Preview 2024 – New York Mets : Hard reset

Il y a un an à cette même période, le monde du baseball était en pleine effervescence avec la perspective de la World Baseball Classic et le début de la saison MLB. Et on peut dire que l’année 2023 nous a régalés entre le titre du Japon d’Ohtani face à Team USA, le retour des London Series et la première victoire en World Series des Texas Rangers. Nous avons eu droit à notre lot d’émotions, de beau jeu, de surprises, de déceptions, de rencontres, d’au-revoir (bye-bye Waino et Miggy)… et nous voilà déjà au départ de la saison 2024! Même sans compétition internationale à venir (il faudra attendre 2028 pour revoir le baseball/softball au programme des JO), on a hâte d’entendre PLAYBALL. Et pour tout savoir de cette saison MLB qui approche aussi vite qu’une balle lancée par Nolan Ryan, la rédac de The Strike Out vous propose sa traditionnelle série de previews. On se pose aujourd’hui sur les New York Mets. Amazin’ ou non cette année?

La construction du roster le plus cher de l’histoire du baseball n’a pas eu les effets escomptés au Citi Field. 6 Cy Young pour booster la rotation, un ace de NPB, un closer qui marche sur l’eau, des hitters qui sortent de leurs meilleurs saisons en carrière propulsant l’équipe à 101 victoires, des jeunes qui vont casser la baraque… C’est sûr, 2023, c’est la bonne.

Mais voilà, ce sont les Mets.

Alors que le monde du baseball est en admiration devant la réussite de la WBC, les fans des Amazin’ grincent déjà des dents avec la perte d’Edwin Diaz, le meilleur closer de la saison 2022. Une perte qui ne sera jamais remplacée, le bullpen des Mets affichant le 22e ERA de la Ligue en 2023 (4.43), le 29e WAR (Wins Above Replacement), pour en faire un des plus mauvais de MLB. Un de plus mauvais, mais aussi un des plus utilisés. La « faute » à une rotation de titulaires bien loin de ses standards, en tout cas pour ce qui était annoncé comme le 1-2 punch de la décennie, Riggs et Murtaugh de retour ensemble pour un dernier run en WS, « We’re not too old for this shit ».

Justin Verlander (16 départs, 6 victoires, FIP 3.80) mais surtout Max Scherzer (19 départs, 9 victoires, FIP 4.70 contre 2.62 en 2022) ont paru vieux et usés, incapables d’emmener un match plus loin que la 5 ou 6e manche. La trade deadline leur a été fatale, même si leurs gros contrats sont toujours payés par les Mets pour qu’ils jouent sous le soleil texan. Au passage, ils s’offrent tout deux des playoffs et même un titre de plus pour Scherzer.

Lethal Weapons 5 : Riggs & Murtaugh choke in Queens ©ESPN.com

Plus loin dans le pitching order, Jose Quintana (13 départs, 3-6, FIP 3.52, ERA 3.57) a commencé sa saison durant l’été, pour apparaître comme un solide n°3, plus solide que Carlos Carasco (20 départs, 3-8, FIP 5.86, ERA 6.80 !) ou que tout autre lanceur prétendant à s’ancrer dans la rotation (Peterson, Megill, Butto ou Luchesi). La seule satisfaction chez les lanceurs fut la première saison réussie de Kodaï Senga. On en reparle plus loin.

Côté alignement, le front office pensait que reconduire les mêmes batteurs suffirait à reproduire les résultats de 2022. Hélas, hormis Francisco Lindor et sa première saison à 30 HR- 30 SB dans le Queens, ainsi que Pete Alonso (46 HR, 118 RBI, .217) qui a privilégié la puissance à la régularité, le reste de l’alignement fut en régression. Un poste de 3B que personne n’a fait sien, bien qu’une partie des Baby Mets y aient évolué (Brett Batty et Mark Vientos). Un poste de DH qui ne fait peur à personne (Tommy Pham, Mark Canha sont partis à la trade deadline, Daniel Vogelbach est un frappeur d’un autre âge, DJ Stewart a profité d’un nombre d’AB énormes en fin de saison)… Les lacunes furent trop nombreuses pour que ce groupe puisse espérer plus que ce qu’il a produit.

Tout n’est pas à jeter car, conscient de la direction que prenait l’équipe, et certainement sur les bons conseils de son futur POBO, Tonton Steve a lancé une grande braderie à la trade deadline, afin de minimiser les pertes sur ses gros investissements et du coup améliorer le farm system qui manquait cruellement de top prospects.

