Il y a un an à cette même période, le monde du baseball était en pleine effervescence avec la perspective de la World Baseball Classic et le début de la saison MLB. Et on peut dire que l’année 2023 nous a régalés entre le titre du Japon d’Ohtani face à Team USA, le retour des London Series et la première victoire en World Series des Texas Rangers. Nous avons eu droit à notre lot d’émotions, de beau jeu, de surprises, de déceptions, de rencontres, d’au-revoir (bye-bye Waino et Miggy)… et nous voilà déjà au départ de la saison 2024! Même sans compétition internationale à venir (il faudra attendre 2028 pour revoir le baseball/softball au programme des JO), on a hâte d’entendre PLAYBALL. Et pour tout savoir de cette saison MLB qui approche aussi vite qu’une balle lancée par Nolan Ryan, la rédac de The Strike Out vous propose sa traditionnelle série de previews. Gros plan aujourd’hui sur des Chicago Cubs en quête de rebonds.

Retour sur la saison 2023

L’arrivée de Dansby Swanson durant l’intersaison avait ravi les fans, même si leurs inquiétudes  étaient perceptibles du fait d’une faiblesse aussi bien au niveau des lanceurs partants que ceux de relève. Cette inquiétude s’est faite tout de suite encore plus sentir avec 3 défaites lors des 4 premiers matchs. Elle fut vite dissipée avec plusieurs séries gagnées, entre autres contre les Dodgers et les futurs champions les Rangers, pour finir le mois d’avril avec un bilan équilibré de 14-13.

Mais ce fut de courte durée… Un mois de mai difficile pour les Cubs, avec plusieurs séries de 4 défaites consécutives, dont des sweeps parles Astros et les Reds, ils finissent avec un piètre score de 24-31. Juin sera mieux avec 2 sweeps sur les Pirates et plusieurs séries gagnées pour les faire remonter au classement à 38-42. Un petit mot aussi pour parler de la série à Londres face aux St. Louis Cardinals qui s’est terminée sur un score de 1 partout. Les fans de Chicago étaient très présents dans la capitale britannique. Fans européens mais aussi venus des Etats-Unis pour encourager leur équipe.

Le redressement continue en juillet. Ils finissent avec un bilan de 53-53, et une possibilité de Wild Card qui s’offre à eux. Ils continueront de saisir cette chance avec un très bon mois d’août (71-62). Malheureusement pour eux, le mois de septembre crucial sera moins bon. Et 5 défaites lors des 6 derniers matchs de la saison mettront fin aux rêves de playoffs pour 2023.

En phase de reconstruction, les Cubs ont raté la Wild Card et les playoffs de peu la saison dernière, surtout par manque de régularité. Cependant, avec un bilan de 83 victoires pour 79 défaites, et en étant légèrement remaniée, cette équipe laisse augurer de bonnes choses pour la saison qui va débuter.

Qu’attendre en 2024?

Du changement à la tête de l’équipe : jugé responsable de la fin de saison ratée, le manager David Ross a été remercié. C’est Craig Counsell qui arrive des Brewers, pas contents d’ailleurs qu’il parte chez un concurrent direct de NL Central, avec un contrat record à la clé. Selon les sources : 5 ans à 40 millions de dollars. Soit 8 millions l’année qui feraient de lui le manager le mieux payé de l’histoire devant Joe Torre de la grande époque Yankees.

Côté joueur, il était nécessaire de recruter avec les départs annoncés (ou pas…) de Stroman et Bellinger. On a longtemps parlé d’Othani du côté de Chicago. Les Cubs figurant parmi les favoris pour le signer, mais après maintes péripéties, il a choisi de rester à Los Angeles, dans l’autre équipe : les Dodgers pour un contrat mirobolant. Mais il apparaît au final que les Cubs n’ont jamais été dans la course pour répondre à ses attentes.

Les Cubs se sont tournés finalement vers un coéquipier d’Ohtani au sein de Team Japan pour affirmer leurs ambitions et booster leur rotation.

