
Il y a un an à cette même période, le monde du baseball était en pleine effervescence avec la perspective de la World Baseball Classic et le début de la saison MLB. Et on peut dire que l’année 2023 nous a régalés entre le titre du Japon d’Ohtani face à Team USA, le retour des London Series et la première victoire en World Series des Texas Rangers. Nous avons eu droit à notre lot d’émotions, de beau jeu, de surprises, de déceptions, de rencontres, d’au-revoir (bye-bye Waino et Miggy)… et nous voilà déjà au départ de la saison 2024! Même sans compétition internationale à venir (il faudra attendre 2028 pour revoir le baseball/softball au programme des JO), on a hâte d’entendre PLAYBALL. Et pour tout savoir de cette saison MLB qui approche aussi vite qu’une balle lancée par Nolan Ryan, la rédac de The Strike Out vous propose sa traditionnelle série de previews. On se rend aujourd’hui à Minneapolis pour évoquer les Twins, qui ont enfin réussi à remporter une rencontre de postseason, de quoi revenir en 2024 avec de nouvelles ambitions ?
Retour sur la saison 2023
Dans une division à l’agonie, les Twins n’ont pas eu à forcer leur talent pour remporter le titre de l’AL Central. Un succès qui a permis à la franchise de se qualifier en postseason, et d’enfin remporter une rencontre de playoffs près de 20 ans après. Mais comment en sont-ils arrivés là ?

Eh bien d’abord grâce à un pitching staff stratosphérique. Avec un ERA collectif de 3.87, les lanceurs des Twins se placent en 6e position de la MLB. Il faut dire que la rotation a joué un grand rôle avec deux candidats sérieux au titre de Cy Young : Sonny Gray et Pablo Lopez. Le premier revit depuis son départ des Yankees, tandis que le 2e a encore passé un cap pour se muer de plus en plus en véritable ace de rotation et probable cador de la MLB. D’abord Gray, arrivé en 2022 en provenance des Reds, a été étincelant sous les couleurs des Twin Cities. 3.08 d’ERA en 2022, mais en seulement 119.2 manches. Des stats déjà impressionnantes. Mais le natif du Tennessee a réussit la prouesse de faire encore mieux en 2023 avec un ERA microscopique de 2.79 mais cette fois en 184 manches avec 183 K à la clé. Surtout, il n’a concédé que 8 HRs durant toute la saison régulière, un petit exploit. Sans la présence d’un Gerrit Cole venu d’une autre planète, il aurait été un Cy Young émérite, il finira néanmoins 2e derrière l’extra-terrestre des Yankees.
Il a été bien épaulé par Pablo Lopez, arrivé début 2023 de Miami en échange de Luis Arraez dans un trade qui n’aura jamais été autant win-win de l’histoire de la MLB. Auteur de 3 saisons de haute voltige en Floride, Pablo Lopez a confirmé son nouveau statut de lanceur MLB élite en 2023. Il termine l’exercice avec un ERA de 3.66 (plombé par deux starts désastreux courant mai) en 194 manches mais surtout pas moins de 234 K au compteur et seulement 48 BB. Des stats qui ont fait de lui un 7e du classement du Cy Young. Il aura aussi démarré deux matchs durant la postseason des Twins avec à la clé deux succès. Dont une masterclass face au mastodonte Astros, à Houston, avec 7 manches lancées pour aucun point encaissé et 7 K. Pour la seule victoire des Twins en ALDS. Il a aussi été crédité de la victoire lors du premier succès en plus de 20 ans de la franchise en postseason après un succès 3-1 face à Toronto dans le premier match de la Wild Card (qui verra Minnesota l’emporter 2-0). Deux matchs qui forgent encore un peu plus le CV de Lopez et qui en font un des joueurs à suivre pour 2024.
Ces deux aces en puissance ont pu également compter sur des lieutenants costauds avec Joe Ryan. Pour sa 2e saison complète l’ancien Ray a démontré toutes ses qualités impressionnantes dans la première partie de la saison avant qu’une blessure ne vienne dérégler la mire et qu’il rentre dans le rang (4.21 d’ERA). Bailey Ober a lui aussi été une bonne surprise pour la rotation avec un ERA de 3.43 en 144.1 manches lancées. Et enfin le japonais Kenta Maeda a répondu présent avec 4.23 d’ERA et a rendu de fiers services.
Dans le bullpen aussi, les lanceurs ont été au rendez-vous, avec d’abord la confirmation que Jhoan Duran est un closer hyper impressionnant. Avec sa balle rapide confortablement assise dans les 100 mph, il a dégoûté les batteurs adverses. Il termine la saison avec 2.45 d’ERA, 27 sauvetages en 32 opportunités et 84K en 62.1 manches. En Duran, les Twins possèdent un des lanceurs les plus dévastateurs de la ligue. Et ses entrées sont tout aussi impressionnantes que ses lancers
Son setup man, Emilio Pagan s’est mis au niveau de son closer avec un ERA de 2.99. Tandis que Griffin Jax a terminé sa reconversion dans le bullpen et s’est trouvé être un très bon 3e larron du bullpen avec 3.86 d’ERA. On peut aussi évoquer Caleb Thielbat (3.23) ou encore Brock Stewart (0.65 en 27.2 manches).
Vous l’avez compris les Twins ont pu se reposer sur un pitching staff dominant pour remporter cette AL Central. L’attaque, elle, a été sur courant alternatif. Doté d’une puissance digne de la Bomba Squad (233 HRs, 3e meilleur total de la MLB en 2023), la moyenne à la batte a été plus en berne (.243, 21e de MLB). Une dualité qui a joué des tours à l’équipe durant la postseason.