A l’orée de la saison 2024, 3 de ces prospects, Drew Gilbert (54), Luisangel Acuna (66 – le frère de qui vous savez…), et Ryan Clifford (97) sont dans le top 100 des meilleurs prospects MLB.

Vladimir Guerrero Jr, le frère du fils, signature du marché des agents libres internationaux ©Mets.com

DÉPARTS :

Danny Mendick 2B, Michael Perez C, Carlos Carasco SP, Tim Locastro LF, Elieser Hernandez RP, John Curtiss RP, Daniel Vogelbach DH, Tommy Hunter RP, Luis Guillorme INF, Trevor Gott RP, Jeff Brigham RP, Sam Coonrod RP.

ARRIVÉES :

Zach Short 2B, Luis Severino SP, Joey Wendle SS, Austin Adams RP, Cooper Hummel DH, Tyler Heineman C, Michael Tonkin RP, Justin Slaten P, Jorge Lopez RP, Yohan Ramirez RP, Adrian Houser SP, Tyrone Taylor RF, Harrison Bader RF, Diego Castillo SS, Sean Manaea SP, Max Kranick RP, Jake Diekmann RP, Ben Gamel LF, Shintaro Fujinami RP, Ji-Man Choi 1B, Luke Voit 1B.

2024 sera donc une saison de transition et de reconstruction chez les Mets.

Pour mener ce rebuilding, Tonton Steve a enfin mis la main sur son chef de chantier. David Stearns, qui a accompli un excellent travail du côté des Brewers, a fini par signer en tant que nouveau President Of Baseball Operations (POBO).

David Stearns : 5 ans, 50M $ et les coudées franches financièrement, le jeune New Yorkais n’a pas le droit à l’erreur ©NYPost

Les différents blocs de la reconstruction sont maintenant dans les mains de Stearns. Tout d’abord, le licenciement de Billy Eppler, le GM, efficace en 2022 mais plutôt apathique en 2023. Son non remplacement signifie que Stearns sera en prise direct avec l’équipe.

Au niveau de l’équipe justement, out Buck Showalter, l’expérimenté manager qui a paru un peu dépassé par moments en 2023, notamment au niveau de la gestion des jeunes. Son remplaçant, le rookie Carlos Mendoza, ancien bench coach des Yankees, sera certainement plus « malléable » par le front office. Mais il ne sera pas abandonné dans le dugout, car son bench coach sera John Gibbons, ancien joueur des Mets et plus connu pour avoir manager les Blue Jays pendant près de 10 ans.

Gibbons & Mendoza, la doublette gagnante ? ©clutchpoints.com

Sur le fond, Stearns s’est aussi attaqué à l’amélioration du farm system et la finalisation de la mise en place d’un pitching lab, pour être au niveau des top franchises concernant le développement des lanceurs.

Ces améliorations des infrastructures seront évaluées à l’aune des performances des nombreuses signatures en pitching. Hormis Manaea, les nouveaux lanceurs sont signés pour 1 an, sur des contrats qui ne pèsent par sur la franchise et qui peuvent rapporter gros si ces joueurs connaissent un rebond dans leur performance. Malgré (ou à cause) de l’échec dans la signature de Yoshinobu Yamamoto, l’objectif est avant tout la reconstruction. A partir de ces fondations, des performances dignes de leurs standing de la part de Luis Severino, Manaea et Houser peuvent ouvrir la voie aux Wild Cards.

Et l’alignement ? Et bien, faute de grives… Pas de grosse signature (malgré la chasse au Ohtani), mais une kyrielle de contrats courts pour des joueurs solides défensivement mais qui ont besoin de retrouver du peps en attaque. De la profondeur de banc, des joueurs en quête de rédemption. Starling Marte a beaucoup à prouver après une saison 2023 quasi-blanche, Harrison Bader jouera center field, poussant Nimmo à gauche.

Harrison Bader peut enfin se laisser pousser la barbe, assortie à la casquette ©NYPost

L’évolution de la saison sera avant tout conditionnée par les performances de Baby Mets. Brett Baty, Francisco Alvarez et Mark Vientos (Mauricio est blessé) doivent prendre les clés du camion et montrer qu’ils sont des everyday players. Un accès aux Wild Cards, et surtout, un avenir avec les WS en point de mire, dépend beaucoup de leurs attitudes et performances cette saison. En fonction de ces paramètres, d’autres prospects seront amenés à jouer, notamment Jett Williams, le 4e Mets de la liste des Top 100.