Les lanceurs partants

Puisque la première recrue n’est autre que le lanceur star japonaise Shota Imanaga. 30 ans, gaucher, il arrive directement de NPB (le championnat japonais), des Yokohama Bay Stars où il a joué toute sa carrière. La saison 2023 fut une de ses meilleures : 7-4, 2.80 d’ERA avec 174 SO, le meilleur en NPB, loin (29 de plus) devant le deuxième, avec un record de 15 SO sur un seul match. Les américains l’ont découvert lors de la finale de la World baseball Classic 2023. Il était le lanceur partant pour le Japon, retirant Mookie Betts et Nolan Arenado dans la première et éliminant sur prise Paul Goldschmit. Celui-ci sera d’ailleurs crédité de la victoire lors de cette finale (avec la hold pour Yu Darvish et la save pour ShoTime).

Jordan Wicks : A 24 ans, le 1^er tour de Draft des Cubs en 2021 a effectué de bons débuts la saison dernière. 7 matchs débutés pour un bilan de 4-1 et 4.41 d’ERA. 24 SO et 11 BB pour 34.2 IP. Il apportera sa jeunesse à la rotation.

Jameson Taillon : Arrivé la saison dernière, ce fut compliqué pour lui en 2023. Très décevant sur ces premiers matchs avec les Cubs, il a su relever la tête durant la deuxième partie de saison pour finir avec un bilan de 8 victoires contre 10 défaites et un ERA de 4.84. Son adaptation terminée, il devra être performant très vite pour éviter de se retrouver dans le bullpen et être remplacé par un petit jeune qui pousse. On pense à Keegan Thompson, Hayden Wesneski ou Caleb Killian (voir chapitre bullpen).

Kyle Hendricks : Malgré les 2 dernières saisons tronquées par les blessures, le « professeur » tel qu’il est surnommé, est toujours présent. Il reste une valeur sûre chez les lanceurs. En 2023, il a fini avec un bilan de 6-8 et un ERA de 3.74. Il a longtemps eu du mal à se remettre en rythme, mais il était présent dès le début du spring training 2024 et sa préparation devrait être bien meilleure que les 2 dernières années.

Justin Steele : Il est le joueur à suivre cette saison (voir plus bas).

Les releveurs

Beaucoup de changements dans le bullpen durant l’intersaison. On peut citer les lanceurs expérimentés Yency Almonte qui arrive des Dodgers, Hector Neris qui arrive des Astros et Carl Edwards Jr. (champion avec les Cubs en 2016) qui arrive des Nationals.

Parmi les lanceurs expérimentés de ce bullpen, on peut aussi citer Drew Smyly. Lanceur titulaire la saison dernière, il a progressivement basculé parmi les revleveurs. A presque 35 ans, il a fini la saison dernière avec un bilan de 11-11 et 5.00 d’ERA. Il y a aussi Mark Leiter Jr et Julian Merryweather d’expérimentés.

Ils seront chargés d’encadrer les jeunes lanceurs issus du farm system, lanceurs qui peuvent aussi démarrer les matchs  : Keegan Thompson, 28 ans, Hayden Wesneski 26 ans, Caleb Kilian 26 ans et Javier Assad le mexicain de 26 ans. Le poste de closer était un gros problème la saison dernière. Beaucoup se sont succédé à ce poste, mais celui qui a le plus retenu l’attention c’est Adbert Alzolay. 22 saves sur 25 possibilités, soit un ratio de 88 %, font de lui le closer titulaire encore cette saison.

Les joueurs de champs

Les receveurs : Yan Gomes,qui a désormais 36 ans, est un receveur plus qu’expérimenté. Toujours présent (.267, 10 HR et 63 RBI en 116 matchs joués), il aura la lourde tâche d’encadrer le jeune Miguel Amaya. A 25 ans, le panaméen est plus que prometteur, il a débuté avec les Cubs la saison dernière. Avec une moyenne de .214 (qu’il doit améliorer), 5 HR et 18 RBI en 53 matchs joués, dont 41 débutés, il devrait beaucoup plus jouer cette saison et montrer son énorme potentiel. 

