.J. Puk et Jordan Martinez se disputeront le poste de closer avec on l’imagine un avantage au jeune dominicain, remarquable la saison dernière et sous contrôle à Phoenix pour encore quelques années. Ginkel, Thompson, Mantiply et Jarvis seront eux aussi de retour, et on l’attendra peut-être dans le front office que l’un d’entre eux s’impose comme un véritable setup-man pour mettre en orbite les finisseurs. Jordan Montgomery, qui a levé une option à 20 millions après sa première saison calamiteuse, devrait lui aussi s’installer dans le bullpen pour débuter la saison tandis que le vétéran Shelby Miller, ancien de la maison, a signé un contrat de Minor Leagues et pourrait bien se faire une place dans le Roster.
Vous l’aurez compris, il y a de quoi être paisiblement optimiste pour ces Diamondbacks, avec une rotation renforcée, un line-up qui joue sur la stabilité et un bullpen qui pourrait encore bénéficier d’un petit coup de pouce mais n’est pas affreux. Reste à voir ce que ça donnera lors des confrontations directes contre les Dodgers, les Padres, et le trio infernal de NL East, pour ne pas revivre un nouveau 30 septembre 2024.
Le joueur à suivre : Jordan Lawlar
On le disait plus haut, ce sera l’une des grosses attractions de la saison 2025, et il semble que Jordan Lawlar devrait revenir rapidement dans le Show – après des débuts moyens pour quelques matchs en fin de saison 2023 – même si le Shortstop actuel, Geraldo Perdomo, a signé une extension de contrat pour quatre ans de plus. D’autant plus que Lawlar, qui vient d’être renvoyé en Triple A pour débuter la saison, a passé autant de temps au Hot corner qu’au poste d’arrêt court lors du Spring Training.

A seulement 21 ans, Lawlar a déjà 4 saisons de Minor League a son actif, pour un bilan plutôt flatteur avec une moyenne au bâton de .294, 38 Home Runs et 154 RBI et 82 buts volés en un peu plus de 1000 passages au bâton. Capable de frapper à la moyenne ou en puissance, doté de qualités athlétiques hors du commun et rapide sur base, et pas maladroit défensivement, Lawlar est le nouveau Five-Tool-Player des Dbacks. Il doit maintenant prouver qu’il est capable de transposer ses immenses qualités au niveau Majeur.
La star : Ketel Marte
Est-il, actuellement, le meilleur joueur de seconde base du baseball majeur ? C’est bien possible tant Ketel Marte a éclaboussé de sa classe la saison 2024. A 30 ans, il affiche déjà un sacré pedigree et deux saisons de calibre All Star et candidat au MVP (2019 et 2024) mais surtout une régularité dans les performances de très haut niveau, quand son corps tient le coup.
Avec 6.8 WAR en 136 matchs (son absence fin août correspond d’ailleurs avec le début des soucis pour les Diamondbacks), 36 HR et 95 RBI et 29% de moyenne, Marte n’a été battu que par les saisons exceptionnelles de Shohei Ohtani et Francisco Lindor pour les honneurs de 2024. Sous contrat jusqu’en 2028, il semble en pleine possession de ses moyens et prêts à vivre son âge d’or dans le désert d’Arizona. Et emmener dans son sillage des Diamondbacks ambitieux.
On va poser ça ici, sans faire trop de bruit : si les Dbacks devaient retrouver le chemin de la postseason, cela passera par un grand Ketel Marte, et ce Ketel Marte là a un titre de MVP dans les jambes.
Le prono
Alors bien sur, il y a la question des blessures qui peuvent freiner ou détruire une saison, mais admettons un instant que, physiquement, tout aille bien. Face à des Dodgers qui sentiront peut-être le contrecoup de leur victoire lors des World Series, face à des Padres spécialistes des saisons en dents de scie, face à des Phillies, Mets et Braves occupés à se rentrer dans le lard… Les Diamondbacks ont toutes les cartes pour une belle saison de confirmation et pourquoi pas un titre de Division. On restera conservateur ici, en pronostiquant une deuxième place en NL West (derrière les Dodgers, bien entendu) et un bilan final de 95-67.
Le pari fou
Les DBacks font une saison en mode Giants 2021, gagnent la division avec 106 victoires, marchent sur les Dodgers en Division Series et se hissent de nouveau en World Series, deux ans plus tard. Mais cette fois, l’impensable arrive : deux no-hitters consécutifs de Burnes et Gallen détruisent les espoirs des New York Yankees, les Diamondbacks l’emportent en 5 matchs et soulèvent le trophée du Commissionner pour la deuxième fois, 24 ans après.