Attitude et performance seront aussi scrutées chez Pete Alonso. Dans sa dernière année de contrat, le frappeur devrait devenir free agent en fin de saison. Aucune offre de prolongation à l’horizon, alors qu’il se voit Mets à vie. Stearns va-t-il laisser partir un des rares talents maison au statut de superstar ? Va-t-il tenter un coup de poker en l’échangeant à la trade deadline pour le re-signer durant l’hiver prochain ? Le farm system manque cruellement de gros talents au pitching…

Une saison qui s’annonce passionnante en coulisses mais qui risque de laisser de nombreux supporters des Amazin’ sur leur faim au niveau des résultats sportifs.

Un bel évènement à suivre en 2024 côté Mets : Doc Gooden et Darryl Strawberry verront leurs numéros retirés ©Dan Farrell / NY Daily News

Ce n’est pas un secret, le jeune catcher vénézuélien est un de mes chouchous. Il va disputer son premier Opening Day après avoir été appelé en tout début de saison dernière. Il s’est illustré en étant un des rares rookie à 25 home runs ou plus, tout en étant le seul catcher ne s’appelant pas Cal Raleigh à ce niveau. La puissance est là, mais le taux de strikeouts est encore haut.

Sa fin de saison dernière, notamment en septembre, a montré des signes encourageants faisant preuve de plus de patience au marbre et affichant un OPS à 1.000. Il a aussi fait taire les évaluateurs qui pointaient du doigt sa défense, en étant un des meilleurs défenseurs de la ligue, étant 8e en Defensive Runs Saved (+5 – FanGraphs), 2e en Defensive Ratings (3.4 – FanGraphs) et 8e en Defensive WAR (0.4 – ESPN), dans un classement regroupant 78 catchers ayant disputé un match en 2023.

L’arrivée d’un manager de même nationalité, ajoutée à son éthique de travail et l’expérience de sa première année, en font un joueur à surveiller de près et peut-être la grosse surprise de la saison pour les Mets.

Arrivé dans le Queens avec une solide réputation mais aussi pas mal d’incertitudes concernant son adaptation, Senga a vite mis les fans et ses détracteurs dans sa poche.

Après avoir fait le choix, très critiqué au Japon, de ne pas participer à la WBC pour se préparer au mieux pour la saison, Senga va connaitre 2 premiers mois cahin-caha. Le passage à 5 jours de repos au lieu de 6 comme au Japon va jouer en sa défaveur, jusqu’à l’adaptation de la rotation par le management pour le faire lancer une fois par semaine.

A partir de ce moment, le Japonais sera irrésistible sur le monticule, nommé All-Star, finissant 2e derrière Carroll pour le ROY et 7e pour le Cy Young. Il récolte même quelques votes pour le MVP. Il faut dire que sa ligne de stats pour un lanceur rookie est impressionnante : 12 victoires (7 défaites), 2.98 ERA, 166 innings lancées, 202 strikeouts, FIP 3.63. Ce FIP reste un des points d’améliorations, son taux de walks étant relativement élevé et sa précision pouvant parfois être erratique, comme en témoignent ses 14 wild pitchs, plus haut total de la ligue.

Mais en une saison, le souriant japonais est devenu la coqueluche du Citi Field, conquis par sa Ghost Forkball, arme létale en matière de strikeouts, et son caractère jovial.

2024 s’annonce avec plus de pression pour lui, devenant le leader la rotation des Mets, avec un statut à confirmer pour gagner ses galons d’ace de la ligue. Quand il sera revenu de blessure…

Après 3 ans à dépenser sans compter pour des résultats décevants, les Mets ont décidé de faire les choses à l’endroit. Des dépenses mesurées, un front office remanié et une équipe plus homogène sans bling-bling, on cherchera cette saison surtout à consolider les fondations avant de s’attaquer à de plus gros objectifs du côté du Queens.

Prono Strikeout : 79 victoires – 83 défaites

Les Mets échange Pete Alonso et une poignée de prospects pour s’offrir Mike Trout à la Deadline. En fin de contrat après sa pige chez les Angels, Polar Bear revient dans le Queens pour former un duo surpuissant avec Trout… et même un trio avec le jeune Alvarez qui a bouclé la saison 2024 avec 40HR, une moyenne de .265, et une 2e place au vote du NL MVP!


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