Le champ intérieur : On peut le résumer en 2 mots : jeunesse et expérience. De la jeunesse avec un joueur de 2ème base que beaucoup aimerait avoir dans leur équipe :  Nico Hoerner (26 ans). Titulaire au poste l’année dernière, il a disputé 150 matchs avec une moyenne de .283, 9 HR et 68 RBI et 43 bases volées. Il est surtout impressionnant en défense. Son association avec Dansby Swanson ayant déjà fait des merveilles l’année dernière. Recrue phare de la saison, le shortstop de 29 ans n’est plus à présenter. La défense est également son point fort. Les 2 sont d’ailleurs lauréats du NL Gold Glove, chacun à son poste. Mais il faudrait faire mieux offensivement (AVG .244, 22 HR et 80 RBI).

C’est Christopher Morel (24 ans) qui devrait occuper la 3ème base. Grosse surprise de 2022, il a confirmé en 2023. Une moyenne de .247, avec 26 HR et 70 RBI en seulement 107 matchs, puisqu’il a commencé la saison en AAA avant d’être rappelé rapidement en MLB. Le champ extérieur (son poste de prédilection) étant bien fourni, Counsell l’a fait travailler durant le Spring Training en corner infield. En parlant de corner field, la première base reste encore le grand mystère de cette saison. Plusieurs joueurs sont en mesure de tenir ce poste. Mais c’est probablement Michael Busch qui l’occupera. Arrivé cet hiver dans le cadre de l’échange avec les Dodgers (en compagnie d’Almonte), et barré à ce poste par Freddie Freeman, ce prospect est plus que prometteur, malgré un début chaotique en 2023 : .167, 2 HR et 7 RBI en 27 matchs joués. On pourrait aussi retrouver à ce poste Matt Mervis, un des top prospect des Cubs. Mais, son apparition avec l’équipe en 2023 n’a pas été convaincante (.167, 3 HR et 11 RBI en 27 matchs également). Une seconde chance devrait cependant lui être offerte durant la saison. Enfin, les Cubs ont recruté Garrett Cooper qui arrive en tant qu’agent libre.  A 33 ans, il a joué 123 matchs la saison dernière avec les Marlins puis les Padres, pour une moyenne de .251, 17 HR et 61 RBI. Signataire d’un contrat Minor League, c’est à lui de gagner sa place. Nick Madrigal (26 ans) peut aussi jouer dans l’infield, même si son apport offensif n’est pas assez important (.263, 2 HR et 28 RBI). Enfin, il reste Patrick Wisdom (32 ans). Il a cependant une moyenne relativement faible (.205), ce qui le pénalise et le rend très vulnérable face aux lanceurs adverses (111 SO la saison dernière en 302 At Bat, soit 36,75 %, c’est trop). Il a cependant frappé 23 HR et 46 RBI. Il occupera certainement le poste de DH.

Le champ extérieur : La valeur sûre Ian Happ. Pur produit du farm system des Cubs (1^er tour de Draft en 2015), le champ gauche a l’avantage d’être switch-hitter (il peut frapper droitier ou gaucher). 158 matchs en 2023, .248 de moyenne, 21 HR et 84 RBI, il est l’image des Cubs. Seya Suzuki, le Japonais de 28 ans a été gêné par les blessures la saison dernière : seulement 138 matchs joués, mais un impact important avec une moyenne de .238, 20 HR et 74 RBI. Il a beaucoup travaillé cet hiver, pour être encore plus performant.

