
Il y a un an à cette même période, le monde du baseball était en pleine effervescence avec la perspective de la World Baseball Classic et le début de la saison MLB. Et on peut dire que l’année 2023 nous a régalés entre le titre du Japon d’Ohtani face à Team USA, le retour des London Series et la première victoire en World Series des Texas Rangers. Nous avons eu droit à notre lot d’émotions, de beau jeu, de surprises, de déceptions, de rencontres, d’au-revoir (bye-bye Waino et Miggy)… et nous voilà déjà au départ de la saison 2024! Même sans compétition internationale à venir (il faudra attendre 2028 pour revoir le baseball/softball au programme des JO), on a hâte d’entendre PLAYBALL. Et pour tout savoir de cette saison MLB qui approche aussi vite qu’une balle lancée par Nolan Ryan, la rédac de The Strike Out vous propose sa traditionnelle série de previews. On débute avec les Oakland Athletics, pire élève de la cuvée 2023.
Retour sur 2023
Alors que dire sur cette saison des Athletics? Pour faire simple et efficace : catastrophique! Et la situation risque de ne pas s’améliorer de sitôt. Alors, revenons sur les circonstances des naufrages d’une franchise mythique. Dont la saison 2023, est un parfait résumé.
Commençons sportivement : le club est englué dans une reconstruction sans fin, la faute entre autres à son propriétaire peu enclin à sortir le porte-feuille. Si vous avez vu (et si vous êtes là vous l’avez surement vu) « Moneyball », vous avez connaissance de ce handicap que doit supporter le club chaque année.
En effet, dès qu’un joueur devient performant et que son contrat rookie arrive à sa fin, le club l’échange afin d’éviter de passer à la banque, même s’il monte sur base. Ce fut le cas avec Matt Olson, Sean Murphy, Matt Chapman, Josh Donaldson, Sonny Gray, Frankie Montas etc… La liste est longue et on pourrait en faire un article à part.

Mais là où c’est le plus marquant, c’est hors du terrain. S’il peut y avoir des explications à ce que le proprio se la joue pince, c’est aussi parce que le club ne parvient pas à se sortir de ses déboires de stade. En effet, les Athletics ne sont pas propriétaires de leur stade et doivent donc payer une location à la ville. Un stade, qui a connu la gloire et une splendeur passée, mais qui a pris un sacré coup de vieux. Et qui possède des dimensions et une capacité bien trop importantes pour les A’s d’aujourd’hui. C’est pourquoi, depuis une dizaine d’années, le club cherche un terrain pour construire son propre stade, et pouvoir enfin passer à autres choses. Malheureusement, aucun accord n’a pu être trouvé avec la ville. En 2023, nous sommes passés tout près, mais une nouvelle fois, ils n’ont pas pu conclure. Les Jean-Claude Duss de la construction.

Ce cocktail explosif fait que les A’s ne parviennent pas à décoller. En revanche le seul décollage que la franchise a connu en 2023, c’est l’officialisation du départ de l’équipe vers le Nevada et la rutilante Las Vegas. Un vol que les autres propriétaires de la MLB se sont empressés d’accepter en novembre dernier, trop ravis de sacrifier une franchise mythique contre un chèque conséquent.
Une décision du propriétaire, que l’on ne cite pas depuis le début de cet article, qui a provoqué un fait quasiment jamais vu dans la MLB. Devant les excuses données, les fans se sont révoltés. Mais de manière originale, afin de répondre à la faible affluence, les fans décident de faire un reverse boycott pour montrer qu’ils se soucient de leur franchise. Et le stade a vu les gradins se remplir, comme rarement ces dernières années, afin de supporter l’équipe mais aussi pour siffler le propriétaire.

Bref vous l’avez compris l’auteur de cet article, en a gros, sur ce gâchis contre cette franchise mythique.
Pour se remonter le moral, essayons de voir un peu de positif et revenons-en au terrain. Certes, l’équipe a signé un désastreux 50-112, mais certains joueurs se sont plus que montrés. On pense à Ryan Noda (.229, 16HRs, 54RBIs), Seth Brown (.222, 14HRs, 52RBIs) et surtout Brent Rooker (.246, 30HRs, 69RBIs), le nouveau leader de cette équipe. Ou encore Zack Gelof, le rookie qui a fait sensation en fin de saison (.267, 14HRs, 32RBIs et 14SBs). Que des jeunes pousses avec un joli potentiel. On est loin d’une attaque de folie, mais elle a joué des tours à certaines équipes (mes Astros peuvent en témoigner en ayant perdu une série en fin de saison contre eux) et elle pourrait continuer de progresser.
Sur le monticule, on a pu suivre les débuts du meilleur prospect de la franchise Mason Miller et sa balle rapide flashée à 160Km/h (on en reparlera tout à l’heure). Il semble d’ailleurs être la seule éclaircie dans ce domaine, qui en est – à un stade – aussi avancé que les travaux de la nouvelle enceinte. Paul Blackburn et JP Sears en sont les leaders avec des ERA de 4.43 et 4.54. Eux qui seraient au mieux 4e lanceur dans d’autres rotations. Cela vous prouve l’état du pitching staff.
Pas grand chose de plus à dire sur cette équipe d’Oakland (profitons de ce nom encore un peu). Même son farm system est loin de faire rêver. Et maintenant que l’équipe a été vendue, le proprio ne va pas changer de stratégie et tout d’un coup réinvestir dans l’équipe. Il est plus occupé à lancer la construction de son stade dans le Nevada. On espère qu’en 2025, date d’emménagement de la franchise à Las Vegas, le club prendra une autre tournure.
Qu’attendre de 2024
Je l’ai un peu dit dans la partie précédente, en 2024, il ne faudra rien attendre de ces Athletics. Dans une saison qui sonnera comme une tournée d’adieu pour la franchise qui avait fait d’Oakland sa maison depuis 1968. Surtout que le payroll entier des A’s est estimé approximativement à ce que touche Aaron Judge et Mike Trout à l’année.