Une nouvelle fois, nous n’avons pu apercevoir que des bouts de Byron Buxton, encore et toujours perturbé par des blessures. Il a été à l’image de son attaque, puissant (17HRs) mais inconstant (.207 en moyenne) avec 85 petits matchs disputés. C’est trop peu pour celui qui est censé être le franchise player de l’équipe. La recrue coup de folie de 2023, ce fut Carlos Correa. Après l’imbroglio autour de sa signature avec les Giants, Correa a décidé de rester chez les Twins avec un contrat record de 200 millions sur 6 ans avec des options lui permettant de tester le marché. Et l’ancien Astro a été loin de ses standards avec .230 au bâton, 18 HRs et 65 RBIs. Mais sa présence a été surtout appréciée dans le vestiaire. Sa grande expérience de la postseason a semble t-il été bénéfique pour les jeunes joueurs et il a eu un rôle de mentor. Il a ainsi pu s’occuper d’Edouard Julien et surtout Royce Lewis (voir plus bas).

Le Québecois a été la 2e arme la plus complète de l’attaque des Twins, derrière Lewis. Il clôt l’exercice avec .263, 16 HRs et 37 RBIs. Le tout en temps que rookie. Prometteur pour la suite, lui le 18e tour de la draft 2019 ! Max Kepler et Joey Gallo ont été dans leur registre et eux, aussi à l’image de l’attaque, puissants mais … vous commencez à l’avoir, inconstants. Et comme pour Edouard Julien, on a pu assister aux débuts attendus d’une autre jeune pousse prometteuse, Matt Wallner (voir ci-dessous).
Une attaque de gros frappeurs mais en manque de constance, c’est la recette parfaite pour s’extirper de la saison régulière et pour connaître des difficultés en postseason. Malgré deux succès face aux Blue Jays en Wild Card, Minnesota n’a inscrit que 5 points sur ses deux matchs et n’en a encaissé qu’un. En ALDS face aux Astros, c’est seulement 13 runs marqués en 4 rencontres dont seulement 3 sur les deux derniers matchs. Mais le plus important est ailleurs, la franchise a enfin mis un terme sur sa malédiction en postseason, puisqu’il fallait remonter à 2004 pour retrouver trace d’un succès en playoffs. Un autre temps. De quoi capitaliser et franchir un cap pour 2024 ?
Qu’attendre en 2024 ?
Et bien rien de très rassurant pour les fans. Le club n’a pas pu/voulu s’aligner sur l’offre des Cards pour Sonny Gray (75 millions sur 3 ans) et a aussi perdu Kenta Maeda (Tigers). L’argument étant que l’effectif est suffisamment bien armé dans ce domaine pour continuer de se battre pour la première place. En revanche Emilio Pagan sera plus dur à remplacer, le setup est parti vers les Reds et n’a pas de remplaçant pour le moment. C’est pourtant dans le bullpen que les Twins ont été les plus actifs avec 4 arrivées. 2 joueurs moyens Steven Okert (4.45 d’ERA) et Josh Staumont (5.40) et deux paris Justin Topa (2.61 en 69 manches) et Jay Jackson (2.12 en 29.2 manches). Ces deux derniers sont les mieux placés pour tenter de suppléer Jhoan Duran.
Pour la rotation Maeda et Gray sont remplacés en interne avec le retour, enfin, de Chris Paddack et Louie Varland, un rookie qui a montré des belles choses en fin de saison dernière (4.63 d’ERA). Mais le front office espère surtout que Joe Ryan et Bailey Ober continueront leur progression et se rapprocheront du niveau de Pablo Lopez qui devient officiellement l’ace de cette rotation. Un gros triptyque qui devrait suffire pour se défaire de la concurrence en AL Central. Et si ça passe bien pourquoi pas aller chercher un gros nom à la trade deadline.