On suivra aussi particulièrement Pete Crow Armstrong, le prospect n°1 des Cubs. 22 ans et quelques apparitions en fin de saison dernière qui n’ont pas été convaincantes (.000 au bâton, 1 RBI). Lui aussi a beaucoup travaillé cet hiver, et les apparitions au Spring Training laissent entrevoir une bien meilleure saison. Cependant, il sera barré au poste par la recrue phare (voir plus bas). Brennen Davis, un des meilleurs prospects des Cubs, devrait lui aussi faire son apparition. Gêné par les blessures la saison dernière, il aurait du faire ses débuts en MLB en 2023. Nul doute que se sera pour cette année. Owen Caissie, 22 ans, apparaît aussi prometteur et a fait un bon Spring Training. Enfin, Mike Tauchman a été la révélation de la saison dernière. A désormais 33 ans, il a frappé pour .252, avec 8 HR et 48 RBI, occupant la majeure partie du temps le poste de leadoff. Il sera encore présent cette année, probablement au poste de DH en concurrence avec Wisdom.

Le jouer à suivre : Justin Steele

Le lanceur gaucher de 28 ans est un pur produit du farm system des Cubs. Drafté au 5ème tour en 2014, il a su se montrer patient et grimper les échelons, au point d‘exploser la saison dernière et manquer le titre de Cy Young de pas grand-chose (il finit 5ème, surtout en raison de la fin de saison des Cubs et un petit coup de moins bien personnel).

30 matchs joués (tous débutés), un bilan de 16 victoires et 5 défaites, un ERA de 3.06 et un WHIP de 1.171 font de lui l’atout n°1 de la rotation des Cubbies. 176 SO pour seulement 36 BB (soit un ratio de 1 sur 5). Il a le meilleur rapport de HR accordé pour 9 manches de la NL (0,7). Ses stats lui ont offert sa première sélection au All Star Game. Nul doute qu’il en aura d’autres.

Le joueur star : Cody Bellinger

Belli est de retour avec les Cubs! Signé la saison dernière pour seulement une saison (plus une avec une option mutuelle), le joueur avait choisi de tester le marché, alors que les Cubs avait eux levé cette option.

Le rookie de l’année 2017, MVP 2019, Gold Glove et Silver Slugger la même année, n’était plus que l’ombre de lui même avant d’arriver à Chicago. Il avait choisi de se relancer dans la cité des vents. Un pari osé mais pas si insensé que cela et hautement gagné. Une moyenne de .307 (sa meilleure en carrière), 26HR et 97 RBI lui ont permis de se relancer et d’obtenir le titre de NL Comeback Player Of the Year, tout en remportant également les trophées de Silver Slugger (NL Utility) et MVP du mois de juillet. Une saison plus que réussie donc.

Au vu de ce qui s’est conclu ces dernières années, le marché qu’il a voulu tester lui laissait espérer un beau contrat. Cependant, les équipes se sont montrées réticentes du fait que son agent (Scott Boras) demandait probablement trop. Lui voulait un contrat longue durée, les Cubs plutôt un contrat courte durée, quitte à le re-signer en cours de saison. Après une longue attente pour les fans, et des discussions bien souvent dans l’impasse, le joueur revient bien à Chicago avec un contrat de 3 ans et 80 Millions de $, avec la possibilité d’y mettre fin à l’issue de chaque saison.

Un retour attendu chez les fans, avec de belles promesses de runs, HR et RBI à venir pour les pensionnaires du Wrigley Field.

Le prono

La saison 2024 qui va débuter dans quelques jours s’annonce intéressante à suivre. L’alignement des Cubs, aussi bien en attaque qu’en défense est, sur le papier, très attractif, même si le bullpen apparaît comme le point faible. Wrigley Field s’annonce rempli à chaque match. Les Brewers, vainqueur de la NL Central la saison dernière ont beaucoup de soucis à se faire.

Pronostic : 91 victoires – 71 défaites, champions de NL Central. Eliminés en NLCS par l’armada des Dodgers.

Le pari fou

Cody Bellinger retrouve son niveau de 2019, frappe 65 HR, 120 RBI et gagne le titre de MVP haut la main, loin devant les surpayés Dodgers que sont Betts, Freeman et Othani… et Justin Steele fait le doublé en remportant le Cy Young, lui aussi loin devant tous les autres.