Pour débuter la saison, le club s’est quand même « renforcé » avec l’arrivée de l’agent libre Alex Wood, candidat a être tradé cet été s’il performe mais qui est bien loin de ses bonnes années. Le club a aussi tradé pour Ross Stripling en échange de son 28e meilleur prospect, Jonah Cox. Stripling, excellent avec les Dodgers en début de carrière, était rentré dans le rang avant de connaitre une saison 2022 exceptionnelle avec les Blue Jays (3.01 d’ERA). Le menant à signer un très beau contrat à San Francisco (25 millions sur deux ans). Mais il n’a pas réussi à répondre aux attentes chez les Giants (5.36 d’ERA). Là aussi, il n’est pas amené à rester de l’autre côté de la Baie. S’il performe et avec son contrat expirant, le club espère pouvoir en tirer un jeune joueur en échange (il faudrait qui soit meilleur que Cox du coup). Dans le bullpen, une pioche intéressante avec Trevor Gott et la pari Mitch Spence.

Offensivement, au moment où j’écris ses lignes, très peu de choses à se mettre sous la dent. Le « core » de l’équipe est déjà là (voir plus haut) et devront une nouvelle fois tenter de porter l’équipe pour qu’elle ne soit pas ridicule. Néanmoins, il faut noter l’arrivée dans un trade d’Abraham Toro, qui va connaitre sa 4e équipe en 6 ans de carrière (sa 3e en AL West). Pouvant joueur en 2B ou en 3B, c’est un défenseur plutôt correct et un attaquant convenable. Il est là pour tenir le poste. Le club est aussi parti chercher Miguel Andujar qui galère à se trouver un point de chute depuis son départ des Yankees.
Et c’est tout. Le message est clair, on fait les fonds de tiroir pour avoir une équipe à aligner et on vise la dernière place pour la draft.
Le joueur à suivre : Mason Miller

Il était attendu et il a répondu présent. Dans une franchise dysfonctionnelle et une équipe en perdition, le jeune Mason Miller, 25 ans, a été le rayon de soleil. 3.78 d’ERA pour lui en 10 rencontres (6 starts), 38 Ks en 33.1 manches. Il avait connu un début de saison de folie avant d’être écarté des terrains pour 4 mois avant de revenir dans un rôle d’opener/bullpen.
Et c’est là que le meilleur prospect de la franchise, fort d’une balle rapide dévastatrice, devrait se diriger en 2024. Il occupera même sans aucun doute le poste de closer. Et il pourrait rayonner dans ce rôle avec presque 28% d’élimination sur strikeout. Sa slider est elle aussi au top niveau et il l’utilise dans les situations les plus importantes. Ce combo est l’alliage parfait pour un closer dominant. S’il continue sur cette voie, il pourrait bien être le premier visage de la franchise de Las Vegas.
Notre prono
Dernière année des Athletics à Oakland, il va falloir en profiter. Une franchise forte de 4 World Series dans une ville qui a déjà perdu ses dernières années son équipe de foot US et de basket. C’est un coup dur. Les A’s étaient le dernier rayon de soleil d’une communauté et de ses habitants. On est sûr que les fans répondront présents pour dire adieu à leur franchise. Et pour continuer de montrer leur désamour envers le proprio.
Pour ce qui est du terrain, l’équipe fera avec ses armes. Chacun voudra briller pour pourquoi pas espérer se faire trader dans une autre franchise. L’objectif, très peu caché, est de viser une nouvelle fois une bonne place à la draft et de remplir le farm system. Histoire d’arriver à Las Vegas avec un tout nouveau projet. Et dans la cité où l’argent coule à flot, on espère que la franchise de baseball pourra au moins en profiter.
Placement : 5e AL West, 52-110
Le pari fou
Alors le pari fou c’est la nouvelle catégorie pour cette cuvée 2024 de nos 30 previews en 30 jours. Le titre est explicit et pour les A’s difficile d’en trouver un. Mais ce serait surement, ne pas finir dernier de la MLB, ce qui serait un petit exploit.