Offensivement là aussi peu de changement, un seul même avec l’arrivée de Carlos Santana, le vétéran va venir se positionner en première base et apporter sa puissance. Sinon on repart avec le même groupe emmené par Correa et Buxton en rôle de patrons pour encadrer les nouvelles pousses Lewis, Julien et Wallner.
Aucun changement drastique chez les Twins qui vont souffrir des mêmes problèmes récurrents qu’en 2023, c’est à dire une attaque unidimensionnelle. Il va être difficile de passer le cap des Division Series. Surtout que le bullpen, mis à part Duran, est un point d’interrogation.
Le joueur à suivre : Matt Wallner

Matt Wallner a une carte à jouer en 2024. Entre le repos forcé pour Buxton et le peu de certitude sur le reste de l’OF, il va avoir du temps de jeu. Auteur d’une belle saison 2023 (.249/14HRs/41 RBIs), il correspond parfaitement à l’ADN de l’attaque des Twins.
Il a aussi l’avantage d’être gaucher, lui permettant d’apporter un peu de polyvalence à l’attaque de Minny. Ancien premier tour de draft, il possède un talent fou, à lui de prouver sur une saison complète qu’il peut s’imposer au plus haut niveau.
La Star : Royce Lewis
Après des années d’attentes, de blessures, Royce Lewis est enfin arrivé en MLB. Après avoir d’abord entre-aperçu ce niveau en 2022, Lewis est revenu en 2023 par la grande porte. Auteur d’une grosse demi-saison, il est entré dans une autre dimension en seulement 58 matchs. Il termine avec .309 au bâton, meilleure moyenne du club, avec 14 HRs, dont 3 Grand Slam en l’espace de 8 jours en fin de saison.
Seulement le 4e joueur depuis 1982 à réaliser cet exploit. Lui qui avait été sélectionné en première position de la draft 2017, peut enfin démontrer tout le talent et les espoirs placés en lui. Surtout que pour ses premiers playoffs, il a été l’atout maître de son équipe avec 2 HRs et 3 RBIs face aux Blue Jays avec .333 au batôn. Il a encore frappé deux HRs face aux Astros en ALDS, mais a été plus en difficulté face aux lanceurs des Astros (.188).
Maintenant qu’on a redécouvert son talent, il lui reste à prouver sur une saison entière qu’il peut être le franchise player des Twins. On espère juste que ce ne sera pas un autre Byron Buxton…
Le prono
En se basant sur un pitching staff ultra dominant et sur des batteurs clutchs, les Twins sont parvenus à remporter l’AL Central. Mais surtout à battre leurs démons en postseason, en remportant enfin un match et même une série. Mais pour 2024, le club s’est affaibli en perdant Sonny Gray notamment et en restant sur une philosophie offensive unidimensionnelle basée sur les HRs.
Vous me direz, on ne change pas une méthode qui gagne … seulement des rencontres de Wild Card et la pire division de la MLB.
1er d’AL Central : 89-73.
Le pari fou
En DH, Byron Buxton parvient enfin à joueur une saison entière et se place comme un candidat sérieux au titre de MVP, enfin. Royce Lewis confirme son nouveau statut de pilier offensif et Pablo Lopez est bien l’ace que l’on pensait. A la trade deadline, les Twins s’offre David Bednar des Pirates pour renforcer le bullpen. Il s’impose tranquillement en AL Central et se permettent même le luxe de remporter l’ALDS, avant de s’incliner une nouvelle fois face aux Astros, qui éliminent les Twins pour une 3e fois en 5 ans. Houston devenant la nouvelle bête noir de Minnesota